La pop-louange catholique, un levier missionnaire… qui mord la poussière ?

Un article de Liberté Politique revient sur l’annonce de plusieurs groupes de pop-louange catholique d’abandonner la scène.

Octobre 2007 : la coïncidence de la tenue en France du premier grand concert du groupe évangélique Hillsong, avec l’arrêt simultané des groupes français et catholique de pop-louange n’est pas fortuite : elle illustre un déficit de compréhension dans l’Église de France des ressorts et des aspirations de la jeunesse occidentale, des enjeux et de la stratégie d’évangélisation des nouvelles générations. Décryptage.

En ce soir de début octobre, une foule joyeuse, jeune ou familiale, cosmopolite, populaire se presse dans la grande salle de spectacle du Zenith à Toulon : c’est un événement exceptionnel en France car le groupe Hillsong, un groupe australien et le plus successful groupe de pop-louange évangélique au monde(1) se produit pour la première fois en France, avec notamment l’appui promotionnel du diocèse de Fréjus-Toulon.

Pour quiconque découvre Hillsong, ces deux heures trente de concert sont un vrai choc : par vagues, un puissant feu roulant d’action de grâce, de louange et de prière fervente dans l’Esprit, de communion et d‘évangélisation, alternant des temps d’intériorisation et d’exhortation où le nom et le salut du Christ sont explicitement annoncés et confessés, où l’invitation est faite d’accueillir Jésus comme Maître et Seigneur : qu’il soit catholique, protestant ou évangélique, l’essentiel du public des 3000 personnes communie dans la foi en scandant les différentes exhortations de retentissants Amen, et en reprenant à pleine voix les nombreux chants qui sont devenus des “tubes” pour de nombreuses assemblées chrétiennes.

Pourtant, beaucoup découvrent pour la première fois ce style évangélisateur puissamment attractif, qui parvient à percer des cœurs, même parmi les plus endurcis : en fin de concert, beaucoup apparaissent littéralement “scotchés” et retournés par ce qu’ils ont vu et entendu, touchés et ébranlés par une telle ferveur évangélique qui proclame si explicitement le salut reçu dans le Christ, dans l’allégresse avec un style si entraînant et accessible. Un certain nombre de pasteurs catholiques ne s’y sont pas trompés : on y retrouve dans la salle des prêtres, des séminaristes, des membres de communautés nouvelles, des animateurs et des jeunes d’aumôneries, des parents y emmenant leur ados et leurs copains… : « Du pain béni pour notre rôle d’éducateur » nous dit l’un d’eux, « même si bien entendu il faudra réajuster, “catholiciser” un discours évangélique sans beaucoup de nuances».

Qu’importe, l’essentiel est là : dans un style moderne, la proclamation du kérygme dans toute sa simplicité et vérité ; cette annonce directe qu’il nous est aujourd’hui encore si difficile d’assumer dans nos diocèses, nos paroisses ou nos mouvements comme le reconnaissait le cardinal Danneels lors du congrès missionnaire Paris-Toussaint 2004 : « L‘Église catholique est un géant catéchétique mais est devenu en Occident un nain kérygmatique ! » De tels groupes, dont la musique n’est qu’un prétexte pour évangéliser la jeunesse occidentale, ont tellement à apprendre aux catholiques en raison de leur capacité incomparable à rejoindre le cœur du plus grand nombre et des non-croyants : non pas simplement pour séduire par l’émotion partagée, mais rejoindre, toucher, « mener à Christ » selon leur expression.

Le déclic Glorious

Flashback : cinq ans auparavant, quasiment jour pour jour, nous étions en famille dans ce même Zenith à Toulon pour assister au premier concert de lancement du tout jeune groupe Glorious, formé par les trois frères Pouzin : Aurélien, Benjamin et Thomas. Autour de leurs parents, se laissant conduire avec foi dans la folle aventure de leurs rejetons, une poignée de baptisés à cette époque soutenait cette initiative si nouvelle, née d’un appel pressant à l’évangélisation des jeunes par les jeunes lors des JMJ à Rome en l’an 2000. Pour les frangins, l’appel du pape devait être pris au sérieux, ici et maintenant : « Jeunes, si vous faites confiance à Jésus, vous mettrez le feu au monde entier ! » Jean-Paul II lui-même les bénira et les encouragera personnellement lors d’un aller-retour express à Rome dès la sortie de leur premier CD.

Retour en octobre 2002 au Zénith de Toulon : l’évêque du diocèse — comme ce sera le cas pour celui d’Avignon quelques semaines plus tard (en janvier 2003), ou pour le cardinal Lustiger lors de Paris-Toussaint 2004 — accueille Glorious et bénit ce concert qui rassemble plus de 1500 personnes venues de toute la Provence. Même si la qualité n’est pas encore au même niveau que leurs aînés (Hillsong existe depuis 1992), la qualité musicale et spirituelle est étonnamment présente pour ce tout jeune groupe dont la moyenne d’âge est de vingt ans : louange, prières, ferveur et exhortations dans le nom de Jésus… et la foi catholique ! Le public est conquis, enthousiaste, chavire : un vrai bouleversement par rapport à ce qu’on connaissait dans l’Église en France ; chacun alors ne s’y trompe pas : nous avons la grâce de vivre là un événement missionnaire surprenant et majeur !

Ce soir-là marquera en effet le vrai lancement de ce qu’on dénomme désormais l’école française de la “pop-louange”. Avec la sortie de leur premier CD, il sonnera comme un déclic et constituera immédiatement un puissant levier de créativité musicale et de ferveur spirituelle pour bien d’autres groupes francophones, connus ou inconnus. Cette “école” est à ce point surprenante et attractive qu’elle saura interpeller les nombreux médias bien au-delà du seul cercle confessionnel, puisque les frères Pouzin seront les invités des animateurs-vedettes de télés, des journaux et hebdomadaires profanes, bien peu suspects de bondieuseries et peu enclins à favoriser l’annonce de l’Évangile. Depuis les JMJ de 1997, l’Église et sa jeunesse n’avaient pas revêtu une telle image positive dans la presse française, sans rien renier de la foi catholique et de son rôle missionnaire. Et en terme de modernité, du jamais vu en France !

Au cœur de l’Église catholique, tout en n’étant le fruit d’aucun plan pastoral pré-établi, cette nouvelle pop-louange (2) désinhibe le zèle et la soif de louer et de chanter Dieu de toute une jeunesse, qu’elle soit de souche catholique ou nouvellement convertie : elle accompagnera notamment la démultiplication de groupes de prières et d’évangélisation dans toute la France qui illustre ce puissant réveil spirituel en cours : chaque semaine, ce sont sans doute plusieurs milliers de jeunes fervents qui se retrouvent en Église pour louer, prier, invoquer l’Esprit, écouter la Parole, annoncer l’Évangile…et se ressourcer pour mieux s’engager au cœur du monde, discerner leur vocation, etc.

Indifférence officielle

Dur retour au présent. Septembre 2007 : la nouvelle officielle tombe comme un couperet : Glorious — après 100 000 disques vendus, des dizaines de concerts, trois grandes tournées — s’arrête ! Idem pour les deux autres groupes du podium de la pop-louange catholique en France, moins médiatiques mais tout aussi talentueux (sinon plus au plan musical) mais au public plus “ciblés” : Totuus, plus “pop-rock”, et Spearhit, le groupe reggae. Les raisons ? Bien sûr, certaines erreurs de leur part (discernement, positionnement, pertinence des choix, organisation…) qu’ils reconnaissent humblement, mais peut-on vraiment les incriminer au regard de leur jeunesse et de leur manque d’expérience ? Et nous en témoignons ici : ce n’est vraiment pas le courage, l’abnégation, les nombreux sacrifices qui leur ont manqués !

Le fond du problème n’est pas donc là : l’origine de l’arrêt de ces groupes vient essentiellement de l’incompréhension, de l’indifférence, du manque de soutien et d’accompagnement (voir des critiques ou du rejet explicite) d’un certain nombre de responsables français de la pastorale de la jeunesse et de médias chrétiens. Des illustrations exemplaires ? À la conférence des évêques de France (cf. La Croix du 17 juillet 2007), on affirme que l’émergence, la mission et l’impact de ces groupes de pop-louange ou leur arrêt n’a jamais suscité aucune réflexion pastorale interne…Nombreuses radios chrétiennes sont restées ces dernières années sur des programmations musicales soit profanes, soit religieuses vieillottes et imperméables à la culture moderne. De nombreux diocèses, mouvements ou régions apostoliques ont organisé des rassemblements ou des pèlerinages pour jeunes : les groupes catholiques de musique étaient trop souvent ignorés (ou alors invités à se produire gracieusement…), tandis que des groupes ou chanteurs évangéliques y ont été régulièrement invités, promus et s’y produisent, avec des cachets raisonnables mais usuels dans le domaine professionnel.

Qu’on soit bien clair : les groupes comme Exo ou Hillsong font un travail musical et missionnaire exemplaire, et c’est une bénédiction pour les catholiques de les écouter et de les accueillir, et pour cela de rémunérer leur professionnalisme et leurs investissements. De plus, nous expérimentons ainsi une manière très concrète et nouvelle de vivre à grande échelle un œcuménisme spirituel et missionnaire vis-à-vis de la jeunesse. Cependant, ne soyons pas dupes, car l’échange œcuménique s’opère aujourd’hui dans ce domaine à sens unique : le principal distributeur de ce type de musique en France refuse d’inscrire par exemple à son catalogue les groupes catholiques, craignant de faire fuir (!) le public issu des églises évangéliques…; et à notre connaissance, aucun de nos groupes catholiques n’a été invité lors de rassemblement de jeunes protestants ou évangéliques.

Ce puissant moyen de la musique d’évangélisation va incontestablement déferler sur la France dans les années à venir, et toucher toute une jeunesse et un très large public que l’Église catholique ne rrencontre même plus depuis bien longtemps (3) ! Des investissements et des moyens très conséquents sont d’ores et déjà mis en œuvre par les groupes anglo-saxons, car la France figure au cœur de leurs priorités missionnaires en Europe. Tant mieux avant tout pour l’évangélisation ! mais quel sera demain le rôle des catholiques : simples promoteurs ou observateurs impuissants de la vague qui s’annonce ?

Inspirons nous de l’expérience brésilienne et adaptons la à notre propre culture française: mandatées explicitement par leurs évêques, de nombreuses et foisonnantes nouvelles communautés ou paroisses catholiques se sont inspirées de l’expérience de leurs frères évangéliques, tout en la catholicisant : en dix ans, elles ont ainsi enrayé une hémorragie constante de l’Église catholique vers les sectes depuis les années 70. Des célébrations dominicales ferventes de dizaines de milliers de personnes se déroulent par exemple dans les grandes villes et des maxi-festivals d’évangélisation sont organisés durant les vacances : y alternent des concerts de tous les Glorious ou Totuus brésiliens (4), des exhortations spirituelles et des enseignements, de grandes eucharisties, des temps d’adoration… dans un esprit de fête mais aussi de foi et de grande ferveur pour tous ces jeunes : ces festivals rassemblent ainsi régulièrement chaque année des centaines de milliers de participants (5) dont beaucoup auraient sans doute déserté l’Église catholique sans ces propositions adaptées. CQFD !

Il n’est jamais trop tard

Alors que va décider l’Église de France ? Laisser tout le champ libre de ce puissant espace missionnaire de la jeunesse aux seuls groupes évangéliques ? Ou l’investir avec discernement et justesse, en y exprimant toute notre identité catholique mais sans fausse pudeur ? Pour l’instant, malgré quelques responsables avertis, l’Église de France n’a saisi ni l’enjeu, ni la nécessité d’appuyer cette nouvelle vague catholique de la pop-louange catholique. Si cette situation perdurait, cela serait — selon nous — une profonde erreur pastorale, une grande opportunité manquée. Les cinq dernières années ont monté que l’enjeu n’est surtout pas de courir derrière les évangéliques, mais d’accueillir comme un appel pressant de l’Esprit-Saint lui-même de nous emparer aujourd’hui de ce vaste champ missionnaire : nous en avons et la grâce, et les talents, grâce à Dieu !

À l’Église catholique en France, d’encourager, de promouvoir, d’inviter à se produire les groupes de pop-louange en fonction de leurs charismes et de leurs talents… et de leurs budgets ; à elle de veiller à ce que soit mis en place un cadre pertinent d’accompagnement et de professionnalisation dans la durée (et non plus dans la précarité) ; l’Église rejoindrait en cela ce qu’elle n’a cessé de faire depuis des siècles pour favoriser l’évangélisation de la modernité de chaque époque par la culture et les arts. Ni plus, ni moins.

N’est ce pas pourtant trop tard ? L’arrêt actuel des Glorious, Spearhit, Totuus et autres est un vrai gâchis, mais comme leur membres le confessent, ils se laissent encore du temps, pour souffler, écouter, prier et discerner les appels de Dieu. Cet arrêt est de plus un mauvais signal pour toute une jeunesse catholique, engagée, fervente, missionnaire : certains se sentent blessés, et même trahis. Mais la résurrection ne surgit-elle pas de la Passion et de la Croix ?

Si bien entendu la pop-louange n’est pas aujourd’hui “la” solution, ni la panacée de l’évangélisation — l’Esprit-Saint parle et vient toucher les cœurs de manière si mystérieuse et diverse —, elle n’en demeure pas moins un puissant levier missionnaire de la jeunesse dont la culture musicale est devenue planétaire. Pourtant, la veine française et catholique vient de mordre la poussière…

À nos pasteurs de l’entendre, de se laisser interpeller et guider là où l’Esprit-Saint désire les conduire… À nous autres de prier, d’intercéder, de témoigner, de soutenir, de proposer, de s’engager… car l’enjeu missionnaire pour l’avenir est immense.

(1) Avec sans doute Delirious, un groupe anglais.
(2) Combinée certes avec la créativité des communautés nouvelles françaises qui ont opéré depuis vingt-cinq ans un très important travail de renouvellement et de dépoussiérage de nos cantiques et chants d’assemblée.
(3) Pour s’en convaincre : écouter et voir les CD-DVD de Hillsong comme United Westand ou de Delirious comme Now is the time.
(4) Qui rivalisent dans le Top 50 national.
(5) Quel dommage en France que le Festival de Pâques, à Chartres, à la programmation de haut niveau et qui accueille des groupes de pop-louange soit encore boudé ou ignoré par tant d’aumôneries, de mouvements ou de diocèses… dont certains limitrophes !

Source : Liberté Politique

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17 réflexions sur « La pop-louange catholique, un levier missionnaire… qui mord la poussière ? »

  1. marco

    et oui ! c’est un constat. On ne peut pas dire que l’épiscopat français a vraiment soutenu ces groupes.
    Et forcément. Ce n’est pas tellement dans la façon de pensée des évêques (sauf de très rares à qui je pense qui ont compris tout l’enjeu de ces groupes).
    Il est vrai aussi que Hillsong et Exo ont de plus gros moyens financiers et je pense que leur message est encore plus clair ! Leur mise en scène est excellente, vraiment "pro" (éclairage, écrans géants…).

  2. alex lauriot prévost

    au regard des très nombreux échos à cet article en qq jours, repris sur plusieurs sites internet(y compris les sites évangéliques qui ont réagi les premiers) et bientôt dans plusieurs revues chrétiennes, j’ose suggérer qu’un vrai débat s’instaure au sein de la jeunesse catholique mobilisée (grâce notammment à JP2) par l’importance d’une nouvelle évangélisation des jeunes générations en France : entre membres de mouvements, de groupes de prière, d’aumôneries, mais entre jeunes et pasteurs (y compris les évêques !) à nos claviers ! l’enjeu est de taille.

  3. marco

    Je partage entièrement l’avis d’alex pour un vrai débat mais également pour que l’épiscopat français s’engage publiquement dessus.
    L’évangélisation de la jeunesse commence en effet à donner de bons signes de vie mais elle en est qu’à ses débuts.
    Les groupes évangéliques ont une bonne longueur d’onde sur les catholiques. Pourquoi ne pas prendre exemple sur ce qu’ils font ?
    Tout est question d’audace !
    Si on a peur, c’est cuit ! peur parce qu’on ne trouvera pas l’argent, peur de déranger…
    Jean-Paul II avait trouvé une belle expression : "avance en eau profonde !"

    L’évangélisation des jeunes est un enjeu de taille. Les jeunes représentent l’avenir d’une société. Il n’est pas trop tard pour inverser la tendance. Il faut réveiller la conscience des jeunes !
    Si le catholicisme réussi et même au sens général, si le christianisme réussit à réveiller la conscience des jeunes, nous vivrons plus heureux en société.

  4. worship fan

    oui merci pour cet article Alex (une jl!!)
    L’épiscopat français a tout à gagner en misant et encourageant les groupes de pop louange en France. C’est un trés bon outil d’évangélisation et aussi une possibilité pour de vrais artistes de mettre leurs talents artistiques au service de Dieu et d’une manière plus large, encourager le renouveau de certains chants liturgiques, donner l’envie de chnater avec son coeur à la messe!!dans la joie et pas la lourdeur…

  5. MgD

    4 points essentiels pour lancer le débat dans l’église de France

    I°) DU PRIMAT DE LA CONSTITUTION DE L’EGLISE

    Pourquoi l’Eglise existe t’elle ? Quelle est sa fonction première ? Quelle est le but de sa constitution ? Pourquoi le Christ l’a t’il établie ?
    Je laisse ici le pape Paul VI (re)définir dans l’encyclique « EVANGELII NUNTIANDI » la vocation propre et première de l’Eglise :
    « L’Eglise le sait. Elle a une vive conscience que la parole du Sauveur — “ Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Eglise ”, tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser(…) ».
    Nous savons tous pertinemment aujourd’hui qu’en France l’urgence « d’une évangélisation nouvelles dans ses formes, dans ses méthodes et dans ses ardeurs » (JP II a Haïti) est plus que nécessaire pour nos contemporains qui cherchent le sauveur de l’humanité, ailleurs et n’importe où.

    Pour évangéliser, il faut des évangélisateurs, des hommes convaincus, transformés par la Parole de Dieu, renouveler dans l’Esprit Saint et prêt à partager Celui qu’ils ont rencontrés.
    Maintenant permettez moi de poser une question que le Cardinal Ratzinger posait dans son livre Les principes de la théologie catholique : « est ce que pour nous notre foi est un poids, un fardeau ou cadeau, un don à partager ? »
    Et personnellement, je paraphraserais St Paul qui écrit aux Romains : « La foi naît de ce que l’on entend, et ce que l’on entend , c’est l’annonce de la parole du Christ ».
    Ceci nous mène à la 2° affirmation.

    II°) Du besoin de ré-évangéliser l’église avant tout

    Avant même d ‘aller porter le Christ et la foi aux « gens loin de l’église », (terme ô combien présent actuellement dans notre langage ecclésial) il nous faut ré-évangéliser notre église de France, il nous faut nous, catholique, redevenir des convaincus, des hommes transformés par le salut que nous offre le Christ, des fidèles prêt à témoigner, à partager notre joie, des pratiquants « heureux » de suivre Jésus pour ensuite porter, donner ce que nous vivons, au monde. St Paul est clair : « Comment invoquer le Seigneur sans avoir d’abord cru en lui ? Comment croire en lui sans avoir entendu sa parole ? Comment entendre sa parole si personne ne l’a proclamé ? ».
    La morosité actuelle (si ce n’est l’état dépressif), la tiédeur, la frigidité et l’absence (quelque fois) de « chaleur » communautaire enlèvent peu à peu tout « cœur », toute « sensibilité » et tout signe d’amour dans nos paroisses et nos célébrations.
    A partir de là, comment voulons-nous être attractif, donner envie « aux gens loin de l’église » de nous rejoindre ?
    C’est donc à nous, que reviens la responsabilité de retrouver le zèle apostolique, la fougue évangélisatrice et la joie qui proclame le salut en Jésus.
    Sachant pertinemment que dans la société française actuelle, toute affirmation de foi, toute proposition évangélique et conviction ecclésial sont taxés de fondamentalisme et de positions intolérante et extrémiste.
    Pour autant, la vérité fondamentale du salut n’a pas à être réduite au relativisme ambiant.
    Il nous faut donc remettre au centre de nos vies personnelles et ecclésiales le Christ.
    Mais ne soyons pas étonner de notre silence et de notre tiédeur devant l’annonce de la parole : comment pourrions-nous donner ce que nous n’avons pas rencontré ?

    III°) De la nécessité de l’inculturation

    Toute évangélisation comporte un risque lié à la foi et à la mission : faire entendre la Bonne Nouvelle en tenant compte de la culture de ses interlocuteurs. Mais attention, sachons bien une chose au préalable, comme l’a dit Danièle Herrieu-Léger en créant don terme « ex-culturation » : le catholicisme français actuelle n’a plus aucune emprise, plus aucun lien avec la culture ambiante. Quand à elle, elle avance sans aucune référence au christianisme.
    Pourtant, l’inculturation s’est ce qui permet à la société d’avoir accès au message de salut dans une première annonce.
    Si nous sommes imperméables, froids et distants à la culture actuelle, comment les hommes de notre temps vont avoir accès à Dieu ? La méfiance qui anime les catholiques français face à la culture du monde, bloque en amont toute forme d’évangélisation « adapté » dans ses formes, dans ses méthodes et dans son ardeur.
    Lorsque nous, nous sommes distants et bloqués, d’autres chrétiens eux (évangéliques, pentecôtistes, baptistes…) avancent et annoncent clairement, simplement et radicalement le Christ par des techniques professionnels et modernes.
    Et ils récoltent les fruits quand nous, nous réfléchissons « aux réalités sociales adjacentes du groupe humains que nous souhaitons rencontrés ». La reunionite ecclésial française devrait passait à l’action.

    Benoit XVI confirme ce que j’écris ici dans son message des JMJ 2005 : « Il est urgent que se lève une nouvelle génération d’apôtres enracinés dans la Parole de Dieu, capables de répondre aux défis de notre temps et prêts à répandre partout l’Evangile. »
    Mais sommes-nous prêt à annoncer et à inculturer notre évangélisation ?
    Le voulons-nous vraiment ?
    Avons-nous réellement une logique missionnaire et ancré dans et pour le Christ ?

    IV°) De la réelle volonté de l’église de France

    Quand je parle de « l’église de France », j’englobe dans ma vision, les évêques, les prêtres, les diacres mais aussi et surtout les fidèles puisque chacun sait qu’un baptisé est responsable « à sa façon » de l’annonce de Dieu comme Sauveur.
    Mais, permettez moi de poser la question, que voulons-nous vraiment et surtout que faisons-nous concrètement ?
    Quelle est le « programme », j’emploie ce terme de manière volontaire pour bien montrer qu’il y a des gens au sein de l’église qui ont « imposés leurs programmes et leurs idées sociales, politiques, humaines… » plus que l’évangile et l’annonce explicite du Christ comme sauveur. Cette affirmation n’est pas une attaque mais une constatation véritable de certaines dérives qui ont orientés des pastorales, des aumôneries et des paroisses vers un vide abyssale aujourd’hui.

    Mais nous n’avons pas avoir de programme, nous avons à annoncer le salut en jésus-Christ. Point.
    Je pense qu’il faut remettre au centre le Christ de toute initiative ecclésiale, diocésaine, pastorale. Les années passés nous montre clairement que l’abandon du message clair et absolu de la foi en Jésus nous conduit vers une crise de foi et un abandon lent et quasiment définitif de l’église, de beaucoup de gens qui n’ont trouvés que doutes et tiédeurs au sein de nos communautés.
    Les fruits actuels que nous récoltons sont bien amères et bien vides.
    Alors que dire ?
    L’Evangile est-il pour nous un choc positif de renaissance ou un texte symbolique « à la merci » de nos modes de pensées ambiantes ?
    L’Eglise, est-elle le lieu d’une organisation type ONG social humaniste ou le lieu où se vit le Royaume de Dieu, l’annonce du salut et la libération des péchés ?
    Plutôt que de parler de crise des vocations et ecclésiales, ne devrions-nous pas parler de crise de foi, crise de croyant, crise de conviction et crise de l’annonce explicite dû au relativisme, à la sécularité et autres idéologies ambiantes et passantes qui ont tant marqués certains membres de l’église de France ?
    La question finale restera toujours la même, cette question qui traverse les siècles depuis 2 000 ans et qui se poste devant nous. Cette question, c’est celle du Maître, celle qu’il pose en se tournant vers ses disciples alors que tous viennent de l’abandonner.
    « Pour toi qui sui-je ? »
    Oui pour nous, catholique de France, qui est Jésus ?
    Que mérite t’il que l’on fasse pour lui ?
    Est-il notre libérateur, notre sauveur, notre Dieu, celui qui peu tout ?
    Cette dernière question entraînera toujours une réponse libre et personnelle de chacun de nous. Mais l’Eglise nous invite à répondre avec elle : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » et par enchaînement « honte à moi si je n’évangélise pas. »

    Ces 4 primats que je viens d’exposé sont pour moi les 4 piliers sur lesquelles tous chrétiens voulant collaborer ensemble doivent se définir.
    Pour le reste l’Esprit saint vient au secours de notre faiblesse et ne l’oublions jamais, Paul VI nous l’a dit : « Le principal agent de l’évangélisation c’est… l’Esprit Saint. »
    Remettons nos vies et nos œuvre entre ses mains sous peine de nous perdre dans des humanismes de bonne-volonté stérile et vide qui ont entraînés en grande partie la crise actuelle.

  6. régis

    Ils nous faut louer les plus grand stade de foot du France et organiser au plus vite et avec toute les écoles catho&autre… et asso une immense tournée médiatisée haut et fort cette tournée formidable avec des partenaires privé "ils n’attend que ça", et faire vibrer la France " fille aînée de l’église" de l’amour de Jésus. " Jonny la bien fait !!!"

    Evêques de France "il ne faut plus avoir pas peur" tous ses groupes de musique sont là pour nos jeunes qui seront plus tard les futurs porteur de l’église et futur donateur pour nos prêtres

    Faisons vivre en harmonie église traditionnelle et moderne:" c’est cela la Paix du Christ."

    Non c’est jeune groupe de POP ROCK ne sont pas usée comme certain le disent… mais plein d’énergie a faire fructifier

    Amen

    PAPA de 5 enfants

  7. anne, une fan de glorious

    Bravo Alex pour cet article! Je suis entièrement d’accord avec ce que vous dites.Je suis contente de voir aussi le succes de cet article…
    Vous m’avez fait réaliser que c’est un peu un "chemin de croix" que ces groupes sont en train de vivre. Après,il y aura une résurection, ce sera grandiose.
    Merci de m’avoir redonné cette espérance!!!!
    Anne, 15 ans

  8. Jagger

    POUR L’AUTEUR DE CET ARTICLE …

    POURQUOI NE PAS DIFFUSER CET ARTICLE DANS TOUS LES JOURNAUX KTO SANS EXEPTIONS ??? INTERNET NE SUFFIT PAS … NI FRANCE KTOLIQUE … IL FAUT FAIRE LUS SELON MOI … BRAVO EN TOUT CAS POUR 4ARTICLE
    D’autre part je pense que Glorious était le plus prometteur des groupes KTO et que si nous organisison une tournée nationnal médatisé comme le propose Regis avec Glorious (si ils reviennent) alors les francais ne pourront plus exclure ces groupes ni de la radio ni du reste du monde du spectacle …
    A+
    J

  9. Joao CarmenZ


    Est-ce le rôle de nos évêques de devenir critiques musicaux ? Est-ce que les musiciens chrétiens et plus particulièrement catholiques n’ont pas un devoir de témoignage au sein même du milieu de la musique (et donc refuser certaines règles)(celles-là même qui ont ultimement provoqué la fin de Glorious)?
    Est-ce la forme qui touche les gens ou le fond ? Et finallement, évangéliser est-ce une affaire de mode, de nombre ou de réussite ?
    Voilà les questions qui font peur…
    Parce que les réponses brisent bien des rêves (des illusions)… Le témoignage se fait dans le combat. Et vu que je fais partie d’un de ces groupes (et nous n’avons pas arrêter) et que nous écuemons encore les routes de France, je peux vous dire que le coeur du problème n’est pas du tout là ou on le crois…

  10. abouna

    Je crois qu’il y a une vraie attente des jeunes… mais ils ne le savent pas!
    Quand aux évêques, parfois les curés, ils gèrent tellement d’autres choses, qui leur paraissent bcp plus importantes…
    Une des pistes encore trop inexplorée… (ou bloquée par des murs idéologiques?…) est la piste des aumôneries, publiques, ou de l’enseignement privé. Il y a un vivier immense. (cf. Frat)
    Il y a aussi une question de lobbying… Il suffit de voir quelle presse catho soutient les groupes, ou celle qui est dubitative… Or 90% du clergé (et des aumoneries…)fonctionne avec B. – bip -.. Difficile de faire le poids avec Rejoyce ou des labels privés.
    Heureusement l’Esprit Saint est plus fort que nos divisions humaines!
    On n’en est qu’au début! Ne baissons pas les bras!

  11. Marco

    A Abouna ! Oui, c’est vrai qu’il y a un énorme vivier avec les aumôneries ! Mais là, c’est le même problème!
    Il n’y a pas d’annonce explicite, pas d’évangélisation, des prêtres peu motivés, … Je généralise un peu car je sais que dans d’autres aumôneries, c’est le contraire.
    On fait dans l’émotion, l’humanitaire, la sensiblerie…
    Le problème c’est que beaucoup de prêtres sont devenus activistes et ne voient pas l’essentiel de leur mission

  12. phil

    Vous écrivez :
    "elle illustre un déficit de compréhension dans l’Église de France des ressorts et des aspirations de la jeunesse occidentale"
    Perso (mais ça n’a aucune valeur statistique – tout comme ce que vous écrivez d’ailleurs..) je ne connais aucun jeune "occidental" qui apprécie la pop louange (pour différentes raison dont la première semble être tout simplement un déficit de qualité…)

  13. antoinem

    Pour Phil,

    tu ne connais aucun jeune occidental qui aime la "pop-louange". Admettons.
    Juste au passage Glorious a vendu 100 000 disc et joué devant plus de 200 000 spectateurs en 5 ans !
    Ensuite tu parles de la qualité. Qu’entends-tu par qualité ?
    Sais-tu avec qui Glorious a travaillé pour ces différents albums ? Non et peut-être que tu t’en fous, mais je vais juste te dire qu’il ne faut pas se tromper de sujet.
    Le dernier album de Glorious a été enregistré aux Studios DAVOUT à Paris (vas voir sur davout.com) vas voir les références du studio pour te faire une idée. ce n’est pas un CD fait à la maison !!!
    Ensuite aux commandes (réalisateur) c’était Steve Prestage. vas voir sur myspace.com/steveprestage, tu verras. pour info il est l’un des 10 ingénieurs du son les plus demandés en France.
    Enfin le mastering a été fait à Londres à Métropolis avec Ian Cooper (Oasis, Norah Jones, Madonna, U2…)
    Désolé mais tout cela a un prix, un coût qui fait que tu passes d’une cour amateur à une cour professionnelle.

    Peut-être tout simplement que tu n’aimes pas glorious, alors dis-le franchement, mais tu ne peux dire que la qualité est pourrie…

    poursuivons le débat…

  14. phil

    Le mieux Antoinem pour "débattre", c’est d’abord de s’écouter. Relis, je ne porte pas de jugement sur le groupe Glorious, je dis simplement que la phrase de l’article : "elle illustre un déficit de compréhension dans l’Église de France des ressorts et des aspirations de la jeunesse occidentale" est quelque peu hâtive… Il aurait été plus juste de dire : "Peut-être illustre-t-elle un déficit de compréhension dans l’Église de France des ressorts et des aspirations de la jeunesse occidentale". Bref, je pose la question : la pop-louange correspond-elle aux aspirationx de la jeunesse occidentale. Et je répond : je n’en suis vraiment pas sûr… 🙂
    Je termine par un clin d’oeil: je PEUX dire que "la qualité est pourrie" tout comme je PEUX dire : "la qualité est excellente". eh oui…

  15. Marco

    Je crois vraiment qu’il faut aller chercher les jeunes en les "attirant" dans ce qui fait leur quotidien.
    Par conséquent, je pense que la "pop-louange" peut attirer de nombreux jeunes.
    Pourquoi Exo, Hillsong, Delirious et d’autres groupes évangéliques tournent bien ?

    Je suis quand même d’accord avec Phil pour dire que pour débattre il faut s’écouter. Même si ce n’est pas toujours facile, c’est une des clés pour faire communion.

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