Le sacrement du mariage ?

Une conférence de Mgr Le Gal sur le mariage, toujours d’actualité, et vraiment, vraiment, décapante !

Le sacrement du mariage


Le sacrement est le signe visible d’une réalité invisible. Ainsi, dans le sacrement du baptême l’eau – signe visible – renvoie au sens invisible de la vie et du lavement du péché originel.

De même dans le sacrement du mariage, sont présentes conjointement ces deux réalités : l’amour conjugal (normalement ça se voit !) est la réalité-signe de l’amour du Christ pour son Eglise, de l’amour de Dieu pour son peuple. L’amour humain visible devient divin.

Comme le Christ a aimé l’Eglise

Lors du sacrement du mariage, la qualité d’amour du Christ pour l’Eglise est insufflée dans l’amour conjugal.

Au chapitre 5ème verset 21 de l’Epître aux Ephésiens se trouve le texte le plus fort sur la réalité de ce sacrement. Lors des célébrations de mariage, beaucoup arrêtent la lecture à « femmes soyez soumises à votre mari », mais il faut poursuivre : « maris aimez votre femme », d’un amour humain, oui certainement, mais aussi et surtout « comme le Christ a aimé l’Eglise ».

Il existe une dissymétrie entre Dieu et son Eglise alors qu’il y a une symétrie (une égalité) au sein d’un couple. Malgré cela, le “comme” qu’emploie Saint Paul souligne l’analogie entre l’amour d’un homme et d’une femme et celui du Christ pour son Eglise : il faut prendre ce “comme” au sens de “avec la même force que”. Ce comparatif qualifie de manière très forte l’amour que chaque conjoint doit porter à l’autre car le Christ a aimé l’Eglise en se livrant pour Elle ! ; et Il s’est uni à Elle par un pacte indissoluble.

Donner sa vie, se donner soi-même pour aimer fidèlement tout au long d’une vie : voilà qui n’est pas facile ! Car dans le meilleur des cas, on épouse un pécheur (une pécheresse) appelé à la sainteté.

« Dis, tu as vu comment tu étais avant ? ». Le Christ a relevé Israël son peuple : de même, l’un et l’autre conjoint doivent se relever réciproquement.

Contrairement à ce que l’on dit souvent, l’épanouissement des deux êtres n’est pas vraiment l’essentiel. Il s’agit davantage de transformer un amour humain en un amour divin en donnant sa vie pour l’autre. Le Christ aime passionnément l’Eglise au point qu’Il s’est donné à Elle sans calcul dans la donation, jusqu’à la Passion.

Le sacrement du mariage offre une participation nouvelle à la vie et à l’amour du Christ. La grâce communiquée est un don de Dieu, une force divine qui ne s’use ni ne se périme, et qui nous rend capables malgré nos faiblesses d’aimer notre conjoint comme le Christ son Eglise.

Et le mariage en lui-même ?

Non, ce n’est pas une belle photo encadrée sur la cheminée ou un simple coup de goupillon ! Une fois on m’a demandé de bénir des chiens… ! -et les propriétaires ? –non, ça sera pour plus tard… ah bon ? Bénir veut dire adopter, filialiser en grec. Faire “fils” (mystère de la Rédemption).

Fidélité et humilité

L’aveuglement amoureux ne dure qu’un temps. Jules et Juliette se rencontrent. Deux minutes après leur mariage, Juliette remarque enfin les premiers reniflements de son conjoint au rythme de 15 à la seconde et c’est parti pour durer jusqu’en 2040 ! Et Jules, quarante ans après : « Tu as vu un peu la pile de repassage ? Qu’est-ce que tu attends ? ». Il y a donc une certaine usure du temps. Pour cela, Dieu « nous communique avec vigueur l’amour du Christ pour l’Eglise ».

A notre époque, quelque mois ensemble c’est déjà beaucoup… Heureusement il y a bien quelques réchappés qui sont toujours ensemble après des demi-siècles de vie commune, des mariés qui restent missionnaires quoi qu’il arrive.

Un jour une dame de ma paroisse va acheter des fleurs pour l’anniversaire de mariage de ses parents – étant donné l’âge de la dame, les parents devaient être assez âgés… (rires) – Arrivée chez le fleuriste, elle lui demande de joindre au bouquet le mot “pour vos soixante ans de mariage” (vivent les antibiotiques !)… et bien le fleuriste, bon commerçant, n’y a pas cru : on se moquait sûrement de lui ! Finalement il a fallu écrire “bon anniversaire”.

« Tiens ceux là ils sont toujours ensemble ? Comment ça se fait ? »

L’amour est une force qui vient de Dieu, qui ne se périme pas (cf. Œ). “Amo pria amo”, c’est-à-dire “J’aime parce que j’aime, j’aime pour aimer” (et ce n’est pas uniquement à cause de tes yeux bleus qui m’emmènent dans les étoiles…). Il y a cette obstination de Dieu d’aimer quoi qu’il en soit, malgré notre petitesse ou notre air bouffi.

Le prophète Osée (bon prophète diplômé ; d’ailleurs, être prophète c’est un bon métier : on est placé, Dieu nous file un job à temps plein, même pas besoin de chercher) a expérimenté cet amour divin qui n’attend pas d’être aimé en retour :

Chapitre 1 : Dieu lui dit « Va ! » (quand Dieu dit « Va ! », il s’agit d’être prophète ; comme à la fin de la messe d’ailleurs lorsque le prêtre dit « Allez ! », ce n’est en fait qu’un pluriel « Va, va, va… »). « Tu vas épouser tous frais payés la Gomer », prostituée notoire avec ses deux enfants de pères différents.

Chapitre 2 : Osée épouse Gomer. Elle a trois enfants de lui ; puis retourne vers ses amants.

Chapitre 3 : Osée reçoit à nouveau l’ordre d’aimer une femme adultère, de s’attacher à elle jusque dans son infidélité. Dieu lui dit : « Va, tu vas connaître une expérience divine : aimer gratuitement sans retour, aimer quoi qu’il en soit ». On appelle cela la fidélité.

Aimons même lorsque c’est difficile, comme Dieu nous aime sans cesse en amour et en espérance malgré nos infidélités.

Dieu pourrait se dire : « ils disent du mal de moi – et de mes ministres…- , je laisse béton et je vais sur Jupiter… » Et bien non ! Si la fidélité de Dieu était gommée, nous tomberions dans une déchéance totale. Il n’y a aucune raison de croire que cette fidélité de Dieu envers nous perdure quand on voit tout ce que l’on fait et tout ce que l’on ne fait pas, et pourtant…

Une société qui a perdu le sens de la fidélité visible, c’est l’horreur. Les néo-païens ont d’ailleurs souvent besoin de s’appuyer sur leurs vieilles tantes, fidèles à leur mari après tant d’années, et dont la vie en elle-même leur est un témoignage. Ces personnes sont des modèles alors qu’elles ne vivent rien d’extraordinaire, simplement parce qu’elles sont une preuve vivante de fidélité. En effet, l’amour humain est un formidable témoin, un merveilleux vecteur d’évangélisation, un fantastique levier d’Archimède (cf. St Augustin : « Donnez-moi quelqu’un qui aime… »).

Je n’aime pas trop la cérémonie du mariage telle qu’elle est vécue de nos jours : devant l’autel, vous avez les mariés, super sérieux. Aux premiers rangs, il y a les proches très très émus. Viennent ensuite les amis, assez émus. Enfin au fond, les photographes mobiles, et ceux qui n’y croient plus, ceux qui disent : « Ah, tu verras, mon petit, ça ne durera pas ton affaire ; crois-moi tu n’as pas assez vécu ». Pour ces néo-païens, qui n’ont pas su rester fidèles, cela paraît en effet impossible.

Si « On s’aime on s’aime on s’aime », mais que la belle-mère nous ennuie, il faut se dire qu’elle est un peu notre mère. Apprenons à aimer aussi ceux qui sont aimés par notre conjoint.

Vivons l’humilité dans le mariage. Acceptons la condition réelle de l’autre, supportons-le tel qu’il est. Le Christ nous aime “tel quel” ; Il aime tout en nous à l’exception du péché. Cf. le lavement des pieds (Jn 13,1-…) :

Pierre dit à Jésus : « Pauvre Seigneur, cela ne va pas fort ; tu déprimes ou quoi ? »

Jésus lui répond : « Saint Pierre, enfin heu… Pierre, si tu ne veux pas que je te lave les pieds tu n’auras pas part avec moi à la vie éternelle. » (…)

« Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis. » : le Christ établit une relation d’égalité entre Lui et les hommes.

Se laver les pieds au sein d’un couple, pas banal ! Certes ce n’est pas séduire, mais c’est servir ! Offrez-vous en serviteurs (esclaves en grec). Aimons l’autre comme Jésus l’aime, aimons-le en le servant et en le sauvant !

(Il faudrait dans vos paroisses organiser un gigantesque lavement des pieds… et dans les espaces d’éducation affective des écoles, nous devrions remplacer la fameuse mallette par une autre dans laquelle il y aurait de l’eau, du savon, une cuvette et une serviette… Précieuse mallette de serviteur et d’ami que voilà !)

La chasteté

Il faut essayer de se donner avant le mariage les moyens de bien vivre après. Donc avant : rien ; mais après :… non, pas tout ! Il doit exister aussi une chasteté au sein du couple marié. Même si certains gestes ne sont pas mauvais en soi, il est préférable d’entretenir tout au long du mariage la qualité de maîtrise de soi (il y en a qui ne supportent pas un mois de vacances chez la belle-mère !). Il faut remarquer qu’à 75 ans nous restons des êtres sexués. Pour les néo-païens qui ne cultivent pas ces vertus, c’est la belle vie jusqu’à 30 ans, mais après… pfutt ! : le bagne.

D’une certaine façon, la chasteté dans le domaine des relations charnelles est plus difficile à vivre dans le mariage que dans la vie consacrée. Il y a des gens qui sont marrants – même parfois vraiment débiles. Souvent les prêtres s’entendent dire : « La chasteté… c’est pas trop lourd votre fardeau ? ». Et bien c’est plus facile de renoncer que de bien vivre sa sexualité, de même qu’il est plus facile de renoncer à danser que de bien danser, ou de renoncer à jouer du piano que de bien en jouer. Une fausse note dans un concert et tout est raté : quoi de plus beau que de s’offrir mutuellement avec des corps maîtrisés aux lendemains du mariage ?

Maîtriser sa sexualité, sa fécondité, c’est comme savoir nager ! Ceux qui sont sur le bord et qui ne savent pas nager peuvent facilement se moquer… mais ils se privent d’une grande joie, et vont moins loin. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui dans le domaine de la sexualité : beaucoup ont perdu ce savoir, et du coup ne comprennent pas ceux qui lui donnent un sens.

Rappelons-nous Jeanne d’Arc -nous sommes d’ailleurs chez elle ce soir. Bien sûr tout le monde est capable de bouter les Anglais hors de France -à commencer par un certain … (l’évêque mime un bonhomme qui a mal au foie, la main dans le veston). Mais ce que l’on ne dit pas dans les manuels, c’est que Jeanne a rendu une armée chaste. Lors de son procès de réhabilitation, parmi les centaines de témoins, des soldats ont dit : « Un jour, panne de télé. Je vais la voir, et plus je m’approchais d’elle, moins j’avais envie de la toucher. » La chasteté contamine, elle peut être contagieuse !

Bien sûr il ne s’agit pas de se contenter du sentiment d’aimer son conjoint, mais de grandir dans la maîtrise de soi, qui a des répercussions sur la qualité de l’amour conjugal. La chasteté – avant comme après le mariage – est une vertu heureuse.

Quand le Pape rappelle ces principes, on s’en fiche. On oublie que c’est Dieu qui les lui souffle : « De toute façon, tout le monde fait comme ça ». Ne parlons pas d’interdits ! L’Eglise n’interdit pas, Elle prévient et propose. Elle nous appelle à viser l’excellence.

Voulons-nous nous contenter d’un 10/20 ?

Conclusion


Un lien très étroit existe entre mariés et consacrés : les uns élèvent les autres. Ne jouez pas avec votre vie, encore moins avec celle de votre conjoint ; ne jouez pas avec les prêtres dont le choix de vie ne vaut que si les couples vivent à fond le témoignage de l’amour désintéressé ; soyez fidèle à Dieu qui vous aime d’un amour parfait.

Quelle que soit notre vocation, nous sommes appelés à être témoins de l’Amour. En 10 ans j’ai rencontré 1% des jeunes mariés en France (jolie part de marché). Beaucoup m’ont demandé : « Sommes-nous faits l’un pour l’autre ?… Alors sommes-nous prédestinés ? » Dans les études spéciales pour évêques on apprend des tas de choses et on a notamment un livre de vocation classé “confidentiel défense”. En face de votre nom, indépendamment de la colonne mariage, on peut toujours lire dans la colonne vocation “saint et irréprochable dans l’amour”. Ce qui veut dire que tous, mariés et consacrés, nous sommes prédestinés dans le sens qualitatif du terme : peu importe le chemin, pourvu que l’on aime comme le Christ.

Réponses aux questions :

1. Sur la nullité du mariage : on n’annule pas un mariage (c’est un sacrement, il est donc indissoluble ; ne même qu’on de “débaptise pas”), mais on le déclare nul. Il ne faut pas confondre nullité et annulation. L’Eglise peut déclarer un mariage nul dans certains cas graves (alcoolisme, femme battue,…).

2. Comment se marier avec quelqu’un d’une autre confession ?

On demande une dispense pour disparité de culte (parfois même il n’y a pas de culte), accompagnée d’un engagement au respect mutuel, à la liberté de transmettre sa foi à ses enfants.

3. Faut-il se connaître pour s’aimer ?

Oui, mais connaître la personne avant le corps.

Encore un mot...
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