Laisser les clefs aux jeunes

A l’heure où l’Eglise de France chercher à savoir comment évangéliser les nouvelles générations, notamment avec les Assises nationales de l’évangélisation des jeunes, une question banale mériterait d’être abordée : et si nous laissions les clefs aux jeunes ?

Rassurez-vous, on ne s’attardera pas sur nos dames de soixante ans – nos sœurs en Christ, au demeurant – et qui tiennent d’une main de fer la chorale de la paroisse, le groupe des jeunes de l’aumônerie ou même la soupe populaire locale. Mais posons-nous franchement la question : pourquoi ne placerions-nous pas, jusqu’au sommet des services d’Eglise, des jeunes ni parfaitement formés, ni tout à fait mûrs, mais qui ont le feu sacré ?

On nous dira que le jeunisme ne profite à personne, mais il ne s’agit pas de cela. Etre jeune est un état d’esprit. C’est vivre avec son temps, prier à sa façon, loin des convenances habituelles, avoir toute la vie devant soi, la liberté et le temps de tout entreprendre avec ses amis, jusqu’au bout du monde. La jeunesse porte aussi en elle une force et une fraîcheur qui ne s’embarrasse pas des protocoles du système ecclésial et qui est capable de trouver des façons toujours plus proches et plus nouvelles pour qu’un jeune annonce l’Evangile à son entourage, à ses semblables. D’ailleurs, est-ce un hasard si l’évangélisation des jeunes est particulièrement confiée par le pape… aux jeunes eux-mêmes ?

Dans un tout récent entretien à La Croix, Ségolaine Moog, Directrice adjointe du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations à la Conférence des évêques de France, expliquait les défis des prochaines années, vis à vis des jeunes : « Faire tomber les schémas anciens et être ouverts aux nouveaux besoins exprimés par les jeunes. (…) Ne pas avoir peur d’eux, de leur créativité. »

N’a-t-on pas parfois un peu trop peur des jeunes de nos mouvements, de nos paroisses ? Combien de groupes de prière, par exemple, se voient encore refuser des visas au cœur de nos villes ? N’est-on pas souvent effrayé par ceux qui ne rentrent pas tout à fait dans le moule parce qu’ils sont un peu artistes, ou un peu trop libres de penser et d’agir ? N’est-ce pas, au final, la pertinence des propositions et des moyens que l’Eglise met en place pour toucher les jeunes de France qui est en jeu ?

Alors exit les rédacteurs en chef de médias chrétiens de plus de 35 ans (âge maximum pour aller aux JMJ !), exit les responsables d’associations de la génération Paul VI, exit les chefs de services épiscopaux qui en sont à leur troisième ou quatrième mandat ? Quid des leaders de communautés nouvelles ou de mouvements de jeunes dont on s’étonne toujours un peu qu’ils ont déjà de beaux cheveux blancs ?

On nous dira qu’il faut une certaine maturité pour prendre telle ou telle responsabilité concernant la mission première de l’Eglise. Oui, mais quid des nombreux jeunes saints qui ont évangélisé notre pays ?

Sans être saint, un supplément de discernement peut toujours être trouvé chez ses aînés : même en n’étant plus aux commandes, ils ont toujours la liberté de donner leur point de vue et de se laisser interroger par leurs successeurs sur les choix de stratégie ou de gouvernance. Cela implique « seulement » une confiance réciproque.

De nombreux jeunes sont très compétents dans leur domaine. Si l’on veut entendre plus souvent sur les ondes de nos radios chrétiennes le dernier album de Glorious plutôt que Rachmaninov (ce n’est qu’un exemple) et d’une façon plus générale si l’on veut laisser germer et mûrir la créativité des jeunes dans nos aumôneries ou nos mouvements, dans nos médias ou nos associations, il faut définitivement leur laisser les clefs. L’Eglise de France prendra alors un bon coup de jeune !

Encore un mot...
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3 réflexions sur « Laisser les clefs aux jeunes »

  1. Jean-Baptiste Maillard

    @Paul : où voyez-vous de la démagogie à proposer que les jeunes aient une plus grande place ? ne croyez-vous pas à ce que j’ai écrit plus haut à propos de la jeunesse ? quant aux jeunes eux-mêmes qui cherchent Dieu, je reste convaincu, comme le pape, que les jeunes de leur âge sont les mieux placés pour leur parler du Christ…

  2. Suzanne

    Bonjour, je souscris entièrement au fait de déléguer davantage les initiatives et responsabilités aux jeunes générations, le bienheureux Jean-Paul II savait d’expérience les fruits qu’ils apportent. C’est une mamie de 64 ans qui le dit.

    A une seule condition : Que ces jeunes soient formés dans la foi ; par la prière et par l’écoute de la Parole, sa méditation…, et la fréquentation des sacrements. Alors l’Esprit-Saint les gardera et les guidera.
    En effet, comme vous l’exprimez avec justesse, il n’y a pas d’âge pour la sainteté!

    Une dernière chose : Je n’approuve pas certaines communautés nouvelles, qui à mon sens ont perdu le sens du sacré et de la distance de vénération-adoration due à Dieu… Et ainsi de toute musique, chant, écrit, gestuelle, etc. qui s’éloignerait du sacré pour laisser place au profane.

    Pour Paul, que je salue : L’Église ne proposera et n’enseignera jamais autre chose que la Bonne Nouvelle de la Miséricorde de Dieu offerte à tous les hommes pécheurs. Mais elle le fera de toutes les manières, et là les jeunes peuvent se montrer particulièrement inventifs (j’ai vu danser et chanter sur du rap et hip-hop et j’ai trouvé cela magnifique!).

    Bien cordialement à vous.

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