D’où vient la nouvelle évangélisation ?

La nouvelle évangélisation (sans majuscules) n’est pas une mouvance, un groupement de communautés ou une spiritualité particulière. Elle n’est rien de plus que la mission éternelle de l’Eglise, comme le faisaient les apôtres des premiers temps, mais avec de nouvelles méthodes, adaptées à notre monde nouveau. Explications.

Le Christ envoie ses apôtres à tous les peuples, selon la finale de l’Evangile de Mathieu : « allez vers toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à observer tout ce que je vous ai prescrit ». Jésus promet ensuite aux disciples et à nous : « Et je serai avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19). Evangéliser, c’est répondre à cet appel du Christ à répandre l’amour de Dieu. Le message de l’Evangile doit donner au monde la révélation d’un chemin qui est aussi Vérité et Vie… Or le monde évolue, et pour répondre aux nouveaux défis de la modernité, l’annonce du message – et non pas le message lui-même ! – doit s’adapter.

Depuis Vatican II, cette prise de conscience est encouragée par le pape Paul VI à travers plusieurs textes conciliaires dont le décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise et le décret sur l’apostolat des laïcs en 1965. De ce dernier décret naîtra en 1967 le Conseil des Laïcs afin de promouvoir et coordonner leur apostolat. En 1974, le 4ème Synode des évêques se réunit à Rome sur le thème de « l’évangélisation dans le monde moderne ». L’histoire raconte qu’au cours d’une des sessions finales, le Rapporteur Général, un certain Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et consulteur au Conseil des Laïcs, demande la parole. Dans une intervention qui va s’avérer par la suite prophétique, le Cardinal Wojtyla propose que les recommandations du Synode des évêques soient confiées au pape de sorte que Sa Sainteté puisse désormais les prendre à son compte. Le pape accepte. Ainsi est publiée l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi du pape Paul VI, texte de référence sur l’évangélisation dans le monde moderne, qui explique très bien la façon dont on doit annoncer le Christ.

Devenu pape, Jean-Paul II va naturellement donner son plein élan à cette prise de conscience de Vatican II : en 1983, à Haïti, il exhorte le peuple des croyants à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, nouvelle dans ses méthodes et dans son expression ». En 1990, pour le 25ème anniversaire du décret de Vatican II sur l’activité missionnaire de l’Eglise, le pape consacre l’encyclique Redemptoris Missio à « l’urgence de l’activité missionnaire ». Dans son introduction, Jean-Paul II écrit : « J’estime que le moment est venu d’engager toutes les forces ecclésiales dans la nouvelle évangélisation et dans la mission ad gentes. Aucun de ceux qui croient au Christ, aucune institution de l’Eglise ne peut se soustraire à ce devoir suprême : annoncer le Christ à tous les peuples ».

Depuis, l’expression « nouvelle évangélisation » est restée. Elle est régulièrement employée par Benoît XVI, mais aussi par de nombreux évêques, prêtres, religieux ou laïcs, sans désigner un groupe particulier, puisque c’est là un mouvement de fond qui anime toute l’Eglise et la régénère.

Souvent aux avant-postes d’un dynamisme ecclésial des plus audacieux, parfois mal comprise car perçue comme un discrédit de ce qui a été réalisé jusqu’ici, la nouvelle évangélisation n’est ni une mouvance, ni un puissant réseau, mais une façon nouvelle, adaptée à notre temps, d’être témoin du Christ au cœur du monde : Internet est un bon exemple, mais il y a beaucoup d’autres possibilités, chacun selon son charisme.

Comme le rappelle Paul VI dans Evangelii Nuntiandi, « la tâche d’évangéliser constitue la mission essentielle de l’Eglise » et passe nécessairement par une annonce explicite du contenu de la foi. En effet, écrit-il, « le plus beau témoignage se révèlera à longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié – ce que Pierre appelait donner « les raisons de son espérance » – explicité, par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus. La Bonne Nouvelle proclamée par le témoignage de vie devra donc tôt ou tard être proclamée par la parole de vie. Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fil de Dieu ne sont pas annoncés ».

En évangélisant, il ne s’agit ni « d’embrigader les foules » ni de « faire des chrétiens », mais de partager le trésor de la foi avec ceux qui n’y ont pas encore goûté, comme le demande l’Eglise aux catholiques du monde entier, sans prosélytisme aucun.

(c) Anuncioblog 2007


(*) Evangelii Nuntiandi, sur le site du Vatican : à lire de toute urgence !

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2 réflexions sur « D’où vient la nouvelle évangélisation ? »

  1. Batelier

    Je n’interviens pas pour porter un jugement sur la façon dont l’église comprend son enseignement ecclésiale. Lorsque nous lisons « Evangelii Nuntiandi »,nous constatons que peu de catholiques peuvent déchiffrer le message: trop intellectuel, trop compliqué à comprendre dans son essence. Les apôtres n’étaient pas et loin de là des intellectuels. et l’enseignement de Jésus était un enseignement approprié au niveau de compréhension de ces hommes . Le seul paragraphe que j’ai pu appréhender est celui intitulé « importance primordiale du témoigne de vie » Il serait nécessaire que l’église comprenne qu’il est nécessaire de revenir à une pédagogie de la foi, de la conversion en phase avec notre société.

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