Benoît XVI aux évêques de France : « Arriver au témoignage et à l’annonce de la foi elle-même »

Benoît XVI à Lourdes

Benoît XVI a été accueilli chaleureusement par les évêques de France, réunis dans l’hémicycle Sainte-Bernadette, à Lourdes. Appelant à une « libération spirituelle », le pape leur a rappelé la nécessité d’annoncer l’Evangile aussi bien au catéchisme qu’en œcuménisme, rappelant la Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation du 3 décembre 2007 : « La bonne volonté ne suffit pas, a-t-il dit. Je crois qu’il est bon de commencer par l’écoute, puis de passer à la discussion théologique pour arriver enfin au témoignage et à l’annonce de la foi elle-même ».

Discours de Benoît XVI aux évêques de France réunis à Lourdes

Texte intégral

Messieurs les Cardinaux,

Très chers Frères dans l’Épiscopat !

C’est la première fois depuis le début de mon Pontificat que j’ai la joie de vous rencontrer tous ensemble. Je salue cordialement votre Président, le Cardinal André Vingt-Trois, et je le remercie des paroles profondes qu’il m’a adressées en votre nom. Je salue aussi avec plaisir les Vice-Présidents ainsi que le Secrétaire Général et ses collaborateurs. Je salue chaleureusement chacun de vous, mes Frères dans l’Épiscopat, qui êtes venus des quatre coins de France et d’Outre-mer. J’inclus également Mgr François Garnier, Archevêque de Cambrai, qui célèbre aujourd’hui à Valenciennes le Millénaire de Notre-Dame du Saint-Cordon.

Je me réjouis d’être parmi vous ce soir dans cet hémicycle « Sainte Bernadette », qui est le lieu ordinaire de vos prières et de vos rencontres, lieu où vous exposez vos soucis et vos espérances, et lieu de vos discussions et de vos réflexions. Cette salle est située à un endroit privilégié près de la grotte et des basiliques mariales. Certes, les visites ad limina vous font rencontrer régulièrement le Successeur de Pierre à Rome, mais ce moment, que nous vivons, nous est donné comme une grâce pour réaffirmer les liens étroits qui nous unissent dans le partage du même sacerdoce directement issu de celui du Christ rédempteur. Je vous encourage à continuer à travailler dans l’unité et la confiance, en pleine communion avec Pierre qui est venu pour raffermir votre foi. Bien nombreuses, vous l’avez dit, Eminence, sont actuellement vos et nos préoccupations ! Je sais que vous avez à cœur de travailler dans le nouveau cadre défini par la réorganisation de la carte des provinces ecclésiastiques, et je m’en réjouis vivement. Je voudrais profiter de cette occasion pour réfléchir avec vous sur quelques thèmes que je sais être au centre de votre attention.

L’Église – Une, Sainte, Catholique et Apostolique – vous a enfantés par le Baptême. Elle vous a appelés à son service ; vous lui avez donné votre vie, d’abord comme diacres et prêtres, puis comme évêques. Je vous exprime toute mon estime pour ce don de vos personnes : malgré l’ampleur de la tâche, que ne vient pas diminuer l’honneur qu’elle comporte – honor, onus ! – vous accomplissez avec fidélité et humilité la triple tâche qui est la vôtre : enseigner, gouverner, sanctifier suivant la Constitution Lumen Gentium (nn. 25-28) et le décret Christus Dominus. Successeurs des Apôtres, vous représentez le Christ à la tête des diocèses qui vous ont été confiés, et vous vous efforcez d’y réaliser le portrait de l’Évêque tracé par saint Paul ; vous avez à grandir sans cesse dans cette voie, afin d’être toujours plus « hospitaliers, amis du bien, pondérés, justes, pieux, maîtres de vous, attachés à l’enseignement sûr, conformes à la doctrine » (cf. Tt 1, 8-9) comme dit saint Paul dans la Lettre à Tite. Le peuple chrétien doit vous considérer avec affection et respect. Dès les origines, la tradition chrétienne a insisté sur ce point : « Tous ceux qui sont à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l’Évêque », disait saint Ignace d’Antioche (Aux Philad. 3, 2), qui ajoutait encore : « celui que le maître de maison envoie pour administrer sa maison, il faut que nous le recevions comme celui-là même qui l’a envoyé » (Aux Eph. 6, 1). Votre mission, spirituelle surtout, consiste donc à créer les conditions nécessaires pour que les fidèles puissent, pour citer de nouveau saint Ignace « chanter d’une seule voix par Jésus-Christ un hymne au Père » (Ibid. 4, 2) et faire ainsi de leur vie une offrande à Dieu.

Vous êtes à juste titre convaincus que, pour faire grandir en chaque baptisé le goût de Dieu et la compréhension du sens de la vie, la catéchèse est d’une importance fondamentale. Les deux instruments principaux dont vous disposez, le Catéchisme de l’Église catholique et le Catéchisme des Évêques de France constituent de précieux atouts. Ils donnent de la foi catholique une synthèse harmonieuse et permettent d’annoncer l’Évangile dans une fidélité réelle à sa richesse. La catéchèse n’est pas d’abord affaire de méthode, mais de contenu, comme l’indique son nom même : il s’agit d’une saisie organique (kat-echein) de l’ensemble de la révélation chrétienne, apte à mettre à la disposition des intelligences et des cœurs la Parole de Celui qui a donné sa vie pour nous. De cette manière, la catéchèse fait retentir au coeur de chaque être humain un unique appel sans cesse renouvelé: « Suis-moi » (Mt 9, 9). Une soigneuse préparation des catéchistes permettra la transmission intégrale de la foi, à l’exemple de saint Paul, le plus grand catéchiste de tous les temps, vers lequel nous regardons avec une admiration particulière en ce bimillénaire de sa naissance. Au milieu des soucis apostoliques, il exhortait ainsi : « Un temps viendra où l’on ne supportera plus l’enseignement solide, mais, au gré de leur caprice, les gens iront chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la Vérité pour se tourner vers des récits mythologiques » (2 Tm 4, 3-4). Conscients du grand réalisme de ses prévisions, avec humilité et persévérance vous vous efforcez de correspondre à ses recommandations : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps … avec une grande patience et avec le souci d’instruire » (2 Tm 4, 2).

Pour réaliser efficacement cette tâche, vous avez besoin de collaborateurs. Pour cette raison les vocations sacerdotales et religieuses méritent plus que jamais d’être encouragées. J’ai été informé des initiatives qui sont prises avec foi en ce domaine, et je tiens à apporter tout mon soutien à ceux qui n’ont pas peur, tel le Christ, d’inviter jeunes ou moins jeunes à se mettre au service du Maître qui est là et qui appelle (cf. Jn 11, 28). Je voudrais remercier chaleureusement et encourager toutes les familles, toutes les paroisses, toutes les communautés chrétiennes et tous les mouvements d’Église qui sont la bonne terre qui donne le bon fruit (cf. Mt 13, 8) des vocations. Dans ce contexte, je ne veux pas omettre d’exprimer ma reconnaissance pour les innombrables prières de vrais disciples du Christ et de son Église. Il y a parmi eux des prêtres, des religieux et religieuses, des personnes âgées ou des malades, des prisonniers aussi, qui durant des décennies ont fait monter vers Dieu leurs supplications pour accomplir le commandement de Jésus : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 38). L’Évêque et les communautés de fidèles doivent, pour ce qui les concerne, favoriser et accueillir les vocations sacerdotales et religieuses, en s’appuyant sur la grâce que donne l’Esprit Saint pour opérer le discernement nécessaire. Oui, très chers Frères dans l’épiscopat, continuez à appeler au sacerdoce et à la vie religieuse, tout comme Pierre a lancé ses filets sur l’ordre du Maître, alors qu’il avait passé la nuit à pêcher sans rien prendre (cf. Lc 5, 5).

Benoît XVI s'adressant aux évêques de France à Lourdes

On ne dira jamais assez que le sacerdoce est indispensable à l’Église, dans l’intérêt même du laïcat. Les prêtres sont un don de Dieu pour l’Église. Les prêtres ne peuvent déléguer leurs fonctions aux fidèles en ce qui concerne leurs missions propres. Chers Frères dans l’épiscopat, je vous invite à rester soucieux d’aider vos prêtres à vivre dans une union intime avec le Christ. Leur vie spirituelle est le fondement de leur vie apostolique. Vous les exhorterez avec douceur à la prière quotidienne et à la célébration digne des Sacrements, surtout de l’Eucharistie et de la Réconciliation, comme le faisait saint François de Sales pour ses prêtres. Tout prêtre doit pouvoir se sentir heureux de servir l’Église. A l’école du curé d’Ars, fils de votre terre et patron de tous les curés du monde, ne cessez pas de redire qu’un homme ne peut rien faire de plus grand que de donner aux fidèles le corps et le sang du Christ, et de pardonner les péchés. Cherchez à être attentifs à leur formation humaine, intellectuelle et spirituelle et à leurs moyens d’existence. Essayez, malgré le poids de vos lourdes occupations, de les rencontrer régulièrement et sachez les recevoir comme des frères et des amis (cf. LG 28 et CPE 16). Les prêtres ont besoin de votre affection, de votre encouragement et de votre sollicitude. Soyez proches d’eux et ayez une attention particulière pour ceux qui sont en difficulté, malades ou âgés (cf. CPE 16). N’oubliez pas qu’ils sont comme le dit le Concile Vatican II, reprenant la superbe expression utilisée par saint Ignace d’Antioche aux Magnésiens, « la couronne spirituelle de l’Évêque » (LG 41).

Le culte liturgique est l’expression suprême de la vie sacerdotale et épiscopale, comme aussi de l’enseignement catéchétique. Votre charge de sanctification du peuple des fidèles, chers Frères, est indispensable à la croissance de l’Église. J’ai été amené à préciser, dans le Motu proprio Summorum Pontificum, les conditions d’exercice de cette charge, en ce qui concerne la possibilité d’utiliser aussi bien le missel du bienheureux Jean XXIII (1962) que celui du Pape Paul VI (1970). Des fruits de ces nouvelles dispositions ont déjà vu le jour, et j’espère que l’indispensable pacification des esprits est, grâce à Dieu, en train de se faire. Je mesure les difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous, afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul n’est de trop dans l’Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s’y sentir chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les Bergers de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l’honneur et de la confiance qu’Il nous fait. Efforçons-nous donc toujours d’être des serviteurs de l’unité !

Quels sont les autres domaines qui requièrent une plus grande attention ? Les réponses peuvent différer d’un diocèse à l’autre, mais il y a certainement un problème qui apparaît partout d’une urgence particulière : c’est la situation de la famille. Nous savons que le couple et la famille affrontent aujourd’hui de vraies bourrasques. Les paroles de l’évangéliste à propos de la barque dans la tempête au milieu du lac peuvent s’appliquer à la famille : « Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait » (Mc 4, 37). Les facteurs qui ont amené cette crise sont bien connus, et je ne m’attarderai donc pas à les énumérer. Depuis plusieurs décennies, des lois ont relativisé en différents pays sa nature de cellule primordiale de la société. Souvent, elles cherchent plus à s’adapter aux moeurs et aux revendications de personnes ou de groupes particuliers, qu’à promouvoir le bien commun de la société. L’union stable d’un homme et d’une femme, ordonnée à la construction d’un bonheur terrestre grâce à la naissance d’enfants donnés par Dieu, n’est plus, dans l’esprit de certains, le modèle auquel l’engagement conjugal se réfère. Cependant l’expérience enseigne que la famille est le socle sur lequel repose toute la société. De plus, le chrétien sait que la famille est aussi la cellule vivante de l’Église. Plus la famille sera imprégnée de l’esprit et des valeurs de l’Évangile, plus l’Église elle-même en sera enrichie et répondra mieux à sa vocation. D’ailleurs je connais et j’encourage vivement les efforts que vous faites afin d’apporter votre soutien aux différentes associations qui oeuvrent pour aider les familles. Vous avez raison de maintenir, même à contre-courant, les principes qui font la force et la grandeur du Sacrement de mariage. L’Église veut rester indéfectiblement fidèle au mandat que lui a confié son Fondateur, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ. Elle ne cesse de répéter avec Lui : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mt 19, 6). L’Église ne s’est pas donné cette mission : elle l’a reçue. Certes, personne ne peut nier l’existence d’épreuves, parfois très douloureuses, que traversent certains foyers. Il faudra accompagner ces foyers en difficulté, les aider à comprendre la grandeur du mariage, et les encourager à ne pas relativiser la volonté de Dieu et les lois de vie qu’Il nous a données. Une question particulièrement douloureuse, nous le savons, est celle des divorcés remariés. L’Église, qui ne peut s’opposer à la volonté du Christ, maintient fermement le principe de l’indissolubilité du mariage, tout en entourant de la plus grande affection ceux et celles qui, pour de multiples raisons, ne parviennent pas à le respecter. On ne peut donc admettre les initiatives qui visent à bénir des unions illégitimes. L’Exhortation apostolique Familiaris consortio a indiqué le chemin ouvert par une pensée respectueuse de la vérité et de la charité.

Les jeunes, je le sais bien, chers Frères, sont au centre de vos préoccupations. Vous leur consacrez beaucoup de temps, et vous avez raison. Ainsi que vous avez pu le constater, je viens d’en rencontrer une multitude à Sydney, au cours de la Journée Mondiale de la Jeunesse. J’ai apprécié leur enthousiasme et leur capacité de se consacrer à la prière. Tout en vivant dans un monde qui les courtise et qui flatte leurs bas instincts, portant, eux aussi, le poids bien lourd d’héritages difficiles à assumer, les jeunes conservent une fraîcheur d’âme qui a fait mon admiration. J’ai fait appel à leur sens des responsabilités en les invitant à s’appuyer toujours sur la vocation que Dieu leur a donnée au jour de leur Baptême. « Notre force, c’est ce que le Christ veut de nous », disait le Cardinal Jean-Marie Lustiger. Au cours de son premier voyage en France, mon vénéré Prédécesseur avait fait entendre aux jeunes de votre pays un discours qui n’a rien perdu de son actualité et qui avait alors reçu un accueil d’une ferveur inoubliable. « La permissivité morale ne rend pas l’homme heureux », avait-il proclamé au Parc-des-Princes, sous des tonnerres d’applaudissements. Le bon sens qui inspirait la saine réaction de son auditoire n’est pas mort. Je prie l’Esprit Saint de parler au coeur de tous les fidèles et, plus généralement, de tous vos compatriotes, afin de leur donner – ou de leur rendre – le goût d’une vie menée selon les critères d’un bonheur véritable.

A l’Élysée, j’ai évoqué l’autre jour l’originalité de la situation française que le Saint-Siège désire respecter. Je suis convaincu, en effet, que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d’autres ou se noyer dans une terne uniformité. « La Nation est en effet, pour reprendre les termes du Pape Jean-Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe « par » la culture et « pour » la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu’ils puissent « être davantage » dans la communauté » (Discours à l’UNESCO, 2 juin 1980, n. 14). Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce Pays de mieux comprendre d’où il vient et où il va. Par conséquent, dans le cadre institutionnel existant et dans le plus grand respect des lois en vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour interpréter et vivre au quotidien les valeurs fondamentales sur lesquelles s’est construite l’identité de la Nation. Votre Président en a évoqué la possibilité. Les présupposés sociopolitiques d’une antique méfiance, ou même d’hostilité, s’évanouissent peu à peu. L’Église ne revendique pas la place de l’État. Elle ne veut pas se substituer à lui. Elle est une société basée sur des convictions, qui se sait responsable du tout et ne peut se limiter à elle-même. Elle parle avec liberté, et dialogue avec autant de liberté dans le seul désir d’arriver à la construction de la liberté commune. Une saine collaboration entre la Communauté politique et l’Église, réalisée dans la conscience et le respect de l’indépendance et l’autonomie de chacune dans son propre domaine, est un service rendu à l’homme, ordonné à son épanouissement personnel et social. De nombreux points, prémices d’autres qui s’y ajouteront selon les nécessités, ont déjà été examinés et résolus au sein de l’ « Instance de Dialogue entre l’Église et l’État ». En vertu de sa mission propre et au nom du Saint-Siège, le Nonce Apostolique y siège naturellement, lui qui est appelé à suivre activement la vie de l’Église et sa situation dans la société.

Comme vous le savez, mes prédécesseurs, le bienheureux Jean XXIII, ancien Nonce à Paris, et le Pape Paul VI, ont voulu des Secrétariats qui sont devenus, en 1988, le Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens et le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. S’y ajoutèrent très vite la Commission pour les Rapports Religieux avec le Judaïsme et la Commission pour les Rapports Religieux avec les Musulmans. Ces structures sont en quelque sorte la reconnaissance institutionnelle et conciliaire des innombrables initiatives et réalisations antérieures. Des commissions ou conseils similaires se trouvent d’ailleurs dans votre Conférence Épiscopale et dans vos Diocèses. Leur existence et leur fonctionnement démontrent la volonté de l’Église d’aller de l’avant (…) dans le dialogue bilatéral. La récente Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux a mis en évidence que le dialogue authentique demande comme conditions fondamentales une bonne formation pour ceux qui le promeuvent, et un discernement éclairé pour avancer peu à peu dans la découverte de la Vérité. L’objectif des dialogues oecuménique et interreligieux, différents naturellement dans leur nature et leur finalité respective, est la recherche et l’approfondissement de la Vérité. Il s’agit donc d’une tâche noble et obligatoire pour tout homme de foi, car le Christ lui-même est la Vérité. La construction des ponts entre les grandes traditions ecclésiales chrétiennes et le dialogue avec les autres traditions religieuses, exigent un réel effort de connaissance réciproque, car l’ignorance détruit plus qu’elle ne construit. Par ailleurs, il n’y a que la Vérité qui permette de vivre authentiquement le double Commandement de l’Amour que nous a laissé Notre Sauveur. Certes, il faut suivre avec attention les différentes initiatives entreprises et discerner celles qui favorisent la connaissance et le respect réciproques, ainsi que la promotion du dialogue, et éviter celles qui conduisent à des impasses. La bonne volonté ne suffit pas. Je crois qu’il est bon de commencer par l’écoute, puis de passer à la discussion théologique pour arriver enfin au témoignage et à l’annonce de la foi elle-même (cf. Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation, n. 12, 3 décembre 2007). Puisse l’Esprit Saint vous donner le discernement qui doit caractériser tout Pasteur ! Saint Paul recommande : « Discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ! » (1 Th 5, 21). La société globalisée, pluriculturelle et pluri-religieuse dans laquelle nous vivons, est une opportunité que nous donne le Seigneur de proclamer la Vérité et d’exercer l’Amour afin d’atteindre tout être humain sans distinction, même au-delà des limites de l’Église visible.

L’année qui a précédé mon élection au Siège de Pierre, j’ai eu la joie de venir dans votre pays pour y présider les cérémonies commémoratives du soixantième anniversaire du débarquement en Normandie. Rarement comme alors, j’ai senti l’attachement des fils et des filles de France à la terre de leurs aïeux. La France célébrait alors sa libération temporelle, au terme d’une guerre cruelle qui avait fait de nombreuses victimes. Aujourd’hui, c’est surtout en vue d’une véritable libération spirituelle qu’il convient d’oeuvrer. L’homme a toujours besoin d’être libéré de ses peurs et de ses péchés. L’homme doit sans cesse apprendre ou réapprendre que Dieu n’est pas son ennemi, mais son Créateur plein de bonté. L’homme a besoin de savoir que sa vie a un sens et qu’il est attendu, au terme de son séjour sur la terre, pour partager à jamais la gloire du Christ dans les cieux. Votre mission est d’amener la portion du Peuple de Dieu confiée à vos soins à la reconnaissance de ce terme glorieux. Veuillez trouver ici l’expression de mon admiration et de ma gratitude pour tout ce que vous faites afin d’aller en ce sens. Veuillez être assurés de ma prière quotidienne pour chacun de vous. Veuillez croire que je ne cesse de demander au Seigneur et à sa Mère de vous guider sur votre route.

Avec joie et émotion, je vous confie, très chers Frères dans l’Épiscopat, à Notre Dame de Lourdes et à sainte Bernadette. La puissance de Dieu s’est toujours déployée dans la faiblesse. L’Esprit Saint a toujours lavé ce qui était souillé, abreuvé ce qui était sec, redressé ce qui était déformé. Le Christ Sauveur, qui a bien voulu faire de nous les instruments de la communication de son amour aux hommes, ne cessera jamais de vous faire grandir dans la foi, l’espérance et la charité, pour vous donner la joie d’amener à Lui un nombre croissant d’hommes et de femmes de notre temps. En vous confiant à sa force de Rédempteur, je vous donne à tous et de tout coeur une affectueuse Bénédiction Apostolique. Merci.

Source : Zenit

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