« La nouvelle évangélisation, c’est l’annonce du Christ »

 

Entretien avec le sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les laïcs

La nouvelle évangélisation n’est pas seulement la réponse à un défi mais l’« annonce » du Christ, fait observer M. Guzman Carriquiry, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les laïcs.

Une journée de réflexion, d’étude et de débat sur le synode et la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi en Amérique latine a eu lieu vendredi 11 novembre au Vatican, au siège de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, en présence de ses membres, les cardinaux Leonardo Sandri et Antonio Cañizares, du secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, Mgr Jean-Louis Brugues, et du chancelier de l’Académie pontificale des sciences, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo.

Etaient également présents des responsables latino-américains de la curie romaine, des recteurs de collèges pontificaux, des supérieurs et religieuses latino-américaines à Rome, ainsi que des responsables de mouvements et communautés nouvelles présents sur le continent.

Dans cet entretien à Zenit, M. Carriquiry souligne que la conférence a permis de définir les défis et objectifs pour l’Amérique latine, rappelant le précieux témoignage que représente la tradition catholique dans la mosaïque des dévotions populaires.

C’est sur le nouveau continent que s’est diffusée la nouvelle évangélisation, non pas comme une réponse à la menace de sécularisation, des sectes ou de tous ceux qui considèrent la foi comme une anomalie, mais plutôt comme fidélité au Christ, à l’Eglise et à l’annonce du message chrétien.

Zenit – M. Carriquiry, de quoi a-t-on parlé durant cette journée d’étude, qui étaient les participants ?

G. Carriquiry – Nous étions un groupe de 50 personnes qui a passé toute la journée à développer ce thème pour se mettre sur la voie du prochain synode : cela signifie marcher ensemble, marcher en communion. Cela est d’ailleurs un rappel de la nouvelle évangélisation telle qu’elle a été proposée par Jean-Paul II en Amérique latine.

Quel a été le thème central de vos discussions?

Vendredi, Mgr Fisichella a tenu la première conférence sur la nouvelle évangélisation, l’expliquant selon le magistère de l’Eglise. Il a rappelé que le premier rendez-vous sur la nouvelle évangélisation a été la conférence de Puebla, aussitôt après le voyage en Pologne. Jean-Paul II revint sur la question à Port-au-Prince en 1983. Le 12 octobre 1984, en vue de la neuvaine de préparation au Vème centenaire de l’évangélisation du nouveau continent, le pape rappela qu’une nouvelle évangélisation était nécessaire, comme celle des origines, avec le même potentiel de sainteté et de zèle missionnaire.

A quel point ce terme de « nouvelle évangélisation » a-t-il un rapport avec l’Amérique latine ?

On a évoqué le processus de définition du terme « nouvelle évangélisation » même à travers une étude très profonde, voire analytique à certains moments. Et cela depuis le Concile Vatican II, en passant par Evangelii Nuntiandi de Paul VI, et maintenant avec le pontificat de Benoît XVI et l’institution du dicastère pour la nouvelle évangélisation. On a étudié le concept de nouvelle évangélisation dans le magistère de l’Eglise, avec une forte référence à l’Amérique latine.

En quoi consistera le défi concret ?

La deuxième étape a été de définir les défis et les objectifs pour l’Amérique latine, affirmant que le patrimoine le plus précieux de ces peuples c’est la tradition de la foi catholique et que cette tradition est vivante parmi nous. Elle l’est grâce au nombre des baptisés mais grâce aussi aux trésors de cette grande mosaïque qu’est la religion populaire.

Cela s’exprime aussi dans la sagesse de la vie, dans la passion pour la justice, dans toutes les nombreuses expressions de la vie et de la culture de notre peuple. C’est pourquoi, à Aparecida, les évêques ont affirmé que la tradition catholique est le fondement même de l’identité originelle et de l’unité de l’Amérique latine.

Indubitablement la tradition est très importante …

C’est vrai, mais nous ne saurions nous contenter d’un « souvenir romantique » de la première évangélisation. Depuis, l’appellation de « continent catholique » a traversé les océans de la sécularisation. En Amérique, notre tradition catholique vit un fort processus d’érosion. A Aparecida, le pape Benoît XVI a parlé d’un processus d’affaiblissement de la foi en Amérique latine.

Quels sont les facteurs négatifs?

Il y a certainement une partie de la marée de la sécularisation qui envahit partout les réseaux urbains de l’Amérique latine. Il y a l’émigration de nombreux catholiques vers d’autres communautés chrétiennes et des sectes. Surtout là où l’Eglise est absente et n’offre pas de réponses suffisantes aux besoins religieux car affaiblie par son auto-sécularisation.

Par ailleurs, même les pouvoirs internationaux et locaux considèrent la « persistance » catholique en Amérique latine comme une anomalie à guérir. Plus profondément, toutefois, il y a l’effet de la présence particulière de l’hédonisme et du relativisme qui étouffent peu à peu la tradition chrétienne et l’ethos culturel de notre peuple.

Quelle réponse apporter à ces difficultés?

Là n’est pas le danger principal. La nouvelle évangélisation, selon Mgr Fisichella, n’est pas une réponse aux menaces que nous subissons. Non, le problème plus grand est celui de rester fidèles au Seigneur : dans la célébration, dans l’annonce du message et dans la transmission de la foi. La nouvelle évangélisation ne naît pas comme une réponse mais plutôt comme une exigence de base de notre état de chrétien, de la mission de l’Eglise. Si bien que, pour pouvoir évangéliser avec ardeur, il est fondamental que l’Eglise soit continuellement évangélisée pour pouvoir évangéliser.

Quelles sont les priorités?

Ce scénario a fait apparaître de nombreux éléments. La nécessité de disposer de plus de prêtres et de plus de saints, de former à une nouvelle évangélisation dans la culture de notre peuple. On a parlé de l’évangélisation des jeunes, un objectif fondamental, des paradigmes éducatifs et évangélisateurs des Journées mondiales de la jeunesse et de la marche des jeunes latino-américains vers Rio de Janeiro. On a approfondi le thème de l’évangélisation de la famille – aujourd’hui agressée et remise en question – comme la première Eglise domestique et école de communion, en commençant par le témoignage de la beauté d’un amour fidèle, fécond et heureux comme partie intégrante du mariage et du noyau familial.

On a parlé aussi de la coresponsabilité des laïcs dans la formation des nouvelles générations, des responsables laïcs présents dans tous les secteurs de la vie publique, académique, des communications sociales, de la politique, etc.

Enfin nous avons échangé nos expériences et propositions pour l’évangélisation en Amérique latine qui, aujourd’hui, se traduit par des missions sur le continent.

Propos recueillis par Hernán Sergio Mora – traduction : Isabelle Cousturié

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