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François Bert : « Le temps des chefs est venu ! »

Se procurer le livre sur AmazonFrançois Bert, saint-cyrien, ancien officier parachutiste à la Légion étrangère, fondateur du cabinet Edelweiss RH où il a élaboré une méthode unique autour du leadership, vient du publier un manifeste intitulé Le temps des chefs est venu. En quelques pages bien écrites et qui se lisent vite, il nous livre son diagnostic sur les personnalités politiques françaises, à l’aune de l’image du chef.  Brossant, dans un premier temps, un rapide portrait de la personnalité des présidents qui se sont succédés au cours de la Ve République, l’auteur va bien au-delà des opinions ou des partis politiques, pour dégager les traits de caractère de ce qu’il appelle un vrai chef ou un meneur d’hommes. A quelques jours de l’élection présidentielle française, nous avons voulu l’interviewer pour qu’il nous dise aussi ce qu’est bon leader de l’évangélisation : passionnant !

Anuncioblog : Pourquoi ce livre ?

François Bert : J’ai envie de vous répondre : « Parce que le moment est venu… ». Le passage à l’écriture fut moi pour la combinaison de deux facteurs : l’observation, avec un degré de répétition qui confine à la règle, d’un nombre tel d’erreurs de casting dans les sociétés que j’accompagne que la comparaison avec la politique est devenue soudain évidente ; ce livre devait être au départ technique avec une quatrième partie sur la politique et celle-ci a finalement pris le pas sur le tout ; l’intuition, à force d’écouter les signes des temps, que nous arrivions un moment de bascule nette de la vie politique : essoufflement et discrédit du pouvoir médiatique, paroxysme de la non décision, de la communication absconde et de l’inconséquence comportementale avec François Hollande, rejet massif du personnel politique, renversement des idoles (défaite de Clinton, victoire du Brexit, mise hors course de Sarkozy, Juppé, Valls, etc.)

A quoi distingue-t-on un bon leader ?

F.B. : Un bon leader ne se distingue pas d’abord parce qu’il sait entraîner du monde derrière lui mais parce qu’il sait où il va. Avoir les deux est idéal mais à tout prendre mieux vaut être suivi à force de donner la bonne orientation que de plaire tout de suite avant d’égarer tout le monde. Et savoir où aller, ce n’est ni une idée fixe ni un besoin de consensus mais bien une écoute silencieuse de l’environnement pour décider de l’étape et du cheminement.

En prenant une image géométrique on peut dire qu’il y a deux sortes de leaders : les leaders centripètes et les leaders centrifuges.

Les leaders centripètes arrivent à générer une énergie forte autour d’eux mais sur la base uniquement d’une recherche d’affection (cf. Sarkozy) ou d’accord sur les idées (cf. de Gaulle). La difficulté va se créer sur la durée : d’une part parce que ce mode d’interaction crée des clivages forts (faire partie de la mission = être dans l’intensité relationnelle que je demande/être d’accord avec moi) et d’autre part parce que l’aventure menace à tout moment d’aller dans le mur parce qu’elle ne colle pas aux évolutions du contexte.

A l’inverse les leaders centrifuges raccordent l’énergie qu’ils savent mobiliser non pas sur leur personne mais sur la mission. Ce qui les fait avancer c’est la compréhension des étapes à suivre et des décisions à prendre pour que, malgré les inévitables variations brusques du contexte, la mission continue d’être réalisée. Dans ce mode de fonctionnement chacun est employé « autant que/pas plus qu’» il ne concourt à la mission : ce n’est donc pas son affection qui est recherchée, encore moins l’accord intellectuel sur des convictions mais sa capacité à faire, sa contribution au succès collectif.

Un bon leader (centrifuge) se distingue par la manière dont il sait employer tout le monde sans créer de clivage et à pouvoir éventuellement disparaître de la mission sans casse car la dynamique lancée autour de la mission et non autour de lui ne s’arrête pas à sa disparition. Ce fut notamment le génie capétien.

Les candidats officiels à la prochaine élection présidentielle représentent-ils selon vous de bons leaders, et pourquoi ?

F.B. : Hélas non et c’est bien pour cela que j’appelle un renouvellement quasi-complet de la classe politique. La campagne nous l’a bien montré : nous ne sommes même plus aux débats sur les programmes (qui sont pour moi déjà en grande partie une fausse piste : ils sont un argument de vente bien plus qu’une réalité de l’exercice futur du pouvoir) mais au fond du cloaque « affaires et potins », dans la comparaison des scandales et des costumes, dans une « barbichette » d’honorabilité et de cathodicité.

Les « affaires » de François Fillon sont un double enseignement : d’une part ils ont poussé la logique partisane à son comble (nous avons vu fleurir une kyrielle d’analyses comparatives du style « untel aussi emploie sa femme », «  et Julie Gayet elle a coûté plus cher à l’Etat », «  et le patrimoine d’untel est beaucoup plus élevé que déclaré », etc. : tous arguments absolument insignifiants sur le sujet puisque est en jeu non pas l’irréprochabilité relative du potentiel président (même si le niveau global est affligeant) mais sa capacité à faire) ; d’autre part elle a donné à François Fillon l’occasion de se démarquer sur un sujet intéressant : la capacité à traverser les crises et à décider dans l’incertitude. Reste la vision, nous en parlons plus loin.

de Gaulle, Pompidou, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Marine Le Pen, Macron, Fillon : qu’est-ce qui les distingue sur ce plan ?

F.B. : J’aborde les personnalités sous deux angles complémentaires : je regarde d’abord ce que j’appelle le « moteur de personnalité » ou intelligence dominante et l’«énergie fondamentale » ou position dans l’action.

Pour faire simple il y a trois moteurs de personnalité : selon l’image biblique nous sommes tous « prêtres, prophètes et rois » mais il y a bien des « prêtres » (ou relationnels : intelligence dominante du lien), des « prophètes » (ou cérébraux : intelligence dominante du contenu (idées, avis ou expertises)) et des rois (ou chefs naturels : intelligence dominante des contextes et donc de la décision).

Il y a ensuite l’énergie fondamentale, à savoir ceux qui sont en « impulsion » (auto génération de la vision) et ceux qui sont en « réaction » (vision qui se fait au contact en complément d’un chef ou d’un groupe).

On peut considérer qu’un leader est un « roi » en impulsion. Nous n’en avons pas aujourd’hui dans les candidats présents et nous en avons eu deux par le passé : Pompidou et Mitterrand.
François Fillon est un « roi » en réaction, ce qui veut dire qu’il a la capacité à mettre en œuvre une politique dans un cadre prédéfini mais se montre léger dans la vision, qu’il ne peut pas élaborer sans l’appui d’un groupe. C’est en cela qu’il se montre influençable dans les jeux d’alliances et les sujets de fond et a davantage le profil d’un premier ministre que d’un président.

Dans les « prophètes » nous avons eu un président en impulsion, de Gaulle (vision auto-générée mais manquant de discernement à un certain nombre de moments cruciaux) et un autre en réaction, Giscard (planificateur rigide obsédé par l’idée de plaire à gauche). Dans les candidats, Macron est aussi un « prophète » en réaction, plus agitateur d’idées que planificateur, une sorte d’ « arrangeur » musical qui n’est ni compositeur, ni chef d’orchestre. Avec des différences notables Hamon et Mélenchon font partie de la même catégorie.

Dans les « prêtres », nous retrouvons en « impulsion » Chirac et Sarkozy et en « réaction », là aussi avec des différences notables, Hollande et Marine Le Pen (et aussi Nicolas Dupont-Aignan). Là où Hollande est un obsédé du consensus quitte à ce que ce soit sur rien, Marine Le Pen est obsédée par l’allégeance affective, quitte à élargir sans cesse le rayon de ses causes, qui sont pour le coup consistantes et marquées.

Que faut-il espérer pour qu’émerge en France de nouveaux leaders politiques ?

F.B. : Il faut espérer, et c’est l’objectif de ce livre, qu’une conscience collective et individuelle se prenne sur l’erreur de casting qu’a produit depuis tant d’années la logique émotionnelle, idéologique et court-termiste des médias.

Ce que j’appelle notamment de mes vœux à la fin du livre est que puisse se faire une sorte de pré-désignation des bons leaders dans la population civile. Il ne s’agit pas de composer les listes différemment pour varier les origines mais bien de revenir au réflexe instinctif des aristocraties primitives, celui qui amène à se tourner vers ceux dont on sent qu’ils pourront nous amener au but.

L’exemple historique que j’aime à donner est celui de la guerre de Vendée : les paysans vendéens ont, par temps de crise, su aller chercher avec un taux de succès assez incroyable l’ensemble de leurs chefs naturels, qu’il soit nobles (Charette, La Rochejacquelein, Lescure, Bonchamps…) ou roturiers (Cathelineau, Stofflet,…).


Vous citez sainte Jeanne d’Arc : était-elle un bon leader, et pourquoi ?

F.B. : Sainte Jeanne d’Arc trichait un peu car elle avait un « Wifi » céleste… Cela étant dit, elle en a en effet tout du leader : l’écoute d’abord, qui l’amène au discernement, la vision claire des enjeux, des nœuds de blocage et des lieux de bascule de l’action (manque de confiance en soi du roi, importance du sacre, enchainement sans répit des batailles,…), enfin l’élan et le courage utiles à donner à ses intuitions le débouché correspondant.

Jeanne est aussi éblouissante dans son procès que dans ses combats. La présence d’esprit qu’elle a face à ses juges est une très belle illustration d’un esprit consumé par la mission et en même temps tout à l’écoute de l’environnement. C’est une continuité de fulgurances de bon sens, de présence et d’autorité pleine, de « discernement opérationnel » comme j’aime à le nommer : ce qui fait qu’on colle à l’enjeu au lieu de s’embarquer dans les idées pures ou les émotions vaines.

Jeanne est leader enfin dans tous ses doutes : un chef passe ton temps à douter, à s’interroger, à faire mouliner dans sa tête des scénarii de crises possibles car il doit se préparer à décider en  toute éventualité.


Si l’on transpose cette définition dans la sphère catholique, concernant la mission première de l’Eglise, l’évangélisation : quels sont les caractéristiques d’un bon leader de l’évangélisation ?

F.B. : Jeanne m’offre une transition de choix : « Les hommes d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire » dit-elle. Un bon leader d’évangélisation (comme un bon leader tout court) doit commencer par ce constat : il n’est pas maître de la victoire. Son job c’est le combat.
Il doit ensuite s’inspirer de deux qualités que j’évoquais en début d’interview pour qualifier le leader : savoir entraîner derrière soi et savoir conduire au bon endroit. Cela veut dire concrètement qu’il doit au maximum comprendre la personnalité des gens pour bien les employer et lui-même bien se compléter dans ses manques ou faiblesses ; il doit par ailleurs se mettre régulièrement en retrait pour pouvoir intervenir au bon moment et à bon escient.
L’expérience de l’évangélisation montre que nous ne sommes que des passeurs, des serviteurs inutiles placés aux bons endroits. Notre mission individuelle et a fortiori celle de celui qui nous emploie et de se mettre en présence de Dieu comme du contexte pour écouter ce qui s’impose au déroulé la mission par-delà la planification initiale.

Enfin un bon leader est garant de la mission et à ce titre il doit davantage chercher à être juste que gentil. Il doit donc se tenir à une juste distance relationnelle de chaque membre du groupe pour être le chef de tous et non le chef d’une bande, le facilitateur de l’action et non le G.O. de la relation.

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Le bienheureux del Portillo, successeur du fondateur de l’Opus Dei

Successeur de saint Josémaria Escriva à la tête de l’Opus Dei, le bienheureux Alvaro del Portillo est moins connu. Artège a publié récemment une « Petite vie » écrite par François Gondrand, qui l’a côtoyé, et qui se lit comme un roman. Il y est souvent question d’évangélisation… Interview de l’auteur.

Anuncioblog : Quelle est la place de ce bienheureux dans l’histoire de l’Église ?


François Gondrand : Celle de successeur d’un fondateur, saint Josémaria Escriva, dont il a vécu le message de l’appel de tous les fidèles à la sainteté, qu’il a propagé, et celle d’un grand serviteur de l’Église, puisqu’il a reçu, à partir de 1949, des charges de plus en plus importantes du saint-siège. Celles qui lui ont pris le plus de  temps ont trait à la préparation et au déroulement des travaux de Vatican II. Il a été nommé expert de plusieurs commissions antépréparatoires et préparatoires du Concile, et surtout secrétaire d’une commission chargée de rédiger un document sur la vie et la discipline du clergé et du peuple chrétien, Presbyterorum ordinis.  Il a aussi joué un rôle très actif dans la période troublée du post-concile, consacrant beaucoup d’énergie à faire connaître ses enseignements, notamment par la publication de deux ouvrages, Fidèles et laïcs dans l’Église, et Vocation et mission du prêtre.

– Comment considérait-il l’évangélisation par les laïcs ?

– Comme une surabondance de leur vie intérieure. « Puisque nous sommes tous appelés à la sainteté, quelles que soient notre situation et notre condition, disait-il, nous sommes tous appelés à participer à la vie du Christ. Par conséquent la vie du Christ doit être centrée sur le sacrifice eucharistique, dans lequel se réalise la plus grande union possible entre l’homme et le Christ. » On retrouve là le programme de Vatican II : l’évangélisation du monde de l’intérieur, ab intra disait le Concile.

– Comment parlait-il de l’Église, de la sainteté, de la messe, de la mortification ?

– 
Il écrivait encore, s’inspirant en cela de ce que prêchait saint Josémaria Escriva, que « si toute notre existence doit être co-rédemption, c’est dans la sainte messe que la vie acquiert une dimension co-rédemptrice ; c’est là qu’elle prend sa force et se manifeste de façon spéciale.
Voilà pourquoi la messe est la racine de la vie intérieure. Nous devons être bien unis à cette racine, et cela dépend de notre réponse. Le don que nous faisons de nous-mêmes vaut ce que vaut notre messe. »

Pour lui, le paganisme contemporain se caractérisait par la recherche à tout prix du bien-être matériel, avec, pour conséquence, l’oubli (la peur, la frayeur) de tout ce qui peut faire souffrir. Dans une telle perspective, des mots comme Dieu, le péché, la croix, la mortification, la vie éternelle… deviennent en effet incompréhensibles pour un grand nombre de personnes qui en ignorent le sens et le contenu.

– Comment Alvaro del Portillo évangélisait-il lui-même ?


– D’abord en appuyant et en poursuivant l’élan fondateur de saint Josémaria, quand il travaillait en première ligne à ses côtés. Puis, quand il a été élu à la tête de cette institution, en promouvant l’expansion de ses apostolats dans de nombreux pays. Cela se traduisait, non seulement par la promotion d’œuvres sociales et éducatives (dispensaires, écoles, universités, etc.), mais aussi par une incitation au témoignage chrétien, d’égal à égal, dans tous les milieux, des plus intellectuels aux plus modestes. En cela il s’identifiait totalement à l’esprit du fondateur de l’Opus Dei.

Prier pour la France et les Présidentielles

Les élections présidentielles sont un moment important de la vie de notre pays. Les inquiétudes sont fortes… Les catholiques sont invités à exercer leur droit de vote en conscience après discernement, dans la prière.

Pour confier la France à l’intercession de la Vierge Marie qui en est la patronne principale, le Sanctuaire marial de L’Ile-Bouchard, la Communauté de l’Emmanuel et le magazine mensuel Prier, en partenariat avec Hozana, proposent une neuvaine de prière pour la France, sur 9 semaines, du 18 février au 22 avril 2017.


■ 9 semaines de prière

9 vidéos de 9 témoins sur 9 thèmes : chacun partageant une action de grâce, car nous croyons qu’il existe des trésors dans notre pays, mais aussi son rêve, car il peut progresser, et enfin une prière, pour confier cette intention à la miséricorde de Dieu qui peut changer les cœurs.

■ Le soutien du curé de L’Ile-Bouchard

70 ans de L'Ile-BouchardA l’Ile-Bouchard (- dont nous fêtons cette années les 70 ans -), dans le contexte politique tendu du début de la Guerre Froide, Marie demande « Dites aux petits enfants de prier pour la France ». Elle s’adresse à des enfants ! S’ils n’ont pas les clés de compréhension politique, ils ont la possibilité de faire quelque chose pour leur pays : prier. Ce « privilège d’intercession » (Cardinal Newman), voulez-vous l’exercer avec tous les pèlerins de L’Ile-Bouchard ?

Père Xavier Malle, curé de la Paroisse/Sanctuaire de L’Ile-Bouchard

■ Le soutien des responsables pour la France de la Communauté de l’Emmanuel

Dans leur récent document « Dans un monde qui change retrouver le sens du politique », les évêques de France exhortent en cette période électorale à évaluer les enjeux qui engagent notre avenir « à la lumière de nos convictions enracinées dans la tradition chrétienne… ». Ils nous invitent à investir toutes nos capacités « pour construire une société plus juste et plus respectueuse de chacun ».

Nous avons donc à le vivre par nos engagements personnels, associatifs, professionnels et également, en s’appuyant sur cette même tradition de l’Eglise, par la prière. C’est avec joie et confiance que la Communauté de l’Emmanuel s’associe à cette grande neuvaine de prière pour la France car, pour reprendre l’expression même de nos évêques en introduction de leur texte : « nous aimons notre pays » !

Michel-Bernard et Catherine de Vregille, Responsables pour la France de la Communauté de l’Emmanuel

■ Le soutien du rédacteur en chef de « Prier »

Prier pour son pays, sa cité, ses gouvernants est une tradition très ancienne chez les chrétiens. La France en a aujourd’hui plus que jamais besoin. C’est pour cela que Prier, le magazine de la prière, s’engage et vous propose de participer à cette neuvaine placée sous le signe de Notre-Dame-de-la-Prière.

Xavier Accart, rédacteur en chef de Prier

■ Pour faire la neuvaine :  Prier pour la France .frchaîne de prière sur Hozana

 

La paternité du prêtre

En la fête de l’Immaculée Conception le 8 décembre 2012, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a ordonné prêtre Ludovic Margot et diacre Ignace à la cathédrale Notre-Dame de la Seds à Toulon. A cette occasion, Mgr Rey a prononcé une magnifique homélie sur la paternité du prêtre, son rôle dans les enjeux actuels. Anuncioblog était présent.

 

La paternité du prêtre

La solennité de ce jour nous donne de contempler en la Vierge Marie un être choisi par Dieu, prémuni de la faute originelle et qui répond à son élection divine par un acte de foi sans défaut. « Que tout se passe pour moi selon ta Parole », répond elle à l’Ange.

Cette attitude d’humilité et d’abandon constitue un modèle pour tout chrétien, et en particulier pour tout candidat au sacerdoce. Celui qui est appelé aux ordres sacrés épouse la mission du Christ, jusqu’à renoncer à lui-même, jusqu’à assumer le choix du célibat. Il met en jeu sa vie, son cœur, sa chair, ses désirs, son avenir.

Cet acte de foi radical situe le prêtre à la croisée, d’un côté de ce que Dieu donne, et de l’autre, de ce qu’il faut consentir pour recevoir ce que Dieu donne. En reprenant l’Evangile de ce jour, nous pourrions dire que le prêtre se trouve, et du côté de l’Ange Gabriel, envoyé par le Seigneur, et du côté de Marie, qui reçoit sa visite. Au nom du Christ, le prêtre appelle ; au nom de l’Eglise, le prêtre présente au Seigneur notre réponse. Le prêtre se situe ainsi au cœur de la nuptialité du Christ et de l’Eglise, et c’est la clé de compréhension de son célibat.

Que peut-on dire de la mission du prêtre aujourd’hui ? Sa mission, c’est de rappeler qu’on ne peut pas vivre sans la grâce de Dieu. Qu’est-ce qu’un monde sans Dieu ? Qu’est-ce qu’un monde qui prétend se passer de Dieu ? C’est un monde orphelin et amnésique. En perdant la trace de Dieu et sa mémoire, l’individu sacralise son ego. Il se rapatrie sur des relations courtes, chaudes, immédiates, fusionnelles. Il surinvestit l’émotionnel. A l’arrière fond des projets législatifs sur le« mariage pour tous », et prochainement sur l’euthanasie (déguisée en « droit de mourir dans la dignité »), se profile cette dérive anthropocentrique quand l’homme prétend devenir son propre maître, disposer de soi, de son corps, de sa sexualité, de sa mort, manipuler la vie –fut-elle embryonnaire-, dénaturer le mariage et sa filiation. Cette volonté de bâtir une nouvelle humanité à partir de soi (une nouvelle Tour de Babel) produit en réalité la violence. La focalisation sur la subjectivité légitime l’intolérance par rapport à l’autre, et donc contribue à la décomposition du tissu social. On en arrive au paradoxe que, dans un univers hypermédiatisé et en communication permanente, il n’y a jamais eu autant de solitude !

Le prêtre est un démenti à ce repli narcissique. A l’école de la Vierge Marie, il assume une vocation qui le déporte radicalement de lui-même. il n’est pas prêtre pour lui-même. Il est donné à Dieu. Il est donné aux hommes, pour leur donner le Christ. Tel est son mandat. Telle est sa joie, la joie de Dieu dont il goûte déjà les prémices.

Face à un monde bouclé sur lui-même, la paternité du prêtre le prédispose à la sortie de soi et au souci de l’autre. Sa paternité témoigne ainsi de l’altérité inscrite au centre du message évangélique : on ne peut se trouver soi-même qu’en se donnant aux autres. Le vivre ensemble n’est rendu possible qu’au prix de la charité.

En raison de sa paternité, le prêtre est aussi messager de la proximité de Dieu. Par les sacrements qu’il célèbre, il manifeste que Dieu, en son Fils, s’approche de nous. Cette présence est vivifiante : nous la recevons au baptême ; elle est intérieure : elle nous nourrit à chaque eucharistie ; elle nous restaure à chaque confession, lorsque nous recevons le pardon de Dieu ; elle est une force, celle de l’Esprit-Saint accueilli au jour de la confirmation. Cette proximité de Dieu est aussi son actualité, puisque la Parole de Dieu, énoncée dans l’Ecriture et lue par l’Eglise, demeure continuellement efficace et prophétique. Bref, le prêtre nous dit et nous redit que Dieu est là et qu’il continue en notre histoire son Incarnation et sa Rédemption. « Il est là », disait le curé d’Ars en brandissant l’hostie. En réponse à l’invasion du virtuel et au sacre de l’imaginaire, le prêtre confesse à chaque messe le réalisme de la foi. Chaque eucharistie professe l’éternité et la permanence de Dieu toujours là, alors que prévaut autour de nous la fugacité et le diktat de l’éphémère.

Cette paternité du prêtre signifie la proximité de Dieu, mais manifeste également que chacun de nous est unique au monde. En effet, la foi ne professe pas seulement que Dieu existe, mais aussi que chacun de nous existe aux yeux de Dieu : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime », dit le Seigneur. Oui, j’existe pour Dieu comme une personne unique, indispensable, irremplaçable, avec mon histoire singulière. Rappelons-nous à Lourdes, ces paroles sublimes de Bernadette à propos de l’apparition de la Vierge : « Elle m’a regardée comme une personne ». Un SDF me confiait : « Le plus dur, ce n’est pas de vivre sans rien, c’est de n’être considéré pour rien. » Ce regard aimant posé sur nous-mêmes, nous affranchit du conformisme et du mimétisme dont nous sommes l’otage, en raison de la massification des moyens de communication. Et il nous exonère du prêt à penser grégaire qui devient une expression post moderne du totalitarisme. Ce regard nous libère aussi du retour introspectif sur soi, et de l’hégémonie de l’ego qui caractérise notre temps. Nous n’avons pas à prouver à nous-mêmes et à convaincre les autres que nous méritons de vivre, que nous survivons à nos défaites et à nos péchés, que nous ne sommes pas démonétisés par l’âge ou par la maladie ou le jugement du monde… Jésus a donné sa vie pour chacun d’entre nous. « Tu as du prix à mes yeux », dit le Seigneur dans le livre de Samuel (1 Sa 26,24). La foi en Dieu achemine vers la foi en l’homme.

La paternité de Dieu qui s’incarne dans la paternité du prêtre, en fait un père pour tous parce qu’il est d’abord père de chacun. Sa charité pastorale se vérifie dans sa capacité de porter un regard singulier sur chaque personne, quelque soit sa trajectoire humaine. Le prêtre considère chacun à partir de ce que Dieu a déjà accompli en lui et de ce qu’Il veut encore réaliser. Dans un monde de performance et de frime, son regard est désintéressé et gratuit. Il n’accapare pas, il n’emprisonne pas. Sa paternité libère du fatalisme et de la résignation car elle est remplie de l’espérance du père prodigue qui croit à chaque confession, en la conversion et au renouveau toujours possible.

C’est le poète Hölderlin qui disait que « Dieu a créé le monde, comme la mer a créé les continents : en se retirant ». Alors que l’effacement de Dieu, son silence, donne à penser à beaucoup de nos contemporains qu’Il a déserté notre histoire, ou que l’humanité devenue enfin maitresse de son destin, l’a congédié, cet effacement ouvre précisément l’espace de notre foi. Oui, Dieu se présente à nous sous le voile de la non évidence, dans la pénombre du doute, dans le clair obscur de l’épreuve. Et le prêtre occupe lui aussi cet espace qui est le lieu de la libre adhésion, du fiat de Marie à la Parole divine.

La paternité du prêtre éduque à la liberté. Elle fait entrer dans l’intelligence de la foi. Elle donne accès au patrimoine d’expérience, de pensée, de prière, révélé par Dieu à la raison humaine et qui est le trésor de l’Eglise. Parce que raisonnable, notre foi a un contenu qui peut être exposé et transmis. Et le prêtre est le pédagogue de cette vérité qu’il a fait sienne.

Chaque prêtre pourrait vous dire que son ministère le met en contact avec la part fragile de l’humanité. Lui-même se sait indigne de la mission qui lui a été confiée, tant elle dépasse ses mérites et il est bien souvent sanctifié par le témoignage de ceux qu’il est censé sanctifier. Il éprouve d’autant plus cette fragilité qu’elle est accentuée par le regard négatif que la société peut porter sur son choix de vie, parfois sur les soupçons extérieurs qui l’atteignent. Il est lui-même confident de tant de vulnérabilités qui se nomment péchés, pauvretés, mensonges… C’est en vivant de l’Eucharistie, qu’il comprend peu à peu que ces cassures traversées par la miséricorde divine peuvent devenir des sources de fécondité pour lui-même et pour le monde.

Il y a quelques jours, je me trouvais à Rome en compagnie des évêques de la région PACA en visite ad limina. Pendant une heure, nous avons pu converser très librement avec le pape Benoît XVI. En pensant à cette Année de la foi, un des évêques lui demanda : « Très Saint-Père, face au défi de la sécularisation, qu’attendez-vous des prêtres ? » Et Benoît XV fit cette réponse à la fois surprenante et si profonde en parlant de son prédécesseur : « Il faut que le prêtre soit habité par la prière et que sa foi soit un feu incandescent ». Et il ajouta : « A la fin de sa vie, Jean-Paul II a compris que le Seigneur l’appelait à vivre sa paternité à travers la souffrance. Oui, la foi du prêtre doit le consumer jusque là, jusqu’à la Croix. »Toute fécondité chrétienne est sacrificielle. Par le mystère de la Croix, le prêtre accède à l’accomplissement de sa paternité, au bonheur d’être prêtre.

 

Des hommes à part

Des hommes à part est un film documentaire français réalisé par Eddy Vicken et Yvon Bertorello, présentant des portraits de prêtres, au cœur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Ce film sera présenté en avant-première à Paris le 24 novembre 2010, en présence de l’acteur Michael Lonsdale, qui a prêté sa voix.

Du séminaire à l’évangélisation…

« Un séminariste doit acquérir tout un bagage intellectuel, mais aussi spirituel, qui lui servira quand il sera prêtre dans l’apostolat, explique l’un des prêtres interrogés. Il faut qu’on puisse dire en nous voyant : « c’est un homme de Dieu ! ». La tâche la plus importante est de correspondre à ce que les personnes attendent de nous. »

En effet, comment peut-on évangéliser sans que le témoignage de vie ne soit en adéquation avec ce qui est annoncé ?

Mais qui sont-ils, ces hommes vêtus de noir, portant dans le monde la soutane comme signe de leur appartenance à Dieu ? D’où viennent-ils, avec leur jeunesse qui respire l’éternité ? Que disent-ils au monde de demain, qui fasse que chacun se sente concerné ?

« J’ai trente-cinq ans. Je suis prêtre de la Fraternité Saint-Pierre depuis dix ans ; donné à Dieu pour mieux servir les hommes. Une vie ordinaire ? Non. Chaque jour apporte de nouvelles joies et des expériences incroyables. Porter Dieu au monde d’aujourd’hui est une véritable aventure, matérielle autant que spirituelle. Je suis heureux comme au premier jour mon choix. »

Ces hommes à part cherchent à vivre cette parole du Seigneur : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. (Evangile de St Jean, XV, 16-17) »


Des hommes a part

Pour en savoir plus : la page Wikipédia

Prêtres sans frontières ?

Lors du synode sur le Moyen-Orient réuni au Vatican, Mgr Giorgio Bertin, évêque de Djibouti et administrateur apostolique de Mogadiscio (Somalie), a proposé de créer des « Prêtres sans frontières » prêts à intervenir dans des situations d’urgence. A l’instar de « Médecins sans frontières », ces prêtres ou religieux seraient volontaires pour un temps déterminé, à définir, constituant une « banque des prêtres disponibles ».

Il y a parfois des « situations d’urgence où il n’y a pas de prêtres attitrés ou où ils sont devenus insuffisants. Pourquoi alors, au niveau du Moyen-Orient ou de l’Eglise toute entière, ne pas +partager+ les prêtres que nous avons ? », a demandé Mgr Bertin, affirmant que la création d’un tel organisme pourrait constituer une « bouffée d’oxygène » pour les Églises du Moyen-Orient comme aux autres, dans leur vie quotidienne ou pour développer leur dimension missionnaire et donc l’évangélisation.

L’intervention a pu faire sourire certains participants du Synode. Mais il aimerait que les catholiques puissent renforcer leur témoignage de l’Évangile et l’annoncer aux musulmans, soulignant que les prêtres faisaient partie des « biens à partager ». Il a ainsi évoqué les situations d’urgence, comme au sein de son Église à Djibouti et en Somalie, où il n’y a pas de prêtres locaux et un manque chronique de vocations.

« Nous pourrions l’appeler «Prêtres sans frontières», a ajouté Mgr Bertin, expliquant que ces clercs seraient prêts à être envoyés et reçus en peu de temps. Pour cela, il faudra peut-être créer un bureau de coordination. »

Reste à voir si cette idée apparaîtra dans la cinquantaine de propositions finales qui seront faites au pape, au terme du synode.

Prêtres «Fidei donum»

La proposition de Mgr Bertin entend adapter la situation actuelle des prêtres dits « Fidei donum ». Ainsi, depuis l’Encyclique éponyme de Pie XII (1939-1958), publiée en avril 1957, les évêques du monde entier sont invités à porter avec le pape « le souci de la mission universelle de l’Église », non seulement par la prière et l’entraide, mais aussi en mettant certains de leurs prêtres et fidèles à la disposition de diocèses d’autres continents. Les prêtres envoyés restent attachés à leur diocèse d’origine et y reviennent après plusieurs années passées en mission.

Il existe déjà, au sein de la curie romaine, une « Commission interdicastères pour une distribution plus équitable des prêtres dans le monde ». Pour autant, l’envoi des prêtres «Fidei donum» est souvent du seul ressort des évêques et des prêtres eux-mêmes. A l’origine, les prêtres de Fidei donum étaient spécialement envoyés en Afrique, puis en Asie et Amérique latine.

Les prêtres sans frontières pourraient susciter de nombreuses vocations parmi les jeunes et seraient une réponse à la mondialisation.

Sources : d’après APIC – AFP – La Croix

Fr. Humbrecht : « La foi naît d’une annonce explicite de l’Evangile »

Fr. Thierry-Dominique Humbrecht, o p

Fr. Thierry-Dominique Humbrecht, o p

Fr. Thierry-Dominique Humbrecht est religieux dominicain, docteur en philosophie, du couvent de Bordeaux.  Son dernier ouvrage paru est Lire saint Thomas d’Aquin (nouvelle édition), Ellipses, déc. 2009. Pour lui, l’évangélisation est une urgence, car la foi se transmet et s’enseigne. Un entretien sans concession publié dans le numéro du 10 avril de l’Homme Nouveau, que nous republions ici.

Jean-Baptiste Maillard : En 2006, vous avez écrit un livre intitulé « L’avenir des vocations ». Quel était votre constat ?

Fr. Thierry-Dominique Humbrecht : Que l’on n’osait pas en parler en public, ou sous cape, ou avec trop peu de profondeur et même de courage. Il fallait libérer le discours et, à travers lui, l’analyse des causes, des effets, des problèmes et des solutions.

J.-B. M. : Ce constat a-t-il changé depuis ?

T.-D. H. : Trop peu ! Tout le monde a la trouille : les clercs de ce qui va arriver dans les prochaines années, les laïcs de ce que cela pourrait exiger d’eux. Il y a aussi des résistances, comme l’introduction d’une théologie où le rôle du prêtre est modifié en profondeur, relativisé quant à son pouvoir sacramentel d’agir « dans la personne du Christ », au profit d’une fonction d’animation. Ce qui prélude au remplacement des prêtres par des laïcs. Ce n’est alors plus le sacerdoce catholique.

J.-B. M. : « La foi s’enseigne », disiez-vous : est-ce toujours vrai ?

T.-D. H. : La foi se transmet et s’enseigne. La foi ne se réduit pas à l’expérience qu’on a d’elle. Elle nous est commune, elle n’est pas seulement individuelle, elle se reçoit du Christ, de l’Église, se professe dans le Credo.

J.-B. M. : Comment naît la foi ?

T.-D. H. : D’une annonce explicite de l’Évangile, de la célébration de la liturgie, de la vie sacramentelle, de la charité théologale vécue dans l’Église. Comme depuis le mandat de Jésus à ses Apôtres. À cela s’ajoute la vie chrétienne en famille et la relance de l’école catholique, les deux en péril grave.

J.-B. M. : Quels sont les symptômes d’une crise de la foi ?

T.-D. H. : L’apostasie silencieuse dont parlait Jean-Paul II. On est passé en quarante ans, en France, de 30 à 3% de pratiquants réguliers. En outre, les chrétiens se sont laissés intimider par le laïcisme. Ils n’osent plus vivre en chrétiens dans la sphère publique. La culture a changé de bord, les médias distillent un certain anti-catholicisme, et nous avons laissé la culture chrétienne tirer sa révérence. On parle aujourd’hui d’une « exculturation » des catholiques. Il faut privilégier les métiers de transmission de la culture (professeurs, chercheurs, éducateurs, journalistes, écrivains, artistes), plutôt que ceux seulement lucratifs. Je dis cela pour les garçons, pas seulement pour les filles !

J.-B. M. : Comment y remédier ?

T.-D. H. : La fidélité à l’Église, la prière instante, la formation catéchétique personnelle (lisons le Catéchisme de l’Église Catholique en entier !), un zeste de culture tout court, et l’évangélisation.

J.-B. M. : Que pensez-vous du débat sur la visibilité de l’Église et l’évangélisation ?

T.-D. H. : Dans un monde post-chrétien, rendons l’Église visible. Finissons-en avec la clandestinité.

J.-B. M. : Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question de la vocation à la prêtrise ?

T.-D. H. : Aimes-tu le Christ au point de lui donner ta vie, renonçant à la vie de tout le monde, celle que tes parents et tes amis (même chrétiens…) rêvent pour toi ? Aimes-tu l’Église au point de faire ton « métier » de la servir ? Aimes-tu les âmes, que tu veuilles passer ta vie à chercher à les sauver ? Tout cela, au lieu d’une vie chrétienne mariée, celle d’un laïc dont le métier restera profane pendant un demi-siècle, quoi qu’on en dise ? Considérons l’agenda d’une vie.

J.-B. M. : Que pouvez-vous nous dire de votre vie de prêtre ?

T.-D. H. : Comme prêtre, tout tient dans la messe et dans la confession. Comme religieux dominicain, dans la consécration, la vie contemplative, la vie commune, le travail de la théologie et la prédication doctrinale.

J.-B. M. : Avez-vous un souvenir marquant ?

T.-D. H. : Une confession est toujours marquante. Comme me le disait un magistrat, nous, prêtres, avons face à nous un pénitent qui se repent, alors que les juges ont un coupable qui se débat !

J.-B. M. : Les vocations naissent des familles chrétiennes : que faut-il, selon vous, pour être une famille vraiment chrétienne ?

T.-D. H. : Prier, si possible ensemble ; montrer Jésus par des choses à voir, des gestes, une transmission, une parole. C’est simple d’empêcher les enfants de se poser la question d’une vocation consacrée : n’en parler jamais, les enfouir sous les priorités matérialistes, l’ambition, la mondanité et le sexe. L’année du prêtre est une bénédiction pour nos esprits rouillés.

J.-B. M. : Pensez-vous que l’Église de France a réellement emboîté le pas d’une nouvelle évangélisation ?

T.-D. H. : Oui, mais avec beaucoup de retard. Paul VI l’a lancée, en 1975, et Jean-Paul II lui a donné son nom en 1979. Trente ans pour se bouger, c’est deux générations perdues de trop. Les initiatives apostoliques les plus originales sont venues des mouvements spirituels récents plus que des institutions assises et financées.

J.-B. M. : Que manque-t-il à l’Église de France pour évangéliser davantage ?

T.-D. H. : Pour les nouveaux évangélisateurs, une formation spirituelle et théologique. Nous Français, gens de culture, restons anti-intellectualistes pour les choses de la foi, et donc des sous-doués du message, avec une fausse opposition entre intellectuel et spirituel. Manque la conviction d’avoir à s’y mettre de façon continue. Ce courage change une vie.

J.-B. M. : L’évangélisation est-elle un sujet tabou au point qu’on entend encore peu ce terme, au profit de la mission ?

T.-D. H. : La mission est un terme équivalent, dès qu’il s’agit d’être envoyé pour prêcher l’Évangile. Ce qui ne l’est pas, c’est « le levain dans la pâte », le mutisme, le soi-disant exemple qui prétend suffire à la transmission, le dialogue où l’on ne dit rien de constructif. Avec cette chape de silence, on a déchristianisé la France, au moment où, au contraire, sous la pression des idées les plus corrosives, il fallait d’un côté, affronter et, de l’autre, annoncer, dire au nom du Christ. La foi s’annonce ou meurt.

J.-B. M. : Réfléchissons-nous assez aux cibles de notre évangélisation et à la façon dont nous pouvons les toucher ?

T.-D. H. : Pas assez quand on en reste aux schémas mort-nés des années 60. Trop quand on se focalise sur les instruments et non sur la vérité du message, ni sur la vérité de la vie du témoin. Primauté du spirituel ! Il faire tout ce que l’on peut, le faire bien et avec les instruments intellectuels, spirituels et aussi techniques les plus affûtés. Mais la seule vraie question est : qui s’y met ?

Le prêtre dans l’évangélisation : un « autre Christ »

Prêtre - Alter Christus - célibat - identité sacerdotale - évangélisation - Anuncioblog.com

H.M. Télévision, en collaboration avec la Congrégation pour le Clergé, a réalisé “Alter Christus”, un reportage à travers les multiples aspects du sacerdoce dans la vie de l’Église, notamment l’identité du prêtre, le célibat, et surtout, l’évangélisation. Une vidéo très réussie, au casting impressionnant : à voir absolument ! Elle fait écho aux récentes paroles de Benoît XVII pour qui « il y a grand besoin de prêtres qui parlent de Dieu au monde » (lire ici).

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Qu’est-ce qu’un prêtre ?

Prêtre

Pour Noël, l’association « Des Prêtres pour Toutes les Nations » propose une initiative originale : offrir un livre à votre curé, un prêtre ou un séminariste de votre choix. L’ouvrage Les vocations sacerdotales (1) a été publié en collaboration avec les éditions du Laurier, à l’occasion de l’année sacerdotale lancée par le pape Benoît XVI. Anuncioblog vous fait découvrir un extrait chaque semaine de l’Avent. Une question qui touche aussi celle de l’évangélisation, mission première de l’Eglise.

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« Si on avait la foi, on verrait Dieu caché dans le prêtre comme une lumière derrière un verre »

Benoît XVI à Prague

Aujourd’hui a été rendu public le message vidéo du pape aux participants à une retraite sacerdotale internationale tenue à Ars (France) du 27 septembre au 3 octobre. Elle est prêchée par le Cardinal Christoph Schönborn, Archevêque de Vienne (Autriche) autour du thème: « La joie du prêtre consacré pour le salut du monde ». « Si on avait la foi, on verrait Dieu caché dans le prêtre comme une lumière derrière un verre », dit Benoît XVI en citant saint Jean-Marie Vianney, rappelant ainsi que le prêtre est témoin de Dieu, au service de l’évangélisation.

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Le prêtre n’est pas fonctionnaire… mais évangélisateur !

C’est ce qu’affirme le cardinal Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé. « Il doit consacrer totalement et infatigablement à son ministère pastoral à la mission et l’évangélisation », a-t-il expliqué. Un discours qui vient à point nommé au moment où l’Eglise fête l’année sacerdotale et s’interroge plus particulièrement sur l’annonce du Christ.

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Le card. Hummes aux prêtres : « redécouvrez votre rôle missionnaire »

Cardinal Hummes

A la veille du début de l’Année sacerdotale, le 19 juin, le préfet de la congrégation pour le clergé a invité les prêtres à redécouvrir leur rôle missionnaire en faveur de l’évangélisation. « Le monde d’aujourd’hui », « déterminé par une culture postmoderne, sécularisée, relativiste, laïciste, qui n’aime pas la religion et plus encore, voudrait la reléguer dans le domaine privé », a-t-il dit. Loin de « diaboliser cette nouvelle culture en regrettant un monde qui n’est plus ou en rêvant d’un avenir qui n’existe pas », il faut rappeler qu’elle aussi « a besoin d’être évangélisée ».

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La beauté du mariage

Mariage

« L’union sexuelle est l’image de l’amour de Dieu » a expliqué le prédicateur de la Maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa, qui a invité les chrétiens à redécouvrir « l’idéal biblique du mariage et de la famille » pour pouvoir le proposer au monde d’aujourd’hui. Il s’est exprimé le 14 janvier lors de la 6e Rencontre Mondiale des Familles, à Mexico.

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La famille est une école d’amour

Dans une culture qui se montre opposée à la protection de la vie, où commence-t-on à encourager la valeur et la dignité de la vie ? Pour Helen Alvaré, professeur de droit à la George Mason University et consulteur au Conseil pontifical pour les laïcs, il s’agit de la famille.

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Les monastères sont comme des poumons verts pour la société

Abbaye Notre Dame de Bonneval

Pour Benoît XVI, les monastères de clôture, « en apparence inutiles », sont en réalité « indispensables », ils sont comme les « poumons verts » de la société, des « oasis » où l’homme en pèlerinage sur la terre vient « se désaltérer ».

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Vocations : quelle vision pastorale en France ?

Imposition des mains - Mgr Léonard

Lors de plusieurs discours ou interventions, le récent voyage de Benoît XVI à Paris et Lourdes a mis un coup de projecteur sur une question pastorale et ecclésiale particulièrement brûlante en France : celle des vocations, particulièrement sacerdotales, puisque dans notre pays, un prêtre est ordonné pour plus de dix prêtres qui décèdent. Chacun sait que la situation va devenir chaque année plus difficile au plan pastoral mais aussi vraiment douloureuse au plan spirituel pour l’Eglise, pour chacun de nous, baptisés si conscients de l’apport incomparable des prêtres. L’Eglise – depuis ses origines – ne peut résolument concevoir sa vie et sa croissance sans le ministère ordonné qui en est comme l’épine dorsale, si indispensable pour de multiples raisons sacramentelles, ecclésiales et spirituelles.

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« N’ayez pas peur de donner votre vie au Christ », encourage Benoît XVI

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« N’ayez pas peur ! » : Benoît XVI a appelé les « jeunes » et les « moins jeunes » que Dieu appelle au sacerdoce, à lui répondre avec joie : « ne laissez pas l’appel du Christ sans réponse ». Il demande aussi à tous les catholiques présents de retrouver une grande vénération pour l’Eucharistie.

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Séduit par Jésus !

Aujourd’hui, en ce jour de la Présentation de Jésus au Temple, nous avons célébré la fête de tous les religieux et religieuses, ceux et celles qui nous montrent par leur vécu qu’il est possible de cheminer vers la sainteté.

En cette semaine de prière pour les vocations, j’ai demandé à un confrère capucin de nous livrer son témoignage vocationnel. Vous y découvrirez un témoignage saisissant -comme l’indique le titre de son témoignage- de quelqu’un qui a été “séduit par Jésus”! Prions pour que plusieurs jeunes découvrent cet amour du Christ et de son Église !

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Scott Borgman : « L’Eglise a besoin de prêtres saints »

Scott Borgman, ancien protestant évangélique, est un séminariste du diocèse de Toulon qui étudie actuellement à l’Universite de la Sainte Croix à Rome. Un témoignage proposé par l’association Des prêtres pour toutes les nations, créée par des catholiques désireux de contribuer au renouveau durable des vocations sacerdotales et à leur formation.

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La vie consacrée a-t-elle encore un sens ?

Le grand défi de la vie consacrée, aujourd’hui est « la sécularisation ‘intérieure’ ». « Il faut que les communautés religieuses retournent aux sources du charisme de fondation et aux valeurs évangéliques. Il faut redonner sa place centrale à la prière, à la vie commune, à la pauvreté, à la chasteté, à l’obéissance », affirme le cardinal Franc Rodé, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Nous reprenons ci-dessous l’entretien que le cardinal slovène a accordé le 8 novembre à L’Osservatore Romano.

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Vie consacrée : Soyez des lumières qui réfléchissent le divin

« Soyez des lumières qui reflètent le divin » dans « un monde qui exalte l’éphémère ». C’est en ces termes que le pape Benoît XVI a encouragé les personnes consacrées, samedi soir, à Mariazell.

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Aspects psychologiques et spirituels du couple

ROME, Jeudi 12 juillet 2007 (d’après ZENIT.org) – « L’amour est source d’éternité puisqu’il vient de Dieu. La relation et la spiritualité conjugale se fondent au nom de ce don de vie. C’est pourquoi les couples vont passer leur existence à apprendre à aimer. Amour et vérité forment un couple inséparable. C’est la vérité de l’amour qui rend libre. Il permet de traiter les crises de la vie à travers l’espérance de la « caritas » et de partager ainsi la vie divine qui est au cœur du sacrement de mariage », affirmait Mgr Anatrella en conclusion d’une conférence à l’université du Latran.

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