Psychologie : une fois n’est pas coutume, nous vous proposons cette fois-ci dans la rubrique « vocation » un ouvrage de référence sur les relations souvent complexes entre les mères et leurs filles : cet envers de l’amour maternel empêche parfois ces dernières de s’accomplir pleinement par elles-mêmes et donc de trouver leur propre vocation.
Les Filles et leurs mères, d’Aldo Naouri
Le mot de l’éditeur
Entre les filles et leurs mères circule une violence d’autant plus terrifiante qu’elle est bien souvent ignorée. Pourtant, non seulement elle conditionne la nature et le devenir de leurs liens, mais elle envahit l’univers affectif de toutes les femmes. Elle traduit le pouvoir que, par-delà les années, toutes les mères gardent sur leurs filles, influant ainsi sur leurs relations avec leurs partenaires comme avec leurs enfants, pesant sur leur histoire tout entière. L’amour maternel a son envers : la tentation de la recherche du double idéal pour les mères ; la violence et la pression pour les filles, empêchées d’être elles-mêmes… Aldo Naouri livre, pas à pas, ses réflexions et ses expériences de praticien ouvert à la psychanalyse, sur un ton personnel et sensible.
La revue de presse de Radio France
L’auteur s’attaque à un tabou très fort, celui de la relation entre les mères et les filles, empreinte d’autant, sinon plus, de violence que celle du père et de ses enfants, mais tellement plus refoulée, indicible. Il s’appuie comme toujours sur son expérience pratique autant que sur la psychanalyse pour expliquer avec patience et respect comment la toute-puissance des mères, incontournable et rassurante, est en même temps écrasante et frustrante pour leurs filles, qui n’ont d’autre échappatoire que de devenir mères à leur tour et de procréer… des garçons.
La dédicace de l’auteur
Comment écrire sur les filles et leurs mères ? L’idée d’un ouvrage sur le sujet me trottait depuis longtemps déjà en tête, mais je n’osais pas l’entreprendre. Le matériel que j’avais recueilli à ce propos, au cours de mes années de consultation, me laissait entrevoir le caractère pudique mais toujours douloureux de cette relation. Je ne pouvais pas me hasarder à la mettre à plat sans penser à ma mère et à mes soeurs, à ma femme et à sa mère, à ma femme et à nos filles. Et si cela allait leur faire mal et déranger leur perception de l’ordre du monde, n’aurais-je pas alors trahi l’affection sans nuage que j’étais sûr de leur porter ? J’en étais à ce niveau d’hésitation quand je me suis souvenu d’une scène qui m’avait frappé et que j’ai mis des années à digérer. Je dînais en tête à tête avec ma mère quelques mois avant sa mort. Elle était vieille et très usée par la maladie. Elle a soudain éclaté en sanglots en me déclarant que le drame de sa vie aura été de n’avoir pas été aimée par sa mère – qu’au demeurant je n’avais jamais connue. Comme, ému et étonné, je tentais de la consoler, elle a voulu m’administrer la preuve de son assertion. « Elle a permis, m’a-t-elle dit, à tous mes frère et soeurs d’avoir une fille qui porte son nom. Mais pas à moi. Car moi aussi j’ai donné son nom à une de mes filles. Elle n’a pas vécu. Elle est morte à quatre ans ». Elle s’est alors lancée dans un récit long et détaillé qui m’a valu d’apprendre l’existence de cette soeur et de mesurer l’étendue du malheur dans lequel ce décès avait jeté ses autres filles. Qu’une mère, un pied dans la tombe, ait tenu à produire cet ultime bilan ne devait-il pas lever mes inhibitions et m’encourager à éclairer du mieux que je pouvais ce lien étroit et singulier ? (Aldo Naouri)
Selon Doctissimo
Certaines mères ne renoncent jamais à garder une place dominante auprès de leur fille. Elles conseillent, jugent, critiquent, sans comprendre qu’elles doivent lâcher prise. Parfois, elles entretiennent chez leur fille un sentiment de faiblesse, pour que celle-ci continue à s’appuyer sur elles. La fille adulte, se sentant coupable de ne pas être à la hauteur de sa mère, ne se donne le droit, inconsciemment, ni de réussir sa vie amoureuse ni de se réaliser professionnellement. Lorsque les relations mère-fille sont à ce point endommagées, lorsque l’emprise affective de la mère sur la fille est insurmontable, celle-ci ne doit pas hésiter à avoir recours à un psychothérapeute qui l’aidera à se séparer symboliquement de cette mère trop dévorante.
Lire aussi : un article de Catholique.org évoque une analyse sur les modèles familiaux d’Aldo Naouri.

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