L’année 2009 a débuté par des polémiques (Williamson, préservatif, Recife) et se clôt sur une polémique (Pie XII). Que peut-on souhaiter pour 2010 ? Une année sans tourments ? Par Guillaume de Prémare
Sans doute oui, pour les âmes qui aiment le luxe d’une douce quiétude. Mais pour les âmes intrépides, il y a sans doute mieux à souhaiter. Est-ce à dire que nous aimions la tourmente, un peu à la manière de la « prière du para » ? Diable non nous la détestons ! Cependant, si nous ne l’aimons pas, nous la vivons et la considérons pour le double trésor qu’elle nous offre, sur un plateau d’argent, entre deux trous d’obus.
D’abord la matière à nous corriger quand c’est nécessaire. L’esprit d’examen est un chemin sûr vers le ciel. Attention, je dis esprit d’examen, pas auto-flagellation névrotique ! Ensuite l’occasion de méditer sur nos raisons d’espérer. Pour cela, aucun doute sur la méthode : se faire un coin de silence au bord du « chemin des dames », mettre ses bouchons anti-bruit pour atténuer le sifflement des balles, ce qui revient à peu près à éteindre la télé quelques minutes. Que voyons-nous ? Une Eglise prête à rendre les armes à Mammon et les âmes à ses anges déchus ? Rien de tout cela. Regardez bien. Nous voyons un champ, champ de bataille ou de ruine ou d’amour ; mais peu importe ce que fut ce champ, c’est un champ, notre champ d’action, notre champ de sanctification. Nous sanctifier, sanctifier nos frères les hommes, sanctifier le temps, sanctifier l’histoire, sanctifier le monde pour tout remettre entre les mains du Père. Peuple de prêtres ! Ames sacerdotales, réveillons-nous ! Voici ce champ couvert de cendres et de poussières, poussières mêlées de boue et de sang et mêlées tout autant sinon plus de nobles réalités humaines. Merveille sous nos yeux, offrande de la providence de Dieu, à lui retourner d’urgence en offrande spirituelle.
Serait-ce foutu ? Soyons un peu raisonnables. Pour survivre, l’espérance a deux options : l’utopie et la vision surnaturelle. Choisissons la seconde, elle seule est conforme à la raison. Quelle idée perverse nous faisons-nous de la bienveillance du Père pour imaginer qu’à si peu de temps du terme, de la finalité, Dieu viendrait déployer son jugement au moment précis où les obstacles matériels de l’histoire se multiplient pour voiler à nos âmes vides et avides le chemin de leur Salut ? Tout ça pour ça !? Allons, soyons raisonnables. Sous le lit de poussière, la braise est éternelle. Le Christ l’a promis et en matière de promesses, il ne plaisante pas. Soufflons sur la braise, patiemment, vigoureusement quand c’est possible, délicatement quand c’est nécessaire. Un peu de patience et de persévérance, beaucoup de charité, et très bientôt (ça aussi le Christ l’a promis), un an ou deux ou tout au plus 7000 ou 700 000 ans de charité suffiront à faire mordre la poussière, poussière qui mordra la braise, fera corps avec elle pour s’embraser du plus beau feu qu’on ait vu sur la terre. L’encens de notre prière, l’engrais de notre travail professionnel et missionnaire, se tiennent prêts à se mêler pour dégager le plus parfait parfum jamais exhalée sur la terre : la bonne odeur du Christ. C’est écrit, cela arrivera bientôt. Tout désespoir est une sottise absolue, une disposition paresseuse de l’âme qu’effraie la force, la force d’âme. Nous sommes faibles ? Tant mieux ! Il ne manquerait plus que nous soyons forts pour faire n’importe quoi de cette force ! Nous sommes faibles et notre force c’est le Christ, notre force c’est l’Eglise, le « Christ total » ; nous sommes le corps, il est la tête. Comment le corps périrait-il quand la tête est le commencement et la fin de toute chose ? Espérer contre toute espérance, espérer comme respiration naturelle de la raison humaine, l’espérance comme combat ultime et compagne paisible de notre évangélisation, c’est-à-dire de notre vie humaine. Vraiment, soyons raisonnables : mon Dieu donne-moi l’insécurité et l’inquiétude, la tourmente et la bagarre, et puis la mort au combat.
Guillaume de Prémare (Urgencecomcatho)
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