Résumé d’une conférence de Louis Evely (penseur catholique) qui approfondit la question de la relation à deux.
Le but de la vie humaine est d’aimer, celui du mariage c’est d’avoir une relation personnelle, ainsi est la première fécondité du mariage : celle de créer un couple, et non l’enfant : créer un couple = « se créer ».
L’amour est une science : on mesure sa puissance à sa capacité de transformation. Dans la vraie rencontre chacun a deviné chez l’autre ce que les autres, parents ou amis n’avaient pu pressentir. On a senti en soi-même une capacité de bonheur, de rayonnement, de courage, d’assurance jamais ressentie auparavant. Deux personnes ne se nuisent pas, elles s’épanouissent au contraire l’une l’autre grâce à la vitalité de l’amour qui les unit.
On grandit quand on est aimé : beaucoup de jeunes couples voudraient s’aimer en constatant seulement leur amour, or on ne peut s’aimer qu’en se créant, qu’en se transformant, qu’en étant vivant l’un avec l’autre, l’un par l’autre, l’un pour l’autre.
Ce ne sont plus les parents, ni la société, ni l’Eglise, ni l’enfant, ni l’argent qui fondent le mariage aujourd’hui, mais uniquement l’amour qui unit deux personnes. Fragile, certes, mais oh combien plus profond : rien de plus urgent alors que d’entretenir cet amour avec une attention particulière.
Les jeunes ont peur du mariage, peur de s’engager… Il faut du temps pour découvrir l’autre, se connaître, éprouver sa persévérance, son goût des responsabilités, la droiture de ses intentions. Il est bon de connaître les étapes d’une vraie connaissance, d’une admiration mutuelle, qui conduisent au véritable amour… Ceux qui n’ont pas eu l’infini bonheur de se regarder dans les yeux, de se toucher la main, l’infinie joie du partage… et qui ne songent qu’à consommer la relation, n’est-ce pas la preuve qu’ils s’ennuient déjà ? Ce genre de relation déçoit et amène son cortège d’amertume, de mariages irréfléchis où s’enchaînent émerveillement, habitude, lassitude puis usure. C’est ainsi qu’on traite la personne comme une chose, sans s’en rendre compte.
Une personne, c’est quelqu’un qui a tellement plus de possibilités que de réalisations, dont vous pouvez faire jaillir l’imprévu, de l’inconnu. Une personne a une destinée, il ne faut pas moins que l’éternité pour montrer ce qu’elle a dans son cœur. Seulement, il faut l’interpeller, la provoquer à agir, et l’aider à se manifester.
Il est terrible de réduire l’autre à ce que l’on croit connaître de lui. Une union durable ne se poursuivra que si les époux sont assez lucides et actifs pour n’avoir jamais fini de se découvrir. La vraie liberté de l’amour c’est d’accéder à sa dimension intérieure. Le meilleur de moi, le meilleur de l’autre, je ne le connais pas encore.
Le mariage demande un investissement : on le fait bien pour des formations, une maison. A méditer : il suffit de ne plus se parler pendant un certain temps pour n’avoir plus rien à se dire…
La femme a d’abord besoin d’un homme qui parle avec elle. C’est évident. Mais qu’entend-elle par là ? Il ne s’agit pas de bavardage, de paroles banales, non. Parler c’est échanger, c’est parler de « nous », c’est aborder des sujets profonds et qui engagent. Ce que la femme la plus intelligente du monde est incapable de deviner, c’est que son mari l’aime s’il ne lui dit pas. Il doit le lui dire. Les maris pensent qu’il y a d’autres voies de communication, mais je vous assure : cela ne peut entrer que par l’oreille !
Une femme n’existe pas si elle n’existe pas pour quelqu’un, par quelqu’un. Elle a cet heureux besoin altruiste que vous soyez vivant à ses côtés.
L’homme est plus porté au silence. Il faut le sortir de son silence, l’inviter au dialogue. S’accorder pour faire chacun une partie du chemin à la rencontre de l’autre, ce n’est pas facile ! Parler, c’est une façon de se donner, de se livrer, oser dire ce qui ne va pas, choisir de le faire dans des moments tranquilles et de paix. Amour et parole sont très proches, l’amour est une parole, tant qu’on se parle, on s’aime!
ACCEPTER LA CONFRONTATION
La mesure de votre entente conjugale. Le conflit est nécessaire et inévitable. S’obliger à dire, restituer une relation saine, oser dire les choses, surtout celles qui, si on les tait, risquent d’éloigner. Il existe des crises parfois profondes dans une vie de couple, quoi de plus salutaire ! C’est l’éducation à l’amour qui a vous as appris qu’on pouvait très bien aimer quelqu’un sans toujours sentir qu’on l’aime. L’amour a ses intermittences. Mais un amour authentique subsiste et on se retrouve tôt ou tard.
Ne cultivons pas les rancunes ni les jugements. Juger un être c’est l’obliger à chercher ailleurs son air respirable ! La plus grande source des souffrances, c’est la séparation, être séparé de soi, de l’autre, de Dieu. Il faut redécouvrir le chemin de l’alliance : il arrive souvent quand deux êtres se séparent, que la femme découvre sa liberté ; elle ne découvre pas sa solitude : elle a toujours été solitaire. Mais l’homme, lui, découvre sa solitude ; il ne découvre pas sa liberté : il l’avait toujours gardée !
En somme, la relation conjugale c’est un peu l’histoire du jeune homme riche : Jésus le regarde et lui dit : « Viens et suis moi ! » (Luc, 18-22).
Cela signifie : ayons une relation personnelle, aventurons-nous ! Plus que la fidélité, plus que le dévouement, plus que le travail, plus que l’honnêteté, l’essentiel c’est cette relation que nous avons à deux, atteindre une relation vraie et heureuse ! Faite de communication, d’échange, de respect mutuel et d’écoute.
Encore un mot...
Ce blog est édité par l'association Lights in the Dark, qui ne vit que de dons. Pour nous aider à transformer des vies grâce à Internet, faites un don, maintenant : cliquez ici pour faire un don.
je trouve ce texte à la fois simple et remarquable. Aujourd’hui, nos librairies sont remplies d’ouvrages traitant de la relation, du couple,…nous avons l’embarras du choix et pourtant la relation est plus que jamais fragilisée.
Ici, l’auteur nous rappelle des choses essentielles, le mystére de l’autre, notre propre mystére et la vraie liberté ,celle d’aller à la rencontre de l’autre, tel qu’il est. "Amour et verité se rencontrent"