Concilier rugby et Evangile

Le maillot sous la soutane

Plus d’un prêtre du Sud-Ouest de la France ont su allier l’Evangile et l’éducation par le rugby, comme le célèbre l’abbé Pistre, le « pape du rugby ».

La coupe du monde de rugby suscite un engouement spécial au moment où la France se prépare à la demi-finale face à l’Angleterre : telle paroisse propose de suivre le match « ensemble » sur grand écran, comme à Rueil Malmaison, plutôt que seul à la maison devant le petit écran.

Pour sa part, Vincens Hubac, qui a pratiqué ce sport, souligne les aspects qui le rapprochent de la religion, sur le site « Evangile et Liberté ».

« Ce sport de voyous joué par des gentlemen a bien évolué depuis que William Webb Ellis, au collège de Rugby, a pris le ballon de football pour le porter à la main dans l’en-but adverse ! L’anglomanie de la fin du XIXe siècle a permis d’exporter ce sport dans des contrées peu favorisées de l’époque, Sud-ouest, montagnes, pour occuper les jeunes. Le rôle des institutions a été décisif. Après Le Havre, Rouen et Paris la greffe a donc pris et la France est devenue une nation majeure de ce sport », fait-il observer.

Il rappelle que l’un des promoteurs du rugby en France a été l’abbé Pistre, de Castres, et sa chapelle au Pays Basque.

« Cet aspect religieux que l’on retrouve dans les « grandes messes » du rugby protège peut-être ce sport de certaines dérives, en fait un monde à part folklorique et bizarre qui retrouve peut-être tout son sens dans les 3es mi-temps où s’expriment la fête des fous, la fraternité et un certain art de vivre », fait remarquer l’auteur.

Né en 1900 et disparu en janvier 1981, l’abbé Henri Pistre avait joué dans sa jeunesse comme troisième ligne au Sporting Club Albigeois et il avait été entraîneur.

Il rappelait souvent que lorsqu’il fut ordonné prêtre en 1923, il portait sous sa soutane le maillot jaune et noir de son club favori, l’ASC Albi. Il le portait encore lors de son jubilé sacerdotal ! Une rue de la préfecture du Tarn porte d’ailleurs son nom.

Le le site Internet du Sporting Club d’Albi lui rend encore hommage aujourd’hui comme au « pape du rugby ».

L’abbé à l’accent rocailleux est devenu célèbre aussi par ses commentaires télévisés des matchs du Tournoi des Cinq Nations dans les années soixante.

Il incarnait en quelque sorte cette ferveur catholique du Béarn et du Pays basque français.

Des missionnaires revenant d’évangéliser des peuples d’Océanie, étaient venus prêcher en 1912 à Mazamet, à l’occasion des Fêtes de Pâques. Le petit Henri qui avait alors 12 ans, en fut bouleversé, tellement qu’il manifesta aussitôt aux prêtres de la mission, son désir de suivre leur vie.

Plus tard, sachant que sa carrière sportive allait se limiter à la durée de son service militaire, Henri Pistre ne ménagea pas ses efforts. Au cœur d’une mêlée également, pensait-il, « il vaut mieux donner que recevoir ».

L’un des exploits les plus fameux du curé fut réalisé à ALBI au mois de juin 1922. Ce jour-là était organisé un challenge d’athlétisme auquel prenaient part le S. C. Albi et quelques petits clubs des environs. Encouragé par ses amis, le curé accepta de s’engager, à titre individuel, et de disputer seul toutes les épreuves ! Ainsi le vit-on participer tour à tour au 100 mètres, au 110 mètres haies, au lancement de poids, au saut en hauteur, au lancement de disque, au saut en longueur… et au relais 4 fois 100 mètres où, courant seul contre quatre adversaires, il termina deuxième derrière le S. C. Albi !

A la fin de l’été, son service militaire étant terminé, le curé décida d’abandonner le sport actif.

Henri Pistre reprit sa place au grand séminaire d’ Albi. Le 23 décembre 1923 il fut ordonné prêtre. Tous les copains du Sporting étaient présents. A la fin de la cérémonie, une délégation conduite par Vaysse, Nachat et Lamazouère se présenta à l’abbé Pistre. Vaysse qui tenait un paquet sous le bras, dit à l’abbé d’une voix sourde qui trahissait son émotion: « Chez nous, lorsque quelqu’un se marie, on lui fait un cadeau. Pour toi aujourd’hui, c’est comme un mariage… alors nous t’offrons ceci ».

L’abbé défit le paquet. Dans la cape jaune et noir du Sporting-Club Albigeois, il y avait douze couverts en argent massif. Le curé ne trouva point de mots pour remercier, il dégrafa simplement le haut de sa soutane et ses copains virent qu’il portait, en guise de chemise, un vieux maillot délavé du S.C.A.

« Témoignage chrétien » rappelait pour sa part, en 2006 : « L’ex-international Jean-Pierre Garuet, dit Garruche disait : ‘Si j’ai joué au rugby, c’est grâce à l’abbé Larrouy. A Pontacq, je jouais au club de rugby qui dépendait du collège des pères et de la paroisse. Il y avait peu de télévisions dans le village. Le curé en possédait une et nous suivions dans l’Église le tournoi des Cinq nations après le catéchisme. En cas de bêtise, la sanction tombait : privé de télé, privé de tournoi ! Je peux vous dire que c’était efficace’. A son époque, tous les joueurs de Lourdes allaient à la messe le dimanche avant le match ».

Le même J. P Garruet, qui a « consacré toute sa carrière au FC Lourdais » confiait : « Les présidents du Stade toulousain et du Stade français sont allés chercher de l’eau de la grotte lors de leur dernière confrontation au sommet. Ils l’ont versée derrière les poteaux avant le match ».

Aujourd’hui, le flambeau est aussi entre les mains de l’abbé Devert, dont la prière intercède pour les joueurs depuis la chapelle « Notre Dame du Rugby » (cf. Zenit du 5 octobre 2007).

De même, des projets d’évangélisation « Rugby et prière » sont actuellement à l’étude à Paris.

Source : Catholique.org

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