Issu de l’Institut séculier Pie X, le père québécois Christian Beaulieu a été ordonné prêtre en 1968. Depuis toujours, il travaille à l’évangélisation des milieux populaires et des familles. Un portrait paru dans le dernier numéro d’Il est vivant!.
J’ai été ordonné dans un contexte de grande transformation de l’Église au Québec. Celle-ci était alors comme un navire en pleine tempête, et plusieurs de ses membres en descendaient. J’ai alors eu la chance d’entrer en contact avec le père Henri Roy, fondateur de notre institut. Son leitmotiv se résumait à « Québec, pays de mission ». Il a lancé un cri d’appel aux jeunes pour renouveler l’Église. Nous avions besoin de prêtres de missions intérieures au Québec. Et nous nous sommes laissés interpeller pour répondre aux situations d’urgence de la mission, pour être là où l’Église ne rejoignait pas les gens. C’est pour cette mission-là que je suis devenu prêtre : pour le plus petit jusqu’à ce qu’il soit grand, pour le malade jusqu’à ce qu’il se porte mieux ou pour le prisonnier jusqu’à ce qu’il soit libéré.
Avant d’être prêtre, je m’occupais de jeunes de la rue, de prisonniers, de drogués et d’alcooliques. Souvent, dans la nuit, ils laissaient des messages sur mon répondeur : « Je n’ai personne d’autre que toi et si tu me laisses tomber, je meurs. »
À entendre ces jeunes, j’ai compris que Dieu n’avait pas d’autres bras, pas d’autre visage, pas d’autres sourires, pas d’autres paroles que les nôtres, les croyants, pour dire au monde : « Dieu a besoin de toi, l’Église a besoin de toi. » Dans mon appel, j’ai vraiment senti que Dieu comptait sur moi, que je devais donner toute ma vie à ceux qui étaient dans de grandes souffrances. Je suis donc parti avec cette conviction profonde que Jésus était venu pour les malades, les pécheurs, et qu’il nous fallait ouvrir des chemins neufs pour ces personnes-là.
J’ai été amené à aller dans les écoles pour témoigner de mon appel. Je rencontrais environ 90.000 jeunes par an. J’ai fait une grande découverte : la foi n’est pas seulement de croire en Dieu mais de croire que Dieu croit en nous. J’ai toujours eu la conviction que les jeunes sont comme des étoiles de mer qu’on aurait sorties de l’eau. Ils sont échoués et il faut des gens pour les replonger dans l’océan de l’amour et de la tendresse de Dieu. Ainsi ces étoiles vont pouvoir éclairer et réchauffer la planète.
J’aime raconter cette parabole du fermier qui, un jour, trouve sur ses terres un œuf plus gros que ceux qu’il connaît. Il décide de le faire couver par une poule et lorsque celui-ci éclôt, on s’aperçoit que c’est un aigle. Le fermier décide alors de l’élever comme une poule. Deux ans plus tard, l’aigle qui est devenu poule, regarde dans le ciel et aperçoit un aigle avec de grandes ailes majestueuses, une force incroyable. Le petit aigle se dit : « Je suis fait pour la lumière, pour le ciel. » Mais les poules lui disent d’arrêter de se prendre pour un autre. « Reste poule ! » L’histoire raconte que l’aigle serait peut-être mort poule. Notre rôle de chrétien, d’éducateur, de parents, de prêtre, c’est d’être des aigles qui volent au-dessus des poulaillers pour dire à ceux qui se sont pris un jour pour des gens sans importance et sans valeur, qu’ils sont faits pour l’infini, pour la lumière, pour Dieu. Devenons des saints sans attendre, pour redonner le goût de vivre à ces jeunes-là.
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Génial ! Il faut lire de ce prêtre l’excellent bouquin "Ma blessure est tendresse"…
Cordialement,
Hélène