
Le prosélytisme est souvent un bon prétexte pour ne pas évangéliser. Qu’en est-il réellement ? Où se situe la limite entre prosélystime et évangélisation ? La réponse d’Il est Vivant, en partenariat avec Anuncioblog.
“Évangéliser”, c’est faire connaître Jésus Christ et son message de Bonne Nouvelle. Eu angelion, en grec, veut dire en effet bonne nouvelle. Et les évangiles nous parlent du premier évangélisateur, Jésus Christ. En même temps, Jésus est “La” bonne nouvelle : c’est lui qui donne sens à notre vie, en nous montrant que Dieu nous aime. C’est lui qui nous dit que notre existence n’est pas un hasard, que nous sommes appelés à la vie par amour, l’amour du Dieu créateur. Grâce à la Bonne Nouvelle, à l’Évangile de Jésus Christ, nous savons que Dieu nous aime, et que notre vie sur la terre a un but, la vie éternelle avec Dieu dans l’amour et le bonheur : le Ciel.
Quand nous avons accueilli pour nous-même cette Bonne Nouvelle, comment ne pas la communiquer aux autres ? C’est cela l’évangélisation.
Qui sont les évangélisateurs ? Tous les disciples de Jésus, ceux qui croient en lui et se sont fait baptisés en son nom, sont invités par lui à évangéliser : « Allez dans le monde entier, proclamer l’Évangile à toute la création » (évangile de saint Marc, chapitre 16, verset 15) et « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (évangile de saint Matthieu, chapitre 28, verset 19).
Comment évangélise-t-on ? Cette évangélisation se fait avec le don de l’Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes des apôtres, chapitre 1, verset 8). Cette communauté de disciples, de baptisés, animée par l’Esprit Saint, organisée autour des apôtres et de leurs successeurs, c’est l’Église. Les chrétiens évangélisent donc, unis entre eux dans l’Église, et envoyés par l’Église.
Annoncer l’Évangile, est-ce du prosélytisme ? Au départ “prosélyte” avait un sens très noble. Ce mot désignait au 1er siècle les “craignant-Dieu”, c’est-à-dire des non-juifs de naissance qui recherchaient Dieu dans le Dieu d’Israël. (Egalement, du grec « aller vers », NDLR).
Aujourd’hui on utilise ce mot de façon péjorative pour stigmatiser quelqu’un qui cherche à faire des disciples ; aussi bien pour des idées philosophiques ou politiques que religieuses. Et en sous-entendant que ce sera toujours par des procédés malhonnêtes.
Dans la réalité, quiconque est vraiment convaincu de ses idées politiques, sociales ou philosophiques cherche naturellement à les faire partager. Dans les affaires et le commerce, on va plus loin : on dépense des sommes énormes pour essayer de convaincre les autres, par la publicité, d’acheter votre produit ; on pourrait dire que c’est du prosélytisme à outrance…
Gardons raison : pour un chrétien essayer de faire découvrir à ses interlocuteurs sa joie et le sens de sa vie n’a rien que de très légitime.
Quant à la façon de faire, les chrétiens recherchent les procédés les plus respectueux de la liberté des personnes : on ne peut rencontrer Jésus Christ que dans sa liberté profonde. Rencontrer Jésus, c’est « la rencontre de deux amours ». En effet ce que le Dieu des chrétiens cherche chez l’homme, c’est l’amour, et l’amour ne peut naître que de la liberté.
Certains, cependant, disent que l’évangélisation les dérange, et qu’elle devrait être proscrite au nom de la laïcité. L’évangélisation est un droit fondamental de la personne, qui repose sur la liberté religieuse et la liberté d’opinion, avec le droit de s’exprimer et de communiquer ses idées. Ce sont des libertés publiques, garanties par la Déclaration internationale des droits de l’homme : en France, elles sont des libertés garanties par la Constitution.
Comment l’Église recommande-t-elle d’évangéliser ? Par la parole, le témoignage, la charité. La vie chrétienne, quand elle montre l’évangile vécu, est un témoignage ; mais ce témoignage ne sera vraiment perçu que s’il est référé clairement au Christ. Aussi faut-il annoncer explicitement, comme l’explique le texte Evangelii nuntiandi (“Il faut annoncer l’Évangile”, Paul VI, 1975) citant saint Paul : « Comment croire sans l’avoir entendu ? Et comment entendre sans prédicateur ? (…) Car la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la Parole du Christ. »
Loin d’être contraire à la liberté religieuse, l’évangélisation est un hommage à la liberté de l’homme. C’est lui offrir de connaître la joie que nous éprouvons d’avoir découvert l’amour et l’espérance de Dieu. Ce Dieu qui nous fait libres, parce qu’il nous aime : « Il s’attache à moi, et moi je le rends libre » (Psaume 91, verset 14).
Hervé-Marie Catta, laïc missionnaire
Citation biblique
« Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Livre des Actes des apôtres, chapitre 1, v. 8)
Citation
« Depuis dix ans que je parle de l’Église, c’est, au fond, toujours de vous, Jésus, que j’ai parlé » Henri Lacordaire
Témoignage
Avant de rencontrer le Christ, ma vie était plutôt un enfer. Lorsqu’il est venu à ma rencontre, j’ai découvert l’amour. J’ai immédiatement eu le désir de partager cet immense bonheur au travail et auprès de mes amis. J’ai alors compris qu’évangéliser, c’est aimer. C’est donner l’amour du Christ à ces personnes et, en les aimant, leur permettre de découvrir le visage de Dieu.
Par mon travail, je suis constamment auprès des jeunes. J’écoute leurs questions, leurs souffrances. Ils ont tellement faim d’être écoutés ! Ils ont besoin d’être reconnus, aimés, là où ils en sont, et tels qu’ils sont. Comme nous le dit Don Bosco, il s’agit “d’aimer les jeunes et qu’ils se sentent aimés.” Cela nécessite à la fois autorité, douceur, calme, compassion, sensibilité et respect. Tout cela dans un seul but, les emmener plus loin, les faire avancer, leur permettre de rencontrer le Christ, Source de vie. Ils aiment qu’on leur parle de Dieu. Lorsqu’ils sont aimés et respectés, ils nous écoutent. Ils ont une soif de vrai, d’absolu. Même si souvent ils prennent des chemins de mort, c’est Dieu qu’ils cherchent sans le savoir. C’est l’amour authentique dont ils ont si soif, et de trouver un sens à leur vie : savoir que Dieu existe, les aime et peut se manifester dans leur vie. Il est si bon de leur annoncer la vérité dans la douceur et la miséricorde, sans les juger. Je peux dire simplement que témoigner du Christ donne beaucoup de joie. Mon plus grand bonheur, c’est d’amener quelqu’un à Jésus.
Alice
Pour aller plus loin • Jean-Luc Moens, L’imitation de Jésus Christ missionnaire, éditions de l’Emmanuel, 2007 • Collectif (sous la direction de Jean-Luc Moens), Si tout le monde est sauvé, pourquoi évangéliser ?, Éditions de l’Emmanuel, 2007 • Paul VI, L’évangélisation dans le monde moderne (Evangelii Nuntiandi), Téqui, 1975 • www.1000questions.net.
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Textes (c) Il est vivant! et Illusrations (c) Ixène 2007
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