Le jugement d’irrecevabilité rendu lundi 17 mars 2008 par le Tribunal de grande instance de Dijon, suite à la requête de Chantal Sébire de se voir administrer la mort, confirme les prises de positions récentes des plus hauts responsables politiques. Argumentées, les réponses du Président Nicolas Sarkozy, du Premier ministre et des ministres de la Justice et de la Santé corroborent les derniers avis émanant des instances juridiques, éthiques et médicales de notre pays.
Ce sont l’interdit de l’euthanasie et l’esprit de la loi du 22 avril 2005 relative à la fin de vie, dite loi Leonetti, qui en sortent renforcés.
La vie d’un être humain est inviolable à chacune de ses étapes et en toutes situations. Un être humain ne peut jamais perdre sa dignité, quelles que soient ses conditions physiques ou psychiques. Sa dignité, inhérente à son humanité-même, comme le rappelle la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont nous fêtons le 60e anniversaire, exige le respect inconditionnel de la personne malade ou mourante.
« La mesure de l’humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée est une société cruelle et inhumaine. », nous dit avec profondeur Benoît XVI dans sa dernière encyclique ( »Spe salvi » n. 38).
La loi Leonetti (1), qui prohibe avec justesse la mort provoquée délibérément aussi bien que l’acharnement thérapeutique, insiste également sur la nécessité de développer une « culture palliative ». Le soulagement des souffrances, qui requiert parfois des phases de sédation pharmaco-induites que les spécialistes de la douleur manient avec compétence, ainsi que l’accompagnement humain, psychologique et spirituel des patients, sont des enjeux aussi nobles et essentiels que les interventions thérapeutiques proprement dites. C’est bien ce qui est proposé à Madame Sébire pour ne pas tomber dans une attitude d’abandon à son égard. A ce propos, il est indispensable que la France poursuive ses efforts de formation en direction des professionnels du soin, en particulier des jeunes, afin qu’ils sachent toujours mieux accomplir ces tâches difficiles qui nécessitent de solides qualités humaines et médicales.
Nous le savons, l’acceptation légale du meurtre volontaire d’un malade de la part des médecins et de la société ferait vaciller les principes fondamentaux de la coexistence civile comme les dérives observées le montrent dans les rares pays qui se sont engagés dans cette voie. Notre législation, et sa jurisprudence, s’y sont résolument opposées.
Que l’engagement solidaire de tous et de chacun ne manque jamais envers nos frères et sœurs malades.
+ Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon
(1) Pour Jean Leonetti : « Le suicide assisté est la plus mauvaise solution pour Chantal Sébire » – Le député maire d’Antibes, Jean Leonetti, à l’origine de la loi sur l’accompagnement vers la fin de vie, a contesté la démarche « médiatique » de Chantal Sébire. Selon lui, elle a refusé toutes les possibilités médicales qui lui ont été offertes. (source : L’Express du 13 mars 2008).
http://www.diocese-frejus-toulon.com
Encore un mot...
Ce blog est édité par l'association Lights in the Dark, qui ne vit que de dons. Pour nous aider à transformer des vies grâce à Internet, faites un don, maintenant : cliquez ici pour faire un don.
Comment peut-on laisser un etre humain souffrir alors que même nos animaux nous ne leurs faisons pas subir ce traitement? Il n’y a aucun cas de conscience quand on doit emmener son animal en fin de vie parce qu’il souffre mais un etre humain demande la même chose et on lui refuse?? Ou est la logique dans tout ca? Ou est la responsabilité?? C’est honteux de ne pas lui accorder ce droit…
Je comprends votre remarque, mais pour nous, chrétiens, tous les hommes sont fils de Dieu, la vie a donc un caractère sacré. En effet, c’est Dieu qui nous la donne et tuer un être humain va à l’encontre du commandement "tu ne tueras pas", que les Juifs respectent aussi.
On ne peut pas mettre un homme et un animal sur le même plan, étant donné qu’ils n’ont pas la même dignité. Un animal fait partie de la création à part entière, mais cette création est justement soumise à l’homme. Les hommes entre eux n’ont pas de droit de vie ou de mort sur les autres ou sur eux-mêmes. La mort n’est pas un droit, c’est la vie qui est un droit. N’inversons pas les choses.
à quelqu’un qui déclare que " l’on ne permettrait pas à un animal d’endurer ce qu’endure Chantal Sébire", un médecin répondait : "c’est parce que vous êtes un être humain que nous ne voulons pas vous euthanasier comme un animal".
lu ces jours-ci dans le Figaro
Mourir comme une bête…
Nous regardons bien souvent nos animaux avec condescendance oublieux de l’exemple qu’ils nous donnent. J’ai grandi au milieu de nombreux animaux et j’en ai vu mourir plusieurs dans des circonstances parfois bien douloureuses mais aucun n’a été "piqué". Aujourd’hui je revois le regard aimant que, jusqu’au bout, ils m’ont porté. Je revois l’attitude brave de mon chien Pilou, atteint d’un cancer. Leurs yeux n’étaient qu’affection et amour, et seule la dernière extrémité se laissait pressentir par un évitement et une envie de se cacher pour mourir dignement.
Oui je crois que nous aurions beaucoup à apprendre sur ces souffrants silencieux qui n’ont pas, comme nous, le refuge de la raison pour comprendre, interpréter intellectuellement ce qui leur arrive… Peut être est ce plus facile ainsi ? Ils ne sont qu’émotion et ressenti mais ils sont toujours animés de ce désir de vivre quel que soit la douleur qui les atteints. Et ça se vérifie, si, du moins, leur entourage est juste et aimant… Car la dépression est aussi très présente, au moins aussi fréquente chez les bêtes que chez les hommes.
Alors sommes-nous si éloignés des bêtes face au grand passage et à la douleur ?… Peut être sommes nous plus fragiles car aussi plus raisonnable… sujets au doute et au repliement sur nous-mêmes.
Je pourrais pourtant témoigner de l’amour qui est passé par cette jeune femme atteinte d’une dégénérescence neuronale et qui, accompagnée de sa maman jusqu’au bout, est décédée dans sa 28ème année. Mort lente de plus de 12 années, affreuse au regard du monde mais qui aura par l’attention et l’amour de sa mère réuni et toucher plus de 50 bénévoles qui se seront relayés pendant près de trois ans autour de Bérévan pour l’aider à lutter et réduire l’impact de sa maladie…
Et les exemples ne manquent pas d’expériences où l’amour à animer les êtres en souffrance et a considérablement changer et conquis le regard et le coeur des personnes qui les ont entouré jusqu’à la dernière extrémité. A lire le Scaphandre et le Papillon qui a été rédigé par Jean-Dominique Bauby à l’aide de sa seule paupière, ultime parcelle de son corps dont il eut encore le contrôle durant les derniers mois de sa vie… Quel témoignage et aussi quelle perte cela aurait été s’il avait demandé à partir plus tôt ! Nous n’aurions pas su qu’il aima la vie grâce à ce faible canal de communication qui le reliait encore au monde !
Puissions nous, face à notre mort, nous montrer digne comme ces animaux, aimant comme ces êtres qui ne jugent pas leurs maîtres méchamment alors qu’ils souffrent, qui ne se révoltent pas mais qui continuent d’offrir leurs flancs à nos caresses, puissions avoir cette force morale de rendre nos souffrances les moins lourdes possible à notre entourage comme ce père de famille atteint d’un cancer qui prépara son épouse et ses enfants d’à peine 10 ans à l’idée même de son départ définitif ! Quel marque de courage d’avoir mis son intelligence et sa force au service des vivants sans se plaindre.
Puissions nous surtout par le truchement de ce qui pourrait nous être donné à souffrir, manifester un amour d’une rare beauté et d’une rare intensité… sans doute sont-ce là des paroles qui heurtent et semblent issues d’un idéal bien abstrait mais ne faut il pas oser espérer grandement, oser désirer avec force et ambition pour parvenir à incarner ne serait-ce que le dixième de ce que nous espérons ?
Préférerons-nous encore nous rebeller, nous exaspérer et accuser tout ce qui vie et nous entoure ajoutant à nos souffrances, une malédiction qui puisse contaminer nos proches et les faire sombrer avec nous, les rendant encore un peu plus proche de notre état d’âme, pour un temps, il est du moins facile de s’en convaincre au point de ne pas s’en rendre compte…
L’image même du Christ en croix nous montre l’homme qui s’offre jusqu’au bout, à sa famille par cette parole à Marie à laquelle il offre Saint Jean, à cet ami, ce frère qui symbolise toute l’église auquel il offre la tendresse de sa propre mère, à ce Larron auquel il offre la vie éternelle, à ces magistrats, ces grands prêtres et autres soldats auxquels il offre le pardon, enfin à son Père, à Dieu à qui il remet Son esprit ! Même un incroyant ne pourra nier que dans ces derniers instants les plus pénibles qu’il soit, il a été encore possible d’offrir et de partager quelque chose d’unique et d’important pour autrui, et la preuve manifestée par le Christ, Sa Gloire en est l’Eglise elle-même qui repose sur ce don total, sans limite et sans retour, cette alliance sans prix offerte par le don de Sa vie, et qui par elle nous offre la vie éternelle. Voilà ce qui est déjà est manifestée intensément au monde depuis 2000 ans, manifesté par un homme qui à tout accepté jusqu’au bout, manifesté par une assemblée de femmes et d’hommes qui veulent croire que nous sommes jusqu’au bout habiter par la liberté d’agir par amour et qu’en cela le moindre acte ainsi offert aux autres vaut bien tous les maux de la terre.
Alors oui il s’agit bien de savoir quel modèle d’humanité nous voulons suivre, quel maître nous voulons servir. Et oui cet acte est religieux car il repose sur une base qui nous transcende puisqu’elle rejoint un espace-temps, la mort cette inconnue, que nous n’atteignons ni par science, ni même par la sagesse mais dont nous triomphons uniquement par une foi antée sur l’amour.
Oui n’oublions pas non plus que nous avons la possibilité d’empêcher bien des hommes de souffrir dans le monde, que ce soit de faim ou de bien d’autres choses et que nous ne nous en donnons pas les moyens… alors où est notre conscience et quelles sont nos véritables motivations face à ce désir d’éviter de souffrir à tout prix dans ces derniers instants alors que tant souffrent tout le temps ?
Bien à vous,
Cédric