La nouvelle évangélisation est désormais au coeur des priorités pastorales du diocèse d’Edmundston (Etat du Nouveau-Brunswick, Canada), selon son évêque, Mgr François Thibodeau, dont voici les déclarations. Comme beaucoup d’autres diocèses dans le monde, en Europe et y compris en France (lire : le diocèse de Maux en marche pour évangéliser), c’est un signe nouveau que la nouvelle évangélisation, loin d’être cantonnée à une mouvance unique, est une lame de fond qui concerne et innonde l’Eglise universelle.
Le Congrès d’orientation pastorale que nous avons réalisé en mars 2006 fut tenu « en vue d’une nouvelle évangélisation ». Les 84 recommandations qui m’ont alors été présentées se devaient d’expliciter cette nouvelle évangélisation : les recommandations portant sur les changements en Église, la catéchèse familiale et paroissiale, l’éducation de la foi des adultes, la pastorale du baptême, la formation pastorale, la prière et la célébration, l’engagement et la fraternité, la pastorale des malades, la pastorale jeunesse et familiale, les ministères ordonnés, les réaménagements pastoraux, les comités pastoraux et même les aspects financiers n’avaient qu’un seul but : contribuer à une nouvelle évangélisation dans notre milieu. C’est sous cet angle spécifique qu’ont toutes été étudiées les propositions qui nous provenaient du Synode diocésain d’Edmundston (1987-1990), les sessions d’étude et les rencontres des comités pastoraux.
Proposition «78»
«Que l’on considère d’organiser une campagne diocésaine d’évangélisation, suite à la campagne de financement présentement en cours et qu’elle soit organisée et structurée professionnellement par des personnes compétentes en la matière.» S’il y a eu «surprise» aux années 2005-2006 au sujet du projet de cette recommandation 78 qui m’a été soumise, elle m’apparaît des plus intégrées à tout ce que nous avons pu initier ensemble au cours des années antérieures : création de l’école de la foi, mise en place des structures paroissiales et diocésaines, mise sur pied de la catéchèse familiale et paroissiale, création des équipes de pastorale jeunesse et familiale, début d’un service de pastorale sociale. Ce qui est nouveau, ce n’est pas «l’évangélisation» mais la campagne. Les membres du Conseil diocésain de pastorale lui ont préféré «la rencontre de Jésus Christ sur ma route». Car il nous faut être conscients que nous bénéficions d’un «héritage évangélique extraordinaire». Je n’ai qu’à penser au thème que le comité du 125e anniversaire de la paroisse Immaculée-Conception avait retenu pour ses fêtes : «125 ans de foi en héritage». Il s’agit de lire le livre-souvenir pour redécouvrir tous ces gestes de foi, posés par les pionniers au sein de leur famille et de leur paroisse, à travers leur vie quotidienne, hebdomadaire et mensuelle. Même avant la fondation de la première paroisse du Madawaska, les missionnaires et les familles ont vécu intensément de l’évangile du
Christ : là encore, il s’agit de voir Madame Blanche Thibodeau se porter au secours des victimes de la famine et de la misère pour redécouvrir comment elle était animée de la charité du Christ qui la poussait vers les personnes qui étaient les plus pauvres, les plus démunies, les plus souffrantes. Il importe de «scruter» notre passé pour y déceler les traces de la première évangélisation : ce regard nous réserve bien des surprises puisque l’évangile a été porté avant tout par des laïques convaincus, humblement, mais fortement attachés au Christ et à son Église, s’épaulant constamment dans la prière personnelle et communautaire et dans la transmission de leurs valeurs religieuses, soutenus de temps à autre par des prêtres missionnaires venant répondre à leurs besoins spirituels. Nous pouvons être fiers de tout ce que nos prédécesseurs (laïques, religieux et religieuses, prêtres et évêques) ont créé pour répondre aux besoins de leurs frères et sœurs: écoles, collèges, université, hôpitaux, services sociaux, etc. C’était là, et c’est là encore, l’expression de leur foi et de leur charité.
Mission de l’Église
Le pape Paul VI (1963-1978), au numéro 14 de son exhortation apostolique sur l’évangélisation, nous redit en trois mots la mission de l’Église : «L’Église existe pour évangéliser». À travers tous les bouleversements auxquels sont affrontées la société et l’Église, une Bonne Nouvelle doit être portée et proposée à tous nos frères et sœurs, sans exception. Jésus est au cœur de nos vies : il importe de le rencontrer, de le reconnaître, de l’accueillir, de le suivre et de le proclamer. C’est ça évangéliser, c’est ça la Bonne Nouvelle qui donne un sens à nos vies. Le temps que nous vivons est un temps de grâce pour l’Église: plus que jamais, nos projets doivent s’inscrire dans un contexte missionnaire en allant vers les autres, en allant, sans prosélytisme, vers ceux et celles qui se sont éloignés de nos rassemblements habituels ou qui ne partagent pas les mêmes valeurs que nous. Le pape Jean-Paul II, lorsqu’il parle d’une nouvelle évangélisation, spécifie que cette évangélisation est nouvelle par les méthodes employées et par l’ardeur déployée.
« Avec l’Évangile du Christ »
La deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens nous plonge dans un contexte d’évangélisation. On y voit l’Apôtre y mettre tout son zèle, toutes ses énergies: il a été «saisi» par le Christ, et maintenant rien ne pourra le séparer de l’amour du Christ : comme le chante Robert Lebel, «ni la mort ni la vie, ni le feu ni le froid, ni le jour ni la nuit, ni la faim ni la soif, ni les chaînes ni les menaces; ni l’enfer, ni la peur, ni péril ni danger, ni le mal, ni les pleurs, ni présent, ni passé, ni anges ni puissances.» Au dixième chapitre, verset 14, il nous révèle le secret de sa force et de son ardeur : «Avec l’Évangile du Christ». Devenu «disciple de Jésus», saint Paul a accueilli son message : Jésus est le révélateur de la tendresse de Dieu. Paul a médité et médité la grande mission de Jésus, telle qu’exprimée à la Synagogue de Nazareth : «L’Esprit du Seigneur est sur moi; il m’a consacré par l’onction ; il m’a envoyé porter une bonne nouvelle aux pauvres, aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, rendre la liberté aux opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.» (Luc 4:18)
Vienne cette priorité d’évangélisation !
Je ne peux qu’applaudir à la réalisation de la nouvelle priorité pastorale qui se vivra avec l’humilité et l’audace du disciple du Christ. Une campagne de «publicité» tournerait vite à vide et serait superficielle puisque nous n’avons pas de produits à vendre, mais nous avons une personne à présenter et quelle personne, un message à proposer et quel message, une communauté à revitaliser, tout un réseau de pauvres et d’exclus à accueillir, tout un réseau de gens assoiffés de justice et de paix à combler. Bien des fois, il nous faudra approfondir la parabole du bon grain jeté en terre, la parabole du filet, la parabole de l’ivraie et du grain de sénevé. «Avec l’Évangile du Christ», il nous faudra redevenir des gens qui accueillent le mystère de Dieu dans leur vie et proclament les richesses de ce dessein divin. «Avec l’Évangile du Christ», il nous faudra contribuer à former des leaders au sein de nos communautés. «Avec l’Évangile du Christ», il nous faudra bâtir des communautés missionnaires qui vont vers les autres, spécialement vers les plus pauvres, les plus souffrants, les plus délaissés. Ne laissons pas passer ce temps de grâce : il est trop précieux pour nous et pour l’avenir de notre monde.
François Thibodeau, c.j.m.
Évêque d’Edmundston
Source : Le Madawaska.ca
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