Fait marquant qui nous a totalement échappé : le 26 mars dernier, Mgr Stanislas Dziwisz a suggéré que Jean-Paul II soit proclamé « patron de la nouvelle évangélisation ». C’est donc un appel sans équivoque en faveur de la nouvelle évangélisation de la part de celui qui fut depuis 1966 et jusqu’à sa mort, le fidèle secrétaire de Karol Wojtyla. Mgr Joseph Ignace Munilla Aguirre, évêque de Palencia, nous racontait ce fait le 3 avril dernier, en la basilique Sainte Marie Majeure. Extrait.
Coincidant avec l’Octave récente de Pâques, un groupe nombreux d’évêques et de cardinaux européens – 170 évêques et 10 cardinaux – faisait, la semaine dernière, un pèlerinage en Galilée, invités par le mouvement Néocathécuménal. Mercredi (26 mars 2008), ils célébrèrent l’Eucharistie près du lac de Galilée, dans l’église de la « Primauté de Pierre ». Présidait la messe, l’actuel cardinal de Cracovie, Monseigneur Stanislas Dziwisz, qui fut, depuis 1966, le fidèle secrétaire de Karol Wojtyla, et qui a eu l’honneur d’accompagner fidèlement notre cher Jean-Paul II jusqu’à son départ définitif pour la maison du Père.
Nouvelle Evangélisation
Dans ce cadre incomparable, au cours de son homélie adressée à ses frères concélébrants, Monseigneur Dziwisz les invitait à prier Dieu pour la rapide béatification de Jean-Paul II, en formulant des vœux pour qu’il soit proclamé « patron de la Nouvelle Evangélisation ». Les cardinaux, les évêques et toutes les personnes présentes se levèrent alors, approuvant sa proposition par un vibrant applaudissement: « Jean-Paul II, patron de la Nouvelle Evangélisation! ». Nous savons que ce terme même de « Nouvelle Evangélisation » avait été employé, pour la première fois, par Jean-Paul II à Haïti. C’était le 9 mars 1983 et, à Port-au-Prince, il s’adressait ainsi aux évêques du CELAM : « La commémoration de la moitié du millénaire de l’évangélisation prendra sa pleine signification si, vous, évêques, vous acceptez un engagement, unis à votre presbyterium et à vos fidèles; engagement, non pour une réévangélisation, mais pour une nouvelle évangélisation. Nouvelle par son ardeur, par ses méthodes, par son expression ».
Cependant, il est évident qu’il ne suffit pas de formuler le postulat de la Nouvelle Evangélisation. La simple formulation de ce principe, pourrait obtenir le plein assentiment des théoriciens de la Théologie pastorale, mais cela ne nous aiderait pas à avancer dans la pratique de cette Evangélisation. Ce qui est déterminant et fondamental, consiste à participer, avec le même zèle que celui qui anima Jean-Paul II, à l’annonce de la Nouvelle Evangélisation. Voici le grand apport de ce Congrès Mondial de La Divine Miséricorde: expliquer à l’Eglise et au Monde que la Nouvelle Evangélisation doit se comprendre et se pratiquer comme le prolongement du cri du Christ sur la croix: « J’ai soif ».
La Nouvelle Evangélisation est l’expression concrète de la Miséricorde du Christ qui – comme nous l’avons entendu dans l’évangile du deuxième dimanche de Pâques – ne s’arrête pas devant les portes fermées à cause de nos peurs, mais qui, poussé par son amour miséricordieux et exerçant sa souveraineté divine, se présente parmi elles – parmi nous – sans toucher la porte et sans demander de permission, pour nous offrir passionnément le fruit de son amour rédempteur. En conséquence, qu’apporte le mystère de la Divine Miséricorde pour une compréhension correcte et une mise en pratique de l’appel à la Nouvelle Evangélisation? Lorsque Jean-Paul II lança son appel pour la Nouvelle Evangélisation, spécifiant qu’elle devait être le reflet d’une nouvelle « ardeur », de nouvelles « méthodes » et d’une nouvelle expression, il l’exprima tel un ordre non fortuit, mais consciemment nuancé.
En effet, une des principales erreurs de notre pratique pastorale, pourrait consister à réduire le succès de notre travail évangélisateur à la simple recherche de méthodes pastorales attrayantes pour l’homme d’aujourd’hui, en oubliant le facteur principal et prioritaire de la Nouvelle Evangélisation: la nouvelle ardeur. Cette « ardeur nouvelle » à laquelle se référa Jean-Paul II suppose une compénétration avec le Cœur du Christ qui, au moment d’être transpercé par nos péchés, déclara sa soif de notre sainteté. Quand nous parlons de « Nouvelle Evangélisation », nous nous souvenons aisément de ce passage de Mt 9, 16: « On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et tous deux se conservent. » Dans notre théologie pastorale, nous courons le risque de ce que ce message évangélique – « A vin nouveau, outres neuves » -, soit interprété comme une invitation à innover nos structures pastorales, laissant au second plan l’invitation à notre conversion. Dit avec d’autres mots, nous tous qui, d’une manière ou d’une autre, nous chargeons de la pastorale de l’Eglise pour la mener à bien, nous avons la tentation de penser que les problèmes de l’évangélisation se solutionnent en changeant de « cheval » mais non de « cavalier ».
Témoignage de Jean-Paul II
En définitive, on ne peut mener à bien la Nouvelle Evangélisation que si, nous, les acteurs de cette tâche pastorale, nous avons un ardent désir de sainteté… si nous incarnons dans notre vie le « j’ai soif » du Christ crucifié. Sans aller plus loin, nous avons pu être témoin d’un exemple patent de « l’évangélisation depuis la croix » dans la maladie, l’agonie et la mort de Jean-Paul II.
En effet, la maladie, l’agonie et la mort de Jean-Paul II ont permis à l’Eglise Catholique de vivre une grande leçon de confiance dans la Miséricorde de Dieu, ainsi que d’abandon à sa Providence. Les mois et les années qui ont précédé la mort de Jean-Paul II se sont révélés très difficiles, spécialement par rapport aux nouvelles et aux commentaires transmis par la majorité des médias occidentaux: « Etait- il prudent, à l’époque actuelle, toujours préoccupée par la culture de l’image, de maintenir à la charge suprême de l’Eglise un homme si malade et si affaibli ? » Les calculs des stratégies humaines faisaient trembler et souffrir bon nombre de personnes au sein de l’Eglise. Cependant, toutes ces méfiances et ces peurs se dissipèrent lorsque le monde fut témoin de ce que la maladie, l’agonie et la mort de Jean-Paul II, se transformaient en un événement de gloire. Combien de leçons avons- nous pu apprendre en ces jours!
Je me suis toujours demandé quel moment de la vie de Jean-Paul II a pu être le plus efficace dans son œuvre d’évangélisation. Le Karol Wojtyla athlétique et aux qualités et projets surabondants, ou bien peut-être un Jean-Paul II déjà âgé aussi faible qu’abandonné à la Miséricorde de Dieu ? Nous le saurons, un jour, bien qu’il nous soit possible de pressentir quelque chose par les mots de saint Paul: « Ma puissance se déploie dans la faiblesse… Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2Co 12, 9-10). Combien d’âmes a-t- il mené à Dieu, ce serviteur de Dieu – vieillard aux yeux du monde – lui qui mourait connaissant une paix parfaite, témoignant de sa confiance en la Divine Miséricorde, et disant simplement: « Laissez- moi aller vers la maison du Père ». Il réalisait la tâche de la Nouvelle Evangélisation, en nous donnant l’ultime leçon de « donner la vie » en plaçant sa vie entre les mains de Dieu. Les saints sont plus évangélisateurs dans la décrépitude que les pécheurs dans leur plénitude. Avec un peu d’humour, on peut dire de Jean-Paul II ce que l’on raconte dans le livre des Juges à propos de Samson: « Ceux qu’il tua en mourant furent plus nombreux que ceux qu’il avait tués pendant sa vie » (Jg 16, 30).
En résumé et pour conclure cette première partie de mon exposé: la Nouvelle Evangélisation doit se comprendre, en priorité, en relation avec l’ardeur de ceux qui vibrent au rythme des battements mêmes du Cœur du Christ. Les nouvelles méthodes et les nouvelles expressions jailliront par la suite, car l’amour aiguise nos capacités. Plus encore, le zèle envers le Cœur du Christ aiguise l’imagination des apôtres pour tracer de nouveaux chemins, capables de rejoindre l’homme
sécularisé. Nous percevons ceci dans le passage de l’Evangile: « Ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire; car ce que vous aurez à dire vous sera donné en cet instant. Ce n’est pas vous en effet qui parlerez; c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 19).
Donc, en continuant notre chemin, nous allons essayer de décrire d’une manière très simple, comment le message et l’esprit de la Divine Miséricorde, doit imprégner la méthode pastorale de l’Eglise du Christ. Même au risque de simplifier, nous distinguons trois étapes dans le travail d’évangélisation : ACCUEIL, PROPOSITION, ACCOMPAGNEMENT.
Lire la suite de l’exposé : Accueil, proposition et accompagnement, les trois étapes de l’évangélisation
Source : ESM
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