
A la suite des procès des chrétiens en Kalybie et du débat qui s’en est suivi en France, le cardinal Barbarin revient sur le devoir et la manière d’annoncer le Christ. Un article tiré de Famille Chrétienne n°1587 (14 au 20 juin 2008), par Jean-Claude Bésida.
Joint par Famille Chrétienne au lendemain d’une tribune du Père Delorme qui remet en question l’évangélisation en Algérie, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, livre sa conviction : « L’annonce du Christ a toujours fait choc depuis vingt siècles. L’Evangile et l’histoire des Apôtres dans le livre des Actes en témoignent. Le Père Christian de Chergé savait la violence que la seule présence des moines de Tibhérine pouvait engendrer. Le texte célèbre de son testament spirituel, Quand un A Dieu s’envisage, le révèle. Et il est resté ! »
« Evangéliser, certes, ne consiste pas à « ramener à soi » les autres par des moyens douteux. C’est dire le Christ et la joie de l’Evangile, c’est montrer son visage. Et, touchés par la grâce, certains s’attacheront à sa personne ; la conversion est un mystère qui nous échappe. Evangéliser est non seulement, un droit, mais un devoir pour les chrétiens (cf Mt 28, 19-20). C’est la dernière consigne que le Christ nous laisse dans l’Evangile. »
« Nous croyons, du plus profond de notre foi, que cette Parole peut toucher toutes les cultures et toutes les époques. Ce qui demander toujours beaucoup de délicatesse, de douceur et de respect pour ceux à qui l’on s’adresse, et ce qui, nous le savons, peux conduire à des persécutions, commet Saint Paul l’avait déjà annoncé à Timothée » (cf 2 Tm 4, 17-18).
Dans un texte publié par Le Monde du 4 juin, le Père Delorme, chargé des relations avec les musulmans dans le diocèse de Lyon, avait jeté un pavé dans la marre.
Depuis le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, jusqu’à Philippe Va, directeur de Charlie Hebdo (dans sa chronique sur France Inter), des voix se sont étonnées qu’un prêtre semble soutenir le pouvoir algérien lorsqu’il essaie de réduire la chrétienté locale naissance.
Le débat prote sur trois points. D’une part, la notation par le Père Delorme de « l’islamité » comme identité profonde du peuple algérien semble présupposer que la foi chrétienne n’a pas vocation à s’incarner dans toutes les cultures humaines.
D’autre part, l’affirmation qu’une annonce évangélique est acceptable à condition qu’elle ne se fasse « pas au prix du déchirement d’un peuple », semble nier les contradictions qui accompagnent le témoignage chrétien.
Enfin, la proposition « d’une réflexion sereine sur la légitimité, ou non, du prosélytisme chrétien en terre d’islam » donne l’impression qu’il pourrait être conforme à la foi d’exclure par principe une catégorie d’êtres humains (les musulmans) de l’annonce évangélique.
Dans l’Eglise même, les réactions n’ont pas tardé. A l’exemple de la Lettre ouverte à la conscience catholique des Pères Adrien et Sentis, du séminaire de Toulon. Le Père Adrien explique : « le plus important c’est que le le père Delorme, sans s’en apercevoir, touche à l’essentiel, au mystère même du Christ ; l’Evangile ne s’est répandu qu’en provoquant des contradictions puisqu’il vient toucher le coeur de l’homme et des sociétés, et les appeler à la conversion. Au fond, la tentation, ici, c’est d’évacuer la Croix ».
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