Accueil, proposition, et accompagnement, les trois étapes de l’évangélisation

Accueil, proposition, et accompagnement, sont les trois étapes de l’évangélisation, selon Mgr Joseph Ignace Munilla Aguirre. Voici ce qu’a détaillé l’évêque de Palencia le 3 avril 2008 en la basilique Sainte Marie Majeure, après avoir raconté que que l’ancien secrétaire de Jean-Paul II a proposé qu’il soit proclamé patron de la nouvelle évangélisation (lire ici : Jean-Paul II, bientôt proclamé patron de la nouvelle évangélisation ?). Extrait.

ACCUEIL : expression des « entrailles de la miséricorde »

Notre tâche pastorale commence par des bras ouverts qui accueillent, trouvant leur force dans les entrailles de la miséricorde. Nous sommes appelés à partager le s mêmes sentiments que ceux du Cœur du Christ, qui a ressenti de la peine pour ces foules, en les voyant telles des brebis sans berger.

Parfois nous avons confondu l’ordre nécessaire et la rigueur de notre organisation pastorale paroissiale, avec le maximalisme impatient et irrité. Attention à ne pas cacher le visage miséricordieux du Christ par une accumulation de normes pastorales secondaires que nous avons nous- mêmes élaborées ! Attention à ce que notre accueil ne soit pas terni par notre incapacité à nous adapter affectueusement et patiemment aux différentes situations dans lesquelles se présentent à nous nos frères blessés ! Evidemment, je ne parle pas de transiger avec des infidélités en matière de sacrements, tant s’en faut… Mais est- il sage que nous nous irritions en accueillant ceux qui sont éloignés de nous et qui frappent à nos portes, pour des motifs secondaires tels que les horaires de bureau, les dates de baptêmes, ou des questions similaires ? N’est- il pas vrai que, peut-être, précisément lorsque nous relativisons l’aspect dogmatique au sein de notre Eglise, nous ayons tendance à dogmatiser aussi ce qui est relatif ? Le style pastoral de la Divine Miséricorde dans l’Accueil Pastoral, se reflète parfaitement dans ce texte d’Isaïe cité par les évangélistes pour exprimer le style même du Christ: « il ne brisera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore » (Mt. 12, 19).

Or, Jésus ne se limita pas à combler les attentes de ceux qui frappaient à sa porte, mais Il éleva et amplifia leur horizon. Son cœur de bon pasteur apprit avec une grande pédagogie à ce paralytique dont le brancard avait été descendu depuis le toit, que son plus grand problème n’était pas sa paralysie mais ses péchés (cf. Mc 2). C’est à dire que l’accueil patient et miséricordieux du Seigneur, nous enseigne à placer notre espérance en LUI. En effet, les premières demandes de l’homme ne coïncident pas toujours avec ses nécessités les plus profondes. Le Christ révèle l’homme à l’homme lui- même, et dans ce processus, Il lui fait ouvrir les yeux jusqu’à ce qu’il découvre quelles sont ses véritables nécessités, comme au cours du patient dialogue qu’Il eut avec la Samaritaine (cf. Jn 4).

En définitive, notre zèle apostolique est l’expression de la miséricorde infinie du Cœur du Christ, qui aime personnellement et passionnément toutes et chacune des âmes qui nous ont été confiées dans notre travail pastoral. C’est pourquoi, lorsque nous sommes victorieux de notre respect humain, de notre paresse, ou de quelqu’autre résistance pour évangéliser, et que nous sommes disposés à sortir à la rencontre de notre frère prodigue, nous participons aux entrailles de la miséricorde du cœur de ce Père dont nous parle la parabole de l’évangile selon saint Luc (cf. Lc 15).

PROPOSITION : être fidèle à la Révélation, miséricorde de Dieu

Il y a un mystérieux texte évangélique duquel nous allons partir pour mener cette réflexion: « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment;

mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22, 31-32). Jésus prie d’une manière très spéciale pour que Pierre puisse dominer la tentation, puisqu’Il lui a confié la tâche d’affermir la foi de ses frères. Plus encore, Pierre sera l’instrument de Jésus pour que les chrétiens ne soient pas éloignés de leur foi par Satan. La conclusion de ce texte est claire: Dieu manifeste de la miséricorde pour nous et Il ne nous laisse pas à la merci de l’erreur, mais Il no us assiste dans notre faiblesse afin que nous puissions connaître et faire connaître le visage du Père révélé dans le Christ.

Paradoxalement, la culture relativiste dominante, juge négativement la foi catholique dans la Révélation de Dieu. La position de croyant serait considérée comme de l’orgueil, se croyant en possession de la vérité. Au contraire, la position relativiste serait considérée comme une attitude humble. Pour éviter le danger de l’intolérance, il n’y aurait pas d’autre remède que de renoncer à la foi en une prétendue religion révélée, dépositaire de vérités éternelles et absolues. Est-ce ainsi ? Allons-nous, par hasard, empêcher Dieu d’être Dieu? N’est-Il pas, LUI, libre d’exercer sa souveraineté divine, en venant à la rencontre de l’homme, et, révélant – par pure miséricorde – ses desseins d’amour ? Avons-nous, peut-être, la prétention de dire à Dieu comment Il doit faire les choses ? Par conséquent, peut- il y avoir une position plus orgueilleuse que celle du relativisme régnant dans nos cultures, qui, au nom de la tolérance, nie la possibilité que Dieu peut parler à l’homme, et que l’homme peut parler au nom de Dieu ?

En réalité, le chrétien n’est pas celui qui possède la vérité. Il faudrait plutôt dire que la Vérité le possède, lui. Etre humble n’est pas douter de Dieu, mais nous laisser aimer par la miséricorde divine qui s’occupe de nous. De ces réflexions, il se dégage une conviction importante qui détermine notre méthode pastorale: donner la priorité à la transmission fidèle du message révélé, dont nous ne sommes pas les propriétaires mais les dépositaires. Ce serait une grosse erreur qu’au nom de quelques prétendus critères pastoraux, nous déformions le message révélé. Il est certain que l’Eglise est appelée à chercher de nouvelles formules d’évangélisation, ayant la capacité de présenter l’Evangile à l’homme et à la femme d’aujourd’hui, mais sans trahir en quoi que ce soit le dépôt confié par le Christ, dont elle n’est pas propriétaire, mais humble dépositaire.

ACOMPAGNEMENT, parce que sa miséricorde est éternelle

Le style pastoral qui se dégage de la Divine Miséricorde est patient et ardent, en même temps. Patient: « Ils entrèrent dans un bourg samaritain pour tout lui préparer. Mais on ne l’y reçut pas…Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean lui dirent: ‘Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ?’ Mais se retournant, Il les réprimanda et ils partirent pour un autre bourg » (Lc 9, 51-56). Parfois, dans notre travail pastoral, nous pouvons confondre le zèle apostolique avec notre orgueil blessé. Souvent, la souffrance de nos échecs pastoraux n’est pas la conséquence d’une claire recherche de la gloire de Dieu mais dissimule notre vanité. L’apôtre du Christ prend le risque de se chercher lui- même, même au milieu de son dévouement à sa tâche d’évangélisation. Le mystère de la patience du Christ est le meilleur antidote contre notre prétention à vouloir manipuler les temps et les moyens que Dieu emploie. Fréquemment, l’homme se plaint du silence de Dieu, alors qu’en réalité, ce silence dissimule la miséricorde de Dieu.

C’est la Divine Miséricorde qui se refuse à arracher précipitamment le figuier qui n’a pas donné de fruit, et qui parie sur l’homme, dans l’espoir qu’arrive le moment de sa conversion. Le Christ intercède pour nous auprès du Père: « Seigneur, laisse- le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que j’y mette du fumier. Peut-être donnera-t- il des fruits à l’avenir; sinon tu le couperas » (Lc 13, 8). En peu de mots: le style pastoral indiqué par la Divine Miséricorde, se manifeste dans l’accompagnement patient, autant de ceux qui se refusent à la conversion, que de ceux qui, ayant déjà été « touchés par le Christ » dans une « première conversion », demandent la pédagogie patiente de la miséricorde de Dieu pour leur sanctification définitive.

Ardent: « Je suis venu apporter le feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fut allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé ! Pensez-vous que je sois venu ici pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais la division. Désormais en effet, dans une maison de cinq personnes, on sera divisé, trois contre deux et deux contre trois; on sera divisé, père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle- mère contre sa bru et bru contre belle- mère » (Lc 12, 49-53). C’est à dire, nous ne devons pas confondre la patience avec l’indifférence ou le manque de zèle, comme cela arrive parfois. Il ne convient pas de confondre la recherche de la « paix » avec la prétention équivoque de fuir les problèmes. Par ailleurs, nous savons qu’en ouvrant la porte de notre vie au Christ, la lumière de sa vérité dévoile tout ce qui était nourri dans le mensonge. Il peut même arriver que, au premier moment de la conversion, nous sentions que la rencontre avec le Christ nous « complique » la vie. Comme les hébreux dans le désert, nous pouvons également ressentir la nostalgie des oignons de l’Egypte et de la tranquillité dans laquelle nous vivions en esclavage. N’ayons pas peur, l’authentique paix et la joie, celle que nous offre l’Esprit Saint, sont au prix de l’ouverture des portes de notre cœur au Christ, Notre Seigneur, et il nous faut les ouvrir tout grand. La Paix authentique est celle qui est fondée sur la vérité et la justice, et non sur la complaisance à l’égard de l’aveuglement collectif… Tel est le Cœur du Christ et tel doit être également notre style pastoral: « patient » et « ardent » en même temps… Avec l’ardeur propre à un cœur amoureux et la patience propre à celui pour qui aucune âme n’est perdue.

Source : ESM

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