Cancão Nova, la télé missionnaire

Au Brésil, la communauté Cancão Nova (« chant nouveau ») évangélise par les médias. Fondée en 1978 par le père Jonas Abib, leur télévision est devenue la troisième chaîne du pays. En France, la communauté Cancão Nova est encore peu connue, mais elle est installée depuis 2005 dans le diocèse de Fréjus-Toulon. A deux jours du voyage de Benoît XVI au Brésil, nous vous proposons une interview de Claude Brenti, Directeur des Editions des Béatitudes, qui publie la première traduction française du livre du père Jonas.

Que pouvez-vous nous dire de la communauté Cançao Nova ?

J’ai entendu parler de la communauté Cancão Nova depuis plusieurs années car dans la communauté des Béatitudes dont je fais partie, nous avons plusieurs frères et sœurs qui sont allés au Brésil et qui ont eu l’occasion de les visiter et de travailler avec eux dans des missions d’évangélisation. Personnellement, j’avais eu l’occasion d’entendre le père Jonas Abib présenter sa communauté lors d’un congrès organisé à Rome sur l’Eglise et les médias en 2005. Ce n’est qu’en décembre dernier que j’ai eu l’occasion de les visiter en participant à un voyage organisé par Mgr Rey pour visiter certaines communautés nouvelles du Brésil.

C’est une communauté étonnante centrée sur l’évangélisation par les médias. Le père Jonas raconte que l’idée de la communauté lui est venue après la publication de l’Exhortation Apostolique « Evangelii Nuntiandi » par Paul VI en 1976. Il a commencé le 2 février 1978 avec douze jeunes qui ont répondu à son appel : « Qui est disposé à donner un an de sa vie pour se consacrer au travail d’évangélisation? ». Ils menaient une vie simple en évangélisant les jeunes. Puis ils ont compris qu’il fallait évangéliser par les médias et ils ont acheté une radio. En 1989, ils ont commencé la télévision. En 1998, ils ont utilisé un satellite. Aujourd’hui, ils sont actifs dans la télévision, la radio mais aussi les technologies de l’information. Dans leur centre de Cachoeira Paulista, une petite ville située entre Sao Paulo et Rio, ils ont construit un hall de 100.000 places pour accueillir des rassemblements, ils ont un centre médical et un lycée. C’est tout à fait impressionnant.

Vous êtes allés chez eux en décembre dernier, qu’en avez-vous retenu ?

Un dynamisme étonnant et l’utilisation des moyens les plus modernes pour l’évangélisation. En même temps une grande ferveur. Quand notre groupe est arrivé, un dimanche matin, se déroulait une procession du saint sacrement lors d’un rassemblement annuel qu’ils organisent. Il y avait 40.000 personnes dans le hall, un orchestre de qualité professionnelle, une animation très bien faite, tout cela retransmis en direct à la télévision. Nous avons eu la messe présidée par Mgr Rey que là-bas tout le monde appelle Dom Dominique. L’après-midi son homélie était déjà retranscrite sur leur site Internet et on pouvait revoir les images de cette célébration !

Pourquoi avoir voulu publier le livre du fondateur, le père Jonas ?

Une des dimensions de notre ligne éditoriale aux Editions des Béatitudes consiste à faire connaître dans les pays francophones des réalités d’église qui ne sont pas encore connues à cause de leur nouveauté. Ceci dans un but de témoignage et pour vivre un « échange de biens spirituels ». Dans le passé nous avons traduit des livres venant des Etats-Unis et nous le faisons encore. Nous allons éditer en mai un livre sur les Franciscains du Bronx. Mais un des lieux de vitalité et de ferveur chrétienne est le Brésil. C’est pourquoi nous nous intéressons à ce qui s’y vit. On trouvera dans ce livre un enseignement simple mais qui repose sur une expérience, car l’on se doute bien que l’oeuvre fondée par le père Jonas ne s’est pas développée sans périodes de doutes et de découragements. Rien de ce qui est dit n’est théorique nous avertit l’auteur dans sa préface.

Que pensez-vous de la situation de l’évangélisation au Brésil ?

Je laisse la parole à Georges Bonneval, qui a traduit le livre et qui vit au Brésil depuis deux ans :

« L’Eglise catholique du Brésil a de nombreuses ressources et richesses pour actualiser largement la Nouvelle Evangélisation. Que ce soit du côté des paroisses, comme des mouvements et communautés nouvelles, des services d’Eglise. Le peuple chrétien est à majorité jeune et il n’y a quasiment pas de séparation entre les personnes athées ou incroyantes et les croyantes, car l’ensemble est un peuple majoritairement religieux.

La situation de l’Eglise au Brésil est particulière : Sur les 177,8 millions d’habitants, le pays compte 131,4 millions de catholiques. L’épiscopat est le plus nombreux du monde, avec 417 évêques et 38 archevêques. Cette Église compte 268 diocèses, archidiocèses et prélatures.

Très engagée dans le domaine social, l’Église dispose des « pastorales sociales » qui traitent des questions aiguës de la société (santé, prisons, femmes marginalisées, migrants, enfance…). La plus connue est la pastorale de la terre (qui a tendance à être « récupérée » par les politiques). Il y a encore beaucoup de travail d’évangélisation et de pastorale à implanter dans les régions retirées de l’intérieur des terres.

L’Église du Brésil est une église jeune, pourvue d’un fort potentiel missionnaire. Elle envoie actuellement 1.600 missionnaires dont 600 en Afrique, 49 en Amérique du Nord, 331 en Europe. Les radios catholiques et la TV Cançao Nova sont dynamiques et diffusent des programmes sur la totalité de cet immense pays.

En même temps qu’un développement social a pu se réaliser, certains courants spirituels ont vu aussi le jour. Le renouveau charismatique s’est très bien implanté, renouvelant les paroisses et proposant des groupes de prière aux personnes assoiffées de vie spirituelle. Le Renouveau catholique a certainement endigué des multitudes de chrétiens peu motivés par le style d’engagement social de l’église catholique et plus attirés par les églises évangéliques.

Les communautés de vie et d’alliance, issues de la mouvance du Renouveau, sont nombreuses (plusieurs centaines), et vivent un fort élan vocationnel et missionnaire à l’intérieur du pays. Certaines d’entre elles, ont même déployé des fondations en Europe (dont en France) : Cançao Nova, Shalom, Nova Alliança…

Dans ce phénomène religieux nouveau, il faut relever un grand nombre d’églises évangéliques qui connaissent une croissance importante. Mais au Brésil, on parle rarement de sectes ! Même les églises évangéliques d’originalité de toutes sortes, sont reconnues comme « églises ». »

Pour vous, ces méthodes peuvent-elles être importées en France ?

Les méthodes d’évangélisation brésiliennes sont dans l’ensemble très modernes, elles s’insèrent complètement dans la culture ambiante : les groupes de musique, les shows d’évangélisation (avec autant de décibels que les groupes rocks connus), les célébrations rythmées et nombreuses. Certains chanteurs catholiques sont populaires comme toutes les autres vedettes du show-business, parmi eux : le Père Marcello Rossi, Swely Façanhas, les groupes tels que les Anges du Rachat, Message.

Certaines manifestations spontanées et extérieures de la culture brésilienne auraient certainement du mal à se communiquer avec nos mentalités françaises plus statiques et cérébrales !

Cependant, ce qui peut certainement être importé en France : l’enthousiasme de la foi, la joie de la vie chrétienne, le goût pour la vie spirituelle, le fait d’être bien dans sa peau de chrétien dans la société actuelle, la liberté dans les relations humaines et fraternelles.

« Combattre le découragement », père Jonas Abib

http://www.editions-beatitudes.fr/

Cançao Nova, la webtv en France

http://www.webtvcn.fr

Encore un mot...
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1 réflexion sur « Cancão Nova, la télé missionnaire »

  1. Jean-Baptiste Maillard

    ce n’est pas une "importation américaine" puisqu’il s’agit d’une initiative brésilienne ! d’autre part, ce n’est pas l’image d’un évêque mais de nombreux évêques ! l’Eglise soutient cette initiative, donc l’Eglise en France, qui fait partie de l’Eglise universelle aussi !

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