L’apostolat, une impétueuse nécessité

Voici un très beau texte sur l’évangélisation, reçu hier, dans lequel le Père Jean d’Elbée, ancien supérieur général de la Congrégation des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie (Picpus), souligne que « l’apostolat extérieur des laïcs n’est pas une chose facultative, un luxe, mais une obligation, une impétueuse nécessité ».

La charité des charités, c’est l’apostolat. « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire »

Il dépend de nous qu’il y ait plus ou moins de sauvés. Le champ de l’apostolat est immense : tant de dévoyés par l’impureté, par l’orgueil qui mène à la haine ; pensez à l’ignorance, à l’indifférence des masses sans le Christ, ni dans la vie, ni dans la mort, ces foules sans Dieu. Pensez aux milliards de païens qui couvrent le monde, au nombre chaque jour plus grand des brebis hors du bercail. Songez aux nombreux baptisés qui manquent d’ambition surnaturelle –cela aussi est une tristesse, qui manquent d’amour confiant et de flamme apostolique, qui se disent les amis de Jésus et qui le sont si peu.

Mais, vous le savez, avant l’apostolat de la parole et de l’action, il y a l’apostolat de la prière et de la souffrance sans lequel l’apostolat extérieur ne serait rien, exactement rien. La parole, l’action ne viennent qu’en dernier lieu, après ce que j’appellerai l’apostolat du silence dans l’amour, qui fut le grand apostolat de Jésus et de Marie, à Nazareth, pendant trente ans.

Dans le magnifique dogme de la Communion des Saints, ne doutez jamais que vous êtes en réalité apôtres, si vous aimez, rien que parce que vous aimez. Jésus peut vous le cacher pour augmenter le mérite de votre foi, mais n’en doutez jamais. Remerciez-le tous les jours pour les âmes que vous sauvez, sans le savoir, par vos actes d’amour.

Aussi demandez non seulement des retours de pécheurs, mais que les bons deviennent les très bons et que les très bons deviennent des saints. Demandez non seulement des conversions d’âmes, mais des ascensions d’âmes, parce que Jésus a non seulement soif de voir les pécheurs se convertir, mais il a peut-être plus soif encore de voir les âmes qu’il a choisies monter, grandir dans l’amour, s’unir plus intimement à lui.

Il a besoin d’âmes vraiment aimantes, vraiment hosties, vraiment transformées en lui-même par l’amour. Il en a besoin pour sauver les hommes.

Quand tout est fait par amour, tout devient prière, oraison, contemplation.

Non ! L’apostolat extérieur des laïcs n’est pas une chose facultative, un luxe, mais une obligation, une impétueuse nécessité.

Quand vous pensez aux pauvres qui meurent de faim, aux victimes de catastrophes et de guerres meurtrières, votre cœur se serre, votre bourse s’ouvre. Votre cœur doit se serrer encore plus fort, quand vous pensez que des âmes meurent de faim spirituelle, par millions. Jésus a soif de ces âmes. Elles ne peuvent aller à Lui car elles ne le connaissent pas. Il ne peut aller à elles visiblement, parce qu’il est condamné au silence, caché au Tabernacle. Il a besoin d’autres lui-même.

Vous trouverez des joies insoupçonnées dans cet apostolat actif où vous n’aurez pas regardé à votre peine, où vous n’aurez pas écouté vos fatigues et vos répugnances, où vous vous serez oubliés vous-mêmes. Ce sera un gain pour vous, une féconde expérience de vous être adaptés à divers milieux, à divers sentiments, joies et peines des autres. Si vous savez ainsi dilater les cœurs, vous verrez des merveilles cachées, des choses à confondre. Vous verrez qu’il y a, en somme, peu de vrais méchants, beaucoup d’ignorants et de faibles. Vous aurez gardé alors un juste milieu entre un pessimisme qui est un manque de foi et un optimisme béat qui ne voit pas le mal, le danger et l’enfer déchaîné.

Pensez que chaque âme gagnée en gagne d’autres, et que vous serez pour toujours les pères, les mères spirituelles d’une multitude d’élus qui viendront vous chercher à votre arrivée, à la porte du paradis, ou que vous recevrez quand ils y arriveront.

Encore un mot...
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