Archives de l’auteur : Guillaume de Prémare

Préservatif : le pape s’est exprimé en toute liberté

En montrant son grand soucis pastoral, le pape ouvre la voie à une meilleure réception de la parole de l’Eglise, ce qui ne peut que favoriser l’évangélisation.

Lors de la présentation à la presse de Lumière du monde, son livre d’entretien avec le pape, Peter Seewald a manifesté une forme de déception quant à la réception de l’ouvrage : « Notre livre évoque la survie de la planète qui est menacée, le pape lance un appel à l’humanité, notre monde est en train de s’effondrer, et la moitié des journalistes ne s’intéresse qu’à la question du préservatif. » S’il a raison d’attirer l’attention sur les autres questions essentielles traitées dans Lumière du monde, la posture d’indignation de l’auteur demeure surprenante. Comment les propos du pape auraient-ils pu échapper à un retentissement spectaculaire ?

Dans Famille Chrétienne, un théologien romain, le père Biju-Duval, suggère que la pression médiatique est telle que « l’Eglise s’est trouvée contrainte de s’exprimer publiquement », curieuse manière de jeter le doute sur le pape en avançant une hypothèse totalement improbable. Le père Lombardi a précisé très naturellement que le pape n’était pas « naïf » et qu’il s’attendait à des réactions nombreuses. Tout indique en effet que le pape a parlé en conscience et en toute liberté, s’attendant parfaitement à la « surmédiatisation » de l’affaire. Car, de fait, ses propos constituent un « scoop énorme ».

C’est un « scoop énorme » parce que pour la première fois, un pape parle directement de l’usage du préservatif dans un cas concret, même s’il faut situer son propos dans un message plus large sur la prévention du Sida et la nécessaire « humanisation de la sexualité ». Pourquoi le pape a-t-il le courage de parler si concrètement, se plaçant volontiers sur un terrain qu’il sait miné, ouvert à toutes les interprétations, minimalistes ou maximalistes ? Parce que c’est nécessaire, tout simplement : environ 25 % des malades du Sida dans le monde sont pris en charge par des institutions catholiques. Cela signifie que l’Eglise connaît parfaitement les problématiques liées à la dramatique expansion du Sida : elle sait que la politique du « tout préservatif » n’enraye pas le Sida ; mais elle sait aussi que, sur le terrain, des catholiques, laïcs et religieux soucieux d’être fidèles à l’Eglise, sont confrontés quotidiennement à des cas concrets qui interrogent leur conscience.

Des « cas » : c’est à mon avis le mot clé dans cette incroyable affaire. Le pape n’ouvre pas la porte à une évolution de la théologie morale de l’Eglise, il ouvre la porte à une « étude de cas », à la lumière de la théologie morale de l’Eglise, ce qu’on appelle la « casuistique ». Dans la logique intellectuelle de l’Eglise, on ne part pas des cas particuliers subjectifs pour définir la doctrine générale objective ; on se fonde sur la doctrine pour étudier des « cas ». Le pape évoque, sans le traiter au fond, le cas d’un prostitué. Peut-être veut-il appeler les théologiens à étudier précisément ce « cas » et d’autres « cas » ?

Quel soulagement pour les innombrables fidèles catholiques engagés sur le terrain dans la lutte contre le Sida si un large travail « casuistique » était fait. Car il s’agit bien d’éclairer les consciences : c’est assurément la mission de « l’Eglise enseignante ». En quelque sorte, ce pape ne fait pas un « coup de communication » pour restaurer son image, il ne cède pas sous la pression, il fait son travail et n’hésite pas à prendre le risque conscient de la surinterprétation de ses propos. Il se pourrait bien que ce courage soit l’un des faits majeurs de ce pontificat.

Billet publié initialement sur Urgence com catho

Marche pour la vie 2010 : relevé d’ambiance

Marche pour la vie 2010

Défendre la vie est aussi oeuvre d’évangélisation. Dimanche dernier avait lieu la 6e Marche pour la vie, 35 ans jour pour jour après la promulgation de la loi Veil qui a légalisé l’avortement en France. À l’issue de plusieurs prises de parole place de la République, notamment de représentants de délégations étrangères (Italie, Roumanie, Pologne, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne), le cortège a démarré en direction de la place de l’Opéra. Selon les organisateurs, 20.000 à 25.000 personnes ont défilé, dont une majorité de familles et de jeunes de moins de 25 ans. Pour le ministère de l’Intérieur, il n’était que 3500. L’an dernier, la participation avait été de 2.800 personnes selon la police et de 15.000 selon les organisateurs. Vingt-cinq évêques ont soutenu l’évènement, demandant parfois d’éviter toute récupération politique. L’un d’entre eux était même présent, pour la première fois depuis la création de cette marche. Guillaume de Prémarre était présent, il nous offre un relevé d’ambiance.

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« On n’a pas le choix ! »

Discussion avec une infirmière scolaire, quadra, sympa, mère de famille, catho engagée dans les cours Alpha : « Tu sais, c’est pas facile, raconte-t-elle, je passe une partie de mon temps à distribuer aux gamines des capotes et des pilules du lendemain. » Je la questionne : « Est-ce que les gamines progressent, se responsabilisent, est-ce que ça marche ? »

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