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En quoi la nouvelle évangélisation est-elle nouvelle par ses méthodes ?

Etancher ma soif.com, un site de nouvelle évangélisation lancé l'été dernier, en pleine canicule.


En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire. Voici la suite de notre série sur le thème « à quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? ».

Dans nos précédents articles (ici et ), nous avons identifié les contours de la nouvelle évangélisation définis par nos trois derniers papes et avons commencé à aborder les trois caractéristiques de cette nouveauté selon Jean Paul II : « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ». Après avoir expliqué en quoi elle est nouvelle par son ardeur, nous abordons ici la deuxième caractéristique de la nouvelle évangélisation.

Une évangélisation nouvelle par ses méthodes

1. L’annonce du kérygme

Qui dit méthode, dit pédagogie, cheminement pour accompagner ses interlocuteurs. D’où l’importance de saisir toute la différence entre « kérygme » et « catéchèse » comme l’ont toujours fait les chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise, annonçant la foi dans les sociétés paganisées : le premier est l’annonce de la personne de Jésus et de son œuvre bienfaisante dans nos vies ; le second est la transmission de ce que recouvre la foi et ses conséquences. L’un et l’autre sont essentiels pour la vie chrétienne, mais le premier précède le second, sans quoi l’évangélisation ne porte pas du fruit et la catéchèse – aussi intelligente et pédagogique soit elle – s’avère tôt ou tard stérile au plan apostolique. Une telle distinction donne une clé de lecture essentielle pour comprendre l’érosion constante depuis des décennies de la pratique religieuses et de l’intérêt pour la foi au sein de très nombreuses Eglises malgré les trésors de générosité, de foi et d’énergie que l’Eglise investit dans son travail catéchétique auprès d’enfants ou d’adulte ayant quasiment tous grandi dans un contexte familial et social si marqué par l’athéisme et les philosophies des Lumières.

Le kérygme est à la catéchèse, ce que la naissance est à la croissance : il la précède, il lui est préalable, il en est même la condition pour que fructifie la catéchèse.

Le kérygme ne « donne » pas la vie, c’est Dieu qui la donne ; mais la prédication vivante du kérygme, l’attestation par le témoignage réveillent dans le cœur qui la reçoit, la puissance de vie d’enfant de Dieu inscrite en chacun de nous ; le kérygme nous conduit à désirer ou à faire fructifier le Salut du Christ donné au baptême, à le rendre efficient par la réponse de la foi et l’accueil de Jésus de Nazareth comme Fils de Dieu, comme seul et véritable Messie pour chaque homme ou femme.

La catéchèse déploie pour sa part toute les conséquences de cet acte de foi et de vie qu’est la reconnaissance et l’accueil de la personne de Jésus ; elle recouvre le 1er volet de ce que les Actes des Apôtres décrivent comme conséquences de cette adhésion au Christ par la foi : « ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (1).

2. L’importance du témoignage

Cette nouvelle pédagogie missionnaire est avant tout centrée sur l’authenticité du message avancé, et non la présentation des dogmes ou des pratiques religieuses : elle est assise sur le témoignage humble et l’expérience personnelle de l’amour du Père, du Salut du Christ, de l’illumination de L’Esprit-Saint. Paul VI a beaucoup insisté sur cette exigence désormais incontournable pour évangéliser nos contemporains : « aujourd’hui, le monde écoute davantage les témoins que les maîtres, ou s’il écoute des maîtres, c’est avant tout parce qu’ils sont des témoins ». C’est une évolution pastorale majeure dans une société de chrétienté millénaire où on naissait chrétien, on vivait chrétien, on mourrait chrétien : il fallait nourrir la foi, non l’éveiller ou la faire naître. La vie apostolique se résumait à Ac 2, 42 : la catéchèse, la liturgie, la vie paroissiale, les œuvres de charité, mais l’importance première du kérygme et de l’œuvre de Pentecôte n’étaient que sous-jacentes. Puisque l’enfant dès son plus jeune âge était évangélisé de multiple manières par sa famille, l’Eglise se concentrait sur la catéchèse et la liturgie car elle prenait pour acquis l’événement fondateur de la foi, c’est-à-dire la rencontre personnelle avec Dieu dont le signe le plus évident est la certitude intérieure d’être immensément aimé par lui sans condition et sans mérite !

Pour renouer le fil de cette expérience primordiale de l’amour de Dieu, Paul VI insista sur la nécessité d’articuler témoignage de vie et annonce intégrale du kérygme : « Il n’y a pas d’évangélisation véritable sans que le nom, l’enseignement, la vie, le règne, les promesses, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne soient annoncés ».

3. Avoir pour objectif  la conversion

Pour sa part, Jean-Paul II insista sur la finalité de l’évangélisation qui est bien la conversion, renoncement explicite et public au mal et aux faux dieux par un acte libre et le choix personnel du Christ. La conversion est un thème-clé de son encyclique-testament qu’est « Au début du nouveau millénaire » (2). Cette reconnaissance de l’importance de la conversion comme fruit de la mission n’est pas bien entendu une « nouveauté » apostolique, mais un retour aux sources rendu particulièrement nécessaire lorsque que des pans entiers de l’Eglise sont touchés par le sécularisme, le relativisme et le doute. Paul VI dénonça le premier « le manque de ferveur d’autant plus grave qu’il vient du dedans (de l’Eglise) : il se manifeste dans la fatigue et le désenchantement, la routine et le désintérêt, et surtout le manque de joie et d’espérance ». Tout en réfutant les « alibis insidieux » soi-disant inspirés du Concile, il rappelle la honte de Paul à l’égard de ceux qui « rougissent de l’Evangile » (3) ; Jean Paul II, pour sa part, met en garde contre « une indifférence malheureusement très répandue parmi les chrétiens et souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnées d’un relativisme religieux qui porte à considérer que toutes les religions se valent »(4).

Désirer la conversion de ceux à qui il nous est donné l’immense joie d’annoncer le Christ, nous place devant cette évidence : comment ne pas être le premier concerné par la conversion de mon cœur pour transmettre ce que j’ai moi-même expérimenté ? Même si, comme Obélix, nous sommes nombreux à être tombés dans la potion magique de l’Eglise quand nous étions petits, nous avons besoin de retrouver l’audace d’affronter les païens qui nous entourent pour découvrir combien cette force nous habite ! Prions l’Esprit-saint de nous remplir de l’audace des générations d’enfants de Dieu missionnaires qui ont transmis fidèlement depuis 2000 ans, la Bonne Nouvelle, parfois même au prix de leur vie.


Références

(1) Ac 2, 42
(2) Et le sujet central des § 46 et 47
(3) Paul VI, exhoratation apostolique Evangelii nuntiandi sur « L’évangélisation dans le monde moderne », § 79 et 80
(4) Jean Paul II, encyclique Redemptoris missio sur « La Mission du Christ Rédempteur », § 58

Adoration et évangélisation : colloque à Rome


Du 20 au 23 juin 2011 aura lieu à Rome un colloque international sur l’adoration eucharistique intitulé «Adoratio 2011 ». Organisé par les Missionnaires du Très Saint-Sacrement, communauté nouvelle reconnue par Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, en 2007, ce colloque rassemblera un large éventail d’intervenants du monde entier, dont sept cardinaux.

« La première condition de la nouvelle évangélisation, c’est l’adoration », a déclaré Mgr Rey. « Nous devons retrouver la capacité d’adorer le Christ dans la très sainte Eucharistie, si nous voulons conduire les hommes et les femmes du XXIe siècle à la foi en Jésus-Christ. C’est l’un des thèmes clés du pontificat du pape Benoît XVI », a-t-il souligné, « c’est pour cette raison que nous avons décidé cette initiative. »

Adoratio 2011 comprendra quatorze conférences, des carrefours, la célébration de la messe sous les formes nouvelles et anciennes, l’adoration de nuit et l’office divin. Environ 300 participants sont attendus, auxquels viendront s’en ajouter d’autres pour l’une ou l’autre des interventions chaque jour. Une traduction simultanée sera assurée en différentes langues.

Le colloque s’achèvera par la célébration de la Solennité de la Fête Dieu avec le pape Benoît XVI dans sa Basilique (Saint-Jean de Latran) et la procession eucharistique vers la Basilique de Sainte-Marie-Majeure qui suivra.

Le père Florian Racine, fondateur des Missionnaires du Très Saint-Sacrement et organisateur principal, a déclaré : « Nous sommes convaincus que ce colloque apportera une contribution importante au nouveau printemps de l’Adoration Eucharistique si chère au cœur de notre Saint-Père Benoît XVI. Nous sommes impressionnés de voir tous ceux qui donnent déjà tant pour que ce colloque aille bien au-delà de nos espérances. Adoratio 2011 promet d’être un événement international important pour la vie de l’Église en 2011. »

Parmi les intervenants figureront :

– le cardinal Francis Arinze, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements
– le cardinal Raymond Burke, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique
– le cardinal Antonio Canizares Llovera, préfet de la Congrégation du culte divin et de la discipline des sacrements
– le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, Sri Landa, ancien secrétaire de la Congrégation pour le culte divin
– le cardinal Mauro Piacenza, président de la Congrégation pour le clergé
– le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical justice et paix
– Mgr Giovanni d’Ercole, évêque auxiliaire de L’Aquila, Italie
– Mgr D. José Ignacio Munilla, évêque de Saint-Sébastien, Espagne
– Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, France
– Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de Karaganda, Kazakhstan
– Mgr Guido Marini, Maître de cérémonie, Cité du Vatican
– P. Nicolas Buttet, Fondateur de la Communauté Eucharistein, Suisse
– P. Mark Kirby, Prieur du monastère bénédictin diocésain de Notre Dame du Cénacle à Tulsa, Oklahoma
– P. Florian Racine, Fondateur des Missionnaires du Très Saint Sacrement, Sanary, France
– Mère Adela Calindo, Fondatrice des servantes des coeurs transpercés de Jésus et Marie, USA
– Sr. Joseph, Missionnaire de la charité, Calcutta, Inde

Source : d’après Zenit

En quoi la nouvelle évangélisation est-elle nouvelle par son ardeur ?

En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire. Voici la suite de notre série sur le thème « à quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? ». Deuxième volet : en quoi est-elle nouvelle par son « ardeur » ?

Dans notre précédent article, nous avons détaillé les grandes lignes de la nouvelle évangélisation. Il nous semble important maintenant de préciser les trois « caractéristiques pratiques » proposées par Jean-Paul II : « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ». Elles sont de fait des interpellations personnelles qui peuvent nous aider à mieux discerner notre propre « maturité de la foi » et la « conversion radicale de notre état d’esprit » que le pape appelle de ses vœux. Nous abordons ici la première caractéristique.

Une évangélisation nouvelle par son ardeur

L’ardeur vient de « ardent », tel un feu : les disciples d’Emmaüs ont le cœur brûlant après leur rencontre du Christ, la Pentecôte et tant de passages des Actes nous illustrent le feu intérieur des disciples. Brûler d’ardeur et de zèle pour l’Evangile n’est pas le fruit d’une excitation humaine ou l’effet de drogues illicites (1), mais bien le signe que l’Esprit promis aux disciples par le Christ lui-même est bien présent et agissant avec puissance.

Un des plus grands évangélisateurs catholiques depuis cinquante ans fut le Père Emiliano Tardif : il affirmait que « brûler pour l’Evangile est un élément fondamental de l’Evangélisation », comme l’illustre la Parole de Dieu.

le zèle de ta maison me dévore dit le psalmiste (2)
– comme Pierre et Jean, nous ne pouvons taire tout ce que nous avons vu et entendu (3)
– comme Jérémie, nous avons un feu qui nous dévore les os (4) pour nous pousser à évangéliser

Le zèle, le feu, l’ardeur des missionnaires sont à la mesure du bouleversement réel qu’ont opéré dans notre vie la rencontre, la vie et l’amour du Christ : plus que des doctrines, le prédicateur doit avoir le feu d’amour de Jésus dans son cœur, et comme il ne peut garder pour lui cette expérience brûlante, il la partage avec flamme, vérité, authenticité.

Deux précisions au regard de très nombreuses expériences de par le monde :

– l’évangélisateur « nouveau » témoigne des merveilles de Dieu dans sa vie, et non ce qu’il a appris sur Dieu ; l’évangélisateur peut donc être un simple baptisé : ce n’est pas d’abord un pasteur, un professeur ou un docteur ; néanmoins, le concours de ces derniers reste indispensable pour former les missionnaires, s’assurer qu’ils confessent et attestent la vraie foi, et que leur vie se conforme peu à peu à la foi qu’ils proclament.

– l’ardeur du témoin n’est pas le fruit de caractères expansifs ou extravertis, mais avant tout le fruit de l’action de l’Esprit-Saint accueilli par ceux qui évangélisent ; c’est donc lui qui oint les missionnaires de force comme l’exprime Paul : « ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration d’Esprit et de puissance (5) ». Paul VI confirme toute cette action irremplaçable de l’Esprit-Saint aujourd’hui au service de la mission : « les meilleures techniques d’évangélisation ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit Saint ; sans Lui, la plus convaincante des dialectiques est impuissante sur l’esprit des hommes car c’est Lui qui, dans le tréfonds des consciences, fait accepter et comprendre la Parole du Salut » (6), tandis que Jean-Paul II insiste sur l’impératif de « raviver en nous l’élan des Origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte » (7).

Nous voilà de nouveau interpellés par le successeur de Pierre : sommes-nous prêts à laisser agir l’Esprit en nous pour annoncer la Bonne Nouvelle ? Sommes-nous conscients du trésor que nous portons ? Comment pouvons-nous nous taire alors que tant et tant souffrent de ne pas connaitre le Christ ? Sans doute, comme nous y invite Jean-Paul II, avons-nous besoin de retrouver en nous cette présence vivante du Christ pour la porter au monde en ajoutant à notre témoignage de vie, une parole explicite : c’est la première des charités comme le dit Benoit XVI, que de dire au nom de qui et pour qui nous vivons ainsi, que de proposer la foi à tous sans distinction

Références :

(1) Quoique cela puisse en donner quelque peu l’apparence : « ils sont plein de vin doux » dit-on des disciples à la Pentecôte
(2) Ps 69
(3) Ac 4, 20
(4) Jr 1, 13
(5) 1 Co 2, 4
(6) Paul VI « L’évangélisation dans le monde moderne » § 75
(7) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » § 47

A quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? (1/4)

Evangélisation lors du festival de Cannes avec Anuncio

Dans la suite de l’entretien d’Alex et Maud Lauriot Prévost réalisé pour Zenit, nous leur laissons la parole pour vous proposer une série de billets sur cette question de la nouvelle évangélisation, de façon plus approfondie encore. Premier volet : pourquoi s’agit-il d’une impulsion missionnaire nouvelle ?

En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire.

Une impulsion missionnaire nouvelle

Pour beaucoup, la nouvelle évangélisation reste un mystère ; elle a cependant été bien définie dans ses contours et sa substance par Jean-Paul II.

1°/ Son contenu : il est bien entendu le même depuis 2000 ans. L’Eglise et le monde ont besoin d’une nouvelle évangélisation, non d’un nouvel Evangile ! Il s’agit simplement d’annoncer d’une manière nouvelle et avant tout renouvelée, en veillant à se concentrer sur le cœur de la foi qui peut retourner des vies, toucher et attirer les cœurs des croyants et non-croyants.

2°/ Ses causes : « On doit considérer comme dépassé dans les pays d’ancienne évangélisation, la situation d’une ‘’société chrétienne’’ qui se référait explicitement aux valeurs évangéliques… Alors que l’humanité est en recherche et bien souvent malade, notre époque nécessite une impulsion missionnaire nouvelle » (1). D’où l’importance, d’être avant tout à l’écoute du vécu de nos contemporains, de ses souffrances et de ses « maladies » intérieures, de ses attentes existentielles et des voies de traverse si souvent utilisées pour compenser leur méconnaissance du Christ et de son amour pour nous.

3° / Son état d’esprit : « Il faut raviver en nous l’élan des origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte (…) avoir la même disponibilité que les apôtres pour écouter les voix de l’Esprit, le même courage pour relever les défis missionnaires » (2). D’où l’importance d’une plus grande vie dans l’Esprit des communautés chrétiennes pour vivre de cet esprit apostolique, et d’une formation à la prédication kérygmatique.

4° / Ses conditions de mise en œuvre : « Celui qui a vraiment rencontré le Christ, il ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer, au risque de devoir se poser courageusement cette question : ‘si je n’ai pas le goût de l’annoncer, l’ai-je vraiment rencontré ?’ » (3). D’où l’importance pour les catholiques de relire et de discerner dans l’Esprit-Saint comment et où le Christ nous a rencontrés, aimés et sauvés, et de ne pas se contenter de se dire chrétien ou de pratiquer la religion catholique par tradition, habitude, simple choix intellectuel ou choix de valeurs.

5° / Ses exigences ecclésiales : « La mission est le signe le plus clair de la maturité de la foi » car elle témoigne d’une « conversion radicale de son état d’esprit » tant « au niveau des personnes que des communautés. C’est en devenant missionnaire que la communauté chrétienne pourra dépasser ses divisions et ses tensions internes et retrouver son unité et la vigueur de sa foi (…) On devra apprécier la valeur des organismes, des mouvements, des paroisses et des œuvres apostoliques de l’Eglise à la lumière de l’impératif missionnaire » (4). D’où la surprenante grille de discernement que le magistère de l’Eglise propose désormais d’utiliser pour mesurer – à partir de la mise en œuvre ou non de cette dynamique personnelle et collective de la nouvelle évangélisation – la « valeur » des différentes institutions ecclésiale et la « maturité » chrétienne des baptisés.

6 °/ Son universalité : il s’agit d’un impératif qui s’adresse à tous les baptisés. « La nouvelle évangélisation est un engagement qui nous concerne tous » (Benoît XVI) car il s’agit de « susciter dans l’Eglise un nouvel esprit missionnaire qui ne saurait être réservé un groupe de ‘spécialistes’, mais qui devra engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu » (5). C’est pourquoi la nouvelle évangélisation s’empare aujourd’hui progressivement de toute l’Eglise, bien au delà des seuls nouveaux mouvements (paroisses, diocèses, aumôneries, etc.) qui ont été parmi les premiers à faire jaillir toutes sortes d’initiatives missionnaires adaptées à notre génération.

7°/ Ses caractéristiques pratiques : « la nouvelle évangélisation demande à chacun une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage pour l’annonce et le témoignage évangéliques » (6).

Il est à noter qu’au travers de ces éléments, les papes lancent avec vigueur et de façon réitérée, à la suite de Saint Paul, un appel à « être toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui nous habite à quiconque nous en fait la demande ». Demandons ensemble la force de l’Esprit-Saint pour que nous soyons à notre tour les témoins dont le Christ à besoin pour rassasier la soif de tous nos contemporains !

Nous allons revenir sur les trois éléments majeurs qui caractérisent la nouvelle évangélisation selon Jean Paul II: « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ».

La semaine prochaine : pourquoi s’agit-il d’une évangélisation nouvelle par son ardeur ?

Références

(1) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » § 47
(2) Idem § 3 puis 30
(3) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » idem § 40
(4) « La Mission du Christ Rédempteur » § 48 et 49
(5) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » idem § 40
(6) Jean Paul II – 25 mars 1992

La nouvelle évangélisation doit rééquilibrer annonce du kérygme et catéchèse (II/II)


En lui donnant un Conseil pontifical et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, la nouvelle évangélisation apparaît comme un défi majeur pour l’Eglise en ce début de XXIe siècle. ZENIT a interrogé Alex et Maud Lauriot Prévost, couple missionnaire et formateur à la mission, acteurs de la nouvelle évangélisation en France et à l’étranger depuis près de 30 ans. Nous reproduisons ici la deuxième partie de l’entretien avec Alex et Maud Lauriot Prévost que nous avons réalisé pour Zenit. (La première partie, c’est ici).


ZENIT – Un autre volet de la nouveauté méthodologique est le recours au témoignage ?

Alex et Maud Lauriot Prévost – Cette nouvelle pédagogie missionnaire est avant tout centrée sur l’authenticité du message annoncé, et pas sur la seule présentation des dogmes ou des pratiques religieuses : elle est assise sur le témoignage humble et l’expérience personnelle de l’amour de Dieu. Paul VI a beaucoup insisté sur cette exigence désormais incontournable pour évangéliser nos contemporains car « aujourd’hui, dit-il, le monde écoute davantage les témoins que les maîtres, ou s’il écoute des maîtres, c’est avant tout parce qu’ils sont des témoins ». Toutes les écoles d’évangélisation aujourd’hui de par le monde forment les missionnaires – jeunes, couples, prêtres, religieux – à donner leur témoignage.

Le dernier volet de la nouveauté méthodologique est de viser la conversion de ceux qui sont évangélisés. Mais est-ce vraiment nouveau ?

La reconnaissance de cet objectif de la mission n’est pas, bien entendu, une nouveauté apostolique, mais un retour aux sources, rendu nécessaire lorsque certains dans l’Eglise sont touchés par le sécularisme, et même le relativisme et le doute : Paul VI réfutait déjà des «alibis insidieux » soi-disant inspirés du Concile. Il rappela la honte de Paul à l’égard de ceux qui « rougissent de l’Evangile » ; il regretta chez certains « le manque de ferveur d’autant plus grave qu’il vient du dedans de l’Eglise et qui se manifeste dans la fatigue et le désenchantement, la routine et le désintérêt, et surtout le manque de joie et d’espérance ». C’est pourquoi, Jean-Paul II était si attaché à bien préciser que l’objectif de l’évangélisation est de conduire – dans la grande liberté des enfants de Dieu – à la conversion, qui est don de Dieu, renoncement explicite et public au mal et aux faux dieux par un acte libre et le choix personnel du Christ. C’est là un thème-clé de sa lettre apostolique – testament « Au début du nouveau millénaire », où il met en garde contre « une indifférence, malheureusement très répandue parmi les chrétiens et souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnées d’un relativisme religieux, qui porte à considérer que toutes les religions se valent ».

Pouvez-vous présenter la dernière caractéristique de la nouvelle évangélisation selon Jean-Paul II : « un nouveau langage » ?

Pour comprendre, il nous faut regarder avant tout Jésus, le premier et le plus grand des évangélisateurs : il va à la rencontre de ses contemporains, aussi bien dans le Temple et les synagogues que sur les routes et dans leurs maisons ; il transmet l’Evangile de manière simple et directe, attestant ses propos par des signes messianiques : « Jésus parcourait la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle, guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple. » L’évangélisation à l’école du Christ est donc assise sur trois piliers : l’inculturation du message, l’annonce de la Parole de Dieu et la guérison des malades.

Qu’est ce que l’inculturation du message ?

Jean-Paul II souligne combien «le christianisme du troisième millénaire devra répondre toujours mieux à cette exigence d’inculturation », c’est-à-dire au souci permanent « d’aller au-devant des exigences de chacun en ce qui concerne la sensibilité et le langage », en rejoignant chacun sur leur lieux de vie et au travers de leurs modes culturelles ou d’expression. D’où toute l’importance aujourd’hui d’évangéliser par exemple sur Facebook, par la musique, dans les boites de nuit, dans la rue ou au travers du porte-à-porte et en abordant de front toutes les questions existentielles qui habitent souvent douloureusement et nourrissent la « langueur » des hommes : la justice, l’amour, le sexe, la famille, le travail, les conflits, la souffrance, la vie, la mort…

Comment l’annonce de la Parole de Dieu peut-elle recouvrir une nouveauté ?

Là encore, c’est un retour aux sources : n’a-t-on pas trop souvent présenté la foi de manière avant tout catéchétique, en proposant une morale, des valeurs, des questions de pratique religieuse ou des dogmes ? C’est bien sûr important, mais surtout utile pour des croyants. L’évangélisation des non-croyants chez les apôtres s’appuie sur l’annonce de la personne de Jésus, sur sa vie et le cœur de sa mission, sur la Parole de Dieu qui sont en eux-mêmes puissance évangélisatrice. D’où l’importance de s’appuyer explicitement sur la Révélation faite en Jésus-Christ, dont les textes évangéliques, les Actes et les Epîtres sont dépositaires : combien de fois avons-nous expérimenté depuis près de 30 ans qu’il n’y a pas plus « efficace » pour conduire au Christ qu’une prédication qui présente et traduit en langage d’aujourd’hui les textes néo-testamentaires !

Vous évoquez enfin que le langage nouveau de la mission passe par la guérison ? N’est-ce pas aller trop loin ?

La guérison des maladies, physiques et intérieures, est le 3ème pilier de l’évangélisation de Jésus lui-même. Certes, elle est la plus dérangeante, et, lorsqu’elle fut minimisée ou oubliée dans la pratique et l’histoire de l’Eglise, ce fut à chaque fois lorsque la prédication kérygmatique était marginalisée ou oubliée. Pourtant, ouvrons les yeux ! Nos contemporains sont las de belles paroles, de belles conférences savantes ou pieuses sans effet sur leur vie : ils veulent être témoins des « merveilles de Dieu » qui sont annoncées dans la foi de l’Eglise, ils attendent de toucher de près l’authenticité et l’efficacité de l’Evangile du Christ. D’où l’importance pour ces personnes d’écouter et de voir des témoins de la foi pour illustrer cette authenticité, et d’être témoin de guérisons pour attester de cette efficacité. La guérison au nom de Jésus est la manifestation où se révèle le triomphe du Christ sur la maladie, le péché et la mort que nous confessons dans le Credo ; et le témoignage ou la constatation de ces guérisons interpellent et édifient croyants et incroyants : ils sont alors d’autant mieux disposés à écouter et à accueillir le message du Salut par adhésion à la personne de Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur.

Pouvez-vous préciser l’articulation entre évangélisation et guérison ?

Si la prédication est pour sa part « Parole de Dieu », la guérison est « manifestation de Dieu », c’est-à-dire authentification de la Parole, attestation pratique que Jésus-Christ est le Messie, qu’il est ressuscité, bien vivant et agissant aujourd’hui dans les vies de ceux qui l’accueillent. Dans les périodes les plus riches de l’histoire de l’Eglise, prédication et guérison ont toujours été associées ; les opposer est un non-sens et peut produire deux dérives : prédication sans guérison risque de dériver vers l’intellectualisme qui n’intéresse plus grand monde ; la guérison sans prédication ou dans le cadre de fausses croyances dérive vers la manipulation, la magie ou le charlatanisme.

Etre témoin de guérisons liées à la mission, n’est-ce pas exceptionnel ?

Certes, si les guérisons physiques sont souvent d’ordre exceptionnel, liées à des ministères charismatiques singuliers (les saints ou des personnes comme le père Emiliano Tardif plus récemment), à des lieux de grâces particulières (Lourdes par exemple), à certaines assemblées liturgiques, spirituelles ou missionnaires (messes pour les malades, rassemblements ou groupes de prière), d’innombrables guérisons intérieures ou relationnelles sont aujourd’hui le fruit de la nouvelle évangélisation, comme l’illustrent depuis 40 ans des centaines de livres ou d’interview, sans parler des innombrables anonymes qui témoignent si régulièrement à leurs proches ou dans divers groupes des merveilles de Dieu dans leur vie.

Vous-même, dans le cadre de vos missions auprès de jeunes ou de couples, êtes-vous témoins de guérisons ?

L’évangélisation des relations affectives, amoureuses et conjugales est d’une grande urgence aujourd’hui, vu les innombrables et profondes blessures en matière d’affectivité ou de sexualité : dans quasiment toutes nos missions, nous sommes témoins de guérisons intérieures car telle parole du Christ, telle prédication, tel exemple concret aura touché, retourné et ouvert les cœurs. La première des guérisons que nous constatons vient tout d’abord des pardons si longtemps refusés, qui sont enfin reçus ou donnés ; elle ouvre la voie à la réconciliation, à l’échange amoureux, à l’accueil de la vie, à la justesse des comportements ou à un bien plus grand respect l’un de l’autre ; dernièrement, un couple blessé depuis longtemps dans sa sexualité, a pu enfin revivre une vraie lune de miel et ils témoignent aujourd’hui d’un bonheur et d’une complicité qu’ils ne connaissaient pas.

L’évangélisation «nouvelle dans son expression » dont parle Jean-Paul II s’accompagne donc logiquement, comme dans l’Evangile et les Actes des Apôtres, par la manifestation de la puissance de Dieu ‘ici et maintenant’, et donc par « des signes et des prodiges » (Ac 2, 22) que l’Esprit-Saint veut répandre. Ce n’est là que réponse au commandement du Christ : « Allez, prêchez, et dites ‘Le royaume des cieux est proche’. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux » (Mt 10, 8).

Pourquoi cette nouvelle évangélisation est-elle une réponse pastorale majeure pour notre temps ?

Avec nos papes, aux côtés de nos pasteurs et théologiens les plus avertis, il nous faut considérer comme dépassé l’ancrage chrétien de nos sociétés occidentales, alors que « l’humanité est en recherche et bien souvent malade », comme le soulignait saint Paul à son époque. Les comportements amoureux et sexuels de nos contemporains en sont un exemple criant. D’où l’importance méthodologique pour les missionnaires du XXIe siècle, d’être avant tout à l’écoute du vécu des hommes et des femmes, de leurs souffrances et de leurs « maladies » intérieures, de leurs attentes existentielles et des voies de traverse si souvent utilisées pour compenser leur méconnaissance de l’amour et du don immense de Dieu pour chacun de nous.

Vous évoquez également certaines exigences ecclésiales pour la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation…

En effet, car «la mission est le signe le plus clair de la maturité de la foi » dit Jean-Paul II puisqu’elle témoigne d’une « conversion radicale de son état d’esprit tant au niveau des personnes que des communautés ». Ce n’est donc selon lui qu’« en devenant missionnaire que la communauté chrétienne pourra dépasser ses divisions et ses tensions internes et retrouver son unité et la vigueur de sa foi », et donc que l’Eglise « devra apprécier la valeur des organismes, des mouvements, des paroisses et des œuvres apostoliques de l’Eglise à la lumière de l’impératif missionnaire ». Vous comprenez combien Jean-Paul II voit loin et met la barre haute puisqu’il définit ainsi de véritables critères de discernement pour mesurer – à partir de la mise en œuvre ou non de cette dynamique personnelle et collective de la nouvelle évangélisation – la « valeur » des différentes institutions ecclésiale et la « maturité » chrétienne des baptisés.

Vous semblez tous deux nourrir un très grand espoir dans le développement de la nouvelle évangélisation ?

Nous sommes certains que l’Esprit-Saint suscite aujourd’hui dans toute l’Eglise un nouvel élan missionnaire. Notre pape invite les pasteurs à y être attentifs et ajoute que la vitalité de l’Eglise gagnerait «à un peu moins d’organisation, un peu plus d’Esprit-Saint » ; par ses décisions, notre pape décide de faciliter au cœur de l’Eglise universelle et de ses institutions l’accueil d’un souffle spirituel et évangélisateur puissant, espérant par là donner toute la bénédiction et l’appui à un renouveau, certes dérangeant, mais puissant et salutaire pour l’Eglise et le monde qui a tant besoin de connaître le Christ. Deo Gratias !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Maillard

Pour découvrir les émissions, prédications, livres d’Alex et Maud Lauriot Prévost, cf. www.evangilepourlecouple.fr

La nouvelle évangélisation doit rééquilibrer annonce du kérygme et catéchèse (I/II)

Un entretien d’Alex et Maud Lauriot Prévost réalisé par nos soins pour Zenit.

En lui donnant un Conseil pontifical et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, la nouvelle évangélisation apparaît comme un défi majeur pour l’Eglise en ce début de XXIe siècle. Nous avons interrogé Alex et Maud Lauriot Prévost, couple missionnaire et formateur à la mission, acteurs de la nouvelle évangélisation en France et à l’étranger depuis près de 30 ans. Voici la première partie de cet entretien publié dans Zenit.

ZENIT – Qu’est ce qui vous a amené à découvrir la nouvelle évangélisation ?

Alex et Maud Lauriot Prévost – La découverte du renouveau charismatique et du père Daniel Ange en 1982 lors d’un grand rassemblement européen à Strasbourg fut pour nous une expérience de Pentecôte fondatrice pour notre vie. Alors que nous préparions notre mariage, Daniel-Ange nous a invité à organiser à Paris le premier rassemblement d’évangélisation de jeunes ; un an après et à l’invitation de l’Eglise, nous l’avons secondé en 1984 puis durant les trois ans de fondation de la première école internationale catholique d’évangélisation pour jeunes de 18 à 30 ans, Jeunesse-Lumière (http://www.jeunesse-lumiere.com), qui fait aujourd’hui référence en matière de formation à la nouvelle évangélisation auprès des jeunes dans l’Eglise. Depuis nous sommes investis dans un ministère d’évangélisation ou de formation à l’évangélisation auprès de jeunes ou de couples, particulièrement sur les thèmes liés à l’amour, à la sexualité, à la vie conjugale, etc. Nous sommes tous deux très fortement imprégnés par Jean-Paul II, lui qui a tellement œuvré à la fois pour le renouveau missionnaire de l’Eglise et celui de l’annonce de l’Evangile du mariage. Appartenir à la « Génération Jean-Paul II » revêt donc pour nous un sens très fort et particulier.

Quel est selon vous le rapport Jean-Paul II et de Benoît XVI avec la nouvelle évangélisation ?

Jean-Paul II a créé le concept de nouvelle évangélisation et l’a promu tout au long de son pontificat. Le cardinal Ratzinger s’est attaché à l’enraciner sur des assises théologiques et ecclésiales très solides. Tous deux très fins connaisseurs de la pensée des philosophes et des intellectuels des XIXe et XXe siècles, ils ont mesuré sans doute mieux que quiconque le contraste saisissant entre la nature du drame existentiel de l’homme contemporain et la pertinence de l’Evangile du Christ pour répondre à ce vide immense qui mine nos sociétés devenues athées. Ils discernent tous deux les réalités et les fruits missionnaires très prometteurs de ce que l’on appelle à Rome, les « Nouveaux mouvements ecclésiaux ». Ceux-ci sont devenus, depuis les années 60, des incubateurs de cette nouvelle évangélisation voulue par Jean-Paul II comme un profond renouveau missionnaire : des laboratoires d’apostolats nouveaux et très diversifiés.

Dans quelle mesure la nouvelle évangélisation plonge-t-elle ses racines dans le concile Vatican II ?

Comme plusieurs mystiques à cette époque, le pape Jean XXIII annonçait un nouveau printemps de l’Eglise à l’ouverture même du concile Vatican II et de nombreux textes conciliaires invitent à ce renouveau missionnaire. En 1975, pour les 10 ans de la clôture du concile, l’Eglise posa à nouveau des actes de portée à la fois universelle et prophétique sur ce thème : Paul VI eut le premier cette lecture des « signes des temps » en publiant l’exhortation apostolique sur « L’évangélisation du monde moderne », première ébauche de la nouvelle évangélisation sur laquelle Jean-Paul II s’appuiera constamment ; il accueillit également à la Pentecôte dans la basilique Saint Pierre les représentants du Renouveau Charismatique du monde entier en attestant que « le Renouveau est une chance pour l’Eglise ».

Le futur Benoît XVI percevait-il ces germes de renouveau spirituel et missionnaire dans l’Eglise ?

Dès les années 60, Joseph Ratzinger, jeune expert du concile et brillant théologien, a rapidement fait le lien entre cette éclosion non programmée de mouvements ecclésiaux au sein de la jeunesse catholique et la puissante vague missionnaire que ces mouvements ont suscitée. Il témoigna à de nombreuses occasions de sa perception d’une véritable « irruption de l’Esprit » durant toutes ces années, créant un puissant contraste avec la crise qui secouait en profondeur et en parallèle des pans entiers de l’institution ecclésiale ; il fit sa propre expérience auprès de communautés nouvelles et du renouveau charismatique dès le début des années 60, ce qui fut pour lui « une grâce, une joie dans son sacerdoce et aussi un grand encouragement », et lui permit d’affronter, confessa-t-il, « les grands périls de l’Eglise » de cette époque. Comme cardinal, puis pape, il témoigne régulièrement depuis, de toute sa joie d’avoir rencontré à l’époque « des jeunes touchés par la force du Saint-Esprit, affichant un grand enthousiasme, une expérience de foi vivante au cœur de l’Eglise catholique ».


Comment Joseph Ratzinger – théologien et pasteur – a-t-il interprété cette « irruption de l’Esprit » de l’époque pour reprendre son expression ?

Pour lui, la crise de 1968 marqua l’explosion du sécularisme moderne mais qui déjà minait les sociétés occidentales depuis des décennies. En contre-point de la crise sociale et existentielle majeure de la modernité, il reconnaît qu’alors « l’Esprit Saint, pour ainsi dire, prit la Parole : la foi s’éveillait chez les jeunes, sans ‘mais’ ou ‘si’, sans subterfuge ou porte de sortie, vécue dans sa totalité et comme un immense cadeau qui fait vivre ». Il fut alors convaincu que même si ces jeunes mouvements et communautés « n’attirent pas l’attention de l’opinion publique, ce qu’ils font indique l’avenir » : se dessinait là le futur de l’Eglise que nous voyons effectivement éclore de si belle manière dans le monde entier aujourd’hui.

Le cardinal Ratzinger reconnaît l’authenticité de l’expérience chrétienne de ces mouvements. Il décèle chez ces jeunes «une rencontre personnelle et profonde avec le Christ », la force et le fruit missionnaire de leur témoignage auprès « de personnes alors touchées au fond d’elles-mêmes par l’action unifiante de l’Esprit-Saint ».

Comment le pape Benoît XVI voit-il la nouvelle évangélisation ?

Au regard de sa réflexion historique et théologique, de son propre cheminement personnel et de son expérience ecclésiale, la nouvelle évangélisation est avant pour lui tout le fruit d’un profond vent de Pentecôte sur l’Eglise, un vrai don de Dieu, et non un nouveau « machin » issu d’une savante planification pastorale ! «L’humble travailleur à la vigne du Seigneur » comme il s’est défini à son élection, se voit avant tout comme intendant des grâces de Dieu, et c’est pour cela qu’il s’inscrit dans la ligne de Jean-Paul II : Benoît XVI confirma en effet peu de temps après son élection qu’il a « pour mission essentielle et personnelle de faire fructifier le trésor immense que lègue à l’Eglise » son prédécesseur. Après lui, il constate dans le monde entier que – là où les Eglises ou les communautés locales sont marquées par un rajeunissement, une dynamique d’apostolat des laïcs ou un renouveau des vocations – c’est bien le souffle puissant de l’Esprit-Saint et la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation qui les caractérisent. Il n’a donc pas hésité pour y engager toute l’Eglise.

La nouvelle évangélisation n’est-elle pas réservée à des spécialistes de la mission ?

Jean-Paul II et Benoît XVI sont très clairs sur le caractère universel de la nouvelle évangélisation : pour le premier, il s’agit «d’un engagement qui nous concerne tous » car il s’agit de « susciter dans l’Eglise un nouvel esprit missionnaire qui ne saurait être réservé un groupe de ‘spécialistes’, mais qui devra engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu » ; pour le second, « l’Eglise toute entière, doit se laisser régénérer par la force de l’Esprit Saint pour se présenter au monde contemporain et lui offrir des réponses adéquates ». Cette vision catholique, dans tous les sens du terme, se concrétise au travers des décisions prises récemment par Benoît XVI. Sur le terrain, depuis le début des années 2000, on constate que la nouvelle évangélisation conquiert progressivement l’Eglise dans toute sa diversité, bien au delà des seuls nouveaux mouvements ou du Renouveau qui l’ont vu naître. Des paroisses, diocèses, aumôneries, communautés religieuses ou mouvements plus anciens, on voit jaillir aujourd’hui toutes sortes d’initiatives missionnaires pertinentes et adaptées à cette génération.

Comment pourriez-vous définir la nouvelle évangélisation ?

La définir est effectivement important, car derrière ce concept, on met parfois tout et n’importe quoi : c’est sans doute très bien de créer un site Internet pour une paroisse, de monter un groupe de musique dans une aumônerie ou de relancer un groupe de prière du chapelet, mais ce n’est pas pour cela synonyme de nouvelle évangélisation.

Tout d’abord, l’Eglise et le monde ont besoin d’une nouvelle évangélisation, non d’un nouvel Evangile ! Il s’agit donc d’annoncer l’Evangile d’une manière nouvelle et avant tout renouvelée, en veillant à se concentrer sur le cœur de la foi qui peut retourner des vies, toucher et attirer les cœurs des croyants et non-croyants.

Jean-Paul II a lui-même précisé que la nouvelle évangélisation est une évangélisation menée dans un nouvel état d’esprit, selon des conditions de mises en œuvre précises ; elle se caractérise par « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage » ; et elle recouvre des exigences ecclésiales.

Pouvez-vous préciser ce nouvel état d’esprit et ces conditions de mises en oeuvre ?

Cet état d’esprit est l’invitation à retrouver la radicalité de la foi, le zèle apostolique et spirituel des premiers temps de l’Eglise car – dit Jean-Paul II – «il faut raviver en nous l’élan des origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte et avoir la même disponibilité que les apôtres pour écouter les voix de l’Esprit, le même courage pour relever les défis missionnaires ». D’où l’importance d’une plus grande vie dans l’Esprit des communautés chrétiennes pour vivre de ce zèle apostolique, et d’une formation des baptisés à la prédication kérygmatique.

Pour ce qui est des conditions de mise en œuvre, c’est avant tout – pour celui qui ambitionne d’évangéliser – l’expérience profonde et personnelle de l’amour du Christ et de son Salut, et ce, vécu en Eglise : « celui qui a vraiment rencontré le Christ », dit encore Jean-Paul II, « ne peut le garder pour lui-même, et doit l’annoncer, au risque de devoir se poser courageusement cette question : ‘si je n’ai pas le goût de l’annoncer, l’ai-je vraiment rencontré ?’ ». D’où l’importance première pour chacun de relire et de discerner dans l’Esprit-Saint et la foi de l’Eglise comment et où le Christ nous a rencontrés, aimés et sauvés, et de ne pas se contenter de se dire chrétien ou de pratiquer la religion catholique par tradition, habitude, simple choix intellectuel ou choix de valeurs.

Pouvez-vous développer ce qui caractérise les trois « nouveautés » de la nouvelle évangélisation ? Jean-Paul II parle tout d’abord d’une « nouvelle ardeur »…

L’ardeur vient de « ardent », tel un feu : les disciples d’Emmaüs ont le cœur brûlant après leur rencontre du Christ. La Pentecôte et tant de passages des Actes nous illustrent le feu intérieur des disciples. Brûler d’ardeur et de zèle pour l’annonce de l’Evangile est donc la réponse logique des apôtres au don de l’Esprit et à la mission reçue du Christ : «nous ne pouvons taire tout ce que nous avons vu et entendu » assurent Pierre et Jean, comme en écho au cri du psaume : « le zèle de ta maison me dévore ».

Le zèle, le feu, l’ardeur des missionnaires sont à la mesure du bouleversement réel qu’ont opéré dans notre vie la rencontre, la vie et l’amour du Christ : plus que des doctrines, le prédicateur doit avoir le feu d’amour de Jésus dans son cœur, et comme il ne peut garder pour lui cette expérience brûlante, il la partage avec flamme, vérité, authenticité.

Certains chrétiens se méfient d’un trop grand enthousiasme des évangélisateurs…

Il faut bien sûr agir avec discernement et sagesse, non selon l’esprit du monde, mais celui du Christ. C’est pourquoi Benoît XVI invite les pasteurs de l’Eglise à ne pas assécher les dynamiques missionnaires par des considérations trop savantes ou distantes car beaucoup ont « laissé s’installer un esprit ‘éclairé’ et blasé qui taxe de fondamentalisme la foi et le zèle de ceux qui ont été saisis par l’Esprit-Saint ». De plus, le pape nous invite aussi à ne pas éteindre les appels de l’Esprit en ces temps nouveaux par une organisation trop rationnelle ou systématique : « n’érigez pas vos propres plans pastoraux en norme de ce qu’il est permis à l’Esprit Saint d’opérer : à cause de toute cette planification, les Eglises pourraient devenir imperméables à l’Esprit de Dieu, à sa force dont elles vivent ».

Ce zèle est-il vraiment donné à tout le monde ?

L’évangélisateur « nouveau » témoigne des merveilles « de » Dieu dans sa vie, et non ce qu’il a appris « sur » Dieu ; l’évangélisateur peut donc être un simple baptisé : ce n’est pas d’abord un pasteur, un professeur ou un docteur, même si, bien entendu, le concours de ces derniers reste indispensable pour former les missionnaires, s’assurer qu’ils confessent et attestent la vraie foi, et que leur vie se conforme peu à peu à ce qu’ils proclament.

Le zèle du témoin n’est pas le fruit de caractères expansifs ou extravertis, mais avant tout le fruit de l’action de l’Esprit-Saint accueilli par ceux qui évangélisent ; c’est donc lui qui oint les missionnaires de force comme l’exprime St Paul : «ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration d’Esprit et de puissance ». Paul VI a d’ailleurs confirmé toute cette action irremplaçable de l’Esprit-Saint aujourd’hui au service de la mission : « les meilleures techniques d’évangélisation ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit Saint car – sans Lui – précise-t-il, la plus convaincante des dialectiques est impuissante sur l’esprit des hommes car c’est Lui qui, dans le tréfonds des consciences, fait accepter et comprendre la Parole du Salut ».

Parlez-nous de la seconde « nouveauté » missionnaire, celle de la méthode…

Cette nouveauté recouvre l’annonce du kérygme, le recours au témoignage et l’objectif de conduire à la conversion de ceux qui sont évangélisés.

Il est donc tout d’abord important de différencier au plan de la méthode le « kérygme » et la « catéchèse » comme l’ont toujours fait les chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise, annonçant la foi dans les sociétés paganisées : le 1er est l’annonce de la personne de Jésus et de son œuvre bienfaisante dans nos vies ; le 2nd est la transmission de ce que recouvre la foi et ses conséquences. Le kérygme est à la catéchèse, ce que la naissance est à la croissance : il la précède, il lui est préalable, il en est même la condition pour que fructifie la catéchèse.

Pouvez-vous préciser leurs objectifs apostoliques respectifs ?

Le kérygme ne « donne » pas la vie, c’est Dieu qui la donne ; mais la prédication vivante du kérygme, l’attestation par le témoignage réveillent dans le cœur qui la reçoit, la puissance de vie d’enfant de Dieu inscrite en chacun de nous ; le kérygme nous conduit à désirer ou à faire fructifier le Salut du Christ donné au baptême, à le rendre efficient par la réponse de la foi et l’accueil de Jésus de Nazareth comme Fils de Dieu, comme seul et véritable Messie pour chaque homme ou femme.

La catéchèse déploie pour sa part toutes les conséquences de cet acte de foi et de vie qu’est la reconnaissance et l’accueil de la personne de Jésus ; elle recouvre ce que les Actes des Apôtres décrivent comme conséquences de cette adhésion au Christ par la foi : «ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières ».

Cette distinction est-elle si importante pour l’évangélisation ?

Bien saisir cette distinction et cette chronologie donne en grande partie les clés pour comprendre la situation de sécularisation de nos sociétés et ce pourquoi tant de nos contemporains fuient nos Eglises malgré les trésors d’énergie et de générosité investis par les chrétiens et leurs pasteurs. Après 1000 ans de chrétienté, cette distinction a été malheureusement souvent oubliée : par certains côtés, notre Eglise en occident est un géant catéchétique et un nain kérygmatique. La nouvelle évangélisation va activement participer au nécessaire rééquilibrage apostolique entre ces deux volets si complémentaires de la mission apostolique de l’Eglise.

Alex et Maud Lauriot Prévost se sont mariés en 1983. Ils ont cinq enfants, sont consultants à titre professionnel, délégués épiscopaux au couple et à la famille du diocèse d’Avignon.

« Lumière du monde » : le nouveau livre de Benoît XVI est pour la nouvelle évangélisation

Le livre-entretien de Peter Seewald avec Benoît XVI, « Lumière du monde. Le pape, l’Eglise et les signes des temps » a été présenté ce matin au Vatican par le président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, Mgr Rino Fisichella, par l’auteur de l’interview, le journaliste bavarois Peter Seewald, le « vaticaniste » italien Luiggi Accattoli, biographe de Jean-Paul II et auteur du livre sur le pardon du pape, par les éditeurs, et par le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.

La présence de Mgr Fisichella suffit à faire comprendre que le pape souhaite inscrire cette longue interview de six heures dans le cadre de la nouvelle évangélisation. Il l’a d’ailleurs confié, lors de l’audience qui a suivi la présentation : « J’espère que ce livre sera utile à la foi de beaucoup de personnes ».

Mgr Fisichella souligne d’emblée le caractère émouvant de ce livre dont le titre a été écrit par le pape lui-même en différentes langues et c’est la reproduction de son écriture qui apparaît sur la jacquette de couverture : « Licht der Welt. Luce del mondo. Lumière du monde. Luz del mundo. Light of the world ».

On peut d’ailleurs s’arrêter au titre. On comprend son sens christique : c’est le Christ qui est la lumière du monde. Et ecclésial : « Vous êtes la lumière du monde » dit le Christ à ses disciples. Mais aussi « Le sel de la terre » : c’était le titre du premier livre d’entretien du cardinal Ratzinger avec Seewald.

La présentation de Mgr Fisichella fera l’objet d’une lecture plus développée dans un prochain service. Il souligne notamment que plus d’un passage provoque un « examen de conscience ».

Il conclut que Benoît XVI a choisi cette forme de communication pour faire comprendre « au grand public sa pensée, sa façon d’être, sa façon de concevoir sa mission ».

« A lire » donc pour « méditer et comprendre une fois encore comment l’Eglise peut être dans le monde annonce d’une belle nouvelle qui apporte la joie et la sérénité ». C’est précisément l’objectif de la nouvelle évangélisation.

Ce nouveau livre de Benoît XVI sera disponible en France le 3 décembre. (On peut le commander dès aujourd’hui sur Amazon : cliquer ici).

Source : Zenit

4 ans d’Anuncioblog : l’émission sur RCF

A l’occasion des quatre ans d’Anuncioblog, j’étais aujourd’hui l’invité de Maryse Chauveau sur RCF. L’occasion de revenir sur la genèse de ce blog, ces quelques mois passés pour l’évangélisation, les dernières actualités avec la création par Benoît XVI du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation et l’annonce d’un prochain synode des évêques sur ce thème…

A noter également, Anuncioblog a été cité dans cet article de La Croix.

Ecouter directement l’émission :

Pourquoi l’Eglise donne-t-elle tant d’importance à la nouvelle évangélisation ?

Messe de clôture du festival Anuncio à Montmartre, présidée par le cardinal Vingt-Trois, le 28 août 2010

Messe de clôture du festival Anuncio à Montmartre, présidée par le cardinal Vingt-Trois, le 28 août 2010

Pourquoi l’Eglise donne-t-elle tant d’importance à la nouvelle évangélisation ? C’était le thème d’un table ronde qui a eu lieu lundi à 18h15 en direct sur RCF Lumières.

Au programme : Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation selon Jean-Paul II et Benoît XVI ? Qu’entend-on par nouvelle évangélisation dans l’Eglise ? Pour qui est-elle ? Ceux qui fréquentent l’Eglise, ceux qui sont en dehors, à l’occasion d’un événement familial (baptême, profession de Foi, mariage, enterrement) ? Comment annoncer la Bonne Nouvelle, le Christ, aux hommes d’aujourd’hui ? Par quels moyens appréhender la nouvelle évangélisation dans les paroisses ? Les jeunes, qui eux, vivent-ils déjà, pour certains, concrètemen, cette nouvelle évangélisation (groupes de prière, rassemblements diocésains, missions, témoignages, etc.) ? Quid des nouveaux medias et réseaux sociaux (blogs, internet, Facebook, smartphone, retraites en ligne, vidéos…) ?

Invités : Bruno Racine, Alex Lauriot-Prevost, Henri Faucon, Thierry Aillet, Père Pierre Marin, Jean-Baptiste Maillard

Ecouter directement l’émission :

Nouvelle évangélisation : Benoît XVI met l’Eglise en ordre de bataille

En convoquant vendredi dernier les chefs des différents conseils pontificaux, Benoît XVI a souhaité mettre en ordre de bataille le gouvernement de l’Eglise pour la nouvelle feuille de route qu’il s’est assignée – en réalité la même depuis le début de son pontificat – : mettre en oeuvre la nouvelle évangélisation.

Ainsi, selon les propos du vice-directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Ciro Benedettini, sur Radio Vatican, il s’agissait d’évoquer « la coordination entre les dicastères et leur collaboration avec le Conseil pontifical pour la promotion de nouvelle évangélisation récemment institué ».

Le 12 octobre dernier, par une lettre apostolique en forme de « motu proprio » intitulée « Partout et toujours », le pape a créé le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Mais ce n’est pas tout. Le 24 octobre dernier, à la surprise générale, le pape a évoqué la tenue d’un Synode sur la nouvelle évangélisation en 2012, sur le thème « Nova evangelizatio ad christianam fidem tradendam – La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Et un synode, ce n’est pas rien !

La réunion précédente avait eu lieu en janvier dernier, c’est-à-dire il y a presque onze mois. D’autres questions ont aussi été abordées : « les atteintes à la liberté religieuse, la liturgie, les rapports avec les anglicans, ainsi que le dossier des abus sexuels ». Cependant, on peut être sûr qu’il y a pour Benoît XVI une priorité entre toutes les priorités, claire et affichée, de faire avancer la mise en oeuvre pastorale de la nouvelle évangélisation. C’est ce qu’expliquent Alex et Maud Lauriot-Prévost dans cette tribune intitulée : « Pourquoi Benoît XVI voit en la nouvelle évangélisation une priorité pastorale ? ».

Je serai aujourd’hui à 18h en direct sur RCF Lumières pour en parler, à partir de mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, avec une table ronde sur le thème : « Pourquoi l’Eglise donne-t-elle tant d’importance à la nouvelle évangélisation ? ». (Cliquez ici pour écouter l’émission).

Les congrès eucharistiques contribuent à la nouvelle évangélisation

Benoît XVI a reçu jeudi 11 novembre l’Assemblée plénière du Comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux, en conclusion des travaux préparatoires au congrès de Dublin (Irlande 2012).

Dans l’histoire de l’Eglise, a dit Benoît XVI, « les congrès eucharistiques internationaux ont un rôle important, car ils soulignent la dimension universelle de la célébration eucharistique. Il s’agit certes d’une fête autour du Christ Eucharistie, du Christ du sacrifice suprême en faveur de l’humanité, à laquelle prennent part des fidèles de tout horizon. Dans ces congrès, l’Eglise se recueille en présence de son Seigneur.

La mission de ces manifestations dans le monde contemporain « est aussi de contribuer à la nouvelle évangélisation, en promouvant la liturgie comme école de prière pour l’Eglise. C’est pourquoi chaque congrès a un élan évangélisateur et missionnaire, au point que le binôme Eucharistie et mission appartient aux directives que le Saint-Siège propose. »

Puis le pape a affirmé l’importance liturgico-pastorale que « chaque congrès eucharistique embrasse, dans l’esprit conciliaires, toutes les formes de culte eucharistique hors de la messe et découlant de dévotions populaires. Cela comprend aussi les associations de fidèles qui s’inspirent d’une façon ou d’une autre à l’Eucharistie, dans le respect de l’encyclique Ecclesia de Eucharistia et de l’exhortation Sacramentum Caritatis, et en conformité avec une ecclésiologie eucharistique de communion ».

Source : VIS

Pourquoi Benoît XVI voit en la nouvelle évangélisation une priorité pastorale ?

Au regard des décisions prises cet automne, la nouvelle évangélisation apparaît bien comme « la » réponse majeure que Benoît XVI entend apporter aux crises qui secouent vivement l’Eglise et son pontificat depuis son élection, du fait de nombreuses attaques extérieures ou de problèmes ecclésiaux dans nombre de pays de tradition chrétienne. En effet, le pape « considère opportun d’offrir des réponses adéquates afin que l’Eglise toute entière, se laissant régénérer par la force de l’Esprit Saint pour se présenter au monde contemporain… (soit) en mesure de promouvoir une nouvelle évangélisation(…) Il n’est pas difficile de percevoir que ce dont ont besoin toutes les Eglises qui vivent dans des territoires traditionnellement chrétiens est un élan missionnaire renouvelé » (1).

En créant ainsi le Conseil Pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI reprend à son compte ce concept missionnaire si cher à son prédécesseur et l’érige dorénavant à un haut niveau de priorité de son pontificat. Il assume la totalité de l’héritage de Jean-Paul II dont la nouvelle évangélisation est la constante apostolique et l’élément le plus continu de l’orientation pastorale qu’il a donnée à l’Eglise durant ces 25 ans sur le siège de Pierre. Benoît XVI, tout en finesse comme à son habitude, précise très clairement dans la lettre pré-citée la condition spirituelle de la nouvelle évangélisation : que l’Eglise se laisse régénérer et animer par la puissance de l’Esprit-Saint.

Aux côtés de Jean-Paul II, le Cardinal Ratzinger s’est attaché à enraciner la nouvelle évangélisation sur des assises théologiques et ecclésiales très solides. Dotés de personnalités et de formations bien différentes, mais tous deux très fins connaisseurs de la pensée des philosophes et des intellectuels des XIXe et XXe siècles, ils mesurent sans doute mieux que quiconque le contraste saisissant entre la nature du drame existentiel de l’homme contemporain, et la pertinence de l’Evangile du Christ pour répondre à ce vide immense qui mine nos sociétés devenues athées. Ils discernent dès le début des années 80 les réalités et les fruits missionnaires très prometteurs de – ce qu’on appellera bientôt à Rome – les « nouveaux mouvements écclésiaux » devenus depuis les années 60 l’incubateur et le laboratoire d’apostolats nouveaux et très diversifiés, qui donneront avec Jean-Paul II le concept de nouvelle évangélisation.

Mais déjà Paul VI eut le premier cette lecture des « signes des temps » : en 1975, dix ans après la clôture du concile Vatican II, il avait posé deux actes majeurs dont on saisit aujourd’hui la clairvoyance prophétique : il publia l’exhortation apostolique sur « L’évangélisation du monde moderne », première ébauche de la nouvelle évangélisation sur laquelle Jean-Paul II s’appuiera constamment ; il accueillit également à la Pentecôte dans la basilique Saint Pierre les représentants du Renouveau Charismatique du monde entier (2) en attestant que « le Renouveau est une chance pour l’Eglise ».

Le futur Benoît XVI a donc très rapidement fait le lien entre cette éclosion non programmée de mouvements ecclésiaux au sein de la jeunesse catholique et la puissante vague missionnaire que ces mouvements ont suscitée. Ce fut pour lui l’illustration caractéristique du « nouveau printemps de l’Eglise » annoncé par Jean XXIII à l’ouverture même du concile Vatican II.

Le cardinal Ratzinger témoigna à de nombreuses occasions de sa perception d’une réelle « irruption de l’Esprit » (3) durant toutes ces années :

– personnellement, il fit sa propre expérience auprès des communautés nouvelles et du renouveau charismatique dès le début des années 60, ce qui fut pour lui « une grâce, une joie dans son sacerdoce et aussi un grand encouragement » pour affronter confessa-t-il « deux grands périls dans l’Eglise » : l’académisme théologique froid et distant, et la bureaucratie ecclésiale ! Joseph Ratzinger témoigna donc de toute sa joie de « voir des jeunes touchés par la force du Saint-Esprit, affichant un grand enthousiasme, une expérience de foi vivante au cœur de l’Eglise catholique » (4).

– comme théologien, il y discerne « l’irruption de l’Esprit-Saint que personne n’avait prévu au cœur de l’hiver » que fut cette période si troublée et comme symbolisée « par 68 qui marqua le début d’une explosion du sécularisme (et qui) a miné les fondements chrétiens de notre société » (5). « Pour ainsi dire, confie-t-il, l’Esprit Saint prit la Parole : la foi s’éveillait chez les jeunes, sans ‘mais’ ou ‘si’, sans subterfuge ou porte de sortie, vécue dans sa totalité et comme un immense cadeau qui fait vivre » (6), soulignant par ailleurs que « s’ils n’attirent pas l’attention de l’opinion publique, ce qu’ils font indique l’avenir » (7) : le jeune expert du concile percevait déjà que se dessinait là le futur de l’Eglise.

– comme pasteur, le cardinal Ratzinger reconnait l’authenticité de l’expérience chrétienne de ces mouvements : « la mission suppose une rencontre personnelle et profonde avec le Christ, le plus souvent à partir de la force des charismes » car lorsqu’« une personne peut témoigner qu’elle est profondément touchée par le Christ, une autre peut alors être touchée au fond d’elle-même par l’action unifiante de l’Esprit-Saint » (8). C’est en effet le processus intérieur universel de la mission qui porte un fruit de conversion.

– il était le cardinal le plus proche de Jean-Paul II et « le » point d’appui le plus solide du pape depuis le début des années 80 : c’est à ce titre qu’en 2005 le consistoire, encore tout bouleversé par la disparition de Jean-Paul II et de l’immensité de son œuvre apostolique, a élu sans tarder le cardinal Ratzinger comme nouveau pape afin de faire fructifier le trésor de ce pontificat exceptionnel. Benoît XVI lui-même confirma en effet peu de temps après : « Jean-Paul II nous a légués un patrimoine richissime de textes qui n’est pas encore suffisamment assimilé dans l’Eglise. Je pense que j’ai pour mission essentielle et personnelle de faire en sorte que ces documents soient assimilés. Homme du Concile, le pape nous aide à être véritablement Eglise de notre temps et des temps futurs »(9).

– aujourd’hui, il constate dans le monde entier que là où les Eglises sont marquées par un rajeunissement, une dynamique d’apostolat des laïcs, un renouveau des vocations,… c’est bien le souffle puissant de l’Esprit-Saint et la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation qui les caractérisent.

C’est là tout l’enjeu des décisions de Benoît XVI : favoriser bien davantage la diffusion de ce vent nouveau de Pentecôte et de mission afin que l’Eglise universelle, dans toute sa diversité, en soit renouvelée. Benoît XVI, fidèle à sa fine connaissance de 2000 ans d’histoire de l’Eglise régulièrement réveillée par des vagues de renouveau spirituel et missionnaire, tente « d’articuler » au cœur même de l’organisation ecclésiale les grâces hiérarchiques et charismatiques que l’Esprit donne aujourd’hui à l’Eglise. Ce ne sera certainement pas de tout repos, mais c’est une occasion finalement assez rare pour la saluer, que de voir l’institution ecclésiale romaine (10) accueillir sans crainte les grâces prophétiques données pour notre temps.

Là encore, Benoît XVI est en totale continuité avec le Cardinal Ratzinger (11) pour qui rien ne justifie dans l’Eglise une primauté des fonctions hiérarchiques et sacerdotales vis-à-vis des fonctions prophétiques : selon lui, les grâces christologiques et charismatiques doivent se féconder mutuellement, et fructifier à la fois en chaque baptisé, mais également au sein de l’Eglise au travers de ministères différents et complémentaires ; la « nature de l’Eglise est organique », elle est un corps qui tient son principe d’unité et de vie même dans ce double ancrage fondateur indissociable. Il est ainsi « évident » pour le futur Benoît XVI que « l’essence et la mission » des nouveaux mouvements ecclésiaux – et donc de la nouvelle évangélisation – ne peuvent se comprendre si on ne saisit pas combien depuis toujours « Dieu éveille des hommes prophétiques qui crient à l’Eglise la parole juste qui n’obtiendrait pas sa force dans la marche normale de l’institution ».
C’est pourquoi, dans cette même conférence (12), le cardinal Ratzinger pressait avec beaucoup d’énergie les pasteurs de l’Eglise – évêques, prêtres, et responsables de tous ordres, y compris les laïcs – à être à l’écoute de ce que l’Esprit-Saint dit à l’Eglise :

– ne pas éteindre les appels de l’Esprit en ces temps nouveaux par une organisation trop rationnelle ou systématique : « N’érigez pas vos propres plans pastoraux en norme de qu’il est permis à l’Esprit Saint d’opérer : à cause de toute cette planification, les Eglises pourraient devenir imperméables à l’Esprit de Dieu, à sa force dont elles vivent » ; la vitalité des Eglises gagnerait selon lui « à un peu moins d’organisation, un peu plus d’Esprit-Saint ».

– savoir accueillir les aiguillons pastoraux, qui peuvent être salutaires pour l’annonce de l’Evangile « La fuite du conflit sous prétexte de communion, est parfois la norme pastorale suprême. La foi est une épée à double tranchant dit l’apôtre, et peut exiger le conflit pour le combat de la vérité et de l’amour (13). Un concept d’unité d’Eglise… où l’on achète le silence intérieur par la renoncement au témoignage s’avèrerait trompeur ».

– ne pas assécher les dynamiques missionnaires par des considérations trop savantes ou distantes car beaucoup ont « laissé s’installer un esprit ‘éclairé’ et blasé qui taxe de fondamentalisme la foi et le zèle de ceux qui ont été saisis par l’Esprit-Saint et qui n’admet qu’une foi pour laquelle les ‘si’ et les ‘mais’ deviennent plus importants que le cœur même de la foi ».

En créant le Conseil Pontifical consacré à la nouvelle évangélisation cet automne et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, nous comprenons combien Benoît XVI tire les conclusions d’un long processus de réveil spirituel et missionnaire que l’Esprit-Saint a répandu depuis 40 ans au sein de l’Eglise sans aucun programme pastoral pré-établi. Il décide donc de faciliter au cœur de l’Eglise et de ses institutions l’accueil d’un souffle charismatique (14) et évangélisateur puissant, espérant par là donner toute la bénédiction et l’appui à un renouveau certes dérangeant mais puissant et salutaire.

Comme le « bon pape Jean » (Jean XXIII) – considéré avec dédain par certains comme un « pape de transition » – avait convoqué le concile en provoquant un véritable tremblement de terre, notre cher Benoît XVI – derrière ses airs très doux et conciliants – est en train d’installer, l’air de rien, une bombe spirituelle et pastorale au cœur de l’Eglise !

Alex et Maud Lauriot Prévost – Toussaint 2010

Notes

(1) Lettre Apostolique de Benoît XVI (12/10/2012) instaurant la Congrégation pour la promotion de la nouvelle évangélisation
(2) Mouvance spirituelle née dans l’Eglise catholique à peine 8 ans plus tôt au cours d’une retraite de jeunes aux USA (février 1967) et dont le développement fut immédiat, exponentiel et rapidement planétaire.
(3) Titre d’un de ses ouvrages sur le sujet paru en 2007 avec la signature « Joseph Ratzinger-Benoît XVI »
(4) « L’irruption de l’Esprit-Saint » Cardinal Ratzinger/Benoit XVI – Edition Parole et Silence – p 26
(5) Tout en soulignant que ce mouvement de sécularisme datait de plus de 200 ans : les philosophes des Lumières au XVIII° siècle
(6) Idem p 45
(7) « Le Sel de la Terre » Cardinal Ratzinger – Editions du Cerf – 1998
(8) Idem p 94
(9) Benoît XVI à la télévision polonaise (16 octobre 2005)
(10) Comment ne pas souhaiter la création d’une telle instance à la Conférence des Evêques de France et dans nos diocèses !
(11) Citations de la conférence donnée par le Cardinal Ratzinger « Les mouvements théologiques et leur place dans l’Eglise » lors du Congrès mondial des mouvements ecclésiaux – Pentecôte 1998
(12) Le Cardinal Rylko, président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, écrit – 10 ans après ce congrès – combien « ce texte est magistral, d’une forte valeur pastorale et d’une grande densité théologique qui fait aujourd’hui autorité » – (in Introduction de « L’irruption de l’Esprit-Saint » Cardinal Ratzinger/Benoît XVI – Edition Parole et Silence)
(13) cf. Mt 10, 34
(14) Souffle – faut il le préciser ? – présent bien évidemment très au-delà du « Renouveau Charismatique »

Benoît XVI : « La nouvelle évangélisation, pour que foi et laïcité se rencontrent »

Samedi, pendant son vol de Rome à Compostelle, Benoît XVI a selon la tradition rencontré les journalistes accrédités, pour répondre à certaines questions formulées par le directeur de la salle de presse du Saint-Siège. Parmi ces questions, il a été demandé au pape de revenir sur sa récente décision de créer un conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation.

– Cette question concerne la création du dicastère pour la nouvelle évangélisation à propos duquel on s’est demandé si précisément l’Espagne, pays très sécularisé et où la pratique religieuse a diminué, était un des objectifs principaux de la mission de ce dicastère, sinon son objectif principal.

Benoît XVI : En constituant ce dicastère, j’ai pensé au monde entier parce que la nouvelle pensée, la difficulté de penser dans les concepts des Ecritures et de la théologie, est universelle.

Mais il y a naturellement un centre, qui est le monde occidental avec sa sécularisation, sa laïcité et la continuité de la foi qui doit se renouveler pour être foi aujourd’hui et pour répondre au défi de la laïcité. En occident, tous les grands pays ont leur propre façon de vivre ce problème… L’Espagne a toujours été un pays originaire de la foi. Nous pensons que la renaissance du catholicisme à l’époque moderne a surtout eu lieu grâce à l’Espagne. Des figures comme saint Ignace de Loyola, sainte Thérèse d’Avila et saint Jean d’Avila, ont réellement renouvelé le catholicisme et ont formé la physionomie du catholicisme moderne. Mais il est vrai aussi qu’est née en Espagne une laïcité, un anticléricalisme et une sécularisation forte et agressive, comme nous l’avons vu dans les années trente et cette dispute, ce choc entre foi et modernité, toutes deux très vives, se réalise de nouveau aujourd’hui en Espagne. C’est pourquoi, la culture espagnole a pour point central l’avenir de la foi et de la rencontre, non de la collision, mais de la rencontre entre foi et laïcité. Voilà pourquoi j’ai pensé à tous les grands pays de l’occident mais aussi surtout à l’Espagne. »

Source : VIS

Dieu est de retour dans La Croix

Benoît XVI arrive samedi 6 novembre à Compostelle, où, en 1989, Jean-Paul II avait exhorté les jeunes à redécouvrir les racines de leur foi et à être « d’ardents messagers de la nouvelle évangélisation ». Depuis, ce concept a fait son chemin dans l’Église de France…

Un article passionnant signé Céline Hoyeau à lire sur La Croix.com, sous le titre « La nouvelle évangélisation concerne toute l’Eglise »

Dans ce petit panorama, on retrouve des expériences de mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France :

Des étudiants évangélisant sur les plages l’été (raconté dans mon livre), un prêtre qui passe ses nuits en discothèque pour parler de Jésus aux jeunes (raconté dans mon livre), des laïcs proclamant leur foi dans les rues, debout sur une caisse de bois… (raconté dans mon livre), la nouvelle évangélisation serait-elle l’apanage des communautés nouvelles et des jeunes convertis des JMJ ? (…)

« Le “levain dans la pâte” était pertinent quand il fallait d’abord renouer le dialogue »

Pour autant, si la bannière « nouvelle évangélisation » a catalysé les énergies de milliers de catholiques, elle a aussi pu en agacer d’autres, qui redoutaient des velléités prosélytes, une volonté de reconquête catholique ou un retour à des positions anté-conciliaires. La nouvelle évangélisation a, de fait, souvent été présentée en réaction à « un certain enfouissement de la foi qui, à force de trop vouloir être le “levain dans la pâte”, s’est pratiquement dissoute comme du beurre dans une soupe bien chaude », selon les mots de Jean-Baptiste Maillard, dans un livre consacré au sujet (1).

« La pastorale du “levain dans la pâte” était pertinente dans un monde où il fallait d’abord renouer le dialogue, après la rupture qui s’est accomplie entre l’Église et la société moderne, et où un long témoignage silencieux était nécessaire pour regagner la confiance », analyse le P. Henri-Jérôme Gagey, professeur au Theologicum de l’Institut catholique de Paris.

Lire l’article dans son intégralité : La-Croix.com

(1) Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, L’Œuvre, 20€.

Frédéric Le Moigne : « les évêques ont à développer la nouvelle évangélisation »

A l’heure où les évêques de France se réunissent à Lourdes, Claire Chartier de L’Express a interviewé l’historien Frédéric Le Moigne, qui a dirigé avec Dominique-Marie Dauzet le Dictionnaire des évêques de France au XXème siècle, paru aux éditions du Cerf le mois dernier.

L’Express : L’épiscopat actuel rappelle un peu celui des années 1905, où les prélats devaient lutter âprement pour réaffirmer leur message et leur présence dans un environnement hostile…

Frédéric Le Moigne : Le contexte politique est beaucoup plus calme aujourd’hui, mais les efforts que les évêques doivent livrer dans la société française très sécularisée pour développer la nouvelle évangélisation voulue par Jean-Paul II justifie en effet, en partie, la comparaison.

On observe depuis quelques années un durcissement identitaire chez les fidèles catholiques, avec la montée en puissance du courant traditionaliste. Cette tendance est-elle également notable dans l’épiscopat ?

Au Vatican, il est certain que les progressistes ont beaucoup moins de poids. En France, certains évêques de la nouvelle génération sont passés par l’institut Notre-Dame de vie, qui penche du côté traditionaliste, ou viennent du réseau de l’Emmanuel, une communauté nouvelle charismatique très attachée à la nouvelle évangélisation.

Lire la suite de l’interview : L’Express.fr

Citoyens des cieux : l’album de feu !

Quand la pop-louange devient évangélisation…

J’ai pu profiter en avant-première du nouvel album de Glorious, Citoyens des cieux, dans les bacs le 15 novembre. Emprunté à un collègue, je dois avouer que je l’ai écouté en boucle tout le week-end de la Toussaint, et plus particulièrement lors d’un aller-retour en province…

Les chansons sont de très bonne facture, on gagne encore en qualité musicale et en profondeur. Les paroles sont puissantes, dynamiques, stimulantes, remplies de l’Esprit Saint.

En écoutant ce disque, on se tourne vers Dieu. A travers la louange, la prière des musiciens et du public est largement palpable.

Deuxième aveu : pour la première fois, je me suis vraiment mis à prier en écoutant un CD de pop-louange, moi qui d’habitude préfère la vivre en direct live !

J’ai alors senti comme un vide immense chez mes voisins dans le TGV, ce vide de ne pas connaître Dieu ou du moins de ne pas vivre de relation intime avec le Christ. Et j’ai eu alors une folle envie de Le leur annoncer ! Le plus fort, dans cette histoire, c’est que ma petite épouse a eu la même sensation, au même moment, à plusieurs centaines de kilomètres de distance. C’était pour elle au volant de notre voiture, en écoutant le précédent album de Glorious, Génération louange. Elle me l’a raconté le soir-même…

Alors merci Glorious de nous permettre de prier avec vous, pour que l’Esprit Saint nous rende témoins de la miséricorde ! « Nous voici, Jérusalem ! »

Acheter le disque : sur Amazon

Pour en savoir plus : www.glorious.fr et www.lyoncentre.fr

Les nouveaux évangélisateurs sont sur KTO

Le lundi 22 novembre à 20h40, KTO diffuse un documentaire intitulé Jeunesse évangélisatrice sur les nouveaux évangélisateurs. A l’heure où Benoît XVI vient d’instituer le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation et d’annoncer que le prochain synode des évêques aurait lieu sur ce thème, ce film signé Véronique Bréchot tombe à point nommé.

Le créateur de ce blog, auteur également du livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, fait partie des personnes filmées.

Présentation de KTO :

De plus en plus de jeunes gens vont au devant d’inconnus pour leur proposer l’Evangile. Un phénomène actuel illustre un mouvement profond et durable de l’Eglise catholique en France et en Europe : la jeunesse évangélisatrice. Le film propose de révéler cette nouvelle évangélisation qui se développe, prise en main par la jeunesse catholique. Il présente, de façon joyeuse et tonique ces équipes de jeunes engagés qui se rassemblent pour prier ensemble et agissent également dans leur vie quotidienne en allant à la rencontre de l’autre pour l’écouter et témoigner de sa foi. Il donne enfin des clefs à ceux qui souhaitent s’y associer.

Avec :

Jeunesse 2000 à Paris (avec Véronique)
– Samarie à Pigalle (avec Steven)
– Le festival Anuncio (avec David) et une mission Anuncio au festival de Cannes
– Une mission Jeunesse Lumière
– Anuncioblog (Jean-Baptiste Maillard)
– Une mission Surf and Pray
P.U.S.H, groupe de musique suisse

Avec aussi, comme intervenants :

– Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon
– Christian Godin (philosophe)
– Aubry Pierens (consultant en stratégie, We consulting)

Regarder le film en direct sur KTO : www.ktotv.com – le profil Facebook de Jeunesse évangélisatrice

Dieu est de retour : interview sur Radio Vatican

Sur Radio Vatican, un entretien inaugurant une nouvelle série sur les livres, réalisé par Charles-François Brejon, revient sur Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, paru en 2009 aux éditions de L’Oeuvre.

« L’Église existe pour évangéliser », déclarait Paul VI en son temps. L’évangélisation est un thème repris maintes fois par Jean-Paul II, et aujourd’hui, Benoît XVI s’en fait largement l’écho. Il a d’ailleurs créé, en juin dernier, le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation. Selon le Pape, personne ne peut se soustraire à l’engagement évangélique, qui doit même être la priorité de chaque baptisé. « Le premier engagement qui nous concerne tous est celui d’une nouvelle évangélisation qui aide les nouvelles générations à redécouvrir le visage authentique de Dieu, qui est amour », souligne-t-il. Un appel qui a retenti dans les oreilles et dans le cœur de Jean-Baptiste Maillard. Dans son livre « Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France », paru aux éditions de L’œuvre, le journaliste révèle de nombreux exemples de démarches missionnaires, dans des champs d’évangélisation très vastes, allant des boîtes de nuit jusqu’au cœur des paroisses

Le mp3 : ici

Evangéliser par SMS ?

Moi, personnellement, cela ne me gêne pas que les gens écrivent comme ils veulent sur leur téléphone portable. Et tous les moyens (honnêtes) sont bons pour faire connaître le Christ. Mais je ne suis pas sûre qu’on fera passer habituellement la Bonne Nouvelle, en écrivant à ses copains : Gzu é 1mec simpa. En tout cas, cela demandera quelques explications.

Je ne suis pas en train de pendre le ton des vieux bonzes qui nous bassinent avec la fin de la culture, les dangers d’Internet et tout cela. Les chrétiens ont réussi à vivre et à transmettre leur foi au moment du naufrage de la culture antique, et ils en ont suscité une nouvelle. Pourquoi pas nous ? Mais pour cela, il faudra deux choses : que nous soyons suffisamment accrochés à notre amour de Jésus pour le mettre au premier plan et d’autre part que nous capables d’exprimer, avec les moyens du bord, notre foi dans des termes qui ne la réduisent pas à un slogan ou à une idéologie, mais qui en fassent au contraire ressortir la richesse et la beauté.

Le danger de nos moyens de communication rapides, c’est qu’ils sont faits pour réduire au minimum la forme au profit du message, lui-même ramené souvent à une information brute : telle heure, tel lieu, tel numéro de téléphone, etc… Notre message à nous, il n’est évidemment pas de ce type : faut entrer dans une certaine familiarité avec la manière de faire de Dieu, il s’agit de se laisser renouveler par lui. C’est pourquoi le langage ne peut être instrumentalisé jusqu’au bout, il doit devenir l’occasion pour la Parole de se dire, à travers des mots qui sont les miens, mais qui deviennent porteurs de plus.

Il y a des gens pour prétendre que la parole ne sert à rien, que les gens n’écoutent pas. C’est totalement faux. Il y a des paroles qu’on n’écoute pas, parce que c’est une manière de se raconter ou de se justifier, il y a en a d’autres qu’on écouterait jusque tard dans la nuit. Quand un cœur est possédé par Jésus, il y a quelque chose qui sort de lui, des phrases toutes simples qui traduisent une expérience et qui laissent transparaître la beauté d’un visage. J’ai connu un garçon qui avait eu pas mal de problèmes et qui avait été converti par un copain partageant la même galère que lui, or celui-ci lui avait appris à prier, en lui expliquant beaucoup de choses à propos du Seigneur Jésus, autour d’une image qu’ils avaient longuement regardés ensemble.

Pour que la parole, la mienne, la vôtre, ce soit cela, il faudra certes prier avant tout, mais il faudra aussi des mots, et un medium pour les porter. Alors bonne évangélisation !

Elisabeth PHILIBERT

Le dernier ferme l’église et meurt !

J’ai encore entendu des gens dire : « la nouvelle évangélisation ? mais qu’est-ce que c’est que ce truc, la mission c’est fini, notre rôle c’est d’être levain, cachés, enfouis ! »

Je ne sais pas d’où ça vient. Je ne sais pas comment on a pu imaginer l’Église autre que missionnaire. Je ne sais pas comment on a pu arriver à la conclusion bizarre que le service des pauvres, la charité, l’engagement social même, étaient incompatibles avec la mission. Ou comment l’un s’opposerait à l’autre, comment il faudrait faire un choix entre les deux !

Bien sûr, beaucoup identifient l’évangélisation à certaines communautés nouvelles, où l’on prie avec tout son corps (beurk), et où l’on chante en langues (horreur). Communautés à qui on a su reprocher de n’être que sensiblerie, affect, pathos et caetera, et qui, quand elles ont fait un effort formidable pour se structurer, se former, se formaliser, se verraient aujourd’hui reprocher d’être devenues trop classiques ! Mais alors, quand vont-elles vous plaire, mes frères ? Jamais ? Ah, oui, je m’en doutais !

La vérité, c’est que la mission est consubstantielle à l’Église, elle est sa raison d’être, et donc, celle de toutes nos communautés ! Inséparable de la liturgie et de la diaconie, c’est un des trois piliers de la vie d’Église ! Et elle n’est pas affaire de choix personnel, une préférence, ou une option. Et le déclin apparent de l’Église d’Occident n’est pas inéluctable, il n’est pas programmé, et il n’est pas obligatoire ! Le penser, c’est se placer dans une perspective seulement humaine : ça a plu, ça plait plus, le dernier ferme l’église et meurt !

Attendez, attendez ! Qu’est-ce que c’est l’Église ? Un formidable élan d’évangélisation né d’un groupe d’hommes quelconques et pour la plupart illettrés, dans un pays minuscule, occupé, enchâssé dans des civilisations colossales autrement plus puissantes que lui !

Et alors, aujourd’hui, ce serait pire ?

La mission ne se nourrit pas de circonstances, mais de charité, de foi et d’espérance !

Soeur Anne-Claire, cistercienne : « retrouver la compréhension de la mission que le Christ nous a confiée »

Des Hommes et des dieux, le film de Xavier Beauvois avec Lambert Wilson et Michaël Lonsdale a atteint 2 millions d’entrées après quatre semaines en tête du box-office français. Fort de 90% d’avis favorables chez les spectateurs, jeunes et vieux, selon l’Observatoire de la satisfaction (un score exceptionnel), au niveau de popularité d’Avatar et de Bienvenue chez les Ch’tis selon l’Express qui en a fait sa Une, il a été choisi pour représenter la France aux Oscars et il est déjà vendu partout dans le monde. Nicolas Sarkozy l’a même vu en projection privée à l’Elysée… Mais qui étaient donc les moines de Tibhirine, enlevés par les islamistes algériens puis assassinés en 1996 ? Leur père abbé, Christian de Chergé, était un ami proche d’une de nos abbayes françaises, Notre Dame de Bonneval, en Aveyron, près de Rodez. Ce monastère de l’ordre cistercien de la stricte observance, comme Tibhirine, fabrique du chocolat. Dans mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de France, paru l’an dernier aux éditions de L’Oeuvre, j’ai interrogé l’une de ces religieuses, soeur Anne-Claire, qui nous parle de l’évangélisation. Reportage en images.

Une vallée perdue du Nord-Aveyron, sans autres habitants que ceux d’un vieux monastère fortifié, blotti sur un versant. De la forêt à perte de vue. Un torrent, avant de descendre vers le Lot, alimente le monastère en électricité ; mais si l’on ignore ce détail, on se croirait facilement au XIIe siècle, quand quelques moines cisterciens se sont installés dans la « bonne vallée » pour ensuite rayonner alentour par leur travail et leur prière. Aujourd’hui l’abbaye Notre Dame de Bonneval demeure un site témoin de la radicalité du « choix du désert » par le monachisme, et même une sorte d’anticipation du paradis si l’on en croit le Père Abbé de Notre-Dame des Neiges, Père Immédiat (1) de Bonneval : « Nul ne peut rester indifférent devant la fondation en un tel lieu aride et retiré d’une sorte de paradis, d’un jardin ouvert, presque suspendu ». (2)

Bonneval a été habité de 1147 à 1791 par des moines cisterciens. Ces derniers ayant été chassés par la Révolution, des cisterciennes-trappistines ont pris le relais en 1875 sur la demande de l’évêque de Rodez. Elles ont relevé les ruines, installé une chocolaterie pour « vivre du travail de leur mains » ainsi que le demande saint Benoît dont elles suivent la Règle, comme tous les cisterciens (3). Elles sont aujourd’hui trente, de 29 à 98 ans. L’histoire continue…

Mais à quoi sert un tel monastère aujourd’hui ? Ces sœurs se soucient-elles des besoins de l’Eglise, de la question de l’évangélisation ? Ont-elles même seulement la possibilité de participer à cette évangélisation ? En réalité elles y participent à leur manière, comme nous l’explique l’une d’elles, Sœur Anne-Claire, qui vient de prononcer ses vœux définitifs.

La vie consacrée, réponse possible à la quête du bonheur

Avant d’entrer à Bonneval, Sœur Anne-Claire était une jeune femme aux multiples activités, jouissant d’une excellente situation professionnelle en tant qu’ingénieur dans un grand groupe. Mais cela ne lui suffisait pas. Issue de cette « génération Jean-Paul II » que le Pape polonais avait appelée à « mettre le feu au monde entier » (4), elle souhaitait davantage pour sa vie. « La situation professionnelle, aussi bonne soit-elle, ne suffit pas à donner un sens à la vie, explique-t-elle. J’ai compris un jour que pour ma part, le bonheur serait du côté de la vie consacrée : une forme de vie dont le sens serait la recherche de Dieu. »

Réaction de la famille et questions…

Cela n’a pas été très facile. Pour Sœur Anne-Claire, « l’image des « bonnes sœurs » n’est pas excellente dans notre société. On les décrit facilement comme des frustrées (option revêche ou option « pas-du-tout-je-suis-très-heureuse »), des personnes qui sont passées à côté de la vie pour n’avoir pas su… aimer. Et ça, c’est une critique à prendre très au sérieux, une vraie objection. Mon père, pas exactement catho, m’a fait une remarque extrêmement pertinente, il m’a dit : « ce qui me gêne le plus dans la direction que tu prends, c’est que je ne vois pas où est l’amour là-dedans. Et l’amour c’est ce qu’il y a de plus important dans la vie». Je lui ai répondu que j’étais pleinement d’accord sur l’importance de l’amour et que c’était précisément ce que je cherchais dans la vie religieuse, sous la forme de l’amour avec Dieu… Mais c’est très difficile à avaler quand on n’a pas fait soi-même l’expérience de ce que savent les croyants : « Dieu est amour ». Sans amour, la vie religieuse n’a aucun sens, la vie chrétienne non plus. »

Distinction entre « réussir dans la vie » et « réussir sa vie »

La vie religieuse se comprend mieux quand on distingue entre « réussir dans la vie » et « réussir sa vie ». C’est à nouveau la question de sens de la vie : quand on parle « de réussir dans la vie », on vise souvent la réussite sociale, qui n’est pas négligeable en soi mais ne suffit pas à rendre heureux, de ce bonheur profond qui vient de ce qu’on se sent utile, qu’on est aimé et qu’on aime : ça, c’est « réussir sa vie ». Sœur Emmanuelle disait qu’elle était profondément frappée de la joie de certains des chiffonniers du Caire. Cela ne voulait pas dire que pour elle il fallait les laisser dans leur misère (elle a assez lutté contre !) mais que même au cœur du combat quotidien pour la survie, pour la dignité humaine, on peut être debout et heureux. Inutile de posséder les derniers fleurons de la technologie pour cela.

Une communauté cistercienne

Les cistercien(ne)s appartiennent à la grande famille des fils de Saint Benoît, dont le charisme tient en deux mots comme l’a récemment souligné Benoît XVI : chercher Dieu. Comment se fait-il qu’on ait le culot de chercher Dieu ? Parce qu’Il nous y invite, et qu’Il nous cherche lui-même le premier, comme l’attestent les Evangiles. Ce n’est évidemment pas réservé aux moines et aux moniales. Mais la particularité de ces derniers est d’essayer de s’y consacrer à plein temps.

Une journée-type : musclée, mais bien humaine

Lever à 4h10, Vigiles à 4h30, suivies du petit-déjeuner, d’une heure de lectio divina (lecture priée de l’Ecriture ou d’auteurs spirituels); 7h30, Laudes suivies de la messe, chapitre (réunion de la communauté) suivi de l’office de Tierce ; puis temps libre. De 9h30 à midi, travail. A 12h15, office de Sexte, déjeuner, puis 1h30 de temps de détente (généralement promenade). Viennent ensuite l’office de None à 14h30, et à nouveau le travail de 14h45 à 17h30. Vêpres, suivies d’un quart d’heure d’oraison. Enfin le dîner, puis une demi-heure à une heure de lectio divina, les Complies à 19h35 et plus de bruit à 20h15… Ce qui fait en gros chaque jour trois heures et demie de prière communautaire et liturgique, trois quarts d’heure d’oraison, six heures de travail, deux heures de lectio divina, le reste pour les repas et la nécessaire détente. Saint Benoît voulait un horaire équilibré, humain, où toutes les activités permettent cette recherche de Dieu qui est l’objectif des moines et moniales.

Pas d’indigestion de prière avec un tel horaire ?

Souvent dans les Evangiles, le Christ nous invite au discernement vis-à-vis de notre prière : « Gardez-vous de ceux… qui affectent de faire de longues prières » (Mc 12,40). Si on prie de façon à se dessécher le cœur – le cœur ne se dessèche que si on ne s’en sert pas – il vaut mieux arrêter. Mais ce n’est pas là la vraie prière. La vraie prière est don reçu de Dieu. Si c’est un don de Dieu, comment en avoir assez ? Ceci étant, la réception de ce don demande un certain effort à l’homme. Et cela n’efface pas nos autres devoirs, en premier lieu l’attention aux besoins du prochain. « Nous essayons donc de tout équilibrer ».

Au rythme de la liturgie des heures

La liturgie monastique est la grande prière de l’Eglise, la liturgie des Heures, telle qu’elle est célébrée partout dans le monde. Elle est axée sur la Parole de Dieu : l’Ancien et le Nouveau Testament, avec une place spéciale pour les psaumes, cette prière pluri-millénaire. C’est une école de prière, soutenue par tous ceux qui ont vécu de cette même liturgie depuis les débuts de l’Eglise.

Pourquoi ce nom d’« Ordre cistercien de la stricte observance »

Ce nom reflète le désir des trappistes (c’est le nom familier des membres de l’Ordre cistercien de la stricte observance ou OCSO) de suivre fidèlement l’héritage spirituel de Saint Benoît. Il existe aujourd’hui deux ordres cisterciens. L’ordre primitif, l’« Ordre de Cîteaux » a dû par la force de l’histoire s’éloigner d’un mode de vie uniquement contemplatif. L’OCSO (les trappistes), avec l’encouragement du Saint-Père d’alors, s’en est séparé juridiquement pour préserver la vocation « strictement » contemplative de leurs monastères. Mais il existe des monastères uniquement contemplatifs aussi dans l’Ordre de Cîteaux, comme Lérins et La Maigrauge, dont les trappistes sont très proches. Les deux ordres cisterciens entretiennent d’ailleurs des liens de collaboration et d’amitié, et il n’est pas impossible qu’un jour ils retrouvent leur unité primitive.

Etre utile à la société en vivant à l’écart ?

Benoît XVI posait récemment cette question au sujet des monastères, qui sont selon lui des « poumons de la société » (5) : « Pourquoi ‘s’enfermer’ pour toujours entre les murs d’un monastère et priver ainsi les autres de la contribution de ses capacités et de ses expériences ? Quelle efficacité peut avoir leur prière pour résoudre les nombreux problèmes concrets qui continuent d’affliger l’humanité ? ». Le Saint Père est un fin connaisseur de la tradition monastique, et il répond lui-même à sa question en soulignant la fonction de témoignage des monastères. Détail important, c’est un témoignage qui se donne avant tout « en silence », du seul fait que ces frères et sœurs soient là. Beaucoup de gens qui sont en marge de la foi se disent plus sensibles à ce « témoignage silencieux », apparemment sincère parce qu’il engage toute la vie du témoin, qu’à bien des paroles. Certaines personnes soupçonnent facilement l’Eglise de vouloir seulement, à travers l’évangélisation, faire du chiffre et des adeptes, comme n’importe quel parti politique avide d’emprise sur les masses ; les monastères prêtent peut-être moins à ce soupçon, car beaucoup de personnes perçoivent le caractère « gratuit » de la vie monastique : en effet, les moines ne servent apparemment à rien dans l’Eglise. Cette inutilité souligne quelque chose de très important : l’amour de Dieu est gratuit, et il mérite en retour un amour gratuit, désintéressé, qui ne vise à rien d’autre que de L’aimer. La fonction de Marie, la sœur de Marthe (Lc 10,38-42) en quelque sorte. Jésus lui-même dit que le rôle de Marie a un sens, qu’il l’approuve, même si ce rôle ne se laisse pas comprendre en termes d’ « utilité » immédiate et tangible.
Pour ce qui est de « l’enfermement loin du monde », le Saint Père semble employer la formule avec un certain humour vis-à-vis de ceux qui voient les moines (et encore plus les moniales) comme des prisonniers… Leur volonté de rechercher Dieu les conduit certes à un certain éloignement vis-à-vis de la place publique. C’est aussi à cause de cette spiritualité de « séparation du monde » que les moines ne font pas d’évangélisation directe. Mais ils ne sont pas enfermés. Et ils gardent une certaine communication nécessaire avec la société, ce monde des hommes dont ils font toujours partie.

Du sens classique de l’évangélisation…

Evangéliser au sens habituel, c’est annoncer directement le Seigneur, aider d’autres personnes à rencontrer Dieu, qui nous cherche lui-même et nous aime. Dieu se laisse rencontrer, mais il n’oblige personne : infini respect de notre liberté, que nous ne comprendrons sans doute que là-haut. Autre paradoxe, il souhaite que nous, ses créatures, préparions le terrain… Il y a là de quoi être un peu craintifs devant cette énorme mission qu’il nous confie ; mais confiants, aussi, parce que c’est lui qui nous le demande et parce qu’il nous aide ! Cela, c’est le sens classique de l’évangélisation, la « première ligne » si on veut. Si l’essentiel est l’évangélisation directe, les moines sont généralement « à l’arrière »… Mais on peut aller plus loin et se dire que si l’essentiel est plutôt la communion avec Dieu et par lui avec le prochain, alors, il est difficile de déterminer qui est en première ligne. Les Pères du Désert, ces grands contemplatifs, affirmaient qu’il existait des laïcs mariés et vivant en ville qui étaient beaucoup plus proches de Dieu qu’eux-mêmes… Finalement, pouvoir se dire « en première ligne » ou non n’a pas d’importance, ce qui compte est de trouver la place où Dieu nous propose d’être, et d’y fleurir, de s’y épanouir comme on dirait aujourd’hui.

…au lien entre évangélisation et monachisme

Mais moines et moniales sont-ils vraiment sur le banc de touche en matière d’évangélisation ? On entend souvent dire qu’au cours de l’histoire, les moines ont eu un rôle actif dans l’évangélisation, en particulier l’évangélisation de l’Europe. Il est vrai qu’à la fin du VIe siècle, le pape Grégoire le Grand qui connaissait bien la spiritualité de Saint Benoît pour avoir lui-même rédigé l’histoire de sa vie, envoya un bénédictin ré-évangéliser l’Angleterre. Ce fut le premier évêque de Cantorbéry, saint Augustin de Cantorbéry. On pourrait citer d’autres exemples semblant indiquer que les premiers fils de Saint Benoît ont été des évangélisateurs actifs, « par le livre et la charrue » comme on dit parfois. Mais comme le fait remarquer Benoît XVI, Benoît n’a pas fondé une institution monastique ayant pour but l’évangélisation des peuples, comme d’autres grands moines missionnaires de l’époque, mais il a fixé à ses disciples comme « objectif fondamental et même unique », la recherche de Dieu: « Quaerere Deum » (6). Autrement dit, les premiers fils de Saint Benoît ont été des évangélisateurs par surcroît, en plus du but essentiel de leur vie qui était la recherche de Dieu.

Sœur Anne-Claire raconte qu’avant de choisir la vie monastique, elle ne comprenait pas qu’il existe encore des monastères : car de nos jours, il n’y a plus besoin de défricher des forêts ni de recopier des manuscrits, et elle croyait vaguement que c’était à cela que servaient les abbayes autrefois. Pas du tout : le but des moines, c’est la recherche de Dieu. Et cela, c’est de tous les temps.

Il s’ensuit que les cisterciennes de Bonneval ne font pas d’évangélisation directe, suivant la spiritualité de leur Ordre (7). Malgré tout, on peut discerner un double lien entre évangélisation et monachisme. D’abord, les moniales prient pour ceux et celles qui évangélisent – et pour les personnes à qui ils s’adressent. Deuxièmement, les sœurs font peut-être une sorte d’évangélisation par ce « témoignage silencieux » qu’évoquait Benoît XVI. Le Père Abbé de l’abbaye bénédictine de Ligugé, dom Jean-Pierre Longeat, disait récemment que l’expérience spirituelle est un terrain privilégié de l’évangélisation. Et beaucoup pensent que cette évangélisation-là a un bel avenir devant elle !

« Contemplation », prière et évangélisation

On comprend donc que la vie contemplative elle-même peut être évangélisatrice, si les « contemplatifs » sont fidèles à leur vocation. En fait, le mot « contemplatifs » appliqué aux moines et moniales ne signifie pas qu’ils aient plus accès à la contemplation que quiconque. Ceux qui sont appelés contemplatifs dans l’Eglise sont plus exactement des gens qui essaient de consacrer toute leur vie à la recherche de Dieu. Quant à la « contemplation », c’est une grâce que Dieu accorde à qui il veut, moine ou mère de famille ! L’adoration, qui est une forme de prière, est une des composantes de cette recherche du Seigneur qui n’est possible que parce qu’Il nous cherche le premier. La prière est nécessaire pour tout chrétien qui veut vivre de sa foi, et particulièrement pour ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle du salut : Dieu se donne dans la prière et les sacrements, si on ne reçoit pas d’abord ce don il n’est pas possible d’aider véritablement autrui à rencontrer Dieu.

Pas besoin de gravir les échelons pour être un vrai moine ou une vraie moniale

Quand nous demandons à sœur Anne-Claire « Voudriez-vous devenir un jour Mère Abbesse ? », elle répond sans hésiter : « Là où on voit que la vie monastique est une vraie forme de vie évangélique, malgré nos petites faiblesses, c’est qu’on n’y fait pas carrière. Bonne nouvelle : inutile de « gravir les échelons » pour être un vrai moine ou une vraie moniale, pour répondre à sa vocation, pour réussir sa vie comme nous disions tout à l’heure ! Pour ce qui est d’être abbesse, c’est une vocation tout à fait spéciale à laquelle je ne me sens pas appelée ».
Dans les monastères masculins non plus on ne fait pas carrière. De plus, chez les moines, certains frères peuvent être appelés au sacerdoce par l’abbé et la communauté ; mais un frère qui n’est pas prêtre n’en est pas moins un vrai moine, qui rend un vrai service dans l’Eglise, qui annonce le Seigneur à sa manière.

La crise des vocations et le rôle des familles chrétiennes

C’est Dieu qui appelle, il se débrouille pour appeler qui il veut où il veut. C’est un peu mystérieux, mais c’est parfait comme ça ! La preuve : le nombre d’ordres et de congrégations riches en saint(e)s et en beaux fruits, jaillis un beau jour de nulle part. Mais il est vrai que quand quelqu’un grandit dans une famille chrétienne, il est certainement mieux préparé à écouter l’appel. Le manque de vocations aujourd’hui dans nos monastères est douloureux par certains côtés, mais peut-être aussi qu’il nous dispose mieux à écouter ce que « l’Esprit dit aux Eglises », selon l’expression de l’Apocalypse. Et il n’est pas interdit de penser que la précarité actuelle des communautés religieuses a un certain parfum évangélique : pauvreté, simplicité, confiance en Dieu plutôt qu’en notre force, en nos grands moyens et en nos gros effectifs… Etymologiquement, la précarité est la situation de celui qui prie. Devenir toujours davantage des priants, c’est cela le plus important pour nous. Et s’il existe un remède à la crise des vocations, il est probablement là aussi.

L’enjeu de la première annonce et de la nouvelle évangélisation

« C’est primordial, conclut Sœur Anne-Claire. C’est peut-être la grâce de cette époque difficile pour l’Eglise : retrouver la compréhension de la mission que le Christ nous a confiée. »

Pour en savoir plus sur Bonneval : le site de l’abbaye

Lire aussi : le dossier spécial Thibirine

—— Notes

(1) Chez les cisterciens, selon l’organisation fixée au XIIe siècle par la Charte de charité, toute abbaye dépend d’une abbaye-mère qui lui vient en aide s’il est besoin. Le père abbé de la maison-mère est appelé Père Immédiat.
(2) Dom Hugues de Seréville, abbé de Notre Dame des Neiges, in Bonneval, une abbaye cistercienne en Rouergue, Annie Bras, Editions Privat 2008, préface.
(3) Le nom de cisterciens vient de celui de l’Abbaye de Cîteaux, en Bourgogne, fondée en 1098 par des moines bénédictins désireux de revenir à une vie monastique simple et fidèle à la Règle de saint Benoît (VIe siècle). Parmi les saints issus de Cîteaux, un des plus célèbres est Bernard de Clairvaux (1090-1153). C’est à cause de saint Bernard que les cisterciens sont parfois appelés « Bernardins », d’où le nom du collège des Bernardins à Paris, qui était une des nombreuses maisons d’études de l’Ordre ; des générations de moines de Bonneval y ont étudié.
(4) Jean-Paul II, homélie du 20 août 2000 à Tor Vergata (clôture des Journées mondiales de la jeunesse), citation de Catherine de Sienne. Cf. sur le site du Vatican
(5) Benoît XVI : « Les monastères sont comme des poumons verts pour la société », Anuncioblog, 19 novembre 2008.
(6) Angelus du 10 juillet 2005, en la veille de la fête de Saint Benoît.
(7) Constitutions OCSO, n° 31 : Fidélité à la vie monastique et zèle pour le royaume de Dieu et le salut de toute l’humanité sont intimement liés. Les moniales portent en leur cœur ce souci apostolique. Leur façon propre de participer à la mission du Christ et de son Église, ainsi que de s’insérer dans une Église locale, est leur vie contemplative elle-même. Pour cette raison, si urgente que soit la nécessité d’un apostolat actif, elles ne peuvent être appelées à fournir une aide dans les divers ministères pastoraux et autres activités extérieures.

Copyrights Editions de L’Oeuvre 2009

Mgr Rino Fisichella : « L’Eglise doit être en mesure d’apporter l’Evangile de Jésus-Christ à l’homme d’aujourd’hui »

Le président du nouveau dicastère consacré à la nouvelle évangélisation, Mgr Rino Fisichella, réagit sur Radio Vatican à l’annonce de la tenue d’un prochain synode des évêques sur ce thème

Il faut que l’Eglise soit « en mesure d’apporter l’Evangile de Jésus-Christ à l’homme d’aujourd’hui », a estimé Mgr Rino Fisichella sur Radio Vatican (écouter ici), réagissant à l’annonce par Benoît XVI, de la tenue d’un prochain Synode, en 2012, sur le thème de la nouvelle évangélisation.

Intervenant sur Radio Vatican, le 25 octobre, le président du nouveau Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation a évoqué une « grande surprise » doublée d’une « joie profonde de savoir que le pape, en plus d’avoir institué il y a quelques semaines un nouveau Conseil pontifical (…) pense maintenant impliquer tout l’épiscopat du monde pour le Synode de 2012 ».

Evoquant le « désert » où vit l’homme contemporain, Mgr Fisichella a souligné combien « l’homme a besoin de Dieu ». Il est important de « faire comprendre de manière juste – dans une société de plus en plus sécularisée – le thème du rapport entre foi et raison », a-t-il poursuivi.

Inévitablement, il y a aussi « le thème important de la sécularisation ». Elle « ne touche pas seulement l’Eglise », a estimé le haut prélat. « La sécularisation comme phénomène touche la culture en premier lieu, et touche donc toutes les dimensions dont l’homme vit. C’est donc tout cela qui fait que la sécularisation est un phénomène qui doit être observé et étudié avec attention ».

Outre les pasteurs, il y aura beaucoup de laïcs et de personnes consacrées présentes à ce Synode, qui « donneront un apport positif », a encore affirmé Mgr Fisichella en rappelant l’importance des laïcs pour « transformer le tissu social, culturel, politique ».

« Nous devons être capables de trouver un dénominateur commun ; nous devons être capables de dépasser cette condition de fragmentation dont vit la culture contemporaine », a-t-il enfin observé.

« Je pense que le plus grand défi est justement celui-là : comment chercher à avoir un contenu homogène et donc, des contenus qui permettent d’exprimer dans des langages différents, dans des traditions différentes, dans des rites différents, dans des disciplines différentes, le centre unique de notre foi, celle de la foi en Jésus mort et ressuscité ».

Source : Zenit

Canada : les défis de la nouvelle évangélisation

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a ouvert lundi son assemblée plénière annuelle au Centre Nav Canada, Cornwall, Ontario. Au cours de cette assemblée, qui durera jusqu’au 29 octobre, le président du Conseil pontifical de la culture, Mgr Gianfranco Ravasi, interviendra deux fois en tant qu’invité spécial, nous rapporte Zenit.

Dans une lettre au pape portant la date du 25 octobre, jour de l’ouverture des travaux, Mgr Pierre Morisette, président de la CECC, remercie Benoît XVI au nom de tous les évêques, de la canonisation du fr. André Bessette, soulignant sa grande popularité dans tous le pays.

Après s’être félicité de l’idée du pape de convoquer une assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques à la lumière des défis complexes que présente la situation dans cette région, Mgr Morisette a souligné l’importance de la création d’un Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, une question qui occupera largement les travaux de l’assemblée.

Le thème de l’évangélisation, précise-t-il, sera abordé sous quatre angles différents : les enjeux actuels en bioéthique ; la pastorale des catholiques non pratiquants ; la responsabilité dans l’exercice du ministère avec un accent sur les questions liées aux abus sexuels ; les approches visant à renouveler les paroisses en favorisant la participation des jeunes adultes catholiques.

A propos des travaux de l’assemblée, les quelque 90 évêques du Canada réfléchiront aussi aux relations avec les musulmans et avec les juifs, à l’application que pourrait avoir dans leur pays la Constitution apostolique Anglicanorum coetibus, au rôle des évêques dans les questions pro-vie et à l’Organisation catholique canadienne pour le développement et la paix (OCCDP).

Les sessions de travail comprendront également des exposés, des réflexions et des ateliers sur le thème : « Principes d’évangélisation dans la culture contemporaine ».

Source : Zenit

Benoît XVI citant Paul VI : « L’Église existe pour évangéliser »

Au terme de la messe célébrée dimanche matin dans la basilique du Vatican en conclusion de l’Assemblée spéciale pour le Moyen Orient du Synode des évêques, Benoît XVI a récité la prière de l’Angélus depuis la fenêtre de son bureau du Palais Apostolique du Vatican. Le pape a rappelé comme il l’avait annoncé le matin même que la prochaine Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, en 2012, serait consacrée au thème « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Il a également rappelé le lien avec la Journée missionaire mondiale ayant lieu le même jour que la conclusion du synode, et a cité Paul VI, « L’Église existe pour évangéliser », dans l’exhortation apostolique sur l’évangélisation dans le monde moderne Evangelli nuntiandi, publiée en 1975 à l’instigation de Jean-Paul II à la fin du 4ème synode des évêques.

Paroles du Saint-Père avant la prière de l’Angelus

Chers frères et sœurs !

C’est par une célébration solennelle ce matin dans la basilique du Vatican que s’est conclue l’Assemblée spéciale pour le Moyen Orient du Synode des évêques, sur le thème : « L’Église Catholique en Moyen Orient : communion et témoignage ». En ce dimanche, de plus, on fête la Journée mondiale missionnaire, qui a pour thème : « La construction de la communion ecclésiale est la clef de la mission ». La ressemblance entre les thèmes de ces deux évènements ecclésiaux est frappante. Tous les deux invitent à regarder l’Église comme un mystère de communion qui, par sa nature, est destinée à chaque homme et à tous les hommes. Le serviteur de Dieu le Pape Paul VI affirmait ainsi : « L’Église existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse. » (Exortation apostolique Evangelii Nuntiandi, 8 décembre 1975, 14 : AAS 68, 1976, p. 13). C’est pourquoi, la prochaine Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, en 2012, sera consacrée au thème « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». A chaque époque et en chaque lieu – même aujourd’hui au Moyen Orient – l’Église est présente et agit pour accueillir chaque homme et lui offrir Christ la plénitude de la vie dans le Christ. Comme l’écrivait le théologien Italien-allemand Romano Guardini : « La réalité « Église » implique toute la plénitude de l’être chrétien qui se développe dans l’histoire, puisqu’elle embrasse la plénitude du humain qui est en rapport avec Dieu » (Formation liturgique, Brescia 2008, 106-107).

Chers amis, dans la Liturgie d’aujourd’hui, on lit le témoignage de Saint Paul en ce qui concerne la récompense finale que le Seigneur délivrera « à tous ceux qui ont attendu avec amour sa manifestation » (2 Tm 4.8). Il ne s’agit pas d’une attente inactive ou solitaire, au contraire ! L’Apôtre a vécu en communion avec le Christ ressuscité « pour porter jusqu’au bout l’annonce de l’Évangile » si bien que « tous les gens l’écoutaient » (2 Tm 4.17). Un devoir missionnaire n’est pas de révolutionner le monde, mais le transfigurer, en puisant la force de Jésus Christ qui « nous convoque à la table de sa parole et de l’eucharistie, pour apprécier le don de sa présence, nous former à son école et vivre toujours plus consciemment en union avec lui, Maître et Seigneur » (Message pour la 84e Journée Mondiale). Même les chrétiens d’aujourd’hui – comme cela est écrit dans la lettre à Diogneto – « montrent comme est merveilleuse et… extraordinaire leur vie sociale. Ils passent leur existence sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, mais leur manière de vivre est plus parfaite que les lois… Ils sont condamnés à mort, et c’est d’elle qu’ils trouvent la vie. Aussi en faisant le bien,… ils sont persécutés et grandissent en nombre chaque jour ». (V, 4.9.12.16 ; VI, 9 SC 33, Paris 1951, 62-66).

Confions à la Vierge Marie, qui a reçu de Jésus Crucifié la nouvelle mission d’être mère de tous ceux qui veulent croire en Lui et le suivre, les communautés chrétiennes du Moyen Orient et tous les missionnaires de l’Évangile.

Le Saint-Père s’adresse aux pèlerins francophones

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones, en particulier ceux du diocèse de Sion. En célébrant aujourd’hui la Journée mondiale des missions, nous nous rappelons que tous les baptisés sont appelés à annoncer la Bonne Nouvelle du salut, en renforçant les liens de communion entre eux et en effectuant une constante conversion personnelle et communautaire. En ce jour s’achève aussi l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques. Je vous invite à prier pour tous les peuples de cette région, demandant au Seigneur de susciter partout dans le monde des hommes et des femmes de paix et de réconciliation. Bon dimanche à tous !

Sources : VIS et ESM

Pour Benoît XVI, la nouvelle évangélisation est un « besoin urgent »

Dimanche, la clôture de l’Assemblée du Synode pour le Moyen-Orient a coïncidé avec la Journée missionnaire mondiale. Lors d’une messe célébrée en présence de l’ensemble des pères synodaux et pour conclure cet évènement, le pape a annoncé que le prochain synode aurait lieu en 2012 sur le thème de la nouvelle évangélisation. Une annonce qui fait suite à la création par Benoît XVI du nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation avec la lettre apostolique sous forme de motu proprio Ubicumque et semper (« partout et toujours »). Extraits commentés.

Lundi dernier, recevant le nouvel ambassadeur du Salavador près le Saint-Siège, Benoît XVI avait recommandé l’évangélisation comme remède à la violence. Dans son homélie de dimanche, le pape rappelle en écho que la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour l’homme est l’unique Parole en mesure d’aller contre la violence :

« Même s’ils sont peu nombreux (les chrétiens au Moyen Orient, ndlr), ils sont porteurs de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour l’homme, amour qui s’est justement révélé en Terre Sainte en la personne de Jésus Christ. Cette Parole de salut, renforcée par la grâce des Sacrements, résonne avec une efficacité particulière dans les lieux où elle a été écrite, par Providence divine, et elle est l’unique Parole en mesure de rompre le cercle vicieux de la vengeance, de la haine, de la violence. »

Benoît XVI a également relevé que l’urgence d’évangéliser a souvent été évoquée pendant le Synode. Pour le pape, la nouvelle évangélisation est un « besoin urgent » pour le monde entier :

« Au cours des travaux de l’Assemblée, on a souvent souligné la nécessité de proposer à nouveau l’Évangile aux personnes qui le connaissent peu, voire qui se sont éloignées de l’Église. Le besoin urgent d’une nouvelle évangélisation, même pour le Moyen-Orient, a souvent été évoqué. Il s’agit d’un thème très répandu, surtout dans les pays qui ont une christianisation ancienne. La création récente du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation répond aussi à ce profond besoin. C’est pourquoi, après voir consulté l’épiscopat du monde entier et après avoir entendu le Conseil ordinaire de la Secrétairerie générale du Synode des évêques, j’ai décidé de dédier la prochaine Assemblée générale ordinaire, en 2012, au thème suivant : « Nova evangelizatio ad christianam fidem tradendam – La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ».»

Lire aussi :
texte intégral de l’homélie de Benoît XVI
Nouvelle évangélisation : Benoît XVI dans la continuité de Jean-Paul II
Benoît XVI vs nouvelle évangélisation : une vingtaine d’interventions

Benoît XVI annonce un synode pour la nouvelle évangélisation en 2012

Benoît XVI a annoncé la tenue d’un Synode sur la nouvelle évangélisation en 2012, sur le thème : « Nova evangelizatio ad christianam fidem tradendam – La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ».

Le pape en a fait l’annonce au cours de l’homélie qu’il a prononcée durant la messe de conclusion du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, ce 24 octobre dans la basilique Saint-Pierre.

« Après avoir consulté l’épiscopat du monde entier et avoir entendu le Conseil ordinaire de la secrétairerie générale du Synode des évêques, j’ai décidé de consacrer la prochaine assemblée générale ordinaire, en 2012, au thème suivant : « Nova evangelizatio ad christianam fidem tradendam – La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », a affirmé Benoît XVI.

« La nécessité de reproposer l’Evangile aux personnes qui le connaissent peu ou qui se sont éloignées de l’Eglise a souvent été soulignée durant les travaux de l’Assemblée » pour le Moyen-Orient, a-t-il rappelé.

« Le besoin urgent d’une nouvelle évangélisation, notamment pour le Moyen-Orient, a souvent été évoqué », a-t-il ajouté en évoquant un « thème assez répandu, surtout dans les pays d’ancienne christianisation ».

Le pape a aussi rappelé la création, le 12 octobre dernier par une lettre apostolique en forme de « motu proprio » intitulé « Partout et toujours », du Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle évangélisation.

Source : Zenit

La création du dicastère pour la nouvelle évangélisation est « prophétique »

La création du dicastère pour la promotion de la nouvelle évangélisation est prophétique. Le pape donne aux fidèles les moyens de vivre ce à quoi ils sont appelés : à l’évangélisation. Mais il faut apprendre à évangéliser, en sachant que « l’évangélisation n’est pas notre oeuvre mais celle de Dieu, à laquelle il veut nous associer ».

C’est en substance ce qu’affirme dans cet entretien le P. Pierre Le Bourgeois, prêtre du diocèse de Belley-Ars depuis 1994 et curé d’un groupement de paroisses. Il vient de publier « Pour annoncer l’Evangile aujourd’hui » (1) un livre pour approfondir la mise en œuvre pastorale de la nouvelle évangélisation.

Q – Vous publiez ce mois ci un livre sur l’évangélisation : pourquoi ?

P. Pierre Le Bourgeois – Il me semble qu’au début de ce nouveau millénaire l’évangélisation est un défi majeur pour l’Église et donc pour tous les baptisés. Or, évangéliser s’apprend : l’évangélisation n’est pas notre œuvre mais celle de Dieu, à laquelle il veut nous associer. Même avec une profonde générosité, un immense désir d’aller partager la joie de sa foi au Christ Rédempteur, quelques intuitions pour entrer dans une démarche missionnaire, il est important de connaître quelques principes de bases qui s’enracinent dans une juste conception de l’ecclésiologie et de l’anthropologie.

C’est pourquoi, après quelques années d’expérience pastorale et une session de formation à l’institut missionnaire de Toulon, poussé par des amis avec qui j’en avais parlé et encouragé par un évêque – Mgr Dominique Rey -, je me suis attelé à la rédaction de cet ouvrage : Pour annoncer l’Évangile aujourd’hui. Ajoutons que pour apprendre, l’expérience sur le terrain est aussi nécessaire ! Il faut oser !

Q – Comment avez-vous reçu la création par Benoît XVI du nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation ?

Avec beaucoup de joie et de gratitude. Je crois que la création de ce dicastère est tout à fait prophétique. Le pape donne vraiment à l’Église les moyens de vivre ce à quoi elle est appelée et ce pour quoi elle est l’Église du Christ, « sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain », pour reprendre les mots du Concile Vatican II dans le grand décret sur l’Église, Lumen Gentium.

Q – Etiez-vous déjà en train d’écrire votre livre quand cela a été annoncé ?

Oui, j’en avais déjà relu les épreuves. L’Esprit Saint est vraiment à l’œuvre aujourd’hui…

Q – Qu’est-ce que la lecture du motu proprio « partout et toujours » vous inspire ?

Le pape a une conscience pointue du défit pastoral dans lequel l’Église se trouve de nos jours et tout particulièrement dans les pays de vieille chrétienté. Il désire y répondre et ouvre des pistes théologiques, spirituelles et pastorales.

Q – Que relevez-vous, en particulier ?

Comme le rapporte très bien Anita S. Bourdin sur Zenit, suite à la conférence de presse du nouveau président du dicastère, « la nouvelle évangélisation, ce n’est pas une « formule passe-partout » ou « magique » ; elle suppose un travail de réflexion pour « élaborer une pensée forte, capable de soutenir une action pastorale élevée, capable de vérifier précisément les différentes traditions et objectifs que ces Eglises possèdent du fait de leur histoire » ; ce n’est pas non plus une « formule abstraite », car ses « contenus théologiques et pastoraux » ont été consolidés par le magistère récent ; en outre, elle a pris forme dans de nombreuses initiatives des évêques, des conférences épiscopales et des associations de fidèles laïcs. »

Q – Pourquoi parle-t-on de « nouvelle » évangélisation ?

Pour répondre à la question, il est bon de reprendre une expression de Jean-Paul II qui disait qu’on devait pouvoir dire la foi en « des termes audibles et crédibles » pour notre temps. Les temps sont nouveaux, il nous faut donc avoir une manière nouvelle d’annoncer le Christ qui lui est le même hier, aujourd’hui et demain (cf. He 13,8).

Q – Pourquoi la paroisse est-elle au cœur du processus de nouvelle évangélisation ?

Appuyons-nous sur une expression magnifique de Jean XXIII : « La paroisse est la fontaine du village ». En fait une paroisse est un lieu de vie où chacun doit pouvoir venir puiser à cette source qu’est le Cœur du Christ. De plus, la paroisse est le signe de l’incarnation de Jésus et donc de sa présence dans l’histoire des hommes en un lieu et un temps donné. L’expression « nouvelle évangélisation » a d’ailleurs été prononcée la première fois par Jean-Paul II à Nowa Huta, une ville de Pologne qui devait être construite sans église…

Q – Quelles sont les bases bibliques de la mission ?

Toute l’Écriture Sainte est une base essentielle pour la mission. En effet, la Bible est la Parole de Dieu qui vient jusqu’à nous pour nous annoncer l’Amour miséricordieux du Père et qui nous appelle à marcher à sa suite en en vivant toujours plus en profondeur. Mais nous pouvons nous arrêter d’une manière particulière aux livres de la nouvelle alliance et en priorité à l’Évangile afin de voir comment Jésus lui-même a préparé la mission et l’a vécue. Ensuite, il est bon de pouvoir considérer la figure de l’Apôtre Paul qui est vraiment l’archétype du missionnaire : il cherche et persécute croyant être dans la vérité, il fait une rencontre personnelle avec Jésus sur le chemin de Damas et reçoit le baptême au cœur de la communauté, il part en mission.

Q – Quels textes du Magistère faut-il relire ?

Il me semble que trois textes sont essentiels. Ce choix ne supprime évidemment pas tous les autres documents qui chacun apporte un élément de réflexion dans la réflexion théologique, spirituelle et pastorale dans le domaine de la nouvelle évangélisation.

Tout d’abord, il y a le décret Ad Gentes du Concile Vatican II qui est une merveilleuse synthèse de la réflexion des Pères conciliaires dans le domaine de l’évangélisation.

Ensuite, datant de 1975, il y a l’exhortation apostolique de Paul VI, Evangelii Nuntiandi, qui fait suite au synode de 1974 sur l’évangélisation. Elle est une véritable charte de la nouvelle évangélisation. Enfin, il me semble important de noter l’encyclique de Jean-Paul II, Redemptoris Missio, qui est comme une clé de voute de la théologie missionnaire.

Q – Quel est l’acteur principal de toute évangélisation ?

Le grand acteur de toute évangélisation, c’est l’Esprit Saint. C’est lui qui donne de pouvoir proclamer en pleine vérité que Jésus-Christ est Seigneur. C’est lui qui transforme les cœurs et donne de pouvoir aimer comme Jésus nous aime. C’est pourquoi, il est fondamental de se mettre à l’écoute de ce que l’Esprit dit aux Églises et donc à l’Église vers laquelle on est envoyé (cf Apocalypse 2, 7.11.17.29 ; 3, 6.13.22.).

Q – Quelle est l’âme de la nouvelle évangélisation ?

Tout évangélisateur est appelé à annoncer la miséricorde divine. Pour le faire, il doit lui-même en faire l’expérience qui découle d’une rencontre personnelle et toujours plus profonde de Jésus-Christ. Aussi, c’est la miséricorde qui sera l’âme de la nouvelle évangélisation.

Citons ici les mots de Jean-Paul II lors de son dernier voyage en Pologne. Lors de la messe de consécration de la basilique de Lagiewniki, sanctuaire de la miséricorde, le Saint Père nous envoie en mission en faisant œuvre de charité en annonçant la miséricorde : « Que le message qui émane de ce lieu, se répande partout dans tout notre pays natal et dans le monde entier. Puisse s’accomplir cette promesse de notre Seigneur Jésus Christ : « D’ici jaillira une étincelle qui préparera le monde pour mon retour à la fin des temps. » Il nous incombe de raviver sans cesse cette étincelle de la grâce de Dieu et de transmettre au monde ce feu de la miséricorde. C’est dans la miséricorde de Dieu que le monde obtiendra la paix, et l’homme la béatitude ! À vous chers frères et sœurs, je confie cette tâche : soyez des témoins de la miséricorde ! »

Q – Comment décrivez-vous, en quelques mots, le processus de toute évangélisation ?

Il est difficile de faire cela en quelques mots car il y a plusieurs éléments qui s’appellent mutuellement. De fait, l’évangélisation est un acte intégral qui transforme l’homme dans toutes ses dimensions, ce qui conduit au renouveau de l’humanité entière. Pour cela l’acte de l’évangélisation est un témoignage de vie qui prend sa source dans la conversion due à une rencontre personnelle avec le Christ. Or, cette rencontre, qui est un véritable changement de vie, est une Bonne Nouvelle qu’on ne peut garder pour soi mais qui se donne dans une annonce explicite de la personne de Jésus invitant à une adhésion du cœur toujours plus profonde non seulement de celui qui entendant la Parole mais également de celui qui la proclame.

Un dernier élément englobe l’ensemble de ce processus, c’est l’importance de la communauté de l’Église. On ne peut être missionnaire qu’en étant envoyé, mandaté par l’Église.

Dans ce processus missionnaire, Dieu est véritablement à l’œuvre, c’est pourquoi il est essentiel d’être à l’écoute de ce qu’il veut nous dire au travers des signes qu’Il nous donne, nous ouvrant ainsi à des initiatives d’apostolat.

Q – Quels critères de discernement et quelles étapes pour la mise en œuvre d’un projet pastoral d’évangélisation ?

La première chose est de savoir où l’on va, d’avoir une vision missionnaire sinon on risque de tourner en rond et de se décourager. Deuxièmement, la disponibilité du cœur et le désir de conversion doivent permettre au missionnaire de réajuster son projet tout en restant fidèle à la ligne directrice fondatrice du projet. A ces deux éléments on peut rajouter l’importance d’avoir une connaissance sociologique du terrain missionnaire afin de savoir comment agir pour que l’annonce de l’Évangile puisse s’accomplir avec efficacité suivant le dessein de Dieu.

Ceci étant posé, le pasteur peut mettre en œuvre un projet missionnaire en sachant déléguer et choisir des collaborateurs dont on respectera les charismes et qu’on encouragera à la mission par une authentique charité fraternelle. Puis une réflexion doit se faire sur les structures à mettre en place afin qu’elles soient véritablement au service de la mission, tout en sachant les faire évoluer si besoin est pour avoir une évangélisation qui soit adaptée au terrain.

Le lieu principal du renouvellement et de l’enracinement de la vie chrétienne est la liturgie et tout particulièrement l’Eucharistie. En étant fervente et fidèle à l’Église, elle aura une portée profondément missionnaire. Pour conduire vers cette communauté liturgique celui que l’on évangélise, il peut être nécessaire de devoir passer par différentes étapes. C’est pourquoi il est important d’avoir des lieux relais, où chacun pourra mettre ses charismes au service des autres.

Q – En conclusion, vous citez mon livre « Dieu est de retour » : qu’y avez-vous trouvé ?

On peut dire en un seul mot que j’y ai trouvé de l’Espérance. En effet, bien souvent lorsqu’on parle de la mission, de l’évangélisation, on ne sait pas trop quoi faire ni comment faire, ou on a envie de baisser les bras du fait de l’immensité de la tâche à remplir. Vous y montrez qu’avec audace, dans la fidélité à l’Église, on peut aller annoncer Jésus-Christ dans tous les milieux et avec des moyens auxquels on n’aurait jamais pensé. C’est toutes les dimensions de la vie du baptisé qui sont appelées à être missionnaires.

(1) Pour annoncer l’Evangile aujourd’hui, Pierre Le Bourgeois, Editions Salvator, septembre 2010 (acheter sur Amazon)
(2) Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, Jean-Baptiste Maillard, Editions de L’œuvre, juin 2009 (acheter sur Amazon)

Propos recueillis par Jean-Baptiste Maillard

Source : Zenit

Motu proprio « Ubicumque et semper » pour la nouvelle évangélisation

Le site du Vatican publie aujourd’hui en version française le motu proprio Ubicumque et semper (« toujours et partout ») instituant le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, par Benoît XVI. Texte intégral que nous reproduisons ici.

LETTRE APOSTOLIQUE SOUS FORME DE MOTU PROPRIO

UBICUMQUE ET SEMPER

DU SOUVERAIN PONTIFE
BENOÎT XVI
PAR LAQUELLE EST INSTITUÉ LE CONSEIL PONTIFICAL
POUR LA PROMOTION
DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION

L’Eglise a le devoir d’annoncer toujours et partout l’Evangile de Jésus Christ. Premier et suprême évangélisateur, le jour de son ascension au Père, il donna ce commandement aux disciples: «Allez donc! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés» (Mt 28, 19-20). Fidèle à ce commandement, l’Eglise, peuple que Dieu a acquis afin qu’il proclame ses œuvres admirables (cf. 1 P 2, 9), depuis le jour de la Pentecôte où elle a reçu en don l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 14), ne s’est jamais lassée de faire connaître au monde entier la beauté de l’Evangile, en annonçant Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, le même «hier, aujourd’hui et pour toujours» (He 13, 8), qui, à travers sa mort et sa résurrection, a réalisé le salut, accomplissant l’antique promesse. C’est pourquoi, la mission évangélisatrice, continuation de l’œuvre voulue par le Seigneur Jésus, est pour l’Eglise nécessaire et irremplaçable, expression de sa nature même.

Cette mission a revêtu dans l’histoire des formes et des modalités toujours nouvelles, selon les lieux, les situations et les moments historiques. A notre époque, l’une de ses caractéristiques particulières a été de se mesurer au phénomène du détachement de la foi, qui s’est manifesté progressivement au sein de sociétés et de cultures qui, depuis des siècles, apparaissaient imprégnées de l’Evangile. Les transformations sociales auxquelles nous avons assisté au cours des dernières décennies, ont des causes complexes, dont les racines remontent loin dans le temps et qui ont profondément modifié la perception de notre monde. Il suffit de penser aux progrès gigantesques de la science et de la technique, à l’accroissement des possibilités de vie et des espaces de liberté individuelle, aux profonds changements dans le domaine économique, au processus de mélange d’ethnies et de cultures provoqué par les phénomènes de migrations de masse, à l’interdépendance croissante entre les peuples. Tout cela n’a pas été sans conséquences également pour la dimension religieuse de la vie de l’homme. Et si, d’un côté, l’humanité a tiré des bénéfices incomparables de ces transformations et l’Eglise a reçu des encouragements supplémentaires pour rendre raison de l’espérance qu’elle porte (cf. 1 P 3, 15), de l’autre, est apparue une perte préoccupante du sens du sacré, arrivant jusqu’à remettre en question les fondements qui apparaissent indiscutables, comme la foi dans un Dieu Créateur et providentiel, la révélation de Jésus Christ unique sauveur, et la compréhension commune des expériences fondamentales de l’homme comme la naissance, la mort, la vie au sein d’une famille, la référence à une loi morale naturelle.

Si tout cela a été salué par certains comme une libération, on s’est très tôt rendu compte du désert intérieur qui naît là où l’homme, voulant devenir l’unique créateur de sa propre nature et de son propre destin, se trouve privé de ce qui constitue le fondement de toutes les choses.

Le Concile œcuménique Vatican II adopta déjà parmi ses thèmes centraux la question de la relation entre l’Eglise et ce monde contemporain. Dans le sillage de l’enseignement conciliaire, mes prédécesseurs ont ensuite réfléchi ultérieurement sur la nécessité de trouver des formes adéquates pour permettre à nos contemporains d’entendre encore la Parole vivante et éternelle du Seigneur.

Avec clairvoyance, le Serviteur de Dieu Paul VI observe que l’engagement de l’évangélisation «s’avère toujours plus nécessaire également, à cause des situations de déchristianisation fréquentes de nos jours, pour des multitudes de personnes qui ont reçu le baptême mais vivent totalement en dehors de la vie chrétienne, pour des gens simples ayant une certaine foi mais connaissant mal les fondements de cette foi, pour des intellectuels qui sentent le besoin de connaître Jésus Christ sous une lumière autre que l’enseignement reçu dans leur enfance, et pour beaucoup d’autres» (Evangelii nuntiandi, n. 52). Puis, adressant sa pensée vers ceux qui sont éloignés de la foi, il ajoutait que l’action évangélisatrice de l’Eglise «doit chercher constamment les moyens et le langage adéquats pour leur proposer ou leur reproposer la révélation de Dieu et la foi en Jésus Christ» (ibid., n. 56). Le vénérable Serviteur de Dieu Jean-Paul II fit de ce devoir exigeant l’un des points centraux de son vaste Magistère, en résumant dans le concept de «nouvelle évangélisation», qu’il approfondit de façon systématique dans de nombreuses interventions, le devoir qui attend l’Eglise aujourd’hui, en particulier dans les régions d’antique christianisation. Un devoir qui, s’il concerne directement sa façon de se rapporter avec l’extérieur, présuppose toutefois, avant tout, un renouveau constant en son sein, un passage permanent, pour ainsi dire, de la condition d’évangélisée à évangélisatrice. Il suffit de rappeler ce qui était affirmé dans l’Exhortation post-synodale Christifideles laici : «Des pays et des nations entières où la religion et la vie chrétienne étaient autrefois on ne peut plus florissantes et capables de faire naître des communautés de foi vivante et active sont maintenant mises à dure épreuve et parfois sont même radicalement transformées, par la diffusion incessante de l’indifférence religieuse, de la sécularisation et de l’athéisme. Il s’agit en particulier des pays et des nations de ce qu’on appelle le Premier Monde, où le bien-être économique et la course à la consommation, même s’ils côtoient des situations effrayantes de pauvreté et de misère, inspirent et alimentent une vie vécue “comme si Dieu n’existait pas”. Actuellement l’indifférence religieuse et l’absence totale de signification qu’on attribue à Dieu, en face des problèmes graves de la vie, ne sont pas moins préoccupantes ni délétères que l’athéisme déclaré. La foi chrétienne, même lorsqu’elle survit en certaines de ses manifestations traditionnelles et rituelles, tend à être arrachée des moments les plus importants de l’existence, comme les moments de la naissance, de la souffrance et de la mort […] En d’autres pays ou nations, au contraire, on conserve encore beaucoup de traditions très vivantes de piété et de sentiment chrétien; mais ce patrimoine moral et spirituel risque aussi de disparaître sous la poussée de nombreuses influences, surtout celles de la sécularisation et de la diffusion des sectes. Seule une nouvelle évangélisation peut garantir la croissance d’une foi claire et profonde, capable de faire de ces traditions une force de réelle liberté. Assurément il est urgent partout de refaire le tissu chrétien de la société humaine. Mais la condition est que se refasse le tissu chrétien des communautés ecclésiales elles-mêmes qui vivent dans ces pays et ces nations» (n. 34).

Faisant donc mienne la préoccupation de mes vénérés prédécesseurs, je considère opportun d’offrir des réponses adéquates afin que l’Eglise tout entière, se laissant régénérer par la force de l’Esprit Saint, se présente au monde contemporain avec un élan missionnaire en mesure de promouvoir une nouvelle évangélisation. Celle-ci se réfère en particulier aux Eglises d’antique fondation, qui vivent toutefois des réalités très diverses, auxquelles correspondent des besoins différents, et qui attendent des impulsions d’évangélisation différentes: dans certains territoires, en effet, même dans le cadre de la diffusion de la sécularisation, la pratique chrétienne manifeste encore une bonne vitalité et un profond enracinement dans l’âme de populations entières; dans d’autres régions, en revanche, on observe une prise de distance plus évidente de la société dans son ensemble à l’égard de la foi, avec un tissu ecclésial plus faible, bien que non privé d’une certaine vivacité, que l’Esprit Saint ne manque pas de susciter; nous connaissons malheureusement également des régions qui apparaissent pratiquement entièrement déchristianisées, dans lesquelles la lumière de la foi est confiée au témoignage de petites communautés: ces terres, qui auraient besoin d’une première annonce renouvelée de l’Evangile semblent être particulièrement réfractaires à de nombreux aspects du message chrétien.

La diversité des situations exige un discernement attentif; parler de «nouvelle évangélisation» ne signifie pas, en effet, devoir élaborer une unique formule identique pour toutes les circonstances. Et, toutefois, il n’est pas difficile de percevoir que ce dont ont besoin toutes les Eglises qui vivent dans des territoires traditionnellement chrétiens est un élan missionnaire renouvelé, expression d’une nouvelle ouverture généreuse au don de la grâce. En effet, nous ne pouvons oublier que le premier devoir sera toujours celui de nous rendre dociles à l’œuvre gratuite de l’Esprit du Ressuscité, qui accompagne tous ceux qui sont porteurs de l’Evangile et ouvre le cœur de ceux qui écoutent. Pour proclamer de façon féconde la Parole de l’Evangile, il faut avant tout faire une expérience profonde de Dieu.

Comme j’ai eu l’occasion de l’affirmer dans ma première Encyclique Deus caritas est : « A l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive» (n. 1). De même, à l’origine de toute évangélisation, il n’y a pas un projet humain d’expansion, mais le désir de partager le don inestimable que Dieu a voulu nous faire, en nous faisant participer à sa vie même.

Par conséquent, à la lumière de ces réflexions, après avoir examiné avec soin toute chose et avoir demandé l’opinion de personnes expertes, j’établis et décrète ce qui suit:

Art. 1

§ 1. Le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation est constitué comme dicastère de la Curie romaine, selon la Constitution apostolique Pastor bonus.

§ 2. Le Conseil poursuit son objectif tant en encourageant la réflexion sur les thèmes de la nouvelle évangélisation qu’en identifiant et en promouvant les formes et les instruments aptes à la réaliser.

Art. 2

L’action du Conseil, qui s’exerce en collaboration avec les autres dicastères et organismes de la Curie romaine, dans le respect des compétences réciproques, est au service des Eglises particulières, en particulier dans les territoires de tradition chrétienne où se manifeste avec une plus grande évidence le phénomène de la sécularisation.

Art. 3

Parmi les devoirs spécifiques du Conseil figurent:

1. l’approfondissement du sens théologique et pastoral de la nouvelle évangélisation;

2. la promotion et l’encouragement, en étroite collaboration avec les Conférences épiscopales concernées, qui pourront avoir un organisme ad hoc, de l’étude, la diffusion et la mise en œuvre du Magistère pontifical relatif aux thèmes liés à la nouvelle évangélisation;

3. la divulgation et le soutien des initiatives liées à la nouvelle évangélisation déjà en cours dans les différentes Eglises particulières et la promotion de la mise en œuvre de nouvelles initiatives, en sollicitant également la participation active des ressources présentes dans les Instituts de vie consacrée et dans les Sociétés de vie apostolique, ainsi que dans les rassemblements de fidèles et dans les communautés nouvelles;

4. l’étude et l’encouragement de l’utilisation des formes modernes de communication, comme instruments pour la nouvelle évangélisation;

5. la promotion de l’utilisation du Catéchisme de l’Eglise catholique, comme formulation essentielle et complète du contenu de la foi pour les hommes de notre temps.

Art. 4

§ 1. Le Conseil est dirigé par un président archevêque, assisté par un secrétaire, un sous-secrétaire et un nombre approprié d’officiaux, selon les normes établies par la Constitution apostolique Pastor Bonus et par le Règlement général de la Curie romaine.

§ 2. Le Conseil possède ses propres membres et peut disposer de ses propres consulteurs.

J’ordonne que tout ce que j’ai décidé dans le présent Motu proprio, ait une valeur pleine et ferme, nonobstant toute disposition contraire, même digne de mention particulière, et j’établis qu’il soit promulgué au moyen de sa publication dans le journal «L’Osservatore Romano», et qu’il entre en vigueur le jour de la promulgation.

Donné à Castel Gandolfo, le 21 septembre 2010, fête de saint Matthieu, Apôtre et Evangéliste, sixième année de mon pontificat.

BENEDICTUS PP. XVI

Source : Vatican.va

Nouvelle évangélisation : Benoît XVI dans la continuité de Jean-Paul II

La création du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation bouscule les évidences et les préjugés. Nombreux sont ceux qui trouvaient la formule « nouvelle évangélisation » désuète, usée, passée de monde. D’autres même pensaient y voir une mouvance mélangeant communautés nouvelles et traditionalistes, ne concernant qu’une petite partie des catholiques. En fait, il n’en est rien.

Comme je l’ai démontré dans mon livre Dieu est de retour, tous les catholiques sont concernés : les prêtres, les évêques, les diacres, les séminaristes, les laïcs, les consacrés… La nouvelle évangélisation ne se résume ni à une méthode particulière, ni à une frange de l’Eglise. Ce pourquoi aussi elle a particulièrement besoin d’être encouragée !

On entend aussi que Benoît XVI aurait peu parlé de nouvelle évangélisation, en tout cas moins que Jean-Paul II. Là aussi, c’est faux. Depuis son élection sur le trône de Pierre jusqu’à l’annonce de la création de ce nouveau dicastère, Benoît XVI en a parlé au moins une vingtaine de fois, c’est-à-dire en moyenne une fois tous les trois mois ! (Lire ce billet).

De plus, Benoît XVI joue la continuité avec Jean-Paul II. L’évangélisation est sa priorité, comme il l’écrivait ans sa lettre aux évêques catholiques suite à l’affaire Williamson et à la crise qui a suivi : « Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. »

Pourquoi alors Benoît XVI ne prendrait pas à son compte l’invitation faite hier aux catholiques par Jean-Paul II d’aller « toujours et partout » vers une nouvelle évangélisation ? Au contraire, la création de ce dicastère démontre bien cette continuité.

Mieux, loin de se contenter de rappeler ce que disait son prédécesseur, Benoît XVI fait sienne, développe et prolonge cette question pour le XXIe siècle, comme la suite logique du concile Vatican II. Ses catéchèses, ses homélies, ses interventions en témoignent : la question de l’évangélisation y est très souvent présente.

Le pape sait que son prédécesseur écrivait dans sa lettre apostolique pour le 3e millénaire, en pensant à l’événement du concile et à tous les synodes qui suivent : « Le thème fondamental est celui de l’évangélisation, et même de la nouvelle évangélisation, dont les bases ont été posées par l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de Paul VI, publiée en 1975 après la troisième Assemblée générale du Synode des Évêques. »

De plus, pour Benoît XVI, nous sommes encore loin d’avoir fait fructifier, y compris pastoralement, toute la richesse de Vatican II. Ce pourquoi, encore cardinal, il se prononçait contre un Vatican III… Aujourd’hui, des théologiens comme le Père Mario Saint Pierre, spécialiste de cette question, avancent que la nouvelle évangélisation est la clef de compréhension du Concile. Si tel est bien le cas, en avons-nous tous pris conscience ?

Enfin, Benoît XVI n’est pas du tout étranger à cette question de la nouvelle évangélisation. Encore cardinal, le 10 décembre 2000, il fit une conférence remarquée sur ce thème pour le Jubilé des catéchistes. Dans celle-ci, le futur pape dépasse largement la question du catéchisme pour donner sa propre vision de ce que signifie la nouvelle évangélisation. Un texte à relire et méditer si l’on veut bien comprendre là où le pape veut nous conduire.

Benoît XVI vs nouvelle évangélisation : une vingtaine d’interventions

Le saviez-vous ? Depuis son élection jusqu’à l’annonce de la création du nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation en juin dernier, Benoît XVI a évoqué une vingtaine de fois la « nouvelle évangélisation » dans ses interventions, soit une fois tous les trois mois en moyenne !

Voici donc une liste non-exhaustive des interventions de Benoît XVI où l’expression « nouvelle évangélisation » est employée :

1.     Le 14 mai 2005, moins d’un mois après son élection, Benoît XVI évoque déjà la nouvelle évangélisation. Dans une lettre adressée au président du conseil épiscopal latino-américain, à l’occasion du 50e anniversaire de cette structure, le nouveau pape déclare : « Jésus Christ est le coeur de la foi catholique, le but de la nouvelle évangélisation est de contribuer à faire en sorte que chaque personne rencontre le Christ vivant. »

2.     Le 12 janvier 2006, dans un discours aux membres du Chemin néocatéchuménal, il leur indique que leur activité missionnaire est «  une tâche qui vient s’inscrire dans le contexte de la nouvelle évangélisation ».

3.     Le 23 mai 2007, au cours d’une audience rendant hommage au dévouement des évêques du Brésil, Benoît XVI dira : « J’ai encouragé mes confrères à poursuivre et à renforcer l’engagement de la nouvelle évangélisation, en les exhortant à développer de manière ramifiée et méthodique la diffusion de la Parole de Dieu, afin que la religiosité innée et diffuse des populations puisse être approfondie et devenir une foi mûre, une adhésion personnelle et communautaire au Dieu de Jésus-Christ ». On y retrouve d’ailleurs cette question de la catéchèse : « Je les ai encouragés, dit-il, à retrouver partout le style de la communauté chrétienne primitive, décrite dans le Livre des Actes des Apôtres : assidue dans la catéchèse, dans la vie sacramentelle et dans la charité active. »

4.     Le 27 mai 2007, Benoît XVI adresse une lettre aux évêques, aux prêtres et aux personnes consacrées, aux fidèles laïcs de l’Eglise catholique en République populaire de Chine : « Dans le contexte dans lequel vous êtes appelés à travailler, leur dit-il, je désire vous rappeler ce que le pape Jean-Paul II a souligné avec force et vigueur : la nouvelle évangélisation exige l’annonce de l’Évangile à l’homme moderne, en étant conscient que, comme durant le premier millénaire chrétien la Croix fut plantée en Europe et durant le deuxième millénaire en Amérique et en Afrique, de même, durant le troisième millénaire, une grande moisson de foi sera recueillie dans le vaste et vivant continent asiatique. »

5.     Le 30 mai 2007, recevant le nouvel archevêque majeur de Trivandrum des syro-malankars (Inde), Benoît XVI affirme que « le temps pour une nouvelle évangélisation est arrivé ».

6.     Le 5 juillet 2007, dans un  discours aux évêques de la conférence épiscopale de la République dominicaine, Benoît XVI rappelle que la nouvelle évangélisation « a également pour objectif principal la famille. » Et il en profite pour rappeler que l’annonce explicite est nécessaire, citant le paragraphe 22 d’Evangelii nuntiandi.

7.     Le 7 octobre 2007,  à l’occasion du millénaire de la construction de la Basilique de Saint-Rémi – l’un des symboles de l’histoire du christianisme en France – le pape appelle plus particulièrement les catholiques français à une nouvelle évangélisation.

8.     Puis, le 26 octobre 2007, à Rome, dans un discours pour l’ouverture de l’année académique, Benoît XVI s’exclame : « L’Eglise attend que cette nouvelle évangélisation répande partout le message évangélique, mais plus encore qu’elle le fasse pénétrer profondément dans la pensée, dans le jugement et le comportement des peuples ».

9.     Le 30 mai 2008, à l’occasion d’une visite ad limina des évêques Birman au Vatican, le pape demande, cette fois aux séminaristes,« d’être des hérauts de la nouvelle évangélisation ».

10. À la fin du synode sur la Parole de Dieu en 2008, Benoît XVI déclarait « qu’un des devoirs prioritaires de l’Église, au début de ce nouveau millénaire, est avant tout de se nourrir de la Parole de Dieu, pour rendre efficace l’engagement de la nouvelle évangélisation ».

11.  Le 7 septembre 2008, lors d’une messe au sanctuaire de Notre Dame de Bonaria,  Benoît XVI rappelait que Marie était l’Etoile de la nouvelle évangélisation : « Je sais bien que Marie est dans votre coeur. Après cent ans, nous voulons aujourd’hui la remercier pour sa protection et lui renouveler notre confiance, en reconnaissant en Elle l’ Etoile de la nouvelle évangélisation, à l’école de laquelle apprendre comment apporter le Christ Sauveur aux hommes et aux femmes de notre époque. Que Marie vous aide à apporter le Christ aux familles, petites églises domestiques et cellules de la société, ayant aujourd’hui plus que jamais besoin de confiance et de soutien, aussi bien sur le plan spirituel que social. Qu’Elle vous aide à trouver les stratégies pastorales opportunes pour faire en sorte que les jeunes, porteurs par nature d’un nouvel élan, mais souvent victimes du nihilisme diffus, assoiffés de vérité et d’idéaux précisément lorsqu’ils semblent les nier, rencontrent le Christ. Qu’Elle vous rende capables d’évangéliser le monde du travail, de l’économie, de la politique, qui a besoin d’une nouvelle génération de laïcs chrétiens engagés, capables de chercher avec compétence et rigueur morale des solutions de développement durable. Dans tous ces aspects de l’engagement chrétien vous pouvez toujours compter sur la direction et le soutien de la Sainte Vierge. Confions-nous donc à son intercession maternelle ».

12.  Pour le mois de janvier 2009, Benoît XVI donne comme intention de prière à tous les catholiques : « Pour que les différentes confessions chrétiennes, conscientes de la nécessité d’une nouvelle évangélisation en cette époque de profondes transformations, s’engagent à annoncer la Bonne Nouvelle et à cheminer vers la pleine unité de tous les chrétiens, afin d’offrir ainsi un témoignage plus crédible de l’Evangile. »

13. Le 26 mars 2009, lors d’une messe pour la 24ème Journée mondiale de la jeunesse, Benoît XVI enfonce le clou, affirmant que personne ne peut s’y soustraire : « Le 1er engagement qui nous concerne tous est celui d’une nouvelle évangélisation qui aide les nouvelles générations à redécouvrir le visage authentique de Dieu, qui est amour ».

14. Lors de l’audience générale du 19 août 2009, dans le cadre de l’année sacerdotale, Benoît XVI donne Saint Jean Eudes comme exemple de sainteté aux prêtres du monde entier. « Chaque prêtre doit être témoin et apôtre de cet amour du cœur du Christ et de Marie. Aujourd’hui aussi, on ressent le besoin que les prêtres témoignent de l’infinie miséricorde de Dieu à travers une vie entièrement « conquise » par le Christ, et apprennent cela dès les années de leur préparation dans les séminaires. Le Pape Jean-Paul II, après le synode de 1990, a publié l’Exhortation apostolique Pastores dabo vobis dans laquelle il reprend et met à jour les règles du Concile de Trente et souligne en particulier la nécessaire continuité entre le moment initial et celui permanent de la formation; pour lui, pour nous, cela est un véritable point de départ pour une authentique réforme de la vie et de l’apostolat des prêtres, et c’est également le point central afin que la « nouvelle évangélisation » ne soit pas simplement un slogan attrayant, mais se traduise dans la réalité. »

15. Le 5 octobre 2009, Benoît XVI ouvre solennellement le synode des évêques pour l’Afrique en la basilique Saint-Pierre. Il déclare : « Le devoir premier de l’évangélisation, voire d’une nouvelle évangélisation qui tienne compte des mutations sociales rapides de notre époque et du phénomène de la mondialisation, reste naturellement valide et actuel », de même pour « le choix pastoral d’édifier l’Église comme Famille de Dieu ».

16. Le 13 janvier 2010, la prédication de l’audience générale porte sur les ordres mendiants. Benoît XVI déclare : « les plus grands penseurs, saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure, étaient mendiants, œuvrant précisément avec ce dynamisme de la nouvelle évangélisation, qui a également renouvelé le courage de la pensée, du dialogue entre raison et foi. »

17. Le 3 février 2010, la prédication de Benoît XVI porte cette fois sur Saint Dominique, fondateur de l’ordre des prêcheurs. « Ce grand saint, dit-il, nous rappelle que dans le cœur de l’Eglise doit toujours brûler un feu missionnaire, qui incite sans cesse à apporter la première annonce de l’Evangile et, là où cela est nécessaire, une nouvelle évangélisation : en effet, le Christ est le bien le plus précieux que les hommes et les femmes de chaque époque et de chaque lieu ont le droit de connaître et d’aimer ! Il est réconfortant de voir que dans l’Eglise d’aujourd’hui également il existe tant de personnes – pasteurs et fidèles laïcs, membres d’ordres religieux anciens et de nouveaux mouvements ecclésiaux – qui donnent leur vie avec joie pour cet idéal suprême : annoncer et témoigner de l’Evangile ! ».

18. Lors de son voyage à Malte, le 20 avril 2010, Benoît XVI s’exclame encore : « Je lance un appel à chacun de vous à faire sien l’exaltant défi de la nouvelle évangélisation ». Un appel qui s’adresse bien sûr à tous les catholiques, sans exception…