Les valeurs sont en baisse

Je ne parle pas de la bourse, évidemment. Je parle de ces fameuses « valeurs », que certains persistent à chercher dans un christianisme vidé de toute dimension mystique : la tolérance, l’ouverture aux autres, le sens du devoir, la solidarité, l’optimisme, que sais-je encore ?

Moi ça ne m’a jamais beaucoup branché, une foi qui ne serait là que pour m’inculquer des valeurs. Quand mes parents m’en parlaient, alors qu’eux n’allaient pas ou pas souvent à la messe, je croyais crever d’ennui. J’ai cru un moment (pas très longtemps heureusement) que le seul but du christianisme était de faire des gens moraux, aseptisés, ouverts, souriants, et finalement insipides. Heureusement que j’ai croisé des catholiques qui m’ont parlé d’autre chose, de Jésus présent dans l’eucharistie, par exemple, de la vie d’oraison, de l’apostolat de plein vent, et de mille choses qui m’ont fait vivre.

L’ennui avec les valeurs (celles de la bourse étant un peu du même type), c’est qu’elles dépendent beaucoup de nous, de notre milieu, de notre évaluation, du crédit qu’on leur fait. Elles sont un peu trop à notre image pour que nous les accueillions avec le frémissement qu’on éprouve devant le sacré. Et quand elles ne sont plus partagées par tout le monde dans notre entourage, cela devient vraiment difficile de leur accorder un crédit absolu. Il est caractéristique que les seules qui surnagent dans notre société sont des valeurs négatives : la non-exclusion, le refus de toute discrimination, – la tolérance n’étant qu’un nom pour couvrir le vide de toute vision positive de la vie. Et puis les valeurs entrent facilement en conflit : la défense de la Vie, fort bien, mais la Liberté alors ? La Liberté ou l’Egalité ? Jusqu’où donner du crédit à une valeur ? Au nom de quoi faudrait-il bousiller sa vie pour y rester fidèle ?

Le Christ ne me donne pas de valeurs, il me permet d’aimer. De l’aimer lui d’abord, et c’est merveilleux, car près de lui j’apprends à me risquer dans des contrées inédites et à redécouvrir la vie dans son regard. Et puis les autres, les autres de chair et de sang qu’il met sur ma route, que je peux, laborieusement mais splendidement, accueillir dans mon cœur, pour les servir, les consoler, les respecter… et les entraîner à sa suite.

Je suis peut-être parfaitement immorale aux yeux de certains, mais je n’ai pas l’impression d’avoir besoin de croire aux tristes valeurs disponibles sur le marché. Et je suis presque sûre qu’il y en a pas mal comme moi.

Encore un mot...
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