Pour le non-croyant/non-pratiquant, les cathos sont des gens qui sont un peu emprisonnés, qui ont des convictions, des certitudes, des dogmes, qui leur bouchent l’horizon : il faut faire comme ci, il ne faut pas faire comme cela, voilà ce qu’il faut penser etc…
Oserai-je dire que je ne vis pas du tout les choses comme cela ? Quand je me suis convertie, j’ai eu plutôt eu le sentiment de faire un pas vers la liberté. Le prêt-à-penser, je le trouvais avant, dans les colonnes du Monde, ou des les propos ravageurs de ma colocatrice, pour qui tout ce qui n’était pas son univers mental, à vrai dire assez limité, était nul ou pervers. Quand j’ai poussé la porte de l’Eglise, je suis tout de suite tombée sur des gars époustouflants d’audace, des prêtres drôles, qui avaient réfléchi et ne me sortaient pas de boniments tout faits, j’ai rencontré des gens qui ne sentaient pas le formol et les vieux papiers.
Et j’ai compris une chose essentielle et que je voudrais essayer de redire : il n’y a que la foi qui ouvre des horizons. Celui qui ne croit pas, qui dit que Dieu ne peut pas exister, qu’il n’y a pas de miracles, est obligé de supposer qu’il sait tout, puisqu’il sait même cela : qu’il ne peut rien arriver qui le surprenne, que tout ce qui pourra se faire sera toujours semblable à ce qui s’est fait et qui est conforme aux lois que les savants ont jusque là dégagés. Bref, il sait qu’il n’y a pas de surprise, que le monde est clos et que nous en savons le dernier mot. Il est très fort, celui qui peut être sûr de cela, cela me semble même un acte de foi encore plus risqué que celui du croyant. Et si tout d’un coup arrivait cette chose étonnante, si Dieu frappait à la porte ? Il deviendrait probablement fou, puisque Dieu n’a pas le droit d’exister…
Par contre, le croyant me semble disposer d’un atout précieux pour affronter le réel en toute liberté. Comme il n’a pas fermé la porte à Dieu, il sait qu’il peut exister des choses uniques, non répétitives, des choses qui n’arrivent qu’une fois : tenez l’amour. De plus en plus de gens n’y croient pas et disent qu’il n’y a que des hormones. Moi, je crois que cela existe ce sourire, ce moment de grâce où soudain l’on compte pour quelqu’un, ce regard mouillé où on découvre une âme dans sa fraîcheur. Et beaucoup d’autres choses comme cela…
Je voudrais revenir une minute sur le « dogme ». Il y a des gens qui croient que ce sont des formules qui emprisonnent la vie et fixent en formules l’indicible. Je vais vous dire ce que c’est qu’un dogme pour les croyants, c’est l’ « imagination au pouvoir », mieux qu’en mai 68. Quand l’Eglise confie à des mots son trésor le plus précieux: le dépôt que le Christ lui a confié, elle sait que tout le monde est prêt à transformer le passage de Jésus sur terre en une petite histoire moralisante, en un mythe, ou en une théorie philosophique, alors pour le garder tel qu’il est, neuf et provoquant, elle a juste mis une barrière autour, quelques petites phrases pour dire que ce n’est pas cela, que l’évènement reste ouvert à l’inouï. Et ça donne drôlement à penser. Je vous conseille d’essayer.
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