Réponse de Mgr Fellay à Benoît XVI : la question de l’évangélisation

Dans un communiqué(*), le supérieur de la Fraternité Saint Pie X répond à Benoît XVI. La question de l’évangélisation est plus que jamais au centre des motivations à la fois de Rome et de la Fraternité.

Le Supérieur de la Fraternité Saint Pie X dit partager avec le pape « son souci prioritaire de la prédication », citant Benoît XVI : « à notre époque où dans de vastes réglions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ».

Il n’est pas sûr que la Fraternité Saint Pie X acceptera l’ensemble de Vatican II, dont la clef de compréhension, faut-il le rappeler, est la nouvelle évangélisation. Mais nous pouvons déjà remarquer que ce souci d’annoncer le Christ à nos contemporains est porté par son supérieur, Mgr Fellay. Estime-t-il que Vatican II fait partie intégrante de la Tradition de l’Eglise ? Ce n’est pas sûr. Qu’est-ce que la Tradition ? S’il s’agit, comme il le laisse entendre, de ce qui a toujours été cru par tous (lire ci-dessous), il y a du chemin à parcourir ! Nous pourrions aussi bien nous arrêter à la Réforme, ou même, aux hérésies cathares. Il n’en demeure pas moins qu’il souhaite « contribuer efficacement à l’évangélisation demandée par le Sauveur ».

Les discussions qui s’annoncent pourraient aussi porter sur la façon avec laquelle la Fraternité, si elle était réintégrée – ce qu’elle n’est pas encore ! – pourrait évangéliser à son tour au sein de l’Eglise, afin de prendre part à sa mission première. Comme effet bénéfique, cela éviterait une marginalisation de ses membres, qui pourraient à nouveau vivre des sacrements de façon licite. Une communauté n’est pas un ghetto, où alors elle est condamnée à l’enfouissement – même si elle pense constituer les derniers des Mohicans, les derniers catholiques, les seuls, les « vrais ». L’évangélisation, c’est aussi une ouverture aux autres.

Dans sa lettre aux évêques catholiques (lire ici), Benoît XVI rappelle que la Fraternité n’a pas « de position canonique dans l’Église » et que cela « ne se base pas sur des raisons disciplinaires mais doctrinales. Tant que la Fraternité n’a pas une position canonique dans l’Église, ses ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes dans l’Église ». A propos du Concile, il a expliqué : « On ne peut geler l’autorité magistérielle de l’Église à l’année 1962 – ceci doit être bien clair pour la Fraternité. Cependant, à certains de ceux qui se proclament comme de grands défenseurs du Concile, il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme l’entière histoire doctrinale de l’Église. Celui qui veut obéir au Concile, doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les racines dont l’arbre vit ».

Enfin, Benoît XVI a rappelé la priorité de l’Eglise, l’évangélisation : « la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein ».

Les réticences face à une possible réintégration peuvent aussi naître de notre oubli de l’urgence de l’évangélisation et donc, aussi, par ricochet, de l’urgence de faire l’unité de l’Eglise. Le brouillard – que Benoît XVI commence à dissiper – ne doit pas nous faire oublier notre mission première. La crise actuelle peut être salutaire si elle nous permet, à nous catholiques, de nous réapproprier entièrement cette question de l’annonce du Christ à nos contemporains éloignés de Dieu.

(*) Le communiqué du Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X

Le pape Benoît XVI a adressé une lettre aux évêques de l’Eglise catholique, en date du 10 mars 2009, dans laquelle il leur fait savoir les intentions qui l’ont guidé dans ce pas important que constitue le Décret du 21 janvier 2009.

Après le récent « déchaînement d’un flot de protestations », nous remercions vivement le Saint Père d’avoir replacé le débat à la hauteur où il doit se tenir, celle de la foi. Nous partageons pleinement son souci prioritaire de la prédication « à notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ».

L’Eglise traverse, en effet, une crise majeure qui ne pourra être résolue que par un retour intégral à la pureté de la foi. Avec saint Athanase, nous professons que « Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique : celui qui ne la garde pas intègre et inviolée ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle » (Symbole Quicumque).

Loin de vouloir arrêter la Tradition en 1962, nous souhaitons considérer le Concile Vatican II et l’enseignement post-conciliaire à la lumière de cette Tradition que saint Vincent de Lérins a définie comme « ce qui a été cru toujours, partout et par tous » (Commonitorium), sans rupture et dans un développement parfaitement homogène. C’est ainsi que nous pourrons contribuer efficacement à l’évangélisation demandée par le Sauveur. (cf. Matthieu 28,19-20)

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X assure Benoît XVI de sa volonté d’aborder les entretiens doctrinaux reconnus comme « nécessaires » par le Décret du 21 janvier, avec le désir de servir la Vérité révélée qui est la première charité à manifester à l’égard de tous les hommes, chrétiens ou pas. Elle l’assure de sa prière afin que sa foi ne défaille pas et qu’il puisse confirmer tous ses frères. (cf. Luc 22,32)

Nous plaçons ces entretiens doctrinaux sous la protection de Notre Dame de Toute Confiance, avec l’assurance qu’elle nous obtiendra la grâce de transmettre fidèlement ce que nous avons reçu, « tradidi quod et accepi » (I Cor. 15,3).

Menzingen, le 12 mars 2009 + Bernard Fellay

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