
A part la merveilleuse émission de Direct 8 du vendredi matin intitulée « Dieu merci ! » (« la première émission religieuse de la TNT ») et brillamment menée par Adrien Lecoeur, les catholiques sont les grands absents de la TNT. Un silence assourdissant, même. Cela serait pourtant bien utile en pleine tourmente médiatique contre le pape et l’Eglise.
Les catholiques avaient réclamé très tôt une fréquence, notamment via la chaîne KTO qui semblait être un bon cheval de course. En 2005, la campagne « Nous voulons KTO sur la TNT » avait réuni 150.000 signatures et le soutien de nombreuses personnalités du monde politique et culturel. Initiée par Jean-Baptiste Maillard (le fondateur de ce blog) dans un but d’évangélisation, il en expique les motifs dans son livre Dieu est de retour. En octobre 2007, ce fut l’annulation de la décision du CSA qui refusait une fréquence à la chaîne, par un jugement sans appel du Conseil d’Etat.
Cela ouvrait la voie à une nouvelle candidature, mais KTO n’a pas botté en touche, comme on a pu le lire alors dans la presse et sur le site Internet de la chaîne. Pourquoi ce gâchis ? La peur de l’inconnu plus que la question financière avait eu raison de ces désirs de transmission large et sans limite.
Pourtant, les cordons de la bourse du diocèse de Paris savent très bien recourir au mécénat des plus riches croyants quand le besoin d’en fait sentir. D’ailleurs, contrairement à ce qui a été dit à l’époque, le ticket d’entrée sur la TNT (6 millions d’euros) n’était pas si élevé en comparaison avec d’autres dépenses de l’Eglise comme le Collège des Bernardins (50 millions d’euros). Sans parler des ressources de certaines associations catholiques qui peuvent brasser jusqu’à une centaine de millions d’euros chaque année… Car de l’argent, chez les catholiques, il y en a. Mais c’était surtout une décision politique qui demandait à KTO une totale remise à plat de sa stratégie, de sa ligne éditoriale et de ses programmes. Une trop difficile remise en question, peut-être.
Aujourd’hui, la TNT est un immense succès, comme on peut le lire dans cet article du Figaro qui titre « En cinq ans, la TNT a révolutionné l’audiovisuel » et dont un extrait pourra convaincre le lecteur attentif :
« Le succès des chaînes de la TNT (…) a définitivement changé la face de la télévision française », écrit la journaliste Paule Gonzales. « Cinq ans après leur lancement, poursuit-elle, les nouvelles chaînes de la télévision numérique terrestre (TNT) concentrent 17,8 % de l’audience. (…) Elles ont entamé une hégémonie de 20 ans des chaînes historiques sur le marché de la télévision. »
Ce succès c’est fait, faut-il le rappeler, malgré le lobbying des opérateurs historiques pour limiter le nombre de chaînes afin de réduire l’érosion de l’audience. Mais aussi, accroître les possibilités de haute définition permettant notamment les retransmissions de matchs de Football. Ce travail d’influence a été mis au point notamment par le HD Forum, une sorte de consortium des plus grands et dont le responsable communication n’est autre que l’actuel directeur général de KTO…
« TF1 et M6 avaient pourtant tout fait pour éviter le lancement de la TNT, poursuit ainsi la journaliste du Figaro. Il a fallu toute la détermination de Dominique Baudis, président alors du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour lancer les dix nouvelles chaînes numériques prêtes fin mars 2005. Leurs débuts furent difficiles face à la puissance des chaînes historiques mais elles ont trouvé leur place grâce à une contre-programmation efficace. »

Mais justement, une chaîne catholique n’aurait-elle pas pu proposer une « contre-programmation efficace » ? Nous n’en doutons pas, surtout lorsqu’on voit les programmes actuels de la TNT offrant sexe, violence et vieux divertissements au dépend du beau, du vrai et du bon. Les arguments sont nombreux…
Alors pourquoi se plaindre aujourd’hui, en pleine tourmente médiatique contre Benoît XVI et l’Eglise, de ne pas avoir les moyens de se défendre ? Avec un média sur les ondes nationales, nous pourrions nous battre « à armes égales », il y aurait un peu plus d’équilibre dans le traitement de l’information.
Tôt ou tard, il faudra une chaîne catholique sur la TNT, non seulement pour l’évangélisation par les mass media comme en parlait Paul VI dans Evangelii Nuntiandi en 1975, mais aussi pour se défendre contre les attaques de plus en plus manifestes de ces dernières années à l’égard de l’Eglise et de la figure du pape. Le cardinal Vingt-Trois, dans son homélie de la messe chrismale, ne s’y est pas trompé en fustigeant cette entreprise de « propagande » de la plupart de nos médias. Son prédécesseur, le cardinal Lustiger, souhaitait justement que KTO aille sur la TNT, il s’était lui-même déplacé pour défendre la candidature de son poulain devant les sages du CSA. Il avait bien compris alors que proclamer la vérité sur tous les toits n’a pas de prix.
Il est encore temps. Fondons une nouvelle chaîne, s’il le faut !
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