Ce soir au cinéma, « Qui a envie d’être aimé ? »

Grand producteur de télévision, Thierry Bizot raconte sa conversion dans le best-seller Catholique anonyme. Aujourd’hui sort en salles Qui a envie d’être aimé ?, une adaptation au cinéma par Anne Giafferi, son épouse. C’est « l’un des meilleurs films français du moment » selon Le Point, « un subtil premier film sur la foi » pour 20 Minutes. Famille Chrétienne parle d’un film « atypique » qui touchera les lecteurs du livre dont il est tiré, « mais peut-être encore plus les autres ». Voici un extrait de l’entretien réalisé par nos soins pour Zenit, avec en filigrane la question de l’évangélisation par le cinéma.

Zenit : Pourquoi avoir adapté votre histoire au cinéma ?

Thierry Bizot : Je me convertis à chaque fois que je témoigne, j’ai donc pensé que cela m’aiderait encore à me convertir ! C’est ma femme qui m’a proposé de le réaliser. Scénariste depuis 15 ans, je connais son talent. Elle voulait depuis longtemps faire un film, plusieurs sujets étaient à l’étude mais elle a constaté que la question de Dieu est un sujet porteur, que beaucoup de gens s’y intéressent. Pour elle qui se dit non-croyante, l’histoire de Catholique anonyme est une sorte de « thème star ». Un sondage paru dimanche dernier dans Le Parisien le prouve : 62% des personnes aimeraient pouvoir discuter des questions qu’elles se posent sur Dieu avec quelqu’un mais cela reste un tabou puisque près de la moitié trouve le sujet trop intime.

Votre film aide donc à parler de Dieu ?

Oui, il permet de libérer la parole sur ce sujet crucial. C’est un témoignage pour évangéliser mais ce n’est pas non plus un film prosélyte au sens péjoratif du terme. Les gens ne veulent pas être évangélisés et le gros reproche fait aux catholiques est de s’imposer, de vouloir donner des leçons de morale, d’assener des vérités toutes faites. Dans le film, nous avons représenté les cathos comme ils sont réellement, avec leurs défauts et leurs qualités : on ne peut pas reprocher à Qui a envie d’être aimé ? d’être complaisant. D’ailleurs, quand nous avons testé le film auprès du public, nous avons eu la grande surprise de découvrir que les non-croyants avaient encore plus aimé que les catholiques pratiquants !

Quel parallèle peut-on établir avec le film de Xavier Beauvois, Des Hommes et des Dieux ?

Ce film est un film magnifique, une histoire d’hommes qui ont donné leur vie pour être moines et qui vont jusqu’à la donner tout court, comme des résistants. Qui a envie d’être aimé ? est l’histoire ordinaire entre un Dieu et un homme. Un jour, au coin de la rue, la foi peut vous tomber dessus sans prévenir, alors que vous ne serez jamais moine à Thibhirine. Ainsi, chacun a la liberté de se projeter dans le personnage.

Votre film peut donc toucher n’importe qui ?

Aujourd’hui c’est difficile de croire qu’on puisse s’enfermer dans un monastère, mais qui ne peut pas aimer de grands saints comme saint Vincent de Paul ou saint François d’Assise ? Accepter d’être faible, faillible, cela peut être un soulagement pour beaucoup de monde, et un retour aux sources. Dans le film il y une scène très importante, quand le héros, fâché avec sa femme, se retrouve chez sa sœur. Elle lui dit : « Quand t’étais petit, t’étais fan de Fred Astaire. Après, ça a été Mick Jagger, et maintenant, Jésus ! Catholique, quand même pas très sexy… ». Puis ils se rappellent quand, enfants, ils allaient encore à la messe. Tout témoignage est une histoire dans laquelle le fil est renoué avec Dieu. Ceux qui témoignent de leur foi le savent bien, ils ne disent jamais « Je crois en Dieu parce que sur un plan métaphysique, c’est une chose qui me semble possible » mais « Je crois en Dieu car il m’a sauvé d’un cancer ». Aujourd’hui, tout le monde cherche à être aimé, sans forcément y parvenir. Le film y répond à sa manière : primo, toi, tu es aimé. Secondo, ça va bien se passer entre Dieu et toi !

En quoi le cinéma peut-il être un moyen de témoigner de sa foi ?

Avec le cinéma, vous avez un très long temps d’écoute assuré, qu’aucun autre média ne permet. Qui a envie d’être aimé ? est un message d’une heure trente assuré. Le succès du film Des hommes et des Dieux est aussi sans doute dû à cela : dans une société de la rapidité permanente, de l’urgence, un film très long, très lent, permet au spectateur de s’arrêter et de réfléchir. On capte l’attention des gens de façon fabuleuse ! De la même façon, avec des amis, nous avons lancé les « dîners du silence » : sous les magnifiques voûtes du Collège des Bernardins, 80 convives écoutent des moines du Couvent des Carmes de Paris lire l’Evangile. Et cela remporte un grand succès !

Pour en savoir plus :
– Le récit de sa conversion, résumé sur Etanchermasoif.com
L’entretien intégral sur Zenit
Catholique anonyme sur Amazon, en livre de poche
La fiche du film sur Allociné (bande-annonce, séances)
Le blog de Thierry Bizot

Benoît XVI à l’Emmanuel : « Ayez soif d’annoncer la Parole de Dieu ! »

Benoît XVI a reçu hier matin au Vatican en audience privée une cinquantaine de responsables et des évêques issus de la Communauté de l’Emmanuel, qui s’apprête à fêter ses 40 ans au cours d’un Jubilé. L’année jubilaire se déroulera du 25 mars 2011 au 15 août 2012 avec de nombreux événements. Seront ainsi célébrés les 20 ans de la mort de son fondateur, Pierre Goursat, dont la cause de canonisation a été introduite 2010 ; les 30 ans de Fidesco (ONG de volontariat de solidarité internationale) ; les 40 ans de la Communauté et les 20 ans de la première reconnaissance de la Communauté par le Saint Siège comme association privée de fidèles.

A l’occasion de cette rencontre, le Saint-Père leur leur adressé un discours dans lequel il rappelle que l’adoration est source de toute évangélisation : « l’adoration naît la compassion pour tous les hommes et de cette compassion naît la soif d’évangéliser.» Puis il a rappelé ce dont le monde a le plus besoin : « Ce dont le monde a besoin, c’est de l’amour de Dieu, c’est de rencontrer le Christ et de croire en lui », a-t-il dit.

Benoît XVI a continué sur ce thème de l’annonce : « Une vie authentiquement eucharistique est une vie missionnaire. Dans un monde souvent désorienté et à la recherche de nouvelles raisons de vivre, la lumière du Christ doit être portée à tous. Soyez au milieu des hommes et des femmes d’aujourd’hui d’ardents missionnaires de l’Evangile, soutenus par une vie radicalement saisie par le Christ ! Ayez soif d’annoncer la Parole de Dieu ! ».

Texte intégral

Chers Frères dans l’épiscopat,
Chers amis,

Je suis heureux de vous accueillir alors que la Communauté de l’Emmanuel se prépare à célébrer le vingtième anniversaire de la mort de son fondateur, Pierre Goursat, dont la cause de béatification a été introduite l’an dernier. Que l’exemple de sa vie de foi et celui de son engagement missionnaire vous stimulent et soient pour vous un appel constant à marcher vers la sainteté ! Au cours des mois qui viennent vous célébrerez aussi les 30 ans du service de Fidesco auprès des pays plus défavorisés, puis les 40 ans de la fondation de la Communauté et les 20 ans de la reconnaissance de ses statuts par le Conseil pontifical pour les Laïcs. Avec vous, je rends grâce à Dieu pour cette œuvre ! À chacun et à chacune de vous, prêtres et laïcs, j’adresse mes salutations cordiales. Je salue particulièrement le Modérateur de la Communauté – que je remercie pour les aimables paroles qu’il m’a adressées –, les membres du Conseil international, les responsables des grands services, ainsi que les Évêques qui sont issus de la Communauté. Que votre pèlerinage à Rome en ce début d’année jubilaire soit l’occasion de renouveler votre engagement à demeurer d’ardents disciples du Christ dans la fidélité à l’Eglise et à ses Pasteurs !

Chers amis, la grâce profonde de votre Communauté vient de l’adoration eucharistique. De cette adoration naît la compassion pour tous les hommes et de cette compassion naît la soif d’évangéliser (cf. Statuts, Préambule I). Dans l’esprit de votre charisme propre, je vous encourage donc à approfondir votre vie spirituelle en donnant une place essentielle à la rencontre personnelle avec le Christ, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, afin de vous laisser transformer par lui et de faire mûrir en vous le désir passionné de la mission. Dans l’Eucharistie, vous trouvez la source de tous vos engagements à la suite du Christ, et dans son adoration vous purifiez votre regard sur la vie du monde. « En effet, nous ne pouvons garder pour nous l’amour que nous célébrons dans ce Sacrement. Il demande de par sa nature d’être communiqué à tous. Ce dont le monde a besoin, c’est de l’amour de Dieu, c’est de rencontrer le Christ et de croire en lui » (Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis, n. 84). Une vie authentiquement eucharistique est une vie missionnaire. Dans un monde souvent désorienté et à la recherche de nouvelles raisons de vivre, la lumière du Christ doit être portée à tous. Soyez au milieu des hommes et des femmes d’aujourd’hui d’ardents missionnaires de l’Evangile, soutenus par une vie radicalement saisie par le Christ ! Ayez soif d’annoncer la Parole de Dieu !

Aujourd’hui, l’urgence de cette annonce se fait particulièrement sentir dans les familles, si souvent éclatées, chez les jeunes ou dans les milieux intellectuels. Contribuez à renouveler de l’intérieur le dynamisme apostolique des paroisses, en développant leurs orientations spirituelles et missionnaires ! Je vous encourage encore à être attentifs aux personnes qui reviennent vers l’Eglise et qui n’ont pas bénéficié d’une catéchèse approfondie. Aidez-les à enraciner leur foi dans une vie authentiquement théologale, sacramentelle et ecclésiale ! Le travail réalisé en particulier par Fidesco témoigne aussi de votre engagement auprès des populations des pays plus démunis. Que partout votre charité rayonne de l’amour du Christ et devienne ainsi une force pour la construction d’un monde plus juste et plus fraternel !

J’invite particulièrement votre Communauté à vivre une authentique communion entre ses membres. Cette communion, qui n’est pas simple solidarité humaine entre membres d’une même famille spirituelle, est fondée sur votre relation au Christ et sur un engagement commun à le servir. La vie communautaire que vous souhaitez développer, dans le respect de l’état de vie de chacun, sera alors pour la société un témoignage vivant de l’amour fraternel qui doit animer toutes les relations humaines. La communion fraternelle est déjà une annonce du monde nouveau que le Christ est venu instaurer.

Que cette même communion, qui n’est pas repliement sur soi-même, soit aussi effective avec les Eglises locales. En effet, chaque charisme se rapporte à la croissance du Corps du Christ tout entier. L’action missionnaire doit donc sans cesse s’adapter aux réalités de l’Église locale, dans un souci permanent de concertation et de collaboration avec les pasteurs, sous l’autorité de l’Evêque. Par ailleurs, la reconnaissance mutuelle de la diversité des vocations dans l’Eglise et de leur apport indispensable pour l’évangélisation, est un signe éloquent de l’unité des disciples du Christ et de la crédibilité de leur témoignage.

La Vierge Marie, mère de l’Emmanuel, tient une grande place dans la spiritualité de votre Communauté. Prenez-là « chez vous », comme l’a fait le Disciple bien-aimé, pour qu’elle soit vraiment la mère qui vous guide vers son divin Fils et qui vous aide à lui demeurer fidèles. Vous confiant à son intercession maternelle, j’adresse de grand cœur à chacun et à chacune de vous, ainsi qu’à tous les membres de la Communauté de l’Emmanuel, la Bénédiction Apostolique.

Benoît XVI rencontre les responsables de l’Emmanuel

…et leur parle d’évangélisation !

Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican en audience privée une cinquantaine de responsables et des évêques issus de la Communauté de l’Emmanuel, qui s’apprête à fêter ses 40 ans (1972-2012).

« Nous sommes venus à Rome pour un temps de travail, de pèlerinage et de prière sur le tombeau des apôtres, à l’occasion de l’ouverture d’une année jubilaire pour la Communauté », a dit le modérateur de l’Emmanuel, Laurent Landete, dans son adresse au Saint Père. Seront ainsi célébrés pendant ce Jubilé : les 20 ans de la mort du fondateur, le serviteur de Dieu Pierre Goursat, le 25 mars prochain (dont la cause de canonisation a été introduite en 2010) ; les 30 ans de Fidesco (ONG de volontariat de solidarité internationale) ; les 40 ans de la Communauté et les 20 ans de sa reconnaissance canonique par le Saint Siège.

Les responsables de l’Emmanuel ont remercié notamment le pape Benoît XVI pour ses initiatives répétées en faveur de la défense de la vie humaine comme de la nouvelle évangélisation : la création du Conseil pontifical qui lui est consacré, le Synode annoncé sur ce thème.

Benoît XIV leur a déclaré : « je vous encourage à approfondir votre vie spirituelle en donnant une place essentielle à la rencontre personnelle avec le Christ, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, afin de vous laisser transformer par lui et de faire mûrir en vous le désir passionné de la mission. (…) Dans l’Eucharistie, vous trouvez la source de tous vos engagements à la suite du Christ, et dans son adoration vous purifiez votre regard sur la vie du monde. (…) Soyez au milieu des hommes et des femmes d’aujourd’hui d’ardents missionnaires de l’Evangile ! (…) Ayez soif d’annoncer la Parole de Dieu ! Aujourd’hui, l’urgence de cette annonce se fait particulièrement sentir dans les familles, si souvent éclatées, chez les jeunes ou dans les milieux intellectuels. Contribuez à renouveler de l’intérieur le dynamisme apostolique des paroisses (…). Je vous encourage encore à être attentifs aux personnes qui reviennent vers l’Eglise ». « La vie communautaire que vous souhaitez développer dans le respect de l’état de vie de chacun sera alors pour la société un témoignage vivant de l’amour fraternel qui doit animer toutes les relations humaines », a précisé Benoît XVI.

Aujourd’hui association publique internationale de fidèles de droit pontifical, la Communauté de l’Emmanuel est présente dans 57 pays et compte 9.000 membres parmi lesquels 220 prêtres, 115 séminaristes, 180 consacrés dans le célibat. Elle a pour vocation de participer à l’accomplissement de la mission de l’Eglise dans le monde actuel et plus particulièrement à travers l’adoration, la compassion et l’évangélisation.

A travers ce Jubilé, la Communauté de l’Emmanuel souhaite également s’associer en 2012 aux célébrations des 50 ans de l’ouverture du concile Vatican II, suite à la prière de Jean XXIII demandant une nouvelle pentecôte pour l’Eglise.

Pour lire le discours de Benoît XVI : sur le site du Vatican

En quoi la nouvelle évangélisation est-elle nouvelle par son langage ? (4/4)

Pour commencer l’année 2011, rien de tel que de finir notre série sur le thème « à quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? ».

En créant à l’automne dernier le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode l’an prochain sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire. Dans nos précédents articles (1 et 2 et 3), nous avons identifié les contours de la nouvelle évangélisation définis par nos trois derniers papes et commencé à aborder les trois caractéristiques de cette nouveauté selon Jean Paul II : « nouvelle par son ardeur, par ses méthodes et par son expression ». Après avoir expliqué en quoi elle est nouvelle par son ardeur puis par ses méthodes, nous abordons ici la troisième caractéristique de la nouvelle évangélisation : nouvelle par son langage.

Une évangélisation nouvelle par son langage

Pour comprendre, il nous faut regarder avant tout Jésus, le premier et le plus grand des évangélisateurs : il va à la rencontre de ses contemporains, aussi bien dans le Temple et les synagogues que sur les routes et dans leurs maisons ; il transmet l’Evangile de manière simple et directe, attestant ses propos par des signes messianiques : « Jésus parcourait la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle, guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple » (1). L’évangélisation selon lui est assise sur trois piliers : l’inculturation du message, l’annonce de la Parole de Dieu et la guérison des malades.

1. L’inculturation du message

« Le christianisme du troisième millénaire devra répondre toujours mieux à cette exigence d’inculturation », c’est-à-dire au souci permanent « d’aller au-devant des exigences de chacun en ce qui concerne la sensibilité et le langage » (2), en les rejoignant sur leur lieux de vie et au travers de leurs modes culturelles ou d’expression – d’où toute l’importance aujourd’hui d’évangéliser par exemple sur Facebook, par la musique, dans les boîtes de nuit ou dans la rue – et en abordant de front toutes les questions existentielles qui habitent souvent douloureusement et nourrissent la « langueur » des hommes : la justice, l’amour, le sexe, la famille, le travail, les conflits, la souffrance, la mort…

2. L’annonce de la Parole de Dieu

L’annonce de la Parole de Dieu est le souci, déjà évoqué plus haut, de rien retirer au contenu et à la puissance de la Bonne Nouvelle. D’où l’importance de s’appuyer explicitement sur la Révélation faite en Jésus-Christ, dont les textes évangéliques, les Actes et les Epîtres sont dépositaires : combien de fois avons nous expérimenté depuis près de 30 ans qu’il n’y a pas plus « efficace » pour conduire au Christ qu’une prédication qui présente et traduit en langage d’aujourd’hui les textes néo-testamentaires !

3. La guérison

La guérison des maladies, physiques et intérieures, est le 3ème pilier de l’évangélisation de Jésus lui-même. Certes, elle est la plus dérangeante, et, lorsqu’elle fut minimisée ou oubliée dans la pratique et l’histoire de l’Eglise, ce fut à chaque fois lorsque la prédication kérygmatique était marginalisée ou oubliée. Pourtant, ouvrons les yeux ! Nos contemporains sont las de belles paroles, de belles conférences savantes ou pieuses sans effet sur leur vie : ils veulent être témoins des « merveilles de Dieu » qui sont annoncées dans la confession de foi de l’Eglise, ils attendent de toucher de près l’authenticité et l’efficacité de l’Evangile du Christ.

D’où l’importance pour ces personnes d’écouter et de voir des témoins de la foi pour illustrer cette authenticité, et d’être témoin de guérisons pour attester de cette efficacité. La guérison au nom de Jésus est la manifestation où se révèle le triomphe du Christ sur la maladie, le péché et la mort que nous confessons dans le Credo ; et le témoignage ou la constatation de ces guérisons interpellent et édifient croyants et incroyants : ils sont alors d’autant mieux disposés à écouter et à accueillir le message du Salut par adhésion à la personne de Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur.

Si la prédication est pour sa part « parole de Dieu », la guérison est « manifestation de Dieu », c’est à dire authentification de la Parole, attestation pratique que Jésus-Christ, ressuscité et à la droite de Dieu, est bien vivant et agissant aujourd’hui dans nos vies. Dans les périodes les plus riches de l’histoire de l’Eglise, prédication et guérison ont toujours été associées ; les opposer est un non-sens et produit deux dérives : prédication sans guérison risque de dériver vers l’intellectualisme qui n’intéresse plus grand monde ; la guérison sans prédication dérive vers la manipulation, la magie ou le charlatanisme.

Certes, si les guérisons physiques sont souvent d’ordre exceptionnel, liées à des ministères charismatiques singuliers (les saints ou des personnes comme le Père Emiliano Tardif plus récemment), à des lieux de grâces particulières (Lourdes par exemple), à certaines assemblées liturgiques, spirituelles ou missionnaires (telles messes pour les malades, rassemblements ou groupes de prière), d’innombrables guérisons intérieures ou relationnelles sont aujourd’hui le fruit de la nouvelle évangélisation, comme l’illustrent depuis 40 ans des centaines (3) de livres ou d’interviews, sans parler des innombrables anonymes qui témoignent si régulièrement à leurs proches ou dans divers groupes des merveilles de Dieu dans leur vie.

L’évangélisation « nouvelle dans son expression » dont parle Jean-Paul II doit donc être accompagnée, comme dans l’Evangile et les Actes des Apôtres, par la manifestation de la puissance de Dieu ‘ici et maintenant’, et donc par « des signes et des prodiges » (4) que l’Esprit-Saint veut répandre à profusion. En cela, rien d’exceptionnel : ce n’est que répondre au commandement du Christ « Allez, prêchez, et dites ‘Le royaume des cieux est proche’. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux » (5).

La « nouveauté » attendue par nos papes depuis plus de 35 ans dans l’approche de l’évangélisation est un retour aux sources apostoliques : répondre sans réserve et sans restriction au mandat missionnaire donné par le Christ à ses disciples, et accueillir l’effusion de l’Esprit-Saint qui « fait toute chose nouvelle » (6) en nos vies et dans l’Eglise. Avec Benoît XVI, « prions Dieu … afin que l’accueil de l’Esprit de Pentecôte soit comme un feu ardent et un vent impétueux pour la vie chrétienne et pour la mission de toute l’Eglise » (7).

Alex et Maud Lauriot Prévost

(1) Mt 4, 23 et 9,35
(2) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » § 40
(3) Sans doute des milliers d’ailleurs
(4) Ac 2, 22
(5) Mt 10, 8
(6) AP 21,5
(7) Homélie de Benoît XVI – Rassemblement des Mouvements et Communautés nouvelles, juin 2006

En quoi la nouvelle évangélisation est-elle nouvelle par ses méthodes ?

Etancher ma soif.com, un site de nouvelle évangélisation lancé l'été dernier, en pleine canicule.


En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire. Voici la suite de notre série sur le thème « à quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? ».

Dans nos précédents articles (ici et ), nous avons identifié les contours de la nouvelle évangélisation définis par nos trois derniers papes et avons commencé à aborder les trois caractéristiques de cette nouveauté selon Jean Paul II : « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ». Après avoir expliqué en quoi elle est nouvelle par son ardeur, nous abordons ici la deuxième caractéristique de la nouvelle évangélisation.

Une évangélisation nouvelle par ses méthodes

1. L’annonce du kérygme

Qui dit méthode, dit pédagogie, cheminement pour accompagner ses interlocuteurs. D’où l’importance de saisir toute la différence entre « kérygme » et « catéchèse » comme l’ont toujours fait les chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise, annonçant la foi dans les sociétés paganisées : le premier est l’annonce de la personne de Jésus et de son œuvre bienfaisante dans nos vies ; le second est la transmission de ce que recouvre la foi et ses conséquences. L’un et l’autre sont essentiels pour la vie chrétienne, mais le premier précède le second, sans quoi l’évangélisation ne porte pas du fruit et la catéchèse – aussi intelligente et pédagogique soit elle – s’avère tôt ou tard stérile au plan apostolique. Une telle distinction donne une clé de lecture essentielle pour comprendre l’érosion constante depuis des décennies de la pratique religieuses et de l’intérêt pour la foi au sein de très nombreuses Eglises malgré les trésors de générosité, de foi et d’énergie que l’Eglise investit dans son travail catéchétique auprès d’enfants ou d’adulte ayant quasiment tous grandi dans un contexte familial et social si marqué par l’athéisme et les philosophies des Lumières.

Le kérygme est à la catéchèse, ce que la naissance est à la croissance : il la précède, il lui est préalable, il en est même la condition pour que fructifie la catéchèse.

Le kérygme ne « donne » pas la vie, c’est Dieu qui la donne ; mais la prédication vivante du kérygme, l’attestation par le témoignage réveillent dans le cœur qui la reçoit, la puissance de vie d’enfant de Dieu inscrite en chacun de nous ; le kérygme nous conduit à désirer ou à faire fructifier le Salut du Christ donné au baptême, à le rendre efficient par la réponse de la foi et l’accueil de Jésus de Nazareth comme Fils de Dieu, comme seul et véritable Messie pour chaque homme ou femme.

La catéchèse déploie pour sa part toute les conséquences de cet acte de foi et de vie qu’est la reconnaissance et l’accueil de la personne de Jésus ; elle recouvre le 1er volet de ce que les Actes des Apôtres décrivent comme conséquences de cette adhésion au Christ par la foi : « ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (1).

2. L’importance du témoignage

Cette nouvelle pédagogie missionnaire est avant tout centrée sur l’authenticité du message avancé, et non la présentation des dogmes ou des pratiques religieuses : elle est assise sur le témoignage humble et l’expérience personnelle de l’amour du Père, du Salut du Christ, de l’illumination de L’Esprit-Saint. Paul VI a beaucoup insisté sur cette exigence désormais incontournable pour évangéliser nos contemporains : « aujourd’hui, le monde écoute davantage les témoins que les maîtres, ou s’il écoute des maîtres, c’est avant tout parce qu’ils sont des témoins ». C’est une évolution pastorale majeure dans une société de chrétienté millénaire où on naissait chrétien, on vivait chrétien, on mourrait chrétien : il fallait nourrir la foi, non l’éveiller ou la faire naître. La vie apostolique se résumait à Ac 2, 42 : la catéchèse, la liturgie, la vie paroissiale, les œuvres de charité, mais l’importance première du kérygme et de l’œuvre de Pentecôte n’étaient que sous-jacentes. Puisque l’enfant dès son plus jeune âge était évangélisé de multiple manières par sa famille, l’Eglise se concentrait sur la catéchèse et la liturgie car elle prenait pour acquis l’événement fondateur de la foi, c’est-à-dire la rencontre personnelle avec Dieu dont le signe le plus évident est la certitude intérieure d’être immensément aimé par lui sans condition et sans mérite !

Pour renouer le fil de cette expérience primordiale de l’amour de Dieu, Paul VI insista sur la nécessité d’articuler témoignage de vie et annonce intégrale du kérygme : « Il n’y a pas d’évangélisation véritable sans que le nom, l’enseignement, la vie, le règne, les promesses, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne soient annoncés ».

3. Avoir pour objectif  la conversion

Pour sa part, Jean-Paul II insista sur la finalité de l’évangélisation qui est bien la conversion, renoncement explicite et public au mal et aux faux dieux par un acte libre et le choix personnel du Christ. La conversion est un thème-clé de son encyclique-testament qu’est « Au début du nouveau millénaire » (2). Cette reconnaissance de l’importance de la conversion comme fruit de la mission n’est pas bien entendu une « nouveauté » apostolique, mais un retour aux sources rendu particulièrement nécessaire lorsque que des pans entiers de l’Eglise sont touchés par le sécularisme, le relativisme et le doute. Paul VI dénonça le premier « le manque de ferveur d’autant plus grave qu’il vient du dedans (de l’Eglise) : il se manifeste dans la fatigue et le désenchantement, la routine et le désintérêt, et surtout le manque de joie et d’espérance ». Tout en réfutant les « alibis insidieux » soi-disant inspirés du Concile, il rappelle la honte de Paul à l’égard de ceux qui « rougissent de l’Evangile » (3) ; Jean Paul II, pour sa part, met en garde contre « une indifférence malheureusement très répandue parmi les chrétiens et souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnées d’un relativisme religieux qui porte à considérer que toutes les religions se valent »(4).

Désirer la conversion de ceux à qui il nous est donné l’immense joie d’annoncer le Christ, nous place devant cette évidence : comment ne pas être le premier concerné par la conversion de mon cœur pour transmettre ce que j’ai moi-même expérimenté ? Même si, comme Obélix, nous sommes nombreux à être tombés dans la potion magique de l’Eglise quand nous étions petits, nous avons besoin de retrouver l’audace d’affronter les païens qui nous entourent pour découvrir combien cette force nous habite ! Prions l’Esprit-saint de nous remplir de l’audace des générations d’enfants de Dieu missionnaires qui ont transmis fidèlement depuis 2000 ans, la Bonne Nouvelle, parfois même au prix de leur vie.


Références

(1) Ac 2, 42
(2) Et le sujet central des § 46 et 47
(3) Paul VI, exhoratation apostolique Evangelii nuntiandi sur « L’évangélisation dans le monde moderne », § 79 et 80
(4) Jean Paul II, encyclique Redemptoris missio sur « La Mission du Christ Rédempteur », § 58

Adoration et évangélisation : colloque à Rome


Du 20 au 23 juin 2011 aura lieu à Rome un colloque international sur l’adoration eucharistique intitulé «Adoratio 2011 ». Organisé par les Missionnaires du Très Saint-Sacrement, communauté nouvelle reconnue par Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, en 2007, ce colloque rassemblera un large éventail d’intervenants du monde entier, dont sept cardinaux.

« La première condition de la nouvelle évangélisation, c’est l’adoration », a déclaré Mgr Rey. « Nous devons retrouver la capacité d’adorer le Christ dans la très sainte Eucharistie, si nous voulons conduire les hommes et les femmes du XXIe siècle à la foi en Jésus-Christ. C’est l’un des thèmes clés du pontificat du pape Benoît XVI », a-t-il souligné, « c’est pour cette raison que nous avons décidé cette initiative. »

Adoratio 2011 comprendra quatorze conférences, des carrefours, la célébration de la messe sous les formes nouvelles et anciennes, l’adoration de nuit et l’office divin. Environ 300 participants sont attendus, auxquels viendront s’en ajouter d’autres pour l’une ou l’autre des interventions chaque jour. Une traduction simultanée sera assurée en différentes langues.

Le colloque s’achèvera par la célébration de la Solennité de la Fête Dieu avec le pape Benoît XVI dans sa Basilique (Saint-Jean de Latran) et la procession eucharistique vers la Basilique de Sainte-Marie-Majeure qui suivra.

Le père Florian Racine, fondateur des Missionnaires du Très Saint-Sacrement et organisateur principal, a déclaré : « Nous sommes convaincus que ce colloque apportera une contribution importante au nouveau printemps de l’Adoration Eucharistique si chère au cœur de notre Saint-Père Benoît XVI. Nous sommes impressionnés de voir tous ceux qui donnent déjà tant pour que ce colloque aille bien au-delà de nos espérances. Adoratio 2011 promet d’être un événement international important pour la vie de l’Église en 2011. »

Parmi les intervenants figureront :

– le cardinal Francis Arinze, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements
– le cardinal Raymond Burke, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique
– le cardinal Antonio Canizares Llovera, préfet de la Congrégation du culte divin et de la discipline des sacrements
– le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, Sri Landa, ancien secrétaire de la Congrégation pour le culte divin
– le cardinal Mauro Piacenza, président de la Congrégation pour le clergé
– le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical justice et paix
– Mgr Giovanni d’Ercole, évêque auxiliaire de L’Aquila, Italie
– Mgr D. José Ignacio Munilla, évêque de Saint-Sébastien, Espagne
– Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, France
– Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de Karaganda, Kazakhstan
– Mgr Guido Marini, Maître de cérémonie, Cité du Vatican
– P. Nicolas Buttet, Fondateur de la Communauté Eucharistein, Suisse
– P. Mark Kirby, Prieur du monastère bénédictin diocésain de Notre Dame du Cénacle à Tulsa, Oklahoma
– P. Florian Racine, Fondateur des Missionnaires du Très Saint Sacrement, Sanary, France
– Mère Adela Calindo, Fondatrice des servantes des coeurs transpercés de Jésus et Marie, USA
– Sr. Joseph, Missionnaire de la charité, Calcutta, Inde

Source : d’après Zenit

En quoi la nouvelle évangélisation est-elle nouvelle par son ardeur ?

En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire. Voici la suite de notre série sur le thème « à quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? ». Deuxième volet : en quoi est-elle nouvelle par son « ardeur » ?

Dans notre précédent article, nous avons détaillé les grandes lignes de la nouvelle évangélisation. Il nous semble important maintenant de préciser les trois « caractéristiques pratiques » proposées par Jean-Paul II : « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ». Elles sont de fait des interpellations personnelles qui peuvent nous aider à mieux discerner notre propre « maturité de la foi » et la « conversion radicale de notre état d’esprit » que le pape appelle de ses vœux. Nous abordons ici la première caractéristique.

Une évangélisation nouvelle par son ardeur

L’ardeur vient de « ardent », tel un feu : les disciples d’Emmaüs ont le cœur brûlant après leur rencontre du Christ, la Pentecôte et tant de passages des Actes nous illustrent le feu intérieur des disciples. Brûler d’ardeur et de zèle pour l’Evangile n’est pas le fruit d’une excitation humaine ou l’effet de drogues illicites (1), mais bien le signe que l’Esprit promis aux disciples par le Christ lui-même est bien présent et agissant avec puissance.

Un des plus grands évangélisateurs catholiques depuis cinquante ans fut le Père Emiliano Tardif : il affirmait que « brûler pour l’Evangile est un élément fondamental de l’Evangélisation », comme l’illustre la Parole de Dieu.

le zèle de ta maison me dévore dit le psalmiste (2)
– comme Pierre et Jean, nous ne pouvons taire tout ce que nous avons vu et entendu (3)
– comme Jérémie, nous avons un feu qui nous dévore les os (4) pour nous pousser à évangéliser

Le zèle, le feu, l’ardeur des missionnaires sont à la mesure du bouleversement réel qu’ont opéré dans notre vie la rencontre, la vie et l’amour du Christ : plus que des doctrines, le prédicateur doit avoir le feu d’amour de Jésus dans son cœur, et comme il ne peut garder pour lui cette expérience brûlante, il la partage avec flamme, vérité, authenticité.

Deux précisions au regard de très nombreuses expériences de par le monde :

– l’évangélisateur « nouveau » témoigne des merveilles de Dieu dans sa vie, et non ce qu’il a appris sur Dieu ; l’évangélisateur peut donc être un simple baptisé : ce n’est pas d’abord un pasteur, un professeur ou un docteur ; néanmoins, le concours de ces derniers reste indispensable pour former les missionnaires, s’assurer qu’ils confessent et attestent la vraie foi, et que leur vie se conforme peu à peu à la foi qu’ils proclament.

– l’ardeur du témoin n’est pas le fruit de caractères expansifs ou extravertis, mais avant tout le fruit de l’action de l’Esprit-Saint accueilli par ceux qui évangélisent ; c’est donc lui qui oint les missionnaires de force comme l’exprime Paul : « ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration d’Esprit et de puissance (5) ». Paul VI confirme toute cette action irremplaçable de l’Esprit-Saint aujourd’hui au service de la mission : « les meilleures techniques d’évangélisation ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit Saint ; sans Lui, la plus convaincante des dialectiques est impuissante sur l’esprit des hommes car c’est Lui qui, dans le tréfonds des consciences, fait accepter et comprendre la Parole du Salut » (6), tandis que Jean-Paul II insiste sur l’impératif de « raviver en nous l’élan des Origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte » (7).

Nous voilà de nouveau interpellés par le successeur de Pierre : sommes-nous prêts à laisser agir l’Esprit en nous pour annoncer la Bonne Nouvelle ? Sommes-nous conscients du trésor que nous portons ? Comment pouvons-nous nous taire alors que tant et tant souffrent de ne pas connaitre le Christ ? Sans doute, comme nous y invite Jean-Paul II, avons-nous besoin de retrouver en nous cette présence vivante du Christ pour la porter au monde en ajoutant à notre témoignage de vie, une parole explicite : c’est la première des charités comme le dit Benoit XVI, que de dire au nom de qui et pour qui nous vivons ainsi, que de proposer la foi à tous sans distinction

Références :

(1) Quoique cela puisse en donner quelque peu l’apparence : « ils sont plein de vin doux » dit-on des disciples à la Pentecôte
(2) Ps 69
(3) Ac 4, 20
(4) Jr 1, 13
(5) 1 Co 2, 4
(6) Paul VI « L’évangélisation dans le monde moderne » § 75
(7) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » § 47

A quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? (1/4)

Evangélisation lors du festival de Cannes avec Anuncio

Dans la suite de l’entretien d’Alex et Maud Lauriot Prévost réalisé pour Zenit, nous leur laissons la parole pour vous proposer une série de billets sur cette question de la nouvelle évangélisation, de façon plus approfondie encore. Premier volet : pourquoi s’agit-il d’une impulsion missionnaire nouvelle ?

En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire.

Une impulsion missionnaire nouvelle

Pour beaucoup, la nouvelle évangélisation reste un mystère ; elle a cependant été bien définie dans ses contours et sa substance par Jean-Paul II.

1°/ Son contenu : il est bien entendu le même depuis 2000 ans. L’Eglise et le monde ont besoin d’une nouvelle évangélisation, non d’un nouvel Evangile ! Il s’agit simplement d’annoncer d’une manière nouvelle et avant tout renouvelée, en veillant à se concentrer sur le cœur de la foi qui peut retourner des vies, toucher et attirer les cœurs des croyants et non-croyants.

2°/ Ses causes : « On doit considérer comme dépassé dans les pays d’ancienne évangélisation, la situation d’une ‘’société chrétienne’’ qui se référait explicitement aux valeurs évangéliques… Alors que l’humanité est en recherche et bien souvent malade, notre époque nécessite une impulsion missionnaire nouvelle » (1). D’où l’importance, d’être avant tout à l’écoute du vécu de nos contemporains, de ses souffrances et de ses « maladies » intérieures, de ses attentes existentielles et des voies de traverse si souvent utilisées pour compenser leur méconnaissance du Christ et de son amour pour nous.

3° / Son état d’esprit : « Il faut raviver en nous l’élan des origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte (…) avoir la même disponibilité que les apôtres pour écouter les voix de l’Esprit, le même courage pour relever les défis missionnaires » (2). D’où l’importance d’une plus grande vie dans l’Esprit des communautés chrétiennes pour vivre de cet esprit apostolique, et d’une formation à la prédication kérygmatique.

4° / Ses conditions de mise en œuvre : « Celui qui a vraiment rencontré le Christ, il ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer, au risque de devoir se poser courageusement cette question : ‘si je n’ai pas le goût de l’annoncer, l’ai-je vraiment rencontré ?’ » (3). D’où l’importance pour les catholiques de relire et de discerner dans l’Esprit-Saint comment et où le Christ nous a rencontrés, aimés et sauvés, et de ne pas se contenter de se dire chrétien ou de pratiquer la religion catholique par tradition, habitude, simple choix intellectuel ou choix de valeurs.

5° / Ses exigences ecclésiales : « La mission est le signe le plus clair de la maturité de la foi » car elle témoigne d’une « conversion radicale de son état d’esprit » tant « au niveau des personnes que des communautés. C’est en devenant missionnaire que la communauté chrétienne pourra dépasser ses divisions et ses tensions internes et retrouver son unité et la vigueur de sa foi (…) On devra apprécier la valeur des organismes, des mouvements, des paroisses et des œuvres apostoliques de l’Eglise à la lumière de l’impératif missionnaire » (4). D’où la surprenante grille de discernement que le magistère de l’Eglise propose désormais d’utiliser pour mesurer – à partir de la mise en œuvre ou non de cette dynamique personnelle et collective de la nouvelle évangélisation – la « valeur » des différentes institutions ecclésiale et la « maturité » chrétienne des baptisés.

6 °/ Son universalité : il s’agit d’un impératif qui s’adresse à tous les baptisés. « La nouvelle évangélisation est un engagement qui nous concerne tous » (Benoît XVI) car il s’agit de « susciter dans l’Eglise un nouvel esprit missionnaire qui ne saurait être réservé un groupe de ‘spécialistes’, mais qui devra engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu » (5). C’est pourquoi la nouvelle évangélisation s’empare aujourd’hui progressivement de toute l’Eglise, bien au delà des seuls nouveaux mouvements (paroisses, diocèses, aumôneries, etc.) qui ont été parmi les premiers à faire jaillir toutes sortes d’initiatives missionnaires adaptées à notre génération.

7°/ Ses caractéristiques pratiques : « la nouvelle évangélisation demande à chacun une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage pour l’annonce et le témoignage évangéliques » (6).

Il est à noter qu’au travers de ces éléments, les papes lancent avec vigueur et de façon réitérée, à la suite de Saint Paul, un appel à « être toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui nous habite à quiconque nous en fait la demande ». Demandons ensemble la force de l’Esprit-Saint pour que nous soyons à notre tour les témoins dont le Christ à besoin pour rassasier la soif de tous nos contemporains !

Nous allons revenir sur les trois éléments majeurs qui caractérisent la nouvelle évangélisation selon Jean Paul II: « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ».

La semaine prochaine : pourquoi s’agit-il d’une évangélisation nouvelle par son ardeur ?

Références

(1) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » § 47
(2) Idem § 3 puis 30
(3) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » idem § 40
(4) « La Mission du Christ Rédempteur » § 48 et 49
(5) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » idem § 40
(6) Jean Paul II – 25 mars 1992

La nouvelle évangélisation doit rééquilibrer annonce du kérygme et catéchèse (II/II)


En lui donnant un Conseil pontifical et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, la nouvelle évangélisation apparaît comme un défi majeur pour l’Eglise en ce début de XXIe siècle. ZENIT a interrogé Alex et Maud Lauriot Prévost, couple missionnaire et formateur à la mission, acteurs de la nouvelle évangélisation en France et à l’étranger depuis près de 30 ans. Nous reproduisons ici la deuxième partie de l’entretien avec Alex et Maud Lauriot Prévost que nous avons réalisé pour Zenit. (La première partie, c’est ici).


ZENIT – Un autre volet de la nouveauté méthodologique est le recours au témoignage ?

Alex et Maud Lauriot Prévost – Cette nouvelle pédagogie missionnaire est avant tout centrée sur l’authenticité du message annoncé, et pas sur la seule présentation des dogmes ou des pratiques religieuses : elle est assise sur le témoignage humble et l’expérience personnelle de l’amour de Dieu. Paul VI a beaucoup insisté sur cette exigence désormais incontournable pour évangéliser nos contemporains car « aujourd’hui, dit-il, le monde écoute davantage les témoins que les maîtres, ou s’il écoute des maîtres, c’est avant tout parce qu’ils sont des témoins ». Toutes les écoles d’évangélisation aujourd’hui de par le monde forment les missionnaires – jeunes, couples, prêtres, religieux – à donner leur témoignage.

Le dernier volet de la nouveauté méthodologique est de viser la conversion de ceux qui sont évangélisés. Mais est-ce vraiment nouveau ?

La reconnaissance de cet objectif de la mission n’est pas, bien entendu, une nouveauté apostolique, mais un retour aux sources, rendu nécessaire lorsque certains dans l’Eglise sont touchés par le sécularisme, et même le relativisme et le doute : Paul VI réfutait déjà des «alibis insidieux » soi-disant inspirés du Concile. Il rappela la honte de Paul à l’égard de ceux qui « rougissent de l’Evangile » ; il regretta chez certains « le manque de ferveur d’autant plus grave qu’il vient du dedans de l’Eglise et qui se manifeste dans la fatigue et le désenchantement, la routine et le désintérêt, et surtout le manque de joie et d’espérance ». C’est pourquoi, Jean-Paul II était si attaché à bien préciser que l’objectif de l’évangélisation est de conduire – dans la grande liberté des enfants de Dieu – à la conversion, qui est don de Dieu, renoncement explicite et public au mal et aux faux dieux par un acte libre et le choix personnel du Christ. C’est là un thème-clé de sa lettre apostolique – testament « Au début du nouveau millénaire », où il met en garde contre « une indifférence, malheureusement très répandue parmi les chrétiens et souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnées d’un relativisme religieux, qui porte à considérer que toutes les religions se valent ».

Pouvez-vous présenter la dernière caractéristique de la nouvelle évangélisation selon Jean-Paul II : « un nouveau langage » ?

Pour comprendre, il nous faut regarder avant tout Jésus, le premier et le plus grand des évangélisateurs : il va à la rencontre de ses contemporains, aussi bien dans le Temple et les synagogues que sur les routes et dans leurs maisons ; il transmet l’Evangile de manière simple et directe, attestant ses propos par des signes messianiques : « Jésus parcourait la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle, guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple. » L’évangélisation à l’école du Christ est donc assise sur trois piliers : l’inculturation du message, l’annonce de la Parole de Dieu et la guérison des malades.

Qu’est ce que l’inculturation du message ?

Jean-Paul II souligne combien «le christianisme du troisième millénaire devra répondre toujours mieux à cette exigence d’inculturation », c’est-à-dire au souci permanent « d’aller au-devant des exigences de chacun en ce qui concerne la sensibilité et le langage », en rejoignant chacun sur leur lieux de vie et au travers de leurs modes culturelles ou d’expression. D’où toute l’importance aujourd’hui d’évangéliser par exemple sur Facebook, par la musique, dans les boites de nuit, dans la rue ou au travers du porte-à-porte et en abordant de front toutes les questions existentielles qui habitent souvent douloureusement et nourrissent la « langueur » des hommes : la justice, l’amour, le sexe, la famille, le travail, les conflits, la souffrance, la vie, la mort…

Comment l’annonce de la Parole de Dieu peut-elle recouvrir une nouveauté ?

Là encore, c’est un retour aux sources : n’a-t-on pas trop souvent présenté la foi de manière avant tout catéchétique, en proposant une morale, des valeurs, des questions de pratique religieuse ou des dogmes ? C’est bien sûr important, mais surtout utile pour des croyants. L’évangélisation des non-croyants chez les apôtres s’appuie sur l’annonce de la personne de Jésus, sur sa vie et le cœur de sa mission, sur la Parole de Dieu qui sont en eux-mêmes puissance évangélisatrice. D’où l’importance de s’appuyer explicitement sur la Révélation faite en Jésus-Christ, dont les textes évangéliques, les Actes et les Epîtres sont dépositaires : combien de fois avons-nous expérimenté depuis près de 30 ans qu’il n’y a pas plus « efficace » pour conduire au Christ qu’une prédication qui présente et traduit en langage d’aujourd’hui les textes néo-testamentaires !

Vous évoquez enfin que le langage nouveau de la mission passe par la guérison ? N’est-ce pas aller trop loin ?

La guérison des maladies, physiques et intérieures, est le 3ème pilier de l’évangélisation de Jésus lui-même. Certes, elle est la plus dérangeante, et, lorsqu’elle fut minimisée ou oubliée dans la pratique et l’histoire de l’Eglise, ce fut à chaque fois lorsque la prédication kérygmatique était marginalisée ou oubliée. Pourtant, ouvrons les yeux ! Nos contemporains sont las de belles paroles, de belles conférences savantes ou pieuses sans effet sur leur vie : ils veulent être témoins des « merveilles de Dieu » qui sont annoncées dans la foi de l’Eglise, ils attendent de toucher de près l’authenticité et l’efficacité de l’Evangile du Christ. D’où l’importance pour ces personnes d’écouter et de voir des témoins de la foi pour illustrer cette authenticité, et d’être témoin de guérisons pour attester de cette efficacité. La guérison au nom de Jésus est la manifestation où se révèle le triomphe du Christ sur la maladie, le péché et la mort que nous confessons dans le Credo ; et le témoignage ou la constatation de ces guérisons interpellent et édifient croyants et incroyants : ils sont alors d’autant mieux disposés à écouter et à accueillir le message du Salut par adhésion à la personne de Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur.

Pouvez-vous préciser l’articulation entre évangélisation et guérison ?

Si la prédication est pour sa part « Parole de Dieu », la guérison est « manifestation de Dieu », c’est-à-dire authentification de la Parole, attestation pratique que Jésus-Christ est le Messie, qu’il est ressuscité, bien vivant et agissant aujourd’hui dans les vies de ceux qui l’accueillent. Dans les périodes les plus riches de l’histoire de l’Eglise, prédication et guérison ont toujours été associées ; les opposer est un non-sens et peut produire deux dérives : prédication sans guérison risque de dériver vers l’intellectualisme qui n’intéresse plus grand monde ; la guérison sans prédication ou dans le cadre de fausses croyances dérive vers la manipulation, la magie ou le charlatanisme.

Etre témoin de guérisons liées à la mission, n’est-ce pas exceptionnel ?

Certes, si les guérisons physiques sont souvent d’ordre exceptionnel, liées à des ministères charismatiques singuliers (les saints ou des personnes comme le père Emiliano Tardif plus récemment), à des lieux de grâces particulières (Lourdes par exemple), à certaines assemblées liturgiques, spirituelles ou missionnaires (messes pour les malades, rassemblements ou groupes de prière), d’innombrables guérisons intérieures ou relationnelles sont aujourd’hui le fruit de la nouvelle évangélisation, comme l’illustrent depuis 40 ans des centaines de livres ou d’interview, sans parler des innombrables anonymes qui témoignent si régulièrement à leurs proches ou dans divers groupes des merveilles de Dieu dans leur vie.

Vous-même, dans le cadre de vos missions auprès de jeunes ou de couples, êtes-vous témoins de guérisons ?

L’évangélisation des relations affectives, amoureuses et conjugales est d’une grande urgence aujourd’hui, vu les innombrables et profondes blessures en matière d’affectivité ou de sexualité : dans quasiment toutes nos missions, nous sommes témoins de guérisons intérieures car telle parole du Christ, telle prédication, tel exemple concret aura touché, retourné et ouvert les cœurs. La première des guérisons que nous constatons vient tout d’abord des pardons si longtemps refusés, qui sont enfin reçus ou donnés ; elle ouvre la voie à la réconciliation, à l’échange amoureux, à l’accueil de la vie, à la justesse des comportements ou à un bien plus grand respect l’un de l’autre ; dernièrement, un couple blessé depuis longtemps dans sa sexualité, a pu enfin revivre une vraie lune de miel et ils témoignent aujourd’hui d’un bonheur et d’une complicité qu’ils ne connaissaient pas.

L’évangélisation «nouvelle dans son expression » dont parle Jean-Paul II s’accompagne donc logiquement, comme dans l’Evangile et les Actes des Apôtres, par la manifestation de la puissance de Dieu ‘ici et maintenant’, et donc par « des signes et des prodiges » (Ac 2, 22) que l’Esprit-Saint veut répandre. Ce n’est là que réponse au commandement du Christ : « Allez, prêchez, et dites ‘Le royaume des cieux est proche’. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux » (Mt 10, 8).

Pourquoi cette nouvelle évangélisation est-elle une réponse pastorale majeure pour notre temps ?

Avec nos papes, aux côtés de nos pasteurs et théologiens les plus avertis, il nous faut considérer comme dépassé l’ancrage chrétien de nos sociétés occidentales, alors que « l’humanité est en recherche et bien souvent malade », comme le soulignait saint Paul à son époque. Les comportements amoureux et sexuels de nos contemporains en sont un exemple criant. D’où l’importance méthodologique pour les missionnaires du XXIe siècle, d’être avant tout à l’écoute du vécu des hommes et des femmes, de leurs souffrances et de leurs « maladies » intérieures, de leurs attentes existentielles et des voies de traverse si souvent utilisées pour compenser leur méconnaissance de l’amour et du don immense de Dieu pour chacun de nous.

Vous évoquez également certaines exigences ecclésiales pour la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation…

En effet, car «la mission est le signe le plus clair de la maturité de la foi » dit Jean-Paul II puisqu’elle témoigne d’une « conversion radicale de son état d’esprit tant au niveau des personnes que des communautés ». Ce n’est donc selon lui qu’« en devenant missionnaire que la communauté chrétienne pourra dépasser ses divisions et ses tensions internes et retrouver son unité et la vigueur de sa foi », et donc que l’Eglise « devra apprécier la valeur des organismes, des mouvements, des paroisses et des œuvres apostoliques de l’Eglise à la lumière de l’impératif missionnaire ». Vous comprenez combien Jean-Paul II voit loin et met la barre haute puisqu’il définit ainsi de véritables critères de discernement pour mesurer – à partir de la mise en œuvre ou non de cette dynamique personnelle et collective de la nouvelle évangélisation – la « valeur » des différentes institutions ecclésiale et la « maturité » chrétienne des baptisés.

Vous semblez tous deux nourrir un très grand espoir dans le développement de la nouvelle évangélisation ?

Nous sommes certains que l’Esprit-Saint suscite aujourd’hui dans toute l’Eglise un nouvel élan missionnaire. Notre pape invite les pasteurs à y être attentifs et ajoute que la vitalité de l’Eglise gagnerait «à un peu moins d’organisation, un peu plus d’Esprit-Saint » ; par ses décisions, notre pape décide de faciliter au cœur de l’Eglise universelle et de ses institutions l’accueil d’un souffle spirituel et évangélisateur puissant, espérant par là donner toute la bénédiction et l’appui à un renouveau, certes dérangeant, mais puissant et salutaire pour l’Eglise et le monde qui a tant besoin de connaître le Christ. Deo Gratias !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Maillard

Pour découvrir les émissions, prédications, livres d’Alex et Maud Lauriot Prévost, cf. www.evangilepourlecouple.fr

1500 missionnaires à Lyon pour le 8 décembre 2010

Le diocèse de Lyon ouvre les portes de la plupart de ses églises les 8, 9, 10 et 11 décembre, jour et nuit, afin de permettre à tous ceux qui le souhaitent de découvrir leurs richesses architecturales, artistiques et spirituelles… 1500 « Missionnaires du 8 », c’est-à-dire des volontaires, souvent jeunes, sont attendus pour se relayer dans les paroisses : accueil, visite, prière, accompagnement, annonce du Christ…

Pour que se perpétue la tradition des lampions, le diocèse a distribué 3.000 affiches à destination des commerces et des immeubles : le 8 décembre à 18h, chacun est invité à illuminer ses fenêtres. Sur le site du diocèse, on trouve un petit historique de cette fête hautement symbolique qui donne aujourd’hui aux catholiques lyonnais une magnifique occasion d’évangélisation : le Christ n’est-il pas notre lumière ?

Les illuminations sont en réalité liées au culte de la Vierge Marie, dont la colline de Fourvière, à Lyon, est le haut-lieu. Chapelle et basilique s’y sont succédées depuis le Moyen-Age. Les Lyonnais y implorèrent le secours de Marie dans les calamités publiques et donnèrent une grande solennité à la fête de la naissance de la Vierge, le 8 septembre. En 1852, on achevait à Lyon la reconstruction du clocher de la vieille chapelle de Fourvière. Au sommet de l’édifice, on avait placé une statue de la Vierge Marie en bronze doré. Elle devait être inaugurée le 8 septembre, mais une inondation dans l’atelier du fondeur retarda la cérémonie au 8 décembre, autre fête de la Vierge, celle de l’Immaculée Conception.

Ce jour-là, des feux d’artifice étaient prévus mais une pluie torrentielle s’abattit sur la ville. A la tombée de la nuit, le ciel s’éclaircit et la pluie s’arrêta. « Tout à coup apparaissent à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu… La ville s’était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands, les clochers, illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu’aux bordures des trottoirs… Quelques feux de Bengale s’allumèrent sur les toits de la chapelle de Fourvière, la statue de la Vierge apparaît et la grosse cloche de Saint Jean, cet éloquent interprète des joies publiques, est lancée à toute volée. A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. On se serrait la main sans se connaître, on chantait des cantiques, on applaudissait, on criait : « Vive Marie ! » Les étrangers n’en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout remplis qu’ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée ».

L’événement éphémère d’une nuit devint institution. On prépara avec soin les illuminations de 1853. Quant à celles de 1854, elles furent un triomphe, car elles coïncidaient avec la proclamation par le Pape, à Rome, du dogme de l’Immaculée Conception. Les Lyonnais avaient la fierté des précurseurs. Depuis, chaque année, le soir du 8 décembre, les Lyonnais illuminent leur ville pour la fête de l’Immaculée Conception.

Le dogme de l’Immaculée Conception

Un dogme est une vérité de foi solennellement proclamée par le Pape pour être accueillie par l’Église. Ainsi, le 8 décembre 1854, dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape Pie IX déclarait : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles ».

Mais Marie est aussi l’étoile de la nouvelle évangélisation : qu’elle soit fêtée à Lyon quelques jours avant la naissance du Christ est plus qu’un symbole, c’est une réalité pour l’humanité post-moderne qui cherche un sauveur, dixit Benoît XVI.

Plus d’informations : demandez le programme !

La nouvelle évangélisation est en marche !

Evangélisation de plage lors du festival Anuncio

Evangélisation de plage lors du festival Anuncio

La création du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation suivie du motu proprio Ubicumque et semper (« partout et toujours ») l’instituant, l’annonce d’un prochain synode des évêques à Rome sur ce thème en 2012, une exhortation apostolique sur la Parole de Dieu qui en parle largement, les prédications de l’Avent au Vatican sur la même question… Décidemment, Benoît XVI met bel et bien l’Eglise en ordre de bataille pour que les catholiques se lancent tous dans une nouvelle évangélisation.

Si le sujet est quelquefois galvaudé, souvent mal compris car mal expliqué, parfois utilisé pour se donner bonne conscience ou démontrer qu’on est bien à la page, les catholiques retrouvent une meilleure compréhension de la mission que le Christ lui-même nous a confiée.

Beaucoup s’interrogent : d’où vient la nouvelle évangélisation ? Est-ce une formule passée de mode, une mouvance parmi d’autres, un label réservé à des spécialistes qui le revendiquent, une pratique réservée aux évangéliques ? Combien de fois Benoît XVI en a-t-il parlé depuis son élection ? En quoi est-elle « nouvelle » ? Pourquoi le « Premier monde » a-t-il besoin d’une nouvelle évangélisation ? Comment, concrètement, la mettre en oeuvre ?

C’est sur ce dernier aspect que les questions sont les plus nombreuses : est-ce la place d’un prêtre en boîte de nuit pour annoncer le Christ ? D’un séminariste dans une belle voiture sur l’auto-route pour témoigner de sa foi grâce à l’auto-stop ? D’une religieuse sur une plage au milieu des deals pour parler de sa rencontre avec Jésus ? D’une troupe de laïcs sur Internet pour évangéliser le continent numérique, Facebook compris ?

Prochains rendez-vous :

– Je suis l’invité, demain jeudi, sur Radio Notre Dame, de 16h à 17h, dans le cadre du Radio don, par Marion Duchêne, rédactrice en chef. (Pour soutenir Radio Notre Dame comme média d’évangélisation : leur page « aidez-nous« ).

– Mardi 14 décembre, je donnerai une conférence au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, à partir de mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France (voir ici). Places limitées, pour s’inscrire : conferences@dieuestderetour.com.

La nouvelle évangélisation doit rééquilibrer annonce du kérygme et catéchèse (I/II)

Un entretien d’Alex et Maud Lauriot Prévost réalisé par nos soins pour Zenit.

En lui donnant un Conseil pontifical et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, la nouvelle évangélisation apparaît comme un défi majeur pour l’Eglise en ce début de XXIe siècle. Nous avons interrogé Alex et Maud Lauriot Prévost, couple missionnaire et formateur à la mission, acteurs de la nouvelle évangélisation en France et à l’étranger depuis près de 30 ans. Voici la première partie de cet entretien publié dans Zenit.

ZENIT – Qu’est ce qui vous a amené à découvrir la nouvelle évangélisation ?

Alex et Maud Lauriot Prévost – La découverte du renouveau charismatique et du père Daniel Ange en 1982 lors d’un grand rassemblement européen à Strasbourg fut pour nous une expérience de Pentecôte fondatrice pour notre vie. Alors que nous préparions notre mariage, Daniel-Ange nous a invité à organiser à Paris le premier rassemblement d’évangélisation de jeunes ; un an après et à l’invitation de l’Eglise, nous l’avons secondé en 1984 puis durant les trois ans de fondation de la première école internationale catholique d’évangélisation pour jeunes de 18 à 30 ans, Jeunesse-Lumière (http://www.jeunesse-lumiere.com), qui fait aujourd’hui référence en matière de formation à la nouvelle évangélisation auprès des jeunes dans l’Eglise. Depuis nous sommes investis dans un ministère d’évangélisation ou de formation à l’évangélisation auprès de jeunes ou de couples, particulièrement sur les thèmes liés à l’amour, à la sexualité, à la vie conjugale, etc. Nous sommes tous deux très fortement imprégnés par Jean-Paul II, lui qui a tellement œuvré à la fois pour le renouveau missionnaire de l’Eglise et celui de l’annonce de l’Evangile du mariage. Appartenir à la « Génération Jean-Paul II » revêt donc pour nous un sens très fort et particulier.

Quel est selon vous le rapport Jean-Paul II et de Benoît XVI avec la nouvelle évangélisation ?

Jean-Paul II a créé le concept de nouvelle évangélisation et l’a promu tout au long de son pontificat. Le cardinal Ratzinger s’est attaché à l’enraciner sur des assises théologiques et ecclésiales très solides. Tous deux très fins connaisseurs de la pensée des philosophes et des intellectuels des XIXe et XXe siècles, ils ont mesuré sans doute mieux que quiconque le contraste saisissant entre la nature du drame existentiel de l’homme contemporain et la pertinence de l’Evangile du Christ pour répondre à ce vide immense qui mine nos sociétés devenues athées. Ils discernent tous deux les réalités et les fruits missionnaires très prometteurs de ce que l’on appelle à Rome, les « Nouveaux mouvements ecclésiaux ». Ceux-ci sont devenus, depuis les années 60, des incubateurs de cette nouvelle évangélisation voulue par Jean-Paul II comme un profond renouveau missionnaire : des laboratoires d’apostolats nouveaux et très diversifiés.

Dans quelle mesure la nouvelle évangélisation plonge-t-elle ses racines dans le concile Vatican II ?

Comme plusieurs mystiques à cette époque, le pape Jean XXIII annonçait un nouveau printemps de l’Eglise à l’ouverture même du concile Vatican II et de nombreux textes conciliaires invitent à ce renouveau missionnaire. En 1975, pour les 10 ans de la clôture du concile, l’Eglise posa à nouveau des actes de portée à la fois universelle et prophétique sur ce thème : Paul VI eut le premier cette lecture des « signes des temps » en publiant l’exhortation apostolique sur « L’évangélisation du monde moderne », première ébauche de la nouvelle évangélisation sur laquelle Jean-Paul II s’appuiera constamment ; il accueillit également à la Pentecôte dans la basilique Saint Pierre les représentants du Renouveau Charismatique du monde entier en attestant que « le Renouveau est une chance pour l’Eglise ».

Le futur Benoît XVI percevait-il ces germes de renouveau spirituel et missionnaire dans l’Eglise ?

Dès les années 60, Joseph Ratzinger, jeune expert du concile et brillant théologien, a rapidement fait le lien entre cette éclosion non programmée de mouvements ecclésiaux au sein de la jeunesse catholique et la puissante vague missionnaire que ces mouvements ont suscitée. Il témoigna à de nombreuses occasions de sa perception d’une véritable « irruption de l’Esprit » durant toutes ces années, créant un puissant contraste avec la crise qui secouait en profondeur et en parallèle des pans entiers de l’institution ecclésiale ; il fit sa propre expérience auprès de communautés nouvelles et du renouveau charismatique dès le début des années 60, ce qui fut pour lui « une grâce, une joie dans son sacerdoce et aussi un grand encouragement », et lui permit d’affronter, confessa-t-il, « les grands périls de l’Eglise » de cette époque. Comme cardinal, puis pape, il témoigne régulièrement depuis, de toute sa joie d’avoir rencontré à l’époque « des jeunes touchés par la force du Saint-Esprit, affichant un grand enthousiasme, une expérience de foi vivante au cœur de l’Eglise catholique ».


Comment Joseph Ratzinger – théologien et pasteur – a-t-il interprété cette « irruption de l’Esprit » de l’époque pour reprendre son expression ?

Pour lui, la crise de 1968 marqua l’explosion du sécularisme moderne mais qui déjà minait les sociétés occidentales depuis des décennies. En contre-point de la crise sociale et existentielle majeure de la modernité, il reconnaît qu’alors « l’Esprit Saint, pour ainsi dire, prit la Parole : la foi s’éveillait chez les jeunes, sans ‘mais’ ou ‘si’, sans subterfuge ou porte de sortie, vécue dans sa totalité et comme un immense cadeau qui fait vivre ». Il fut alors convaincu que même si ces jeunes mouvements et communautés « n’attirent pas l’attention de l’opinion publique, ce qu’ils font indique l’avenir » : se dessinait là le futur de l’Eglise que nous voyons effectivement éclore de si belle manière dans le monde entier aujourd’hui.

Le cardinal Ratzinger reconnaît l’authenticité de l’expérience chrétienne de ces mouvements. Il décèle chez ces jeunes «une rencontre personnelle et profonde avec le Christ », la force et le fruit missionnaire de leur témoignage auprès « de personnes alors touchées au fond d’elles-mêmes par l’action unifiante de l’Esprit-Saint ».

Comment le pape Benoît XVI voit-il la nouvelle évangélisation ?

Au regard de sa réflexion historique et théologique, de son propre cheminement personnel et de son expérience ecclésiale, la nouvelle évangélisation est avant pour lui tout le fruit d’un profond vent de Pentecôte sur l’Eglise, un vrai don de Dieu, et non un nouveau « machin » issu d’une savante planification pastorale ! «L’humble travailleur à la vigne du Seigneur » comme il s’est défini à son élection, se voit avant tout comme intendant des grâces de Dieu, et c’est pour cela qu’il s’inscrit dans la ligne de Jean-Paul II : Benoît XVI confirma en effet peu de temps après son élection qu’il a « pour mission essentielle et personnelle de faire fructifier le trésor immense que lègue à l’Eglise » son prédécesseur. Après lui, il constate dans le monde entier que – là où les Eglises ou les communautés locales sont marquées par un rajeunissement, une dynamique d’apostolat des laïcs ou un renouveau des vocations – c’est bien le souffle puissant de l’Esprit-Saint et la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation qui les caractérisent. Il n’a donc pas hésité pour y engager toute l’Eglise.

La nouvelle évangélisation n’est-elle pas réservée à des spécialistes de la mission ?

Jean-Paul II et Benoît XVI sont très clairs sur le caractère universel de la nouvelle évangélisation : pour le premier, il s’agit «d’un engagement qui nous concerne tous » car il s’agit de « susciter dans l’Eglise un nouvel esprit missionnaire qui ne saurait être réservé un groupe de ‘spécialistes’, mais qui devra engager la responsabilité de tous les membres du peuple de Dieu » ; pour le second, « l’Eglise toute entière, doit se laisser régénérer par la force de l’Esprit Saint pour se présenter au monde contemporain et lui offrir des réponses adéquates ». Cette vision catholique, dans tous les sens du terme, se concrétise au travers des décisions prises récemment par Benoît XVI. Sur le terrain, depuis le début des années 2000, on constate que la nouvelle évangélisation conquiert progressivement l’Eglise dans toute sa diversité, bien au delà des seuls nouveaux mouvements ou du Renouveau qui l’ont vu naître. Des paroisses, diocèses, aumôneries, communautés religieuses ou mouvements plus anciens, on voit jaillir aujourd’hui toutes sortes d’initiatives missionnaires pertinentes et adaptées à cette génération.

Comment pourriez-vous définir la nouvelle évangélisation ?

La définir est effectivement important, car derrière ce concept, on met parfois tout et n’importe quoi : c’est sans doute très bien de créer un site Internet pour une paroisse, de monter un groupe de musique dans une aumônerie ou de relancer un groupe de prière du chapelet, mais ce n’est pas pour cela synonyme de nouvelle évangélisation.

Tout d’abord, l’Eglise et le monde ont besoin d’une nouvelle évangélisation, non d’un nouvel Evangile ! Il s’agit donc d’annoncer l’Evangile d’une manière nouvelle et avant tout renouvelée, en veillant à se concentrer sur le cœur de la foi qui peut retourner des vies, toucher et attirer les cœurs des croyants et non-croyants.

Jean-Paul II a lui-même précisé que la nouvelle évangélisation est une évangélisation menée dans un nouvel état d’esprit, selon des conditions de mises en œuvre précises ; elle se caractérise par « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage » ; et elle recouvre des exigences ecclésiales.

Pouvez-vous préciser ce nouvel état d’esprit et ces conditions de mises en oeuvre ?

Cet état d’esprit est l’invitation à retrouver la radicalité de la foi, le zèle apostolique et spirituel des premiers temps de l’Eglise car – dit Jean-Paul II – «il faut raviver en nous l’élan des origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte et avoir la même disponibilité que les apôtres pour écouter les voix de l’Esprit, le même courage pour relever les défis missionnaires ». D’où l’importance d’une plus grande vie dans l’Esprit des communautés chrétiennes pour vivre de ce zèle apostolique, et d’une formation des baptisés à la prédication kérygmatique.

Pour ce qui est des conditions de mise en œuvre, c’est avant tout – pour celui qui ambitionne d’évangéliser – l’expérience profonde et personnelle de l’amour du Christ et de son Salut, et ce, vécu en Eglise : « celui qui a vraiment rencontré le Christ », dit encore Jean-Paul II, « ne peut le garder pour lui-même, et doit l’annoncer, au risque de devoir se poser courageusement cette question : ‘si je n’ai pas le goût de l’annoncer, l’ai-je vraiment rencontré ?’ ». D’où l’importance première pour chacun de relire et de discerner dans l’Esprit-Saint et la foi de l’Eglise comment et où le Christ nous a rencontrés, aimés et sauvés, et de ne pas se contenter de se dire chrétien ou de pratiquer la religion catholique par tradition, habitude, simple choix intellectuel ou choix de valeurs.

Pouvez-vous développer ce qui caractérise les trois « nouveautés » de la nouvelle évangélisation ? Jean-Paul II parle tout d’abord d’une « nouvelle ardeur »…

L’ardeur vient de « ardent », tel un feu : les disciples d’Emmaüs ont le cœur brûlant après leur rencontre du Christ. La Pentecôte et tant de passages des Actes nous illustrent le feu intérieur des disciples. Brûler d’ardeur et de zèle pour l’annonce de l’Evangile est donc la réponse logique des apôtres au don de l’Esprit et à la mission reçue du Christ : «nous ne pouvons taire tout ce que nous avons vu et entendu » assurent Pierre et Jean, comme en écho au cri du psaume : « le zèle de ta maison me dévore ».

Le zèle, le feu, l’ardeur des missionnaires sont à la mesure du bouleversement réel qu’ont opéré dans notre vie la rencontre, la vie et l’amour du Christ : plus que des doctrines, le prédicateur doit avoir le feu d’amour de Jésus dans son cœur, et comme il ne peut garder pour lui cette expérience brûlante, il la partage avec flamme, vérité, authenticité.

Certains chrétiens se méfient d’un trop grand enthousiasme des évangélisateurs…

Il faut bien sûr agir avec discernement et sagesse, non selon l’esprit du monde, mais celui du Christ. C’est pourquoi Benoît XVI invite les pasteurs de l’Eglise à ne pas assécher les dynamiques missionnaires par des considérations trop savantes ou distantes car beaucoup ont « laissé s’installer un esprit ‘éclairé’ et blasé qui taxe de fondamentalisme la foi et le zèle de ceux qui ont été saisis par l’Esprit-Saint ». De plus, le pape nous invite aussi à ne pas éteindre les appels de l’Esprit en ces temps nouveaux par une organisation trop rationnelle ou systématique : « n’érigez pas vos propres plans pastoraux en norme de ce qu’il est permis à l’Esprit Saint d’opérer : à cause de toute cette planification, les Eglises pourraient devenir imperméables à l’Esprit de Dieu, à sa force dont elles vivent ».

Ce zèle est-il vraiment donné à tout le monde ?

L’évangélisateur « nouveau » témoigne des merveilles « de » Dieu dans sa vie, et non ce qu’il a appris « sur » Dieu ; l’évangélisateur peut donc être un simple baptisé : ce n’est pas d’abord un pasteur, un professeur ou un docteur, même si, bien entendu, le concours de ces derniers reste indispensable pour former les missionnaires, s’assurer qu’ils confessent et attestent la vraie foi, et que leur vie se conforme peu à peu à ce qu’ils proclament.

Le zèle du témoin n’est pas le fruit de caractères expansifs ou extravertis, mais avant tout le fruit de l’action de l’Esprit-Saint accueilli par ceux qui évangélisent ; c’est donc lui qui oint les missionnaires de force comme l’exprime St Paul : «ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration d’Esprit et de puissance ». Paul VI a d’ailleurs confirmé toute cette action irremplaçable de l’Esprit-Saint aujourd’hui au service de la mission : « les meilleures techniques d’évangélisation ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit Saint car – sans Lui – précise-t-il, la plus convaincante des dialectiques est impuissante sur l’esprit des hommes car c’est Lui qui, dans le tréfonds des consciences, fait accepter et comprendre la Parole du Salut ».

Parlez-nous de la seconde « nouveauté » missionnaire, celle de la méthode…

Cette nouveauté recouvre l’annonce du kérygme, le recours au témoignage et l’objectif de conduire à la conversion de ceux qui sont évangélisés.

Il est donc tout d’abord important de différencier au plan de la méthode le « kérygme » et la « catéchèse » comme l’ont toujours fait les chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise, annonçant la foi dans les sociétés paganisées : le 1er est l’annonce de la personne de Jésus et de son œuvre bienfaisante dans nos vies ; le 2nd est la transmission de ce que recouvre la foi et ses conséquences. Le kérygme est à la catéchèse, ce que la naissance est à la croissance : il la précède, il lui est préalable, il en est même la condition pour que fructifie la catéchèse.

Pouvez-vous préciser leurs objectifs apostoliques respectifs ?

Le kérygme ne « donne » pas la vie, c’est Dieu qui la donne ; mais la prédication vivante du kérygme, l’attestation par le témoignage réveillent dans le cœur qui la reçoit, la puissance de vie d’enfant de Dieu inscrite en chacun de nous ; le kérygme nous conduit à désirer ou à faire fructifier le Salut du Christ donné au baptême, à le rendre efficient par la réponse de la foi et l’accueil de Jésus de Nazareth comme Fils de Dieu, comme seul et véritable Messie pour chaque homme ou femme.

La catéchèse déploie pour sa part toutes les conséquences de cet acte de foi et de vie qu’est la reconnaissance et l’accueil de la personne de Jésus ; elle recouvre ce que les Actes des Apôtres décrivent comme conséquences de cette adhésion au Christ par la foi : «ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières ».

Cette distinction est-elle si importante pour l’évangélisation ?

Bien saisir cette distinction et cette chronologie donne en grande partie les clés pour comprendre la situation de sécularisation de nos sociétés et ce pourquoi tant de nos contemporains fuient nos Eglises malgré les trésors d’énergie et de générosité investis par les chrétiens et leurs pasteurs. Après 1000 ans de chrétienté, cette distinction a été malheureusement souvent oubliée : par certains côtés, notre Eglise en occident est un géant catéchétique et un nain kérygmatique. La nouvelle évangélisation va activement participer au nécessaire rééquilibrage apostolique entre ces deux volets si complémentaires de la mission apostolique de l’Eglise.

Alex et Maud Lauriot Prévost se sont mariés en 1983. Ils ont cinq enfants, sont consultants à titre professionnel, délégués épiscopaux au couple et à la famille du diocèse d’Avignon.

Benoît XVI souligne l’urgence de proclamer se façon nouvelle la vérité de l’Evangile

Benoît XVI et Bartholomee Ier, le 30 novembre 2006 à Istambul

Benoît XVI et Bartholomee Ier, le 30 novembre 2006 à Istambul

A l’occasion de la fête de saint André, Benoît XVI encourage les chrétiens d’Orient et d’Occident à l’évangélisation : il faut « présenter le Seigneur ressuscité comme la réponse aux questions et aux aspirations spirituelles les plus profondes des hommes et des femmes d’aujourd’hui », et pour cela à grandir dans l’unité.

Lors de sa visite au Phanar, le 30 novembre, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a remis au patriarche Batholomée Ier un message autographe de Benoît XVI, qu’il a lu publiquement, et un cadeau, à l’occasion de la fête du saint patron de l’Eglise de Constantinople, l’apôtre André, frère de Pierre. Avec ses voeux de bonne fête, le pape réaffirme ses « sentiments d’estime et de proximité spirituelle » au patriarche œcuménique.

Le pape fait remarquer que la fête de saint André tombe le même jour dans les calendriers liturgiques de l’Orient et de l’Occident chrétiens et que cela constitue un appel à ce que tous les baptisés « renouvellent leur fidélité à l’enseignement apostolique et deviennent des hérauts infatigables de la foi dans le Christ, en paroles et par le témoignage de leur vie ».

Il y voit un tâche « urgente » pour aujourd’hui, et pour « tous les chrétiens » : « Dans un monde marqué par l’interdépendance croissante et par la solidarité, nous sommes appelés à proclamer avec une conviction nouvelle la vérité de l’Evangile, et à présenter le Seigneur ressuscité comme la réponse aux questions et aux aspirations spirituelles les plus profondes des hommes et des femmes d’aujourd’hui ».

« Pour réussir dans cette tâche immense, ajoute Benoît XVI, nous avons besoin de continuer à progresser ensemble sur les voies de la communion, en manifestant que nous avons déjà uni nos efforts pour un témoignage commun à l’Evangile, devant le monde d’aujourd’hui ».

Benoît XVI rend hommage aux « sages efforts » du patriarche « pour le bien de l’orthodoxie » et pour la « promotion des valeurs chrétiennes dans de nombreux contextes internationaux ».

Le pape dit sa « gratitude sincère » au patriarche œcuménique pour « l’hospitalité généreuse » qu’il a offerte en octobre dernier, sur l’île de Rhodes, aux délégués des conférences épiscopales catholiques d’Europe venus aux côtés des représentants des Eglises orthodoxes d’Europe, pour le second Forum catholico-orthodoxe sur le thème des relations entre Eglise et Etat dans des perspectives théologiques et historiques.

Source : Zenit

Les prédications de l’Avent, au Vatican, porteront sur l’évangélisation

« Ré-évangéliser le monde sécularisé » : prédications de l’Avent au Vatican

« Ré-évangéliser le monde sécularisé » : ce sera le thème des prédications du Père Raniero Cantalamessa, Capucin, prédicateur de la Maison pontificale, les vendredi de l’Avent au Vatican.

La première prédication aura lieu vendredi prochain, 4 décembre, en présence de Benoît XVI et de la Famille pontificale en la chapelle Redemptoris mater du palais apostolique, à 9 h. Les autres prédications auront lieu les 10 et 17 décembre.

Le thème est : « Ayez courage, j’ai vaincu le monde (Jean, 16, 33) : Pour une ré-évangélisation du monde sécularisé ». Le Père Cantalamessa s’est inspiré de la fondation du dicastère pour la nouvelle évangélisation. Il cherchera à identifier les obstacles de fond présents dans la culture moderne pour l’accueil de la Bonne Nouvelle : scientisme, rationalisme, sécularisation. Pour répondre à ces défis, il s’appuiera notamment sur la contribution offerte par la pensée du bienheureux John Henry Newman.

Source : Zenit

Préservatif : le pape s’est exprimé en toute liberté

En montrant son grand soucis pastoral, le pape ouvre la voie à une meilleure réception de la parole de l’Eglise, ce qui ne peut que favoriser l’évangélisation.

Lors de la présentation à la presse de Lumière du monde, son livre d’entretien avec le pape, Peter Seewald a manifesté une forme de déception quant à la réception de l’ouvrage : « Notre livre évoque la survie de la planète qui est menacée, le pape lance un appel à l’humanité, notre monde est en train de s’effondrer, et la moitié des journalistes ne s’intéresse qu’à la question du préservatif. » S’il a raison d’attirer l’attention sur les autres questions essentielles traitées dans Lumière du monde, la posture d’indignation de l’auteur demeure surprenante. Comment les propos du pape auraient-ils pu échapper à un retentissement spectaculaire ?

Dans Famille Chrétienne, un théologien romain, le père Biju-Duval, suggère que la pression médiatique est telle que « l’Eglise s’est trouvée contrainte de s’exprimer publiquement », curieuse manière de jeter le doute sur le pape en avançant une hypothèse totalement improbable. Le père Lombardi a précisé très naturellement que le pape n’était pas « naïf » et qu’il s’attendait à des réactions nombreuses. Tout indique en effet que le pape a parlé en conscience et en toute liberté, s’attendant parfaitement à la « surmédiatisation » de l’affaire. Car, de fait, ses propos constituent un « scoop énorme ».

C’est un « scoop énorme » parce que pour la première fois, un pape parle directement de l’usage du préservatif dans un cas concret, même s’il faut situer son propos dans un message plus large sur la prévention du Sida et la nécessaire « humanisation de la sexualité ». Pourquoi le pape a-t-il le courage de parler si concrètement, se plaçant volontiers sur un terrain qu’il sait miné, ouvert à toutes les interprétations, minimalistes ou maximalistes ? Parce que c’est nécessaire, tout simplement : environ 25 % des malades du Sida dans le monde sont pris en charge par des institutions catholiques. Cela signifie que l’Eglise connaît parfaitement les problématiques liées à la dramatique expansion du Sida : elle sait que la politique du « tout préservatif » n’enraye pas le Sida ; mais elle sait aussi que, sur le terrain, des catholiques, laïcs et religieux soucieux d’être fidèles à l’Eglise, sont confrontés quotidiennement à des cas concrets qui interrogent leur conscience.

Des « cas » : c’est à mon avis le mot clé dans cette incroyable affaire. Le pape n’ouvre pas la porte à une évolution de la théologie morale de l’Eglise, il ouvre la porte à une « étude de cas », à la lumière de la théologie morale de l’Eglise, ce qu’on appelle la « casuistique ». Dans la logique intellectuelle de l’Eglise, on ne part pas des cas particuliers subjectifs pour définir la doctrine générale objective ; on se fonde sur la doctrine pour étudier des « cas ». Le pape évoque, sans le traiter au fond, le cas d’un prostitué. Peut-être veut-il appeler les théologiens à étudier précisément ce « cas » et d’autres « cas » ?

Quel soulagement pour les innombrables fidèles catholiques engagés sur le terrain dans la lutte contre le Sida si un large travail « casuistique » était fait. Car il s’agit bien d’éclairer les consciences : c’est assurément la mission de « l’Eglise enseignante ». En quelque sorte, ce pape ne fait pas un « coup de communication » pour restaurer son image, il ne cède pas sous la pression, il fait son travail et n’hésite pas à prendre le risque conscient de la surinterprétation de ses propos. Il se pourrait bien que ce courage soit l’un des faits majeurs de ce pontificat.

Billet publié initialement sur Urgence com catho

La nouvelle évangélisation du continent américain

Réunion du conseil post-synodal pour l’Amérique

L’Eglise du continent américain manifeste de grandes attentes depuis l’annonce du prochain synode sur « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », qui aura lieu à Rome du 7 au 28 octobre 2012.

Ce thème était à l’ordre du jour de la XVe réunion, au Vatican, les 16-17 novembre, du Conseil spécial pour l’Amérique du secrétariat général du synode des évêques, car c’est aussi un « sujet clef » de l’exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II sur l’Eglise dans le continent américain, « Ecclesia in America ». Un communiqué indique à la fois des « signes d’espoir » et des signes de « préoccupation » du conseil post-synodal.

La réunion était présidée par le secrétaire général du synode des évêques, Mgr Nikola Eterovic. Elle avait à l’ordre du jour une série de questions relatives à la situation sociale et ecclésiale dans les différents pays du continent américain.

Le communiqué final note d’un côté une certaine « satisfaction » pour le « développement économique positif » de certains pays, tout en encourageant « une répartition plus équitable des richesses et ressources naturelles », et une sensibilisation des populations à « une conscience écologique ». Il souligne « une plus grande intégration continentale », dans le sens d’une plus grande « unité de l’ensemble du continent ».

Mais les pasteurs notent d’un autre côté une « situation sociale alarmante en Haïti », car la solidarité internationale et eccléciale se heurte aux difficultés des « autorités locales » pour organiser l’aide reçue.

Les migrations aussi sont préoccupantes, du fait des « graves difficultés » rencontrées par « les immigrés en situation irrégulière », « souvent renvoyés par la force dans leur pays d’origine ». Dans ce contexte, l’Eglise a mis en place des « programmes sociaux et d’assistance religieuse aux immigrés », de façon à favoriser leur « intégration culturelle » et « la paix sociale ».

Les différents trafics qui traversent le continent et leurs corollaires sont autant de signaux d’alarme : « La production et le trafic de drogues, trafic d’armes, la violence et la corruption politique », mais aussi « la promulgation de lois contraires à l’éthique, sur l’avortement, l’euthanasie et les mariages homosexuels », ou encore « un esprit non conforme aux valeurs chrétiennes dans l’éducation des jeunes et la communication ».

Pour ce qui est de la démocratie, le conseil post-synodal souligne « avec satisfaction le développement régulier du processus électoral dans divers pays », mais aussi des « tentatives idéologiques de réviser les dispositions constitutionnelles et législatives, ce qui provoque des tensions internes, même avec les Eglises locales ». Il déplore que l’on « tente d’ignorer l’Eglise catholique, et de l’exclure en tant que partenaire dans le dialogue social, en dépit de la grande crédibilité dont elle jouit dans le milieu populaire ».

Pour ce qui est de la vie de l’Eglise, le conseil fait état d’une « augmentation des vocations au sacerdoce » et de la « conscience, pour toute l’Eglise du continent, d’être en mission ».

Le conseil estime que le synode sur « la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise » et la récente exhortation apostolique post-synodale de Benoît XVI « Verbum Domini » ont un « impact très positif ».

La prochaine réunion du Conseil spécial pour l’Amérique du synode des évêques aura lieu du 18 au 28 octobre 2011.

Source : Zenit

Laisser les clefs aux jeunes

A l’heure où l’Eglise de France chercher à savoir comment évangéliser les nouvelles générations, notamment avec les Assises nationales de l’évangélisation des jeunes, une question banale mériterait d’être abordée : et si nous laissions les clefs aux jeunes ?

Rassurez-vous, on ne s’attardera pas sur nos dames de soixante ans – nos sœurs en Christ, au demeurant – et qui tiennent d’une main de fer la chorale de la paroisse, le groupe des jeunes de l’aumônerie ou même la soupe populaire locale. Mais posons-nous franchement la question : pourquoi ne placerions-nous pas, jusqu’au sommet des services d’Eglise, des jeunes ni parfaitement formés, ni tout à fait mûrs, mais qui ont le feu sacré ?

On nous dira que le jeunisme ne profite à personne, mais il ne s’agit pas de cela. Etre jeune est un état d’esprit. C’est vivre avec son temps, prier à sa façon, loin des convenances habituelles, avoir toute la vie devant soi, la liberté et le temps de tout entreprendre avec ses amis, jusqu’au bout du monde. La jeunesse porte aussi en elle une force et une fraîcheur qui ne s’embarrasse pas des protocoles du système ecclésial et qui est capable de trouver des façons toujours plus proches et plus nouvelles pour qu’un jeune annonce l’Evangile à son entourage, à ses semblables. D’ailleurs, est-ce un hasard si l’évangélisation des jeunes est particulièrement confiée par le pape… aux jeunes eux-mêmes ?

Dans un tout récent entretien à La Croix, Ségolaine Moog, Directrice adjointe du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations à la Conférence des évêques de France, expliquait les défis des prochaines années, vis à vis des jeunes : « Faire tomber les schémas anciens et être ouverts aux nouveaux besoins exprimés par les jeunes. (…) Ne pas avoir peur d’eux, de leur créativité. »

N’a-t-on pas parfois un peu trop peur des jeunes de nos mouvements, de nos paroisses ? Combien de groupes de prière, par exemple, se voient encore refuser des visas au cœur de nos villes ? N’est-on pas souvent effrayé par ceux qui ne rentrent pas tout à fait dans le moule parce qu’ils sont un peu artistes, ou un peu trop libres de penser et d’agir ? N’est-ce pas, au final, la pertinence des propositions et des moyens que l’Eglise met en place pour toucher les jeunes de France qui est en jeu ?

Alors exit les rédacteurs en chef de médias chrétiens de plus de 35 ans (âge maximum pour aller aux JMJ !), exit les responsables d’associations de la génération Paul VI, exit les chefs de services épiscopaux qui en sont à leur troisième ou quatrième mandat ? Quid des leaders de communautés nouvelles ou de mouvements de jeunes dont on s’étonne toujours un peu qu’ils ont déjà de beaux cheveux blancs ?

On nous dira qu’il faut une certaine maturité pour prendre telle ou telle responsabilité concernant la mission première de l’Eglise. Oui, mais quid des nombreux jeunes saints qui ont évangélisé notre pays ?

Sans être saint, un supplément de discernement peut toujours être trouvé chez ses aînés : même en n’étant plus aux commandes, ils ont toujours la liberté de donner leur point de vue et de se laisser interroger par leurs successeurs sur les choix de stratégie ou de gouvernance. Cela implique « seulement » une confiance réciproque.

De nombreux jeunes sont très compétents dans leur domaine. Si l’on veut entendre plus souvent sur les ondes de nos radios chrétiennes le dernier album de Glorious plutôt que Rachmaninov (ce n’est qu’un exemple) et d’une façon plus générale si l’on veut laisser germer et mûrir la créativité des jeunes dans nos aumôneries ou nos mouvements, dans nos médias ou nos associations, il faut définitivement leur laisser les clefs. L’Eglise de France prendra alors un bon coup de jeune !

Cultiver la joie

En évangélisation, il est un témoignage qui marque plus que les autres, c’est celui de la joie. Dans un monde où tant de gens sont tristes – à commencer par les plus jeunes – être joyeux, sans être neuneu, détonne tellement que l’on ne peut s’empêcher de creuser pour savoir « d’où ça vient ». Remettons à l’honneur le témoignage direct, de personne à personne – 70% des conversions d’après des spécialistes – pour lequel il est essentiel de rayonner de joie. Et si nous en manquons, c’est une bonne occasion de nous demander pourquoi !

Pier-Giorgio Frassati. Ce n’est évidemment pas un hasard si l’un des plus grands papes de l’histoire nous a donné comme guide l’un des bienheureux les plus attachants qui soient. Il est un bon exemple pour notre temps, où, sans vouloir jouer les vieilles râleuses, « les jeunes » sont quand-même dans l’ensemble assez tristes. D’autres générations sont mortes en masse de lèpre ou à la guerre, aujourd’hui, c’est le suicide, et les nuits de beuveries sur les routes, ce qui s’en rapproche. Désespoir, tristesse, manque de joie, marquent de leur fer rouge de jeunes âmes, qui devraient au contraire rayonner de soleil et d’appétit de vivre. Quelle peut être la cause d’un tel état de fait ? Les difficultés ? Mais Pier-Giorgio lui même vivait dans des situations que beaucoup auraient jugées désespérées, entre des parents qui se déchiraient et qui n’étaient pas loin de le considérer comme un idiot, et un pays qui se vautrait dans le fascisme et les trahisons. Il en aura porté, des combats, des souffrances, et des humiliations, et si tel ou tel cliché très rare laisse entrevoir un peu dans le feu de ses yeux l’intensité des souffrances intérieures qui le torturaient parfois, il passe avant tout pour être rayonnant de joie. Il savait transformer en joie ses croix. Non pas de lui-même, de sa propre substance, mais dans la foi. Il portait toutes ses croix à la suite de Jésus, dans une foi absolue et confiante, se nourrissant jour après jour, fidèlement, quotidiennement, bêtement diraient certains, de Jésus dans l’Hostie, d’une prière jamais vraiment rompue, d’une grande intimité avec Notre-Dame. Appuyé sur la foi catholique, faible en lui-même, petit, humain, comme vous et moi, il a puisé en Christ, son Seigneur et notre Seigneur, la force de recevoir épreuves et consolations avec un même cœur. Et de mettre sa foi en actes.

On retrouve en Pier-Giorgio quelque chose de saint François – dans sa simplicité, dans son rapport aux autres, dans son goût de la création. Dans la façon aussi d’être dur avec soi mais de tout pardonner aux autres. Un peu du regard de Jésus – qui serait bien placé pour condamner, le seul à pouvoir donner des leçons, et que l’on voit au contraire doux, humble, obéissant.

La vraie joie est dans l’obéissance à la volonté du Père. La vraie joie est de vivre dans l’instant présent. La vraie joie est dans le « fiat » sans cesse renouvelé, l’acceptation pleine et sans retenue de la volonté de Dieu pour moi. La vraie joie est dans ces vertus qui ne seront jamais à la mode, qui semblent aller contre l’épanouissement de soi, la liberté et la virilité, mais que pourtant les plus grands saints ont décidé de vivre, et qui font la différence : fidélité au magistère, humilité, confiance, obéissance. S’y ajoutent louange, fréquentation des sacrements, de la Parole. Et, cerise sur le gâteau, ou couronne sur la tête, la charité active.

La vraie joie, c’est de faire son ménage avec application, pour offrir à mon visiteur une pièce propre. La vraie joie, c’est de remplir avec précision ma feuille d’impôts, de payer mes employés à l’heure, d’obéir avec le sourire quand mon évêque me demande des choses qui me déplaisent ou vont contre mes rêves et mes aspirations. La vraie joie, c’est de prendre un quart d’heure pour montrer au stagiaire comment marche la photocopieuse, quand mon « rang » et mon « grade » devraient me faire mépriser ce genre d’occupation. La vraie joie, c’est de tenir les portes, de vider les poubelles, de sourire à la standardiste, d’écouter les flots de paroles d’un enfant de six ans, de ramasser les chaussettes sales, de nettoyer le lavabo, ou de curer les chiottes. La joie n’est pas dans les discours ou les scènes de quinze mètres par dix. Enfin, elle l’est aussi, mais si on écrit les discours ou imagine les scènes de quinze par dix avec la même humilité que si l’on se cantonnait à vider les poubelles ou balayer le pavé. La vraie joie, c’est de considérer comme supérieur à moi, comme un prince, celui, ou celle, qui vide les poubelles et balaye le pavé. Et comme on demandait à Pier-Giorgio, fils du Sénateur et Directeur de la Stampa, pourquoi il voyageait en troisième, il répondait, et c’était véritablement sincère : « parce qu’il n’existe pas de quatrième ».

Vous savez, il y a une image qui revient parfois, celle de l’humilité de l’eau : « Seigneur, rends-moi humble et disponible comme l’eau ». Disponible, on voit, l’eau rafraîchit qui la boit, et au bord des fontaines, elle se donne, elle coule, que l’on soit là ou pas pour y puiser : ainsi devons-nous être, ainsi de notre joie. Mais humble, comment l’eau est-elle humble ? C’est une simple histoire de gravité : elle descend, elle descend toujours, elle atteint quoi qu’il lui arrive le point bas. L’eau, quelle que soit la configuration du lieu, prend toujours la dernière place, elle se glisse toujours au plus bas. Ainsi doit être notre humilité : simple, avec gravité.

La vraie joie n’est pas le fruit de la louange, comme je l’ai longtemps cru ; elle y conduit. On ne fait pas pousser les salades en tirant sur les feuilles, on ne fait pas du champagne en secouant du vin, on ne rend pas témoignage à la Joie en accrochant sur ses dents de devant un sourire de vert luisant. La Joie naît de la fidélité. La Joie naît de l’obéissance. La Joie naît de l’humilité. Et si Dieu me veut cruche oubliée sur une étagère, je serai une belle cruche, et j’entretiendrai bien mon étagère. Au jour qu’Il décidera, Il me prendra, me posera sur une table, me remplira de fleurs, un bouquet de lumières, mille sourires, et plus que mille martyres, c’est ma fidélité qui portera son fruit, même si les fleurs me cachent, descendent jusqu’à terre, et que je n’entends pas s’exclamer « quelle belle cruche » ! Et ça Lui ressemble assez de mettre des fleurs dans une cruche. Le vase s’est cassé, il avait mieux à faire, que d’attendre sur une étagère ; il avait un projet génial et un plan différent ! Il était incompris, il fallait qu’il respire, qu’il soit lui, qu’il leur montre. Il a malheureusement fini à la poubelle. Mais s’il se convertit, qui sait ! Peut-être sera-t-il remblai sur la route, ou peut-être un enfant peindra-t-il des soleils sur ses éclats.

«  Car le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle. » (Ro 14, 17-19).

Que le Dieu de Jésus nous donne à tous la paix, qu’Il entretienne en nous des sentiments d’humilité, de pauvreté, et de simplicité, qu’Il déploie en nos âmes des trésors de bonté, qu’Il mette en nous sa Joie, celle qui passe les morts et les souffrances, et qui naît à la Croix, qui est comme un reflet, sur nos visages, de sa Gloire et de sa Beauté. Amen.

Florent Masson

Un site à visiter au sujet de Pier Gorgio Frassati : la Compagnie des Types Louches

Avec sainte Thérèse, avancer dans la paix

Les Soirées T* (T comme Thérèse) réunissent des personnes désireuses de prier pour les jeunes de leur entourage en les confiant à l’intercession de Thérèse de Lisieux.
Autour de ses reliques qu’abrite en permanence la chapelle Sainte-Thérèse des Apprentis d’Auteuil (Paris16ème), les Soirées T* sont rythmées par des temps de louange, d’enseignement, d’intercession et d’adoration eucharistique.

« Avec sainte Thérèse, avancer dans la paix » : tel sera le thème de la soirée du mardi 30 novembre 2010 au cours de laquelle Sœur Thérèse, de la Communauté du Verbe de Vie interviendra et nous invitera, à travers l’expérience et les paroles de sainte Thérèse, à orienter notre prière vers la Vie éternelle auprès de Dieu, à laquelle nous sommes tous appelés.

Saint Thérèse est sainte patronne des missions, et donc, de l’évangélisation.

Rendez-vous : mardi 30 novembre 2010 à 20h15
Chapelle Sainte-Thérèse – 40 rue Jean de La Fontaine – Paris 16ème
M° Jasmin / Eglise d’Auteuil / RER C : Av. du Pdt Kennedy – Parking possible
Contact : Anita Jaubert – 06 62 69 86 48 – anita.jaubert@apprentis-auteuil.org
Site : soireest.blog.apprentis-auteuil.org

L’évangélisation, c’est trop le pied !

« Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! » Rm 10,15. C’est sur cette parole tirée de l’Epitre aux Romains que s’appuient les jeunes de la Fraternité Adveniat pour annoncer leurs prochains rendez-vous !

Ainsi sont proposés deux week-ends « Rm 10,15 » de formation avec Doudou Callens, de la Communauté des Béatitudes, fin novembre et mi-février à Ermont (95). Au programme, prière, vie fraternelle, formation à l’évangélisation et à la prédication, pour préparer les pieds des messagers ! (1)

Un week-end mission est également prévu pour Noël à la paroisse de Garges-lès-Gonesse (95) sur le thème « Viens bientôt Seigneur Jésus ! » (Ap 22,20). Au programme, louange, adoration, vie fraternelle, formation, évangélisation de rue, veillée de prière… (2)

A la fin de l’année, Adveniat propose enfin une semaine d’évangélisation de rue avec louange, adoration, vie fraternelle, formation, évangélisation de rue, sur le thème « Proclamez l’Évangile ! » (Mc 16,15). (3)

(1) Les 27-28 novembre 2010 et les 12 & 13 fév. 2011, du samedi 9h30 au dimanche 18h à l’église Notre Dame de la Vallée, 81 rue d’Ermont 95390 St Prix, Gare de Gros Noyer.

(2) Les 18 & 19 déc. 2010, du samedi 10 au dimanche 15h30, Paroisse de Garges-lès-Gonesse, église Ste Geneviève, 22 rue du Col.Fabien 95140, RER D Garges-Sarcelles.

(3) Du 27 juin au 3 juillet 2011

Informations et inscriptions : www.adveniat95.org – Adveniat c’est le pied sur Facebook – adveniat95@gmail.com

« Lumière du monde » : le nouveau livre de Benoît XVI est pour la nouvelle évangélisation

Le livre-entretien de Peter Seewald avec Benoît XVI, « Lumière du monde. Le pape, l’Eglise et les signes des temps » a été présenté ce matin au Vatican par le président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, Mgr Rino Fisichella, par l’auteur de l’interview, le journaliste bavarois Peter Seewald, le « vaticaniste » italien Luiggi Accattoli, biographe de Jean-Paul II et auteur du livre sur le pardon du pape, par les éditeurs, et par le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.

La présence de Mgr Fisichella suffit à faire comprendre que le pape souhaite inscrire cette longue interview de six heures dans le cadre de la nouvelle évangélisation. Il l’a d’ailleurs confié, lors de l’audience qui a suivi la présentation : « J’espère que ce livre sera utile à la foi de beaucoup de personnes ».

Mgr Fisichella souligne d’emblée le caractère émouvant de ce livre dont le titre a été écrit par le pape lui-même en différentes langues et c’est la reproduction de son écriture qui apparaît sur la jacquette de couverture : « Licht der Welt. Luce del mondo. Lumière du monde. Luz del mundo. Light of the world ».

On peut d’ailleurs s’arrêter au titre. On comprend son sens christique : c’est le Christ qui est la lumière du monde. Et ecclésial : « Vous êtes la lumière du monde » dit le Christ à ses disciples. Mais aussi « Le sel de la terre » : c’était le titre du premier livre d’entretien du cardinal Ratzinger avec Seewald.

La présentation de Mgr Fisichella fera l’objet d’une lecture plus développée dans un prochain service. Il souligne notamment que plus d’un passage provoque un « examen de conscience ».

Il conclut que Benoît XVI a choisi cette forme de communication pour faire comprendre « au grand public sa pensée, sa façon d’être, sa façon de concevoir sa mission ».

« A lire » donc pour « méditer et comprendre une fois encore comment l’Eglise peut être dans le monde annonce d’une belle nouvelle qui apporte la joie et la sérénité ». C’est précisément l’objectif de la nouvelle évangélisation.

Ce nouveau livre de Benoît XVI sera disponible en France le 3 décembre. (On peut le commander dès aujourd’hui sur Amazon : cliquer ici).

Source : Zenit

Jeunesse évangélisatrice : ce soir à 20h40 sur KTO

Comme nous l’annoncions ici (demandez le programme !), KTO diffuse ce soir un documentaire intitulé Jeunesse évangélisatrice sur les nouveaux évangélisateurs. A l’heure où Benoît XVI vient d’instituer le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, d’annoncer que le prochain synode des évêques aurait lieu sur ce thème et de publier une exhortation apostolique (Verbum domini) où la nouvelle évangélisation a toute sa place, ce film tombe à pic !

La bande annonce :


Jeunesse évangélisatrice
envoyé par KTOTV.

La réalisatrice Véronique Bréchot nous présente son documentaire :

Depuis une vingtaine d’années, dans les milieux chrétiens, on ne voit presque plus les jeunes dans les réunions et assemblées, comme si les chrétiens ne parvenaient pas à joindre la jeunesse d’aujourd’hui, et réciproquement. Pourtant de plus en plus de groupes de jeunes gens vont au devant d’inconnus pour leur proposer l’Evangile.

Un phénomène actuel illustre un mouvement profond et durable de l’Eglise catholique en France et en Europe : la jeunesse évangélisatrice. Ce film propose de révéler cette nouvelle évangélisation développée par la jeunesse catholique. Il va s’agir aussi de donner des clefs à ceux qui souhaitent s’y associer.

Ce documentaire présente, de façon joyeuse et tonique, ces équipes de jeunes engagés qui se rassemblent pour prier, vont dans les rues au devant de l’autre sur des lieux de vacances ou de loisirs, et agissent dans leur vie quotidienne en témoignant de leur foi.

C’est un paradoxe d’extérioriser sa foi alors qu’elle est du ressort de l’intime. Il leur faut dépasser la première impression qui peut être négative, ces jeunes gens doivent sembler illuminés aux yeux des athées. Pourtant des choses intérieures profondes se passent en eux et ils ressentent fortement la nécessité de les partager avec des croyants et des non croyants.

Comment se forme-t-on pour évangéliser ? Pourquoi ces juniors acceptent de consacrer leurs loisirs à l’évangélisation dans une société de plus en plus athée ? Quelles intimes convictions les animent, quels sont leurs moteurs ? Y a-t-il un vrai renouveau, une nouvelle approche de la foi ? Est-ce un retour aux origines, à la mission des apôtres qui partait sur les routes porter la Bonne Nouvelle du salut ? Quel parallèle peut-on faire dans d’autres religions ? Qu’en est-il en dehors de l’hexagone chez nos voisins européens ? Et hors de l’Europe ?

Pour comprendre comment les jeunes catholiques d’aujourd’hui appréhendent maintenant leur foi, étudions la diversité des activités qu’ils ont initiées et/ou qu’ils animent : du Festival Anuncio au groupe Surf and Pray à Royan, de la Mission Chrétienne qui intervient lors du Festival d’Avignon au groupe d’évangélisation Samarie dans le quartier de Pigalle à Paris, de l’évangélisation sur Internet (dont notre blog) au groupe de pop rock suisse P.U.S.H.

A regarder en direct et en archive sur www.ktotv.com

4 ans d’Anuncioblog : l’émission sur RCF

A l’occasion des quatre ans d’Anuncioblog, j’étais aujourd’hui l’invité de Maryse Chauveau sur RCF. L’occasion de revenir sur la genèse de ce blog, ces quelques mois passés pour l’évangélisation, les dernières actualités avec la création par Benoît XVI du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation et l’annonce d’un prochain synode des évêques sur ce thème…

A noter également, Anuncioblog a été cité dans cet article de La Croix.

Ecouter directement l’émission :

Pourquoi l’Eglise donne-t-elle tant d’importance à la nouvelle évangélisation ?

Messe de clôture du festival Anuncio à Montmartre, présidée par le cardinal Vingt-Trois, le 28 août 2010

Messe de clôture du festival Anuncio à Montmartre, présidée par le cardinal Vingt-Trois, le 28 août 2010

Pourquoi l’Eglise donne-t-elle tant d’importance à la nouvelle évangélisation ? C’était le thème d’un table ronde qui a eu lieu lundi à 18h15 en direct sur RCF Lumières.

Au programme : Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation selon Jean-Paul II et Benoît XVI ? Qu’entend-on par nouvelle évangélisation dans l’Eglise ? Pour qui est-elle ? Ceux qui fréquentent l’Eglise, ceux qui sont en dehors, à l’occasion d’un événement familial (baptême, profession de Foi, mariage, enterrement) ? Comment annoncer la Bonne Nouvelle, le Christ, aux hommes d’aujourd’hui ? Par quels moyens appréhender la nouvelle évangélisation dans les paroisses ? Les jeunes, qui eux, vivent-ils déjà, pour certains, concrètemen, cette nouvelle évangélisation (groupes de prière, rassemblements diocésains, missions, témoignages, etc.) ? Quid des nouveaux medias et réseaux sociaux (blogs, internet, Facebook, smartphone, retraites en ligne, vidéos…) ?

Invités : Bruno Racine, Alex Lauriot-Prevost, Henri Faucon, Thierry Aillet, Père Pierre Marin, Jean-Baptiste Maillard

Ecouter directement l’émission :

Benoît XVI : « promouvoir de nouvelles occasions d’annoncer l’Evangile »

Le Saint-Père a reçu lundi midi les participants à l’Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la culture (« Culture de la communication et nouveaux langages »), déclarant avoir apprécié l’idée d’inaugurer leurs travaux à la mairie de Rome par une table ronde intitulée : « Dans la ville, à l’écoute des langages de l’âme ». Il était question, là encore, de l’évangélisation.

« Le dicastère a ainsi voulu exprimer un de ses devoirs essentiels, qui est de se mettre à l’écoute des hommes et des femmes d’aujourd’hui pour promouvoir de nouvelles occasions d’annoncer l’Evangile » a déclaré le pape. Puis il a évoqué les problèmes que rencontrent les pasteurs et les fidèles pour « communiquer le message de l’Evangile et transmettre la foi au sein de la communauté ecclésiale » surtout « lorsque l’Eglise s’adresse à des hommes et des femmes éloignés ou indifférents à une expérience de foi et que le message évangélique atteint de façon peu efficace et attractive. Dans un monde qui fait de la communication une stratégie gagnante, l’Eglise n’y reste pas indifférente et étrangère. Elle cherche, au contraire, à agir par un engagement créatif renouvelé, mais doté aussi du sens critique et d’un discernement attentif des nouveaux langages et des nouvelles façons de communiquer ».

« L’incapacité du langage de communiquer le sens profond et la beauté de l’expérience de foi peut contribuer à l’indifférence de beaucoup, surtout des jeunes. Elle peut devenir un motif d’éloignement. L’Eglise veut dialoguer avec tous dans la recherche de la vérité, mais pour que le dialogue et la communication soient efficaces et féconds, il est nécessaire de se mettre sur la même longueur d’onde dans le cadre de rencontres amicales et sincères, dans cette idéale Cour des Gentils que j’ai proposée il y a un an et que le dicastère est en train de réaliser dans divers lieux emblématiques de la culture européenne ».

Benoît XVI a ajouté qu’ « aujourd’hui, un certain nombre de jeunes, étourdi par les possibilités infinies offertes par le réseau informatique ou par d’autres technologies, établissent des formes de communication qui ne contribuent pas à croître en humanité, mais qui risquent au contraire d’augmenter le sentiment de solitude et d’aliénation. Face à ces phénomènes, j’ai évoqué à maintes reprises les priorités éducatives, défi auquel on peut et doit répondre avec une intelligence créative, en s’engageant à promouvoir une communication empreinte d’humanité, stimulant le sens critique et la capacité d’évaluation et de discernement. »

Faisant ensuite référence « au symbolisme riche et dense de la liturgie qui doit briller de toute sa force comme élément de communication », le pape a souligné qu’il l’avait expérimenté le dimanche précédent à Barcelone dans la basilique de la Sagrada Familia, œuvre d’Antonio Gaudí, « qui a conjugué de façon géniale le sens du sacré et de la liturgie dans des formes artistiques modernes et en syntonie avec les meilleures traditions architectoniques. Toutefois, plus que l’art et l’image de la communication du message évangélique, la beauté de la vie chrétienne est plus incisive encore ». Le Saint-Père a conclu en soulignant que « nous avons besoin d’hommes et de femmes qui parlent avec leur vie, qui sachent communiquer l’Evangile avec clarté et courage, par la transparence de leurs actions et avec la passion joyeuse de la charité ».

Source : VIS

La paroisse a besoin d’une « conversion missionnaire »

Pour l’archevêque de Sao Paulo, le cardinal Odilo Scherer, les organisations et structures pastorales ont besoin d’« une conversion missionnaire », « pour annoncer et accueillir la Parole de Dieu, témoigner de la nouvelle vie reçue dans le baptême, en recherchant et exprimant la sainteté de la vie ». Autrement dit : pour participer à l’évangélisation.

Dans un article publié sur la revue de son archidiocèse « O São Paulo », le cardinal Scherer insiste en particulier sur la conversion de la paroisse qui, écrit-il, doit devenir « plus communauté de communauté, groupes, associations, mouvements et organisations de disciples missionnaires, qui vivent et s’expriment en elle ».

Le prélat souligne aussi la nécessité de présenter, au niveau théologique et pastoral, une nouvelle conscience de la réalité de la paroisse, en allant au-delà d’une vision uniquement bureaucratique ou juridique.

« Celle-ci est le visage le plus visible et concret du Mystère de l’Église, ‘sacrement de salut’ dans le monde ; elle est une communauté de baptisés, réunis au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, vivant la foi, l’espérance et la charité ».

Dans la paroisse, a-t-il rappelé, c’est l’Eglise tout entière qui s’exprime et réalise la mission reçue du Christ : « annoncer et accueillir la Parole de Dieu ; témoigner de la nouvelle vie reçue dans le baptême, recherchant et exprimant la sainteté de la vie ; organiser et réaliser la charité pastorale, au nom de Jésus, Bon Pasteur, et sur son exemple ».

La paroisse, a-t-il ajouté est « l’icône visible de ce que l’Eglise de Jésus-Christ est dans sa totalité », mais, de toute évidence, aucune paroisse ne se suffit à elle-même ou réalise seule sa mission, elle le fait dans la communion de l’Église particulière (le diocèse) et dans la communion universelle de l’Église ».

Quoiqu’il en soit, conclut le cardinal Scherer, la paroisse « est l’Eglise ‘à la base’ ; si la vie et la mission de l’Eglise s’y réalisent, elles se réalisent aussi dans les grandes communautés ecclésiales ; dans le cas contraire, l’Eglise court le risque de ‘tourner à vide’ et de se réduire à une série d’institutions, sans arriver au peuple et aux personnes concrètes ».

Lire aussi : Cardinal Odilo Scherer : « L’évangélisation n’est pas une oeuvre de salariés »

Source : Zenit

Benoît XVI appelle à un « témoignage clair et courageux de l’Évangile »

Dimanche, après l’angelus, le pape a appelé les francophones à un « témoignage clair et courageux de l’Évangile », c’est-à-dire à l’évangélisation.

Benoît XVI a mentionné son voyage en Espagne, à Compostelle, samedi 6 novembre, en disant : « Je salue avec joie les pèlerins francophones ! Au cours de mon récent pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, j’ai rappelé qu’un témoignage clair et courageux de l’Évangile doit être offert à nos contemporains ».

Il s’agit du « bien le plus précieux » que les chrétiens puissent communiquer au monde : « Pour répondre à tant d’interrogations posées par ceux qui cherchent la vérité, les chrétiens désirent partager leur bien le plus précieux : la Bonne Nouvelle du Christ qui sauve. L’espérance apportée par le Fils de Dieu peut soulager les personnes affligées par des détresses et des angoisses. A l’exemple de la Vierge Marie, puissions-nous rester toujours fermes dans notre foi ! Bon dimanche à tous ! »

Source : Zenit

Nouvelle évangélisation : Benoît XVI met l’Eglise en ordre de bataille

En convoquant vendredi dernier les chefs des différents conseils pontificaux, Benoît XVI a souhaité mettre en ordre de bataille le gouvernement de l’Eglise pour la nouvelle feuille de route qu’il s’est assignée – en réalité la même depuis le début de son pontificat – : mettre en oeuvre la nouvelle évangélisation.

Ainsi, selon les propos du vice-directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Ciro Benedettini, sur Radio Vatican, il s’agissait d’évoquer « la coordination entre les dicastères et leur collaboration avec le Conseil pontifical pour la promotion de nouvelle évangélisation récemment institué ».

Le 12 octobre dernier, par une lettre apostolique en forme de « motu proprio » intitulée « Partout et toujours », le pape a créé le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Mais ce n’est pas tout. Le 24 octobre dernier, à la surprise générale, le pape a évoqué la tenue d’un Synode sur la nouvelle évangélisation en 2012, sur le thème « Nova evangelizatio ad christianam fidem tradendam – La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Et un synode, ce n’est pas rien !

La réunion précédente avait eu lieu en janvier dernier, c’est-à-dire il y a presque onze mois. D’autres questions ont aussi été abordées : « les atteintes à la liberté religieuse, la liturgie, les rapports avec les anglicans, ainsi que le dossier des abus sexuels ». Cependant, on peut être sûr qu’il y a pour Benoît XVI une priorité entre toutes les priorités, claire et affichée, de faire avancer la mise en oeuvre pastorale de la nouvelle évangélisation. C’est ce qu’expliquent Alex et Maud Lauriot-Prévost dans cette tribune intitulée : « Pourquoi Benoît XVI voit en la nouvelle évangélisation une priorité pastorale ? ».

Je serai aujourd’hui à 18h en direct sur RCF Lumières pour en parler, à partir de mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, avec une table ronde sur le thème : « Pourquoi l’Eglise donne-t-elle tant d’importance à la nouvelle évangélisation ? ». (Cliquez ici pour écouter l’émission).

Les congrès eucharistiques contribuent à la nouvelle évangélisation

Benoît XVI a reçu jeudi 11 novembre l’Assemblée plénière du Comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux, en conclusion des travaux préparatoires au congrès de Dublin (Irlande 2012).

Dans l’histoire de l’Eglise, a dit Benoît XVI, « les congrès eucharistiques internationaux ont un rôle important, car ils soulignent la dimension universelle de la célébration eucharistique. Il s’agit certes d’une fête autour du Christ Eucharistie, du Christ du sacrifice suprême en faveur de l’humanité, à laquelle prennent part des fidèles de tout horizon. Dans ces congrès, l’Eglise se recueille en présence de son Seigneur.

La mission de ces manifestations dans le monde contemporain « est aussi de contribuer à la nouvelle évangélisation, en promouvant la liturgie comme école de prière pour l’Eglise. C’est pourquoi chaque congrès a un élan évangélisateur et missionnaire, au point que le binôme Eucharistie et mission appartient aux directives que le Saint-Siège propose. »

Puis le pape a affirmé l’importance liturgico-pastorale que « chaque congrès eucharistique embrasse, dans l’esprit conciliaires, toutes les formes de culte eucharistique hors de la messe et découlant de dévotions populaires. Cela comprend aussi les associations de fidèles qui s’inspirent d’une façon ou d’une autre à l’Eucharistie, dans le respect de l’encyclique Ecclesia de Eucharistia et de l’exhortation Sacramentum Caritatis, et en conformité avec une ecclésiologie eucharistique de communion ».

Source : VIS

Pourquoi Benoît XVI voit en la nouvelle évangélisation une priorité pastorale ?

Au regard des décisions prises cet automne, la nouvelle évangélisation apparaît bien comme « la » réponse majeure que Benoît XVI entend apporter aux crises qui secouent vivement l’Eglise et son pontificat depuis son élection, du fait de nombreuses attaques extérieures ou de problèmes ecclésiaux dans nombre de pays de tradition chrétienne. En effet, le pape « considère opportun d’offrir des réponses adéquates afin que l’Eglise toute entière, se laissant régénérer par la force de l’Esprit Saint pour se présenter au monde contemporain… (soit) en mesure de promouvoir une nouvelle évangélisation(…) Il n’est pas difficile de percevoir que ce dont ont besoin toutes les Eglises qui vivent dans des territoires traditionnellement chrétiens est un élan missionnaire renouvelé » (1).

En créant ainsi le Conseil Pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI reprend à son compte ce concept missionnaire si cher à son prédécesseur et l’érige dorénavant à un haut niveau de priorité de son pontificat. Il assume la totalité de l’héritage de Jean-Paul II dont la nouvelle évangélisation est la constante apostolique et l’élément le plus continu de l’orientation pastorale qu’il a donnée à l’Eglise durant ces 25 ans sur le siège de Pierre. Benoît XVI, tout en finesse comme à son habitude, précise très clairement dans la lettre pré-citée la condition spirituelle de la nouvelle évangélisation : que l’Eglise se laisse régénérer et animer par la puissance de l’Esprit-Saint.

Aux côtés de Jean-Paul II, le Cardinal Ratzinger s’est attaché à enraciner la nouvelle évangélisation sur des assises théologiques et ecclésiales très solides. Dotés de personnalités et de formations bien différentes, mais tous deux très fins connaisseurs de la pensée des philosophes et des intellectuels des XIXe et XXe siècles, ils mesurent sans doute mieux que quiconque le contraste saisissant entre la nature du drame existentiel de l’homme contemporain, et la pertinence de l’Evangile du Christ pour répondre à ce vide immense qui mine nos sociétés devenues athées. Ils discernent dès le début des années 80 les réalités et les fruits missionnaires très prometteurs de – ce qu’on appellera bientôt à Rome – les « nouveaux mouvements écclésiaux » devenus depuis les années 60 l’incubateur et le laboratoire d’apostolats nouveaux et très diversifiés, qui donneront avec Jean-Paul II le concept de nouvelle évangélisation.

Mais déjà Paul VI eut le premier cette lecture des « signes des temps » : en 1975, dix ans après la clôture du concile Vatican II, il avait posé deux actes majeurs dont on saisit aujourd’hui la clairvoyance prophétique : il publia l’exhortation apostolique sur « L’évangélisation du monde moderne », première ébauche de la nouvelle évangélisation sur laquelle Jean-Paul II s’appuiera constamment ; il accueillit également à la Pentecôte dans la basilique Saint Pierre les représentants du Renouveau Charismatique du monde entier (2) en attestant que « le Renouveau est une chance pour l’Eglise ».

Le futur Benoît XVI a donc très rapidement fait le lien entre cette éclosion non programmée de mouvements ecclésiaux au sein de la jeunesse catholique et la puissante vague missionnaire que ces mouvements ont suscitée. Ce fut pour lui l’illustration caractéristique du « nouveau printemps de l’Eglise » annoncé par Jean XXIII à l’ouverture même du concile Vatican II.

Le cardinal Ratzinger témoigna à de nombreuses occasions de sa perception d’une réelle « irruption de l’Esprit » (3) durant toutes ces années :

– personnellement, il fit sa propre expérience auprès des communautés nouvelles et du renouveau charismatique dès le début des années 60, ce qui fut pour lui « une grâce, une joie dans son sacerdoce et aussi un grand encouragement » pour affronter confessa-t-il « deux grands périls dans l’Eglise » : l’académisme théologique froid et distant, et la bureaucratie ecclésiale ! Joseph Ratzinger témoigna donc de toute sa joie de « voir des jeunes touchés par la force du Saint-Esprit, affichant un grand enthousiasme, une expérience de foi vivante au cœur de l’Eglise catholique » (4).

– comme théologien, il y discerne « l’irruption de l’Esprit-Saint que personne n’avait prévu au cœur de l’hiver » que fut cette période si troublée et comme symbolisée « par 68 qui marqua le début d’une explosion du sécularisme (et qui) a miné les fondements chrétiens de notre société » (5). « Pour ainsi dire, confie-t-il, l’Esprit Saint prit la Parole : la foi s’éveillait chez les jeunes, sans ‘mais’ ou ‘si’, sans subterfuge ou porte de sortie, vécue dans sa totalité et comme un immense cadeau qui fait vivre » (6), soulignant par ailleurs que « s’ils n’attirent pas l’attention de l’opinion publique, ce qu’ils font indique l’avenir » (7) : le jeune expert du concile percevait déjà que se dessinait là le futur de l’Eglise.

– comme pasteur, le cardinal Ratzinger reconnait l’authenticité de l’expérience chrétienne de ces mouvements : « la mission suppose une rencontre personnelle et profonde avec le Christ, le plus souvent à partir de la force des charismes » car lorsqu’« une personne peut témoigner qu’elle est profondément touchée par le Christ, une autre peut alors être touchée au fond d’elle-même par l’action unifiante de l’Esprit-Saint » (8). C’est en effet le processus intérieur universel de la mission qui porte un fruit de conversion.

– il était le cardinal le plus proche de Jean-Paul II et « le » point d’appui le plus solide du pape depuis le début des années 80 : c’est à ce titre qu’en 2005 le consistoire, encore tout bouleversé par la disparition de Jean-Paul II et de l’immensité de son œuvre apostolique, a élu sans tarder le cardinal Ratzinger comme nouveau pape afin de faire fructifier le trésor de ce pontificat exceptionnel. Benoît XVI lui-même confirma en effet peu de temps après : « Jean-Paul II nous a légués un patrimoine richissime de textes qui n’est pas encore suffisamment assimilé dans l’Eglise. Je pense que j’ai pour mission essentielle et personnelle de faire en sorte que ces documents soient assimilés. Homme du Concile, le pape nous aide à être véritablement Eglise de notre temps et des temps futurs »(9).

– aujourd’hui, il constate dans le monde entier que là où les Eglises sont marquées par un rajeunissement, une dynamique d’apostolat des laïcs, un renouveau des vocations,… c’est bien le souffle puissant de l’Esprit-Saint et la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation qui les caractérisent.

C’est là tout l’enjeu des décisions de Benoît XVI : favoriser bien davantage la diffusion de ce vent nouveau de Pentecôte et de mission afin que l’Eglise universelle, dans toute sa diversité, en soit renouvelée. Benoît XVI, fidèle à sa fine connaissance de 2000 ans d’histoire de l’Eglise régulièrement réveillée par des vagues de renouveau spirituel et missionnaire, tente « d’articuler » au cœur même de l’organisation ecclésiale les grâces hiérarchiques et charismatiques que l’Esprit donne aujourd’hui à l’Eglise. Ce ne sera certainement pas de tout repos, mais c’est une occasion finalement assez rare pour la saluer, que de voir l’institution ecclésiale romaine (10) accueillir sans crainte les grâces prophétiques données pour notre temps.

Là encore, Benoît XVI est en totale continuité avec le Cardinal Ratzinger (11) pour qui rien ne justifie dans l’Eglise une primauté des fonctions hiérarchiques et sacerdotales vis-à-vis des fonctions prophétiques : selon lui, les grâces christologiques et charismatiques doivent se féconder mutuellement, et fructifier à la fois en chaque baptisé, mais également au sein de l’Eglise au travers de ministères différents et complémentaires ; la « nature de l’Eglise est organique », elle est un corps qui tient son principe d’unité et de vie même dans ce double ancrage fondateur indissociable. Il est ainsi « évident » pour le futur Benoît XVI que « l’essence et la mission » des nouveaux mouvements ecclésiaux – et donc de la nouvelle évangélisation – ne peuvent se comprendre si on ne saisit pas combien depuis toujours « Dieu éveille des hommes prophétiques qui crient à l’Eglise la parole juste qui n’obtiendrait pas sa force dans la marche normale de l’institution ».
C’est pourquoi, dans cette même conférence (12), le cardinal Ratzinger pressait avec beaucoup d’énergie les pasteurs de l’Eglise – évêques, prêtres, et responsables de tous ordres, y compris les laïcs – à être à l’écoute de ce que l’Esprit-Saint dit à l’Eglise :

– ne pas éteindre les appels de l’Esprit en ces temps nouveaux par une organisation trop rationnelle ou systématique : « N’érigez pas vos propres plans pastoraux en norme de qu’il est permis à l’Esprit Saint d’opérer : à cause de toute cette planification, les Eglises pourraient devenir imperméables à l’Esprit de Dieu, à sa force dont elles vivent » ; la vitalité des Eglises gagnerait selon lui « à un peu moins d’organisation, un peu plus d’Esprit-Saint ».

– savoir accueillir les aiguillons pastoraux, qui peuvent être salutaires pour l’annonce de l’Evangile « La fuite du conflit sous prétexte de communion, est parfois la norme pastorale suprême. La foi est une épée à double tranchant dit l’apôtre, et peut exiger le conflit pour le combat de la vérité et de l’amour (13). Un concept d’unité d’Eglise… où l’on achète le silence intérieur par la renoncement au témoignage s’avèrerait trompeur ».

– ne pas assécher les dynamiques missionnaires par des considérations trop savantes ou distantes car beaucoup ont « laissé s’installer un esprit ‘éclairé’ et blasé qui taxe de fondamentalisme la foi et le zèle de ceux qui ont été saisis par l’Esprit-Saint et qui n’admet qu’une foi pour laquelle les ‘si’ et les ‘mais’ deviennent plus importants que le cœur même de la foi ».

En créant le Conseil Pontifical consacré à la nouvelle évangélisation cet automne et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, nous comprenons combien Benoît XVI tire les conclusions d’un long processus de réveil spirituel et missionnaire que l’Esprit-Saint a répandu depuis 40 ans au sein de l’Eglise sans aucun programme pastoral pré-établi. Il décide donc de faciliter au cœur de l’Eglise et de ses institutions l’accueil d’un souffle charismatique (14) et évangélisateur puissant, espérant par là donner toute la bénédiction et l’appui à un renouveau certes dérangeant mais puissant et salutaire.

Comme le « bon pape Jean » (Jean XXIII) – considéré avec dédain par certains comme un « pape de transition » – avait convoqué le concile en provoquant un véritable tremblement de terre, notre cher Benoît XVI – derrière ses airs très doux et conciliants – est en train d’installer, l’air de rien, une bombe spirituelle et pastorale au cœur de l’Eglise !

Alex et Maud Lauriot Prévost – Toussaint 2010

Notes

(1) Lettre Apostolique de Benoît XVI (12/10/2012) instaurant la Congrégation pour la promotion de la nouvelle évangélisation
(2) Mouvance spirituelle née dans l’Eglise catholique à peine 8 ans plus tôt au cours d’une retraite de jeunes aux USA (février 1967) et dont le développement fut immédiat, exponentiel et rapidement planétaire.
(3) Titre d’un de ses ouvrages sur le sujet paru en 2007 avec la signature « Joseph Ratzinger-Benoît XVI »
(4) « L’irruption de l’Esprit-Saint » Cardinal Ratzinger/Benoit XVI – Edition Parole et Silence – p 26
(5) Tout en soulignant que ce mouvement de sécularisme datait de plus de 200 ans : les philosophes des Lumières au XVIII° siècle
(6) Idem p 45
(7) « Le Sel de la Terre » Cardinal Ratzinger – Editions du Cerf – 1998
(8) Idem p 94
(9) Benoît XVI à la télévision polonaise (16 octobre 2005)
(10) Comment ne pas souhaiter la création d’une telle instance à la Conférence des Evêques de France et dans nos diocèses !
(11) Citations de la conférence donnée par le Cardinal Ratzinger « Les mouvements théologiques et leur place dans l’Eglise » lors du Congrès mondial des mouvements ecclésiaux – Pentecôte 1998
(12) Le Cardinal Rylko, président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, écrit – 10 ans après ce congrès – combien « ce texte est magistral, d’une forte valeur pastorale et d’une grande densité théologique qui fait aujourd’hui autorité » – (in Introduction de « L’irruption de l’Esprit-Saint » Cardinal Ratzinger/Benoît XVI – Edition Parole et Silence)
(13) cf. Mt 10, 34
(14) Souffle – faut il le préciser ? – présent bien évidemment très au-delà du « Renouveau Charismatique »