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La Mante Religieuse : L’Empire contre-attaque !

Film La Mante Religieuse © La Mante Religieuse 2014

Plus c’est gros, plus ça passe. L’orgueilleux empire médiatique, mécontent qu’un tel film soit sorti au cinéma – chasse gardée d’une dictature culturelle ? – n’a pas attendu pour lancer ses vaisseaux à l’assaut de l’OVNI Mante Religieuse. Sa stratégie est simple : quand il en parle, chercher à ridiculiser le film en critiquant la réalisation plutôt que le message lui-même. Quant à ceux qui sont sensés être les prescripteurs d’un tel message, ils crient à la « complaisance » sans se frotter aux codes du monde moderne. A croire que Christian Clavier a raison (dernier Figaro Magazine) lorsqu’il dit qu’en France, la critique ne supporte pas ceux qui pensent autrement. Sur Allociné, la moyenne critique presse est de 1,7 contre 3,7 pour la note spectateurs, ce qui, rapporté en %, fait 34% des journalistes contre 74% des spectateurs qui ont aimé ! Autant dire que le public, lui, adore ! Le film ayant fait couler « beaucoup d’encre » (Ouest France), voici une revue de presse en 12 points avec l’avis des fans, pour tout savoir (ou presque) sur La Mante Religieuse.

1. Sur la réalisation

« Une collection de clichés dignes de la pire littérature de gare, dans un film réalisé et interprété à la truelle » condamne d’un trait Le Bien Public. « Pour ses débuts de réalisatrice, reprend Le Monde, Natalie Saracco propose une variation contemporaine très premier degré du mythe de Marie-Madeleine, dans laquelle l’outrance du propos le dispute à l’indigence de la mise en scène. » Etes-vous sûr ? Chez France télévisions, un critique cinéma déclare au contraire qu’il s’agit d’un film « carné » : « Ce qui frappe d’emblée dès les premières scènes de « La Mante religieuse », commence-t-il, c’est le professionnalisme de la réalisation de Natalie Saracco. La qualité du cadrage, de la lumière, des décors, des costumes… une esthétique non esthétisante, une véritable patte, rarement détectable dans un premier long métrage. »

Et comment expliquer que Jean-Claude Fleury, producteur d’Almodovar et de Jane Campion pour « La leçon de piano », ait vu le film et témoigné en vidéo combien il l’appréciait, en précisant qu’il y avait « tout » pour un excellent film ? Nous avons un début de réponse avec la critique du Parisien, intitulée « Un enfer » : « Scènes surjouées, dramaturgie appuyée, ce film piqué par le mystique est un match de catch à l’issue duquel le spectateur, qu’il ait la foi ou non, finit au tapis. » Peur du KO de la conversion ? Est-ce parce qu’il s’agit de religion ?

Heureusement, plusieurs avis comme celui-ci, posté sur Première, prennent la défense de la réalisatrice : « Le film de Nathalie Saracco est un chef d’oeuvre ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film de cette qualité. Les acteurs jouent tous exceptionnellement bien, le scénario est très intéressant et la mise en scène très bien ficelée. On se laisse complètement envouter par ce film qui ne s’oublie pas par son originalité et son talent. » Un autre ajoute, sur la réalisation : « De très beaux plans de tournage avec une belle lumière. » Précisons que le film a été tourné en 35 mm, avec les talents du chef opérateur Giovanni Fiore Coltellacci, vieux routier du cinéma italien…

Les vieux singes du cinéma ne s’y trompent pas : ainsi Xavier, ancien animateur de ciné-club, se dit « impressionné par la densité » de la Mante Religieuse : « Votre film sera promoteur d’échanges et de discussions passionnées et passionnantes, prophétise-il : un vrai cadeau dont tous les cinéphiles et tous les amateurs de sujets pointus et contemporains vont se régaler, car vos acteurs comme vos images sont justes et de grande qualité.  Votre Mante Religieuse va faire causer dans les chaumières et pas que catholiques, moi j’vous le dis, en tant qu’ancien animateur de ciné-clubs et des ciné-forums. »

2. Sur les acteurs

La Voix du Nord déboule : « La réalisatrice s’applique, à chaque plan, à prouver son incapacité à construire un plan, à diriger un acteur (ils sont tous calamiteux), à exprimer un sentiment. Fort heureusement, le ridicule ne tue plus. » Mais là encore France télévisions répond : « Une exigence (de réalisation) qui se retrouve dans le choix des acteurs. Mylène Jampanoï, beauté troublante, sulfureuse qui se définit comme « pro de la vie en 3D » (Dope-Destroy-Dégoût). Face à elle, Marc Ruchmann campe un très convaincant jeune prêtre à la foi communicative, pétri de modernité. »

Il faut bien dire que lorsqu’on est journaliste et qu’on veut chercher le gros insecte, mygale géante digne de Star Wars ou simple mante religieuse, on n’est pas à une contradiction près. Comme en témoigne cette difficulté des directeurs de publication à se placer d’un côté ou de l’autre de la force obscure. Ainsi, Le Figaro a publié une critique à quatre étoiles sous la plume de Marie-Noëlle Tranchant, tandis que son supplément du week-end démolit le film, sous les griffes acérés et un tantinet moqueuses (notamment envers la Providence) de Jean-Claude Buisson. Cela donne : « C’est une histoire de foi qui déplace les montages, et de buzz qui souffle où il veut » contre « La Mante Religieuse est un chemin de croix dans son format cinématographique ». Cherchez l’erreur ! Cette dernière critique conclut que de toute façon, les films vus à Cannes étaient bien meilleurs. Y compris Welcome to New York, M. le critique ?

Nice Matin monte à l’assaut ? « Découverte dans Sous le soleil, la malheureuse Mylène Jampanoi, honnête croisement entre Sophie Marceau et Laura Smet, fait tout ce qu’elle peut pour avoir l’air sulfureux et son partenaire Marc Ruchmann pour paraître sexy, rien n’y fait, tout sonne faux. ». Cette phrase que l’on croirait tirée d’un mail groupé est reprise telle quelle par La Provence, qui rajoute (dur labeur : ont-ils vraiment vu le film ?) la sentence « nanar du mois ». Aussitôt, un fan poste le commentaire contraire : « Quel film ! Ça remue, bouscule, émeut, mais après réflexion, tout est juste, réfléchi, inspiré. Dans une société où tout laisse à croire que le mal n’existe pas, on voit bien que la spirale infernale du péché mène à la mort. Cela pose à chacun la question du sens profond de son existence. Et dans un monde qui banalise, ignore ses prêtres et leurs actions, cela met en évidence qu’ils donnent leur vie pour nous, dans toute leur humanité. Ce sont nos héros des temps moderne ! »

Sur le jeu des acteurs, une fan écrit aussi : « J’en ai été émerveillée, ils sont si justes chacun, si vrais dans leur rôle. Et puis je trouve que ce film en dit juste ce qu’il faut. Il va à l’essentiel, dans les prises de vue, dans le message et dans le jeu des acteurs. Bravo, je pressens que ce film va faire du bien ! »

 

3. Sur le scénario

 

Trop dérangeant le scénario ? Pour le journal La Croix, un peu dépassé, ça va trop vite : « Le scénario, on le constate aisément, ne s’embarrasse pas de fioritures pour parvenir à la rencontre attendue entre le diable et le Bon Dieu. Et c’est bien le défaut artistique de ce film. »

« Un scénario et à une réalisation peu subtils. Court extrait : au bord du péché mortel, le P. David, enlacé à la tentatrice Jézabel, voit la croix pendue à son cou tomber. Et là, zoom sur le pendentif, dont le prêtre se saisit d’une main ferme avant de revenir à la raison… » Le journaliste n’a donc pas compris cette scène et commet un abominable « spoiler » (révélation de l’intrigue)…

Heureusement qu’il y a France télévisions(!) : « La cinéaste signe un scénario original dont une grande partie repose sur la définition de personnages complexes et évolutifs. » Ouf, on a eu chaud ! Et on peut lire, rassurés, sur le Skylab : « Sur fond de religion et de débauche, l’histoire est avant tout centrée sur l’amour. Celui qui peut redonner l’envie de vivre à une jeune-femme excessive. ». La Dépêche du Midi : « La force du film réside dans son scénario original et ses idées véhiculées. En effet, le film livre ici une leçon tolérance, d’amour et de sens des valeurs atypique. » Stéphane, un fan, conclut : « L’intrigue, qui va crescendo, est passionnante. »

Mathilde, a aimé « l’âpreté et l’originalité du scénario » : « on veut la version longue », ajoute-elle ! Un autre fan s’extasie : « Du « vrai » cinéma ! Un film superbe, un excellent casting, les sentiments humains les plus profonds à l’état brut ! Des questions existentielles traitées sans pathos et en vérité. Il n’y a aucune vulgarité dans ce film, car aucune scène « osée » n’est gratuite ou déplacée, elles donnent au contraire du sens, de l’humanité, de l’épaisseur aux personnages et aux sentiments vécus. Le jeu de Mylène Jampanoï est une véritable révélation. Une très belle réussite de Natalie Saracco ! On en redemande ! »

Et encore : « Jézabel est exceptionnelle dans son rôle d’artiste peintre talentueuse paumée et dépravée qui va faire une rencontre décisive bouleversant sa vie. »

Malgré tous ces fans, La Vie, par exemple, a tout simplement oublié (c’est ballot !) d’aller voir les témoignages publiés sur Jaimelamante.com : « Qui se sentira touche par pareille histoire ? Qui se reconnaîtra dans ces personnages sans nuances ? ».

Redonnons encore la parole aux fans, comme Emmanuelle : « J’ai été très touchée et bouleversée par le message profond du film qui est celui d’avancer chacun qui que nous soyons, quelle que soit notre vie dans notre chemin de foi. »

La 2366ème critique publiée par Titoo sur Allociné est sur la Mante Religueuse : « du grand cinéma, une qualité de réalisation et les deux comédiens principaux savent nous émouvoir ». Jean-Paul poste aussi : « Moi qui ne suis pas croyant, j’ai trouvé film étonnamment audacieux et juste. Le film est bien construit, et la fin, superbe ». Et Agnès écrit à son tour : « Très bon film. Une surprise ! Je ne comprends pas pourquoi la critique a boudé ce film ». (Bah nous, si !). Dylan, lui, écrit : « bizarre seuls quelques sites cathos disent du bien de ce film, les critiques sont sévères avec ce mélo ! ».

Auféminin.com en fait son coup de cœur de la semaine ? Lucie, elle, répond que le film son « coup de cœur 2014 » !

Sévères, les critiques ? Ah bon ? 😉

4. Prosélytisme 

« Attention, risque de tromperie sur la marchandise : loin du film érotique promis par le titre, ce premier long métrage de Natalie Saracco (devenue mystique après un accident) vire à la bondieuserie saint-sulpicienne, sans profondeur religieuse. Son héroïne déjantée est censée incarner « une Marie Madeleine des temps modernes » (sic). Ce n’est pas tout à fait ça. » C’est ainsi que le Canard déchaîné se jette sur la pauvre petite mante religieuse pour la dévorer toute crue, sans foi ni loi ! Et le film devient le vilain petit canard cherchant pourtant à donner un sens à la vie. Car derrière cette accusation de tromperie, se trouve en réalité celle de porter témoignage à la vérité, autrement dit d’évangéliser – ce dont Natalie ne s’est jamais caché, cf cet interview sur Anuncioblog.

Trois couleurs, revue spécialisée de cinéma, écrit une critique d’une seule ligne et reprend ce thème – croyant dénoncer une machination : « Pour son premier long métrage la réalisatrice Natalie Saracco catholique fervente ne cache pas ambitions prosélytes. » La Voix du Nord copie bêtement, sans réfléchir : « auréolée de ses prosélytes ambitions, Natalie Saracco… ».

La Croix en profite pour taper sur la nouvelle évangélisation : « Noble ambition, qui s’inscrit manifestement dans la volonté de l’équipe du film de participer au mouvement de la nouvelle évangélisation ». ‘Manifestement’, c’est mal d’être pris en flagrant délit de témoignage ! Qui vient à la rescousse de la réalisatrice ? Témoignage chrétien ? On y lit : « Un premier film dont les bonnes intentions sont évidentes. » Première le contredit : « Encombré de symboles judéo-chrétiens et d’une imagerie criarde, ce premier film pavé de mauvaises intentions joue la carte de la provocation light avant de rentrer dans le droit chemin. Amen. »

Mais au fait, qu’a donc Première contre les symboles judéo-chrétiens ?

Quoiqu’il en soit, des Juifs aussi aiment le film. En voici deux qui témoignent : « Nous avons beaucoup aimé ce film, car il nous fait ressentir l’ensemble du registre émotionnel, du rire aux larmes ; il est très bien joué et fait réfléchir à beaucoup de questions essentielles : sens de la vie, place de Dieu… Certaines scènes sont extraordinaires comme le sourire de l’enfant…. Un film à aller voir et un film destiné particulièrement à notre jeunesse. »

Un peu gênant pour ce journaliste qui parle de « notes exagérément laudatives de la part des habituelles grenouilles de bénitier ». D’ailleurs, les protestants ne sont pas en reste : « Nous sommes un couple chrétien évangélique et nous avons beaucoup aimé le film, hier soir. Fait amusant : il y a eu une panne générale dans tout le cinéma au bout de 15 mn, et nous avons eu un long moment pour raconter à nos voisins ce qui était arrivé à la réalisatrice, et pourquoi elle avait fait ce film. Ils étaient très intéressés. Le planning de Dieu est parfois curieux ! ». Faut-il signaler qu’à Dole, un pasteur protestant organise lui-même une projection le 18 juin au cinéma de Dole ?

Quand le fan-club poste sur Facebook qu’il ne manque plus que les musulmans à l’appel, un commentaire est posté en réponse immédiate : « Je suis musulmane et j’ai craqué sur le film….et le prêtre ! :)) ».

Enfin, des personnes qui ont quitté l’Eglise sont enchantées, comme Marie : « C’est un film qui redéfinit l’essence de l’amour et le respect pour autrui… merci Nathalie ! Je redeviendrais presque catho à cause de ton film ! »

Alors, prosélytisme forcément sectaire ou « évidentes » bonnes intentions ? On parle même de « grâces outrancières » (sic). C’est vrai que tous ces cadeaux tombés du ciel sont presque choquants pour qui veut manger du cureton !

5. Du côté lumineux(?) de la Force

Feu et Lumière parle de Cristeros. Il est vivant!, Panorama, ont chacun publié un « contre-point » sur la Mante Religieuse. La Vie, un « pour et contre ». France Catholique réalise un très bel entretien de Natalie Saracco mais démonte tout de même le film : « faute d’une vraie mise en scène, on a du mal à rentrer dans le film, qui fait la part trop belle – pas bien ! – aux errements de son héroïne, au détriment de ce qui la déstabilise ; les dialogues restent beaucoup trop à la surface des choses ». Finalement, il n’y a guère que Paris Notre Dame (avec la critique du Père Guilhem Causse s.j.), Radio Notre Dame (partenaire du film), RCF et La Nef pour en parler favorablement. Dans ce dernier, Jacques de Guillebon signe une belle critique : « Nous sommes en 2014. Toute l’Église de France est occupée par les bourgeois. Toute ? Non. Natalie Saracco résiste seule, encore et toujours à l’envahisseur… »

Les spectateurs, eux, ne s’y trompent pas. Sur Facebook, le public est fan. Ainsi, Gabriel déclare : « Excellente mise en scène, bravo aussi pour les artistes, je dois l’avouer, j’y suis allé avec une certaine méfiance, mais tous mes préjugés sont tombés. C’est une réalisation qui peut faire beaucoup de bien ! ». Elsa : « superbe prestation de Mylène Jampanoï », Les infiltrès (spécialistes cinéma) tweetent : « Des personnages torturés qui soulèvent des questions rarement portées à l’écran. Un film édifiant, osé et précieux ! ». Jordane : « c’est trash… mais tellement bouleversant ! ».

Alors sous la critique au vitriol du quotidien La Croix, un premier abonné se lâche : « J’ai vu de beaux visages d’hommes et de femmes filmés avec un art certain. J’ai vu aussi de beaux portraits psychologiques. (…). Je trouve que ce film arrive à montrer la profondeur, l’intériorité de la rencontre du tout Autre sans ennuyer le spectateur grâce entre autre à un scénario qui n’est pas si mince, ni rempli d’invraisemblances, ni de messages surlignés à gros traits comme vous l’écrivez. Les images parlent et nous touchent. »

6. Un film à en pleurer ?

Beaucoup disent avoir pleuré, comme ce spectateur qui met la note maximale sur Première, où l’écart entre presse et spectateurs est de 3 étoiles (du jamais vu : la moyenne des appréciations du public est tout simplement la note maximale !) : « Ce film m’a très touché, beaucoup d’émotion, de l’amour, et surtout le point fort, le côté humain, j’ai versé des larmes ; dans ce film, on a envie d’aider cette Jézabel à s’en sortir ; jamais vu un film comme ça ! ». Sur Twetter, on peut lire « en pleurs après avoir vu le film, quelle jubilation ! ». « Magnifique, les larmes aux yeux », reconnaît aussi Natafi. Anne s’est reconnue dans Jézabel et dit ne pas en avoir dormi plusieurs nuits d’affilée. Catherine, elle, se dit touchée comme avec le film Des hommes et des Dieux : « Difficile de dire tout ce que l’on a ressenti, mais en ce qui me concerne, je suis ressortie sans voix comme avec le film “Des Hommes et des Dieux” ». Sans voix ? C’est justement ce que l’on peut constater dans les vidéos des avant-premières qui ont circulé sur Internet…

Dommage, d’ailleurs, que la presse soit restée sans voix à ce sujet ! Notons bien que les mêmes, qui, hier, encensaient sans retenues Qui a envie d’être aimé ? descendent la Mante Religieuse au lance-flammes. Peut-être parce que La Mante Religieuse ne leur apporte pas ce qu’ils attendent ? Ils voudraient moins de sexe… ou plus de sexe.

Ils auraient préféré une attaque en règle contre l’Eglise ? (Le film lui est sans doute trop « complaisant » !) Un prêtre pédophile, peut-être… voire un méchant Jedi ? Notons que la question épineuse du célibat des prêtres, d’ordinaire si souvent utilisée pour taquiner les cathos, est ici complètement occultée. Une question mérite d’être posée : le rôle de la critique est-il d’être un juge suprême de nos consciences avec droit de vie ou de mort sur les évènements culturels que sont les sorties de film ? Ou bien d’être un baromètre objectif du public et de ce qui se trame dans les salles obscures ?

7. Une psychologie nulle ?

Jean-Baptise Hibbon, lui, ne mâche pas ses mots : « C’est un petit chef-d’oeuvre cinématographique. L’art de conjuguer les antagonistes de la nature humaine. J’aime cette subtilité féminine avec laquelle Natalie Saracco traite le rapport de forces entre force et fragilité, amour et haine, vulgaire et beauté. (…) Comme psychologue je retrouve certaines situation que j’ai dû accompagner en thérapie. Portant un handicap physique je retrouve aussi des situations paradoxales avec lesquelles je dois en permanence composées. »

8. Faiblesse artistique ?

Fleur Nabert, sculpteur, prend aussi la défense du film : « Pour ce qui me concerne, je me moque du pour comme du contre. Et du balancier stérile de la polémique : on trouvera le film insupportablement sulfureux ou tristement réaliste. On le jugera complaisant, ou parfaitement chrétien. Ce qui me pousse à écrire c’est le talent de Natalie Saracco à nous montrer un cœur qui était en hiver et qui fond, comme la neige, sous le soleil de Dieu. » Elle ajoute un peu plus loin : « La Jézabel de Natalie Saracco rejoint la cohorte silencieuse des Charles de Foucauld mis à genoux sous les voûtes de saint Augustin, Etty Hillesum dans sa salle de bain, Ignace de Loyola sur son lit de blessé et des milliers d’anonymes dont je fais partie qui ont laissé venir Dieu après lui avoir tourné le dos et qui ne peuvent se guérir de cette brûlure d’amour. On peut tout dire de ce film. Mais – et je le sais dans ma chair – il touche à la vérité de la conversion humaine face à la miséricorde divine, cet alliage fragile et si difficile à décrire. »

9. Quand on reproche au prêtre (et au film) sa naïveté… 

Ouest France écrit  « le prêtre, qui résiste à la tentation, se montre non seulement très imprudent, mais aussi peu convaincant dans son rôle de pasteur ». Côté Catho, pour Témoignage Chrétien, « le prêtre est trop saint ». Il aurait fallu qu’il le soit moins, car c’est toujours dangereux, un saint prêtre. Cependant, pour le rédacteur en chef de Panorama, Jean-Baptiste de Fombelle, le prêtre est au contraire « très justement interprété ». Comme pour France télévisions, qui souligne aussi « l’excellente prestation de Marc Ruchmann ».

Pour certains, La Mante Religieuse est « un concentré de tous les clichés bobo sur les prêtres ». L’abbé Grosjean, lui, n’y va pas par quatre chemins : « Film percutant, qui ne laisse pas indifférent… Un beau et ardent témoignage de foi, accessible aux non-cathos. Merci. » Comme tant d’autres prêtes qui se sont exprimés en faveur de ce film (certains sont référencés dans ce diaporama Facebook, même un vicaire général !). Douze prêtres  venus voir le film ensemble ont adoré et posté une critique sur Allociné ! (Jésus était avec eux). D’autres s’expriment aussi en vidéo sur le site des fans, comme ce prêtre de Versailles – encore ! – qui rappelle lors d’une avant-première au Roxane que Jézabel existe vraiment, surtout dans cette ville huppée de l’Ouest parisien !

Cependant, un prêtre des Légionnaires du Christ fait circuler un mail dans lequel il invite ses paroissiens à ne pas aller voir le film : « J’ai eu le malheur d’aller voir La Mante Religieuse », écrit-il. Le Père Louis-Marie Guitton, prêtre issu de la Communauté Saint Martin et qui a assisté à une avant-première à Toulon, se lâche sur Facebook : « S’il suffisait d’aller dans les sex shops et les bordels pour évangéliser les périphéries, cela se saurait ! (…) Je ne sais pas si je fais tout ce que ce prêtre accomplit, mais je suis capable de tomber comme lui. Si bien que je ne peux pas dire que je n’éprouve pas une certaine affection pour lui. » Ah ? Et d’ajouter : « Et puis flûte, je préfère passer pour un abominable puritain, rétrograde, passéiste, intégriste… Oui, l’idée du film est bonne. Non, cela ne suffit pas à en faire un grand film. Cette complaisance pour diverses formes de perversions met mal à l’aise. La sensualité est pesante. Pas besoin de cela pour montrer comment la miséricorde vient plonger dans la misère. Le cinéma a cette puissance d’évocation qui lui permet de ne pas avoir besoin de tout faire voir! Pour évoquer la conversion d’un violeur, faut-il le montrer à l’œuvre ? Celle d’un meurtrier, faut-il absolument exposer toutes les circonstances de ses crimes ? Celle d’un pervers, entrer dans ses délires ou sa cruauté ?».

En revanche, pour le Père Guillaume Antoine, La Mante Religieuse « rejoint le top 5 des films sur la figure du prêtre au cinéma », avec « Au revoir les enfants » !

Un laïc s’exprime à son tour : « Nous sommes tous faillibles et pécheurs, pas besoin d’un film pour en prendre conscience. Oui la miséricorde dépasse et efface nos péchés mais elle ne les justifie pas (ce qui me semble être le risque lorsqu’on traite de ce genre de sujets). On en oublie un peu trop souvent que la sainteté n’est pas une option pour un chrétien et encore moins pour un prêtre. » (Vous avez raison, cher ami, pas besoin du cinéma non plus !).Ce à quoi répond un fan du film : « Si on ne faisait pas ce genre de film parce qu’on a déjà tourné Léon Morin prêtre, alors cela ferait des millénaires qu’on arrêterait d’écrire des histoires d’amour (qui finissent mal en général). Pour ce qui est de la vision de l’Eglise, ce n’est pas parce qu’on montre une seule face (souvent niée) que les autres n’existent pas. »

Et ils sont nombreux, y compris au sein des critiques, ceux qui confondent La Mante Religieuse avec Léon Morin Prêtre, pourtant sorti il y a 53 ans ! 😉

 

10. Complaisance ou érotisme ?

« Outrances à tous les étages, scènes de sexe complaisantes et autres automutilations à la bougie, on bascule dans un ridicule achevé » écrit aussi Télé Obs. Studio Ciné Live embraye d’une traite : « Romance caricaturale et pas assez perverse, dont l’issue devrait passablement énerver les mécréants mais plaire aux prosélytes de la cause chrétienne Bref, à vous de choisir votre camp ! ». C’est vrai que La Croix, référence en la matière, parle « d’images complaisantes. » Un peu comme La Manche Libre(!) : « La réalisatrice s’attarde trop sur la vie dissolue de son héroïne, avec des images complaisantes, au détriment de son évolution intérieure. ». Le magazine Famille chrétienne, lui, voit « un érotisme poisseux ».

La Vie rejoint Studio Ciné live : « On passe sur cet érotisme qui culmine dans le ridicule, manière de suggérer que ce film avance sans tabous ? ». Quant au Journal du Dimanche, il ne prend pas de gants : « Mylène Jampanoï a beau jeter des regards qui se veulent langoureux, la sensualité est absente de ce film qui se voudrait provocateur mais qui n’est que vain ».

Allo les fans ? Une religieuse trouve au contraire des corps « très beaux, très artistiques ». Et une fan, Camille, d’ajouter « ils sont dépeints avec beaucoup de pudeur ». Du 7ème art ?

Un fan sur Facebook défend la Mante Religieuse contre les intransigeants : « Cette conversation me fait penser au procès qui a été fait par des cathos trop bien pensants au projet Thérèse Vivre d’Amour. Finalement, à vouloir être le défenseur bien, on finit par vouloir voir le mal partout… et combattre le bien. »

Pour Mathilde Henry, fan du film, « points de plans pornographiques, quelques paires de seins et baisers érotiques et chauds, la banalité du quotidien de nos jeunes contemporains de ce début de 21e siècle ».

Cependant, Nice Matin trouve qu’il n’y a – carrément ! – pas assez de sexe : « A la place des scènes de sexe attendues, on a droit à de longues plages de dialogues censés illustrer le dilemme des deux protagonistes ». Hé, les gars, si vous vouliez aller voir un film porno avec vos amis de Studio Ciné Live, vous vous êtes trompés de salle ! Non sans ironie, le journal Lui, de son côté, se régale : « La Mante Religieuse est un premier film intense, sombre, moins pervers que ce qu’il devrait, plus bernanosien qu’il ne faudrait, mais assez trouble et complexe pour attacher le spectateur chrétien. Je me demande combien de femmes catholiques ont couché avec un prêtre. ll faudrait pouvoir les écouter en confession… »

Bref, il faudrait surtout accorder les violons. 😉

11. Combat spirituel

 

« La force du film, pour le rédac chef de Panorama, est de nous faire entrer dans ce combat spirituel par lequel vont passer les deux personnages, non sans dommages. Comme on traverse un gué, on ne peut apprécier La Mante religieuse qu’une fois sur l’autre rive Alors, on approche le mystère de la croix et sa puissance de rédemption. » Cependant, trois lignes plus loin, en « contre point » (les fameux !), le père Arnaud Adibert, assomptionniste appelé à la rescousse reconnaît «  un moment d’une grande clarté la confession de foi du prêtre dans une vibrante prière ». Avant d’asséner : « De quel amour parle-t-on ? C’est toute l’ambiguïté de ce film dont on ressort plus perplexe qu’éclairé. (…) Y a-t-il quelque chose de crédible dans cette histoire entre un être vivant et un spectre ? »

Soulignons un contre-sens : « Le désir de paix de la jeune fille invite à l’espérance, écrit-il, mais sa volonté persistante de « coucher » avec le Père David au mépris affiché du choix de vie de celui-ci contredit l’hypothèse d’un amour vrai, fruit d’une conversion. » Qui a dit que Jézabel s’était convertie « dès le premier flirt » ?

L’abbé Grosjean, lui, explique : « Ce film est fort. Troublant, parfois difficile. Certaines scènes ne sont pas faciles à regarder pour le prêtre que je suis, qui pense à tel ou tel confrère qui est tombé, lui. Mais ressort bien cette violence et ce drame du combat intérieur… »

12. Une évangélisation ?

« Ce film magnifique, qui met le spectateur en présence de ses propres forces et faiblesses, sans jugement, sans contraintes, mais au contraire le laisse libre dans la manière dont il recevra le message, a marqué la jeune Mylène Jampanoï (Jézabel dans le film) : enceinte, elle a décidé qu’elle ferait baptiser son enfant et qu’elle se ferait baptiser le même jour. » (Jean-Michel Touche, écrivain, sur son blog). Mathilde Henry, de l’agence Bonne Nouvelle, a tout compris : « Avec des accents nietzschéens, le film va aux périphéries existentielles du désespoir, de l’appel de la mort, de la haine de soi. Un film très « pape François », mais aussi « Voyage au bout de la nuit », qui nous laisse libre de choisir entre ténèbres et lumière. (…) Catholiques, ce film n’est pas pour vous, mais pour entrouvrir une porte vers l’invisible aux personnes que vous inviterez. Il est fait pour ceux qui cheminent vers le baptême, ceux qui se disent «’Dieu pourquoi pas ?’, ceux qui crèvent de vivre enfermés sur eux-mêmes, les autistes de l’amour que nous sommes tous – plus ou moins ».

Aubry ne disait pas autre chose ici même en rappelant la nécessité « stratégique » de soutenir le film en 1ère semaine pour que « Manon » puisse elle aussi le voir et être touchée. Benoit XVI, dans son encyclique Caritas in Veritate, écrivait : « si l’on ne fait pas connaître la Bonne Nouvelle dans l’environnement numérique (et donc dans ce lui du cinéma), elle pourrait être absente dans l’expérience de beaucoup de ceux pour qui cet espace existentiel est important ». Alors que son successeur, le pape François, invite particulièrement ses prêtres à aller « aux périphéries de l’existence » pour « garder l’odeur des brebis », n’est-ce pas précisément ce que fait le prêtre dans La Mante Religieuse ? (Dans ces conditions, pas étonnant que pour Télérama, il n’y ait « rien à sauver », même pas des âmes !).

Le débat attendu, en écho à ceux des avant-premières, n’a pas eu lieu dans les médias. Ni sur le célibat des prêtres, ni sur la désespérance d’une certaine jeunesse, ni sur l’espérance proposée en retour par les chrétiens qui osent aller « aux périphéries de l’existence ». Ici, le très critique Télé Obs ne s’est pourtant pas trompé : « Le premier film de Natalie Saracco trouve une certaine grâce dans les séquences où Jézabel et le père Daniel vont à la rencontre des autres : prostituées parisiennes, SDF reclus sous des tentes, concierges hostiles à leur locataire travesti, mère supérieure de couvent ouverte et tolérante. » Et quand le pape invite l’Eglise, pour la Pentecôte, à être dérangeante sous peine d’être placée « en réanimation », ce film répond à 100% à cet objectif !

Tout cela ne serait pas grave si, au fond, il ne s’agissait pas de la capacité – ou non ? – de ce film à évangéliser. Dans un contexte où le sexe est de plus en plus déconnecté de l’amour vrai – rappelons que 15% des Français ont déjà eu un « plan à trois », que le « sexfie » fait fureur et qu’aux Etats-Unis débarque la 1ère téléréalité porno sur une chaîne « normale », s’écrier, lorsqu’on est catho, « au bûcher, la Mante Religieuse, au bûcher ! » a quelque chose d’irréel. Un peu comme un agneau aboyant avec les loups, ou Luke Skywalker passant du côté obscur !

L’Empire a contre-attaqué, dévoilant ses positions. Finalement, La Mante Religieuse a agit comme un révélateur. La presse catho n’a globalement pas soutenu le lancement d’un film pourtant très actuel et prometteur : ce n’est pas encore cette fois que les catholiques ré-investiront le champ de la culture. On se souviendra de cette femme, perplexe devant les critiques négatives des journaux chrétiens et de ce qu’elle avait entendu de Natalie Saracco à la radio, voulant en avoir le cœur net : elle est allée voir le film et elle a beaucoup aimé ! A noter aussi que Philippe Arino, qui a d’abord descendu le film sur son blog, aurait presque changé d’avis en rencontrant Natalie Saracco dimanche soir, à Saint Germain des Près…

Le film reste une 3ème semaine à l’affiche à Paris : vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous voulez vous faire votre propre opinion plutôt que d’écouter les Dark Vador ! 😉

Pierre-Antoine Bousquet

La Mante Religieuse : « la vérité de la conversion humaine face à la miséricorde divine »

La Mante ReligieuseAujourd’hui, nous vous proposons la critique de Fleur Nabert, sculpteur, qui a assisté hier soir à la dernière avant-première de la Mante Religieuse.

Je sors tout juste de la dernière avant-première parisienne du film La mante religieuse qui sort en salles demain, 4 juin 2014. C’est un film qui à l’évidence ne fera pas l’unanimité : d’aucuns lui reprocheront de parler de Dieu, d’autres encore d’évoquer la tentation d’un prêtre. Il sera à cheval entre deux mondes, ne parvenant à satisfaire en totalité ni la communauté des croyants ni celle des non-croyants. Et la réalisatrice paiera à coup sûr le prix de son engagement à dire son espérance réelle, entière, qu’elle porte de salles en salles sur son visage comme un sourire d’enfant.

Pour ce qui me concerne, je me moque du pour comme du contre. Et du balancier stérile de la polémique : on trouvera le film insupportablement sulfureux ou tristement réaliste. On le jugera complaisant, ou parfaitement chrétien. Ce qui me pousse à écrire c’est le talent de Natalie Saracco à nous montrer un cœur qui était en hiver et qui fond, comme la neige, sous le soleil de Dieu. Et pour cela il faudra en passer par un chemin tortueux de vie, de séduction venimeuse, de drogue et de sexe désespéré. En passer aussi par l’exemple d’un prêtre au cœur aimant qui met ses pas dans ceux du Christ, auprès des pauvres et des prostituées, avec le sourire ou la sainte colère que l’on imagine si bien être ceux du Nazaréen dont le monde n’a jamais réussi à oublier le nom. Un prêtre qui tremble aussi, dans sa chair, face à la plus torride des séductrices. Qui trébuche mais qui a le courage de se relever pour un petit morceau de métal autour de son cou, qui est le sens et le cœur de sa vie.

En passer enfin par une Geneviève Casile, superbe mère supérieure carmélite, qui lit dans les âmes. Et qui ouvre la voie par ces mots : « la miséricorde, tout est là. » Alors la Présence peut se frayer un chemin, comme l’eau entre les pierres. Dieu entre. Et là où il établit sa demeure tout est lavé et pardonné.

C’est pour ce sourire d’une jeune femme prodigue, autrefois perdue, et qui rouvre les yeux dans l’ombre de sa cellule dépouillée pour dire à Dieu qu’elle l’aime, c’est pour ce sourire que le Christ est allé sur la croix. Pour pêcher une âme… et des millions d’autres. Et c’est ce sourire qui me reste du film, bien au-delà de tous les oripeaux du désespoir.

La Jezabel de Natalie Saracco rejoint la cohorte silencieuse des Charles de Foucauld mis à genoux sous les voûtes de saint Augustin, Etty Hillesum dans sa salle de bain, Ignace de Loyola sur son lit de blessé et des milliers d’anonymes dont je fais partie qui ont laissé venir Dieu après lui avoir tourné le dos et qui ne peuvent se guérir de cette brûlure d’amour.

On peut tout dire de ce film. Mais – et je le sais dans ma chair – il touche à la vérité de la conversion humaine face à la miséricorde divine, cet alliage fragile et si difficile à décrire.

Pour en savoir plus sur le film : www.jaimelamante.com

Natalie Saracco : « Jésus pleurait devant moi ! »

Natalie Saracco @ La Mante ReligieuseaNatalie Saracco est la réalisatrice du film La Mante Religieuse, au cinéma demain mercredi 4 juin. Son témoignage de rencontre avec le Sacré-Coeur de Jésus fait le buzz sur Internet… Interview exclusive.

Anuncioblog : Comment êtes-vous venue à ce film ?

Natalie Saracco : J’ai deux passions dans la vie, Dieu et le cinéma. Je suis dans ce dernier depuis l’âge de 17 ans. J’ai d’abord été comédienne, puis j’ai réalisé et produit trois courts métrages qui ont tous très bien marché. J’ai eu la chance de travailler avec Robert Hossein, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Mocky, Christine Gouze-Rénal… Mais il y a six ans, alors que j’étais sur un premier projet de film long, Larmes blanches, j’ai eu un grave accident à 130 km/h sur l’autoroute. J’ai alors vécu ce que certains appellent une NDE (expérience de mort imminente). A ce moment-là, j’ai fait une rencontre avec le Sacré-Cœur de Jésus. Il pleurait devant moi ! Je lui ai demandé pourquoi et il m’a répondu « de tant d’indifférence de la part des hommes, à qui pourtant j’ai tout donné ». Devant sa souffrance d’être rejeté par nous ses enfants, mon cœur n’a fait qu’un tour et je lui ai dit : « je voudrais revenir sur Terre pour témoigner de ton amour fou pour nous tous et pour consoler ton cœur souffrant de nos péchés et de ton indifférence. Et boum, me voilà ! » C’est dans ce dynanisme là qu’est né La Mante Religieuse ; il ne faut donc pas s’étonner si ce film bouscule pour aller au cœur de la miséricorde !

A. : Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis cet accident ?

N. S. : J’avais déjà la foi mais j’étais alors davantage dans une « idée » de Dieu. Je suis passé de l’état d’une femme qui rêve du grand amour, de son Roméo, en quelque sorte, à l’amour concret de Dieu et à son accueil dans ma vie. En fait, je suis passé de la foi « pantoufle », à la vrai rencontre du cœur, à la vraie rencontre du cœur, qui est de l’ordre du physique. Souvent on croit connaître Dieu et en réalité on l’enferme, pour se rassurer. Mais en fait, son amour ne s’enferme pas, il nous dépasse totalement !

A. : Que vous apporte la foi ?

N. S. : Je suis traversée comme par un courant d’air chaud permanent ! Dieu est meilleur que les plus grands vins de la Terre, c’est ça le vrai bonheur : c’est de nous laisser aimer par Lui, tels que nous sommes, malgré nos nombreuses imperfections. Il n’y a pas de casting avec Lui ! La foi donne un sens à ma vie, un sens réel et éternel. Pour ainsi dire : Dieu est le sens, et l’essence, c’est l’amour. Croire en Dieu c’est croire qu’Il est tout amour et que cet amour est plus fort que la mort. Vous savez, les super héros des Comics et des grosses productions américaines sont une pâle copie de ceux qui ont la foi : eux aussi rien ne les détruit, même pas la mort. D’ailleurs, avoir la foi ce n’est pas éviter la souffrance, mais c’est porter celle-ci avec la croix du Christ : Dieu t’aide à la porter, tu te réjouis en Dieu, il te sauve !

A. : Pourquoi avoir écrit La Mante Religieuse ?

N. S. : Quelque temps après mon accident, j’ai écrit le scénario de la Mante Religieuse. En douze jours : il a jaillit spontanément. En me relisant, j’ai bien vu que c’était une belle histoire d’amour avec le Seigneur que je voulais partager. Vous me direz que pour témoigner d’une rencontre avec le Christ, il n’y a absolument pas besoin d’un film, car même une personne allongée sur son lit d’hôpital peut le faire. Mais, de mon côté, je savais que mon charisme était le cinéma… C’était donc répondre à la question « qu’as-tu fait du talent qui t’est confié ». Car pour moi, les talents que j’ai reçus en tant que metteur en scène et auteur sont de Dieu. Les mettre à son service, pour les faire fructifier, au service de l’évangélisation, c’est une façon de remercier Dieu, de lui dire mon amour pour Lui, de lui rendre grâce.

Il fallait donc vraiment que je m’y mette, et le plus sérieusement et professionnellement possible… D’ailleurs je ne compte pas m’arrêter là, ce n’est que le début et, croyez-moi, je n’ai fini de sévir dans le milieu du cinéma ! Tout en sachant que nous sommes à contre-courant de l’esprit du monde. Ce qui est le plus terrible pour le Seigneur, c’est, encore une fois, de rester indifférent à lui…

A. : Sans tout dévoiler aux lecteurs de ce blog, quel est le pitch de la Mante Religieuse ?

N. S. : C’est donc l’histoire d’une jeune femme, Jézabel qui correspond à beaucoup de nos contemporains : belle, artiste, dans l’urgence du monde actuel, peintre très cotée à l’international… Elle n’a pas la foi et tombe dans une consommation des autres et d’elle-même. Elle est ainsi dans tous les excès, comme Marie-Madeleine possédée par ses sept démons. Malgré l’argent et le succès, elle est malheureuse comme une pierre. C’est donc une dénonciation du mal. Elle correspond donc à toute une génération, qui au lieu de regarder vers la lumière, descend de plus en plus bas, en spirale. Mais là, Jézabel rencontre un prêtre, le Père David… C’est donc l’histoire de deux mondes qui vont s’affronter. Qui l’emportera ? Mystère !…

A. : Comment avez-vous fait pour réussir à réunir presque 2 millions d’euros pour produire votre film, en partant de rien ?

N. S. : « Si tu as la foi grosse comme un grain de moutarde… » Je dois bien dire que sans Dieu et la motivation de travailler pour Lui, jamais je n’y serais arrivée. Dans l’abandon et les mains du Seigneur, j’ai pu être son instrument. Alors des portes se sont mystérieusement ouvertes, avec de très belles rencontres à la clef !

A. : A qui s’adresse en priorité votre film ?

N. S. : A tous les publics, mais en priorité la jeunesse désœuvrée, en perte de sens, et tous ceux qui n’ont pas la grâce de la foi. Malheureusement, donc, un très large public !

A. : En quoi le cinéma peut-il aider à faire une rencontre avec Dieu ?

N. S. : Il n’y a rien de plus touchant, de plus physique qu’un film. Un film fait tout de suite appel à vos sens : la vue par l’image, l’ouïe par le son et la force de la musique… Un film parle au conscient et à l’inconscient. A cette prédisposition naturelle s’ajoute l’immersion : vous êtes seul, dans une salle où l’on vous demande de couper votre portable, où ne pouvez pas zapper et changer chaîne, ni visiter un autre site Internet… Ainsi, vous pouvez touchez les cœurs par le message que vous aller faire passer, c’est-à-dire la Bonne Nouvelle que Dieu vous aime et ne vous a pas abandonnés, qu’il ne veut pas vous enfermer dans votre péché mais au contraire vous sauver par son infinie miséricorde ! Là, il se passe alors quelque chose. D’ailleurs, il y a déjà des débuts de conversion autour du film… mais je ne vous en dis pas plus pour le moment !

A. : Comment se sont passées les avant-premières ?

N. S. : La trentaine d’avant-premières a affiché complet alors qu’il n’y avait pas encore de retombées presse nationales. Que ce soit à Lille, Lyon, Strasbourg, Versailles, Toulouse, ou Paris, les salles étaient remplies de jeunes. Demain le film sort en salles : l’aventure ne fait que commencer !

La Mante Religieuse: n’écoutez pas les critiques!

La Mante religieuse

A l’occasion de la sortie en salles de La Mante Religieuse, Anuncioblog reprend du service. Nous commençons avec Aubry, qui nous raconte l’histoire de ‘Manon’.

Manon porte très bien ce look un peu ébouriffé où voisinent, dans un piquant mélange nourri par les stylistes de H&M, jean Mystery de Salsa (qui ‘sublime vos formes’), un soutien-gorge corbeille et son ‘adorable petit tanga rouge’ qui débordent à dessein (si je puis dire …) de son caraco à la Beyoncé mal ajusté. Si elle ne cachait plus ou moins bien tout cela sous une petite veste noire et la longue masse soyeuse de ses cheveux châtains savamment en désordre, vous  apercevriez sans doute, cinq étoiles diamantées constellant l’oreille droite et le dard noir d’un scorpion, tatoué à l’endroit même où l’étoffe délavée du jean laisse entrevoir la peau.

En ce moment, Manon est la copine de Kevin. Elle l’a en fait rencontré sur www.adopteunmec.com (‘c’est frais !’) et ils se voient de temps en temps quand il ne regarde pas un match avec ses potes en engouffrant pizzas spéciales Mundial 2014 et canettes de 33 Export (pas chères quand on les prend par pack de 24 chez Leader Price). Quand il n’est pas trop  ‘déchiré’ par quelque excès de mousses, Kevin est mignon. Manon a même un selfie d’eux deux sur la page d’accueil de son Samsung Galaxy et sur sa page Facebook.  Et lui, Kevin, il est content : il a une moto, un Iphone 5C avec une coque Brazil jaune, bleue, noire et verte, un téléviseur LG grand écran 3D, une paire de Nike Magista et … une copine. La mère de Manon – qui élève seule ses deux dernières filles à Créteil depuis que leur père s’est installé à Marseille avec sa ‘s… d’ex-collègue de boulot’  – croit même que Kevin est son ‘fiancé’.

 Mais des ‘fiancés’, elle sait qu’elle en a déjà eu pas mal, Manon(*). 

Et elle leur a déjà beaucoup donné à chacun des signes de son attachement : faire une petite gâterie dans le bus à la sortie de classe des terminales ou mater régulièrement avec sa bande un film porno téléchargé illégalement sur internet  dans la piole d’un copain. Elle a même accepté un jour un ‘plan à trois’ pour faire plaisir à ce ‘c…… d’Anthony’ qui l’avait persuadée qu’elle était ‘bi’ ! Au début, elle voulait voir, car si on en croit la télé, les magazines féminins et les forums sur Internet, ça se fait couramment aujourd’hui. Mais Manon se dit que, chaque fois, ca lui laisse un goût amer, le sentiment que ce n’est pas en fait des trucs très clean.

D’ailleurs, elle n’a pas l’air comme cela, Manon, mais elle sait une chose : c’est qu’elle ne sait pas très bien où elle en est.

Comme la plupart des jeunes de sa génération, elle ne sait pas très bien (derrière son enfilage de petits boulots, ses sorties en boite, ses après-midi shopping avec ses copines au centre commercial – où elle crame trop vite son maigre salaire – et ses heures infinies passées devant l’écran de son ordinateur) si sa vie a du sens. Elle aimerait participer à ‘Master Chef’, être riche et insouciante comme Paris Hilton ou être invitée au mariage de Kim Kardashian et de Kanye West. Mais elle ne croit pas qu’elle puisse accéder un jour à ce monde-là que lui révèle à longueur de pages : Elle, Grazia, Voici, Public ou Paris-Match. Manon ne croit pas à grand’ chose, ni en grand monde d’ailleurs. Et ce n’est pas l’actualité qui va la persuader du contraire !

Elle sait qu’elle a eu à deux reprises l’envie d’avaler plusieurs tubes de médocs pour en finir comme déjà deux de ses amies. Elle sait qu’avec Kevin, elle fume de plus en plus de ‘beuh’ pour partir un moment ailleurs. Elle sait qu’elle ne va pas si bien que cela quand elle doit s’enquiller dans la même journée ses 53 minutes de RER, ses 102 décibels de bruits stridents à la cafétéria, ses 3,5 kilomètres de données administratives à saisir à la chaine sur son clavier et les innombrables tronches de zombie rencontrées au gré de ses déplacements. Elle sait que, régulièrement, elle ne dort pas la nuit et que, même, elle pleure doucement quand elle pense à son avenir.

Elle ne prie pas, et pour cause : Dieu, elle ne l’a jamais rencontré. Elle ne sait même pas qui c’est !

Si ! Elle a bien vu qu’il y a des grands bâtiments tarabiscotés qu’on appelle des églises. Elle y est même entrée une fois. Avec une copine, par curiosité, mais bon, il ne s’y est rien passé de particulier. A part, cet homme avec son slip bizarre, cloué tout nu sur une croix de bois, que les gens appellent Jésus et qu’on voit partout. Mais bon, vu son état, elle a du mal à s’imaginer qu’il est encore vivant et qu’il puisse faire quelque chose pour elle…

Pour se changer la tête, elle préfère regarder des clips en boucle ou mater un film, avec ou sans Kevin. Pendant deux heures au moins, elle est ailleurs.

Des films, des vidéos, elle en voit pas mal ; surtout quand elle trouve les acteurs beaux, qu’elle les a vus à la télévision ou qu’on a parlé d’eux dans les rubriques People des magazines qu’elle feuillette chez le coiffeur. Elle va les voir au cinéma ou elle les regarde en VOD – plus ou moins légales – sur un ordi.

Bientôt ou un jour, elle verra ‘La Mante Religieuse’, le film avec Mylène Jampanoï (‘trop belle !’), sorti le 4 juin 2014. L’affiche est rouge et noire – ses couleurs préférées – et elle sent bien que l’histoire va lui plaire. Ca semble chaud, intense, un peu noir peut-être, comme ces films qu’elle avait ‘kiffés grave’ quand elle était ado. Et visiblement, elle n’est pas la seule à se laisser tenter si on en croit le buzz et le nombre de salles qui l’affichent.

Mes amis, Manon (et sans doute Kevin) verra ‘La Mante Religieuse’ grâce à nous, à chacun de nous.

Et là dans le mystère de son cœur, elle aura peut-être la chance de regarder le monde et son avenir différemment. De faire une rencontre avec le ‘Tout Autre’. De découvrir que si elle ne croit pas en Dieu, « Lui, au moins, croit en elle » (merveilleuse scène magistralement jouée par Genevève Casile de la Comédie Française). Elle aura peut-être une chance de prendre la mesure de l’indestructible puissance de l’Amour.  Manon ne sortira pas indemne de cette histoire dont elle ne cessera de parler et de reparler avec ses copines, sa mère, à la cafét’, au bureau, avec Kevin (peut-être …). Et nous devons lui permettre, leur permettre, de vivre cet instant.

Comment ? C’est très simple.  En allant nombreux (sans nos jeunes enfants, quand-même …) voir ou revoir ‘La Mante Religieuse’ de Natalie Saracco qui sort dans les salles le mercredi 4 juin prochain.

Quelle que soit votre disposition d’esprit, vous serez saisis par le film et aurez plaisir à en reparler autour de vous, par mail ou sur votre page Facebook !

Or, tout va se jouer les 4, 5, 6, 7, 8, au mieux 9 juin 2014 !  Si les salles sont bien remplies, vous accroissez mécaniquement (c’est la loi d’airain de l’industrie du cinéma) la durée de mise à l’affiche, la promotion, les copies clandestines (et oui !) et le nombre de salles projetant cette œuvre intelligente et sensible. Et vous accroissez automatiquement les chances de Manon, Kevin et leurs amis de pouvoir rencontrer Celui qui n’est qu’Amour avec un grand A, à un moment et sous une forme qui peut les toucher, là où ils sont, là où ils en sont.

J’ai entendu les critiques véhémentes et respectables de ceux qui vous diront que ce film est ‘inutilement trash’, qu’il ne ‘respecte pas la figure du prêtre’, qu’il  ‘caricature l’Eglise’ ! Je sais qu’il met en scène des situations et des personnages que beaucoup trouveront ‘limites’. Je l’ai vu deux fois. J’ai compris qu’il s’inscrit dans des vies qui ne sont pas obligatoirement les nôtres. Il reste une fiction. Mais il est aussi une sorte de Bible des temps modernes où Dieu parle à nos cœurs, à nos âmes, à nos intelligences par les fêlures de notre humanité.

En son temps aussi, Jésus n’était pas ‘casher’. Il prenait ses repas avec les païens, passait du temps avec Marie-Madeleine, les prostituées ou les femmes adultères. Il guérissait les malades le jour du Sabbat. Ses disciples n’étaient majoritairement pas trop dans les normes.  Et les Pharisiens s’en émouvaient avec véhémence, allant jusqu’à le faire crucifier pour témoigner de leur fidélité à l’ancienne Alliance. J’espère surtout que vous aurez le bonheur – comme de plus en plus de personnes – de rencontrer, d’écouter (ou de regarder sur www.jaimelamante.com) Natalie Saracco, la lumineuse créatrice et réalisatrice de ce film qui a vraiment quelque chose de très important à nous dire.

Aubry

 

(*) « Sexe : ce que vous cachent les jeunes » (L’Express) – « 15 % des Français ont déjà fait un ‘plan à trois’ » (Madame Figaro) – « Amour sexo » (Marie-Claire)