Archives mensuelles : décembre 2011

Bref, c’est bientôt Noël

Anuncio et la Frassateam font le Buzz depuis quelques jours avec la parodie de Bref. Tourné cet automne dans les locaux de la Casa Anuncio, la Frassateam nous propose trois épisodes pour l’Avent.
Une manière ludique et chrétienne de rappeler cette période de préparation de Noël.
Découvre vite ces vidéos !
Bref, à voir et revoir, et à diffuser !

KTO très probablement candidate sur la TNT en 2012

KTO sera très probablement candidate pour le prochain appel de candidatures à l’obtention d’une fréquence pour la Télévision Numérique Terrestre (TNT). La ‘télévision catholique’ tenue par le diocèse de Paris pourrait officialiser sa candidature fin 2011, début 2012. Six nouvelles fréquences seront attribuées par le CSA et KTO a toutes ses chances d’obtenir une place dans le saint des saints du PAF. Retour en détails sur une bataille qui ne fait que commencer pour l’évangélisation par les ondes.

Un billet à lire sur Jésus prem’sle blog de Jean-Baptiste Maillard.

Benoît XVI : « L’unité des chrétiens, indispensable à l’évangélisation »

Message de Benoît XVI à Bartholomaios Ier

Evoquant la « responsabilité » commune des chrétiens, le pape Benoît XVI se réjouit des progrès des relations fraternelles avec le Patriarcat oecuménique et il se dit l’urgence de l’unité et de l’évangélisation : « L’avenir de l’évangélisation dépend du témoignage d’unité donné par l’Église et de la qualité de la charité ».

Le pape a en effet adressé un message au patriarche oecuménique Bartholomaios Ier à l’occasion de la fête du saint patron du patriarcat, saint André, frère de saint Pierre (cf. Ci-dessous, « Documents » pour le texte intégral en français). Un cadeau et le message autographe du pape ont été remis au patriarche par le cardinal Koch qui l’a lu lors de la célébration de cette fête.

« Les circonstances actuelles, qu’elles soient d’ordre culturel, social, économique, politique ou écologique, posent aux catholiques et aux orthodoxes exactement le même défi », fait observer le pape qui précise : « L’annonce du mystère du salut à travers la mort et la résurrection de Jésus Christ a aujourd’hui besoin d’être renouvelée avec force dans de nombreuses régions qui, les premières, accueillirent la lumière et subissent aujourd’hui les effets d’une sécularisation en mesure d’appauvrir l’homme dans sa dimension la plus profonde. »

C’est pourquoi Benoît XVI souligne l’urgence de l’unité et de la charité vécue. « Face à l’urgence d’une telle tâche, insiste Benoît XVI, nous avons le devoir d’offrir à l’humanité tout entière l’image de personnes ayant acquis une maturité dans la foi, capables de se rassembler malgré les tensions humaines, grâce à la recherche commune de la vérité, en ayant conscience que l’avenir de l’évangélisation dépend du témoignage d’unité donné par l’Église et de la qualité de la charité, comme nous l’a enseigné le Seigneur dans la prière qu’il nous a laissée : « Qu’ils soient un, afin que le monde croie » (Jn 17, 21). »

Le pape a présenté ses vœux au patriarche pour le XXe anniversaire de son élection, et il a fait remarquer leur communion : « C’est pour moi un très grand réconfort de constater que Votre Sainteté également, depuis quelle a été appelée au ministère d’Archevêque de Constantinople et de Patriarche œcuménique, il y a vingt ans, a toujours eu à cœur la question du témoignage de l’Église et de sa sainteté, dans le monde contemporain. »

Un échange de délégations est devenu traditionnel entre le Vatican et le Phanar pour les fêtes de saint Pierre et saint Paul, saints patrons de l’Eglise de Rome (29 juin), et saint André, saint patron de l’Eglise de Constantinople (30 novembre).

La délégation de Rome au Phanar ce 30 novembre est conduite par le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, accompagné de Mgr Brian Farrell, secrétaire de ce dicastère, et du P. Andrea Palmieri, de la section orientale de ce conseil pontifical. Le nonce apostolique, Mgr Antonio Lucibello a rejoint à Istanbul la délégation qui a assisté à la Divine liturgie présidée par le patriarche œcuménique qui fêtait également le XXe anniversaire de son élection.

La visite est aussi l’occasion d’échanges avec la Commission synodale du Phanar pour les relations avec l’Eglise catholique. Le cardinal Koch a également rencontré la communauté catholique locale, et il a parlé de l’œcuménisme avec les religieux et les religieuses.

Source : Zenit (texte intégral)

“La nouvelle évangélisation ne concerne pas seulement l’Europe mais le monde entier”

 

Le CCEE célèbre ses 40 ans

“La nouvelle évangélisation ne concerne pas seulement l’Europe mais le monde entier”, a affirmé Mgr Rino Fisichella, en conclusion du séminaire sur l’Europe et la nouvelle évangélisation qui s’est déroulé à Rome le 22 novembre dernier.

La rencontre était organisée par le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) en collaboration avec le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Un nombre significatif de cardinaux, archevêques, évêques – en représentation des diocèses européens – présidents, secrétaires et sous-secrétaires de la Curie vaticane, ambassadeurs près le Saint Siège, y ont participé. Cette rencontre avait pour dessein de célébrer les quarante ans d’activité du CCEE au service de la communion entre les évêques en Europe.

Mgr Fisichella a rappelé que la nouvelle évangélisation est nécessaire pour répondre à la crise anthropologique, éthique et sociale, causée par la suppression de Dieu dans le monde des hommes.

Selon le président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, l’enthousiasme d’une foi raisonnable est la clé pour faire renaître le monde entier en vérité et liberté.

A ce propos, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, a souligné que “l’Evangile doit être annoncé avec une ardeur nouvelle, de nouvelles méthodes et de nouvelles expressions, aux baptisés dont la foi s’est éteinte et qui ne sont plus pratiquants”.

“La nouvelle évangélisation, a précisé le cardinal, n’est pas seulement un ‘remède’, mais un ‘nouveau printemps’; un moyen de valoriser les nouveaux bourgeons qui pointent sur un vieux bois”.

Pour le secrétaire d’Etat, il est temps de redécouvrir le “premier amour”, qui est “reflet de l’amour immense dont Dieu Père a témoigné en nous donnant son Fils”, parce que ce “premier amour” est la force qui motive le cœur et les pas de tant de nouveaux évangélisateurs: personnes, familles, communautés, mouvements ecclésiaux, comme on a pu le constater dans la rencontre du 15 octobre dernier au Vatican.

Le cardinal Péter Erdő, archevêque d’Esztergom-Budapest et président du CCEE, a relevé que, bien que la sécularisation semble prévaloir, “l’Eglise offre au monde par sa doctrine, l’art et la liturgie, un regard vers le Mystère de Dieu, capable d’ouvrir le cœur et la raison humaine”.

“L’évangélisation, a-t-il ajouté, passe toujours et nécessairement par la charité vécue au quotidien”, parce que la charité “est un signe de la présence et de l’amour du Christ”.

Le président du CCEE a conclu en affirmant que “les chrétiens, dans l’appel à la nouvelle évangélisation, sont mis au défi par Jésus et par l’Eglise, ainsi que par le cri des personnes qui cherchent un sens à leur vie, à s’engager pour apporter le réconfort à tous ceux qui souffrent dans leur âme ou dans leur corps”.

Le professeur Philippe Capelle-Dumont de la faculté de philosophie, de l’Institut Catholique de Paris, est intervenu sur le thème : “Le contexte culturel de l’Europe actuelle et l’Evangile”, expliquant comment le tout s’organise dans la recherche de Dieu.

A ce propos, Luca Volontè, parlementaire au Conseil de l’Europe, a expliqué que “dans cette période de longue crise générale, il faut exploiter la grande opportunité de l’Europe”.

“A l’Europe en crise d’identité et à nos concitoyens, a-t-il précisé, nous devons dire que c’est l’urgence du Christ qui transforme les batailles nationales et européennes de la politique et de la société. Un grand appel à une mobilisation de sagesse est nécessaire pour la croissance de ce ‘néo-humanisme’, duquel l’Europe a un besoin urgent”.

Source : Zenit

Nouvelle évangélisation : le rôle « stratégique » des étudiants internationaux

 

L’évangélisation passe par la culture

Les étudiants internationaux représentent “une réalité de grand intérêt” pour l’Eglise, et ils ont même un « rôle stratégique », a estimé Mgr Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. “Leurs migrations sont autant d’opportunités d’évangélisation ou de nouvelle évangélisation, a-t-il estimé”.

C’était lors du IIIème congrès mondial de la pastorale pour les étudiants internationaux, du 30 novembre au 3 décembre dernier. Ce IIIème congrès mondial, a pour but, a-t-il alors rappelé, d’approfondir les « caractéristiques de la mobilité internationale étudiante dans le domaine de la rencontre des cultures ».

Un « rôle stratégique »

Mgr Vegliò a appelé avec insistance à découvrir le « rôle stratégique » des étudiants internationaux, « pour le futur de leurs nations » et « pour le bien de la communauté internationale tout entière et de l’Eglise ».

L’archevêque constate en ce sens que « la mobilité des étudiants internationaux est en train d’acquérir une grande importance sociopolitique et économique », devenant ainsi une « réalité de grand intérêt », pour l’Eglise.  Mgr Vegliò diagnostique chez les étudiants actuels « la capacité intellectuelle » et « la passion de s’aventurer à la recherche d’un avenir meilleur ».

« L’étudiant migrant porte avec lui, un patrimoine de connaissance et de valeurs, de mentalité et de comportement, formé dans sa foi et dans sa culture », ajoute Mgr Veglio.

« Il s’agit donc, souligne-t-il, de mettre en valeur, à la lumière de la foi catholique et de la raison, de la vérité et de la charité, ces éléments positifs » à savoir « leur façon de professer la foi, de penser, d’entrer en relation avec les autres, de s’exprimer, de se développer pour le bien de la société humaine et de l’Eglise. »

Selon l’archevêque, grâce à ces étudiants, « la fraternité universelle et le dialogue entre la foi et la culture, la raison et la science » sont rendus possibles dans les cadres « scolaire, universitaire, multiethnique, multiculturel. »

La migration, chance pour l’évangélisation

Parce qu’il « se familiarise avec les sociétés et les cultures d’accueil », fait observer Mgr Vegliò, l’étudiant international pourra devenir « artisan et protagoniste » de l’Evangélisation.

L’archevêque en déduit que « la migration des étudiants internationaux offre donc à l’Eglise un don spécial, dans la mesure où ils sont acteurs et destinataires de sa mission » : « Ils contribuent ainsi à l’évangélisation et à la « nouvelle évangélisation », à la création d’un nouvel humanisme de fraternité et de solidarité, de respect et d’unité dans la diversité. »

Citant le Concile Vatican II, l’archevêque rappelle que l’Eglise s’est toujours servi des différentes cultures « pour diffuser et expliquer, dans sa prédication, le message du Christ à tous les peuples ». Ceci, à l’image de la révélation de Dieu qui « a parlé selon le type de culture propre aux diverses époques historiques ».

Lorsque la prédication entre « en communion » avec les différentes cultures, elle enrichit aussi bien l’Eglise que ces cultures : « L’Evangile du Christ renouvelle continuellement la vie et la culture, il féconde de l’intérieur, il fortifie, complète et restaure dans le Christ les qualités spirituelles et les talents de chaque peuple. »

Mgr Vegliò souligne, en outre, l’importance de cette mission en citant Jean-Paul II : «l’évangélisation missionnaire constitue le premier service que l’Eglise peut rendre à chaque homme et à l’humanité entière dans le monde actuel » : « Aucun de ceux qui croient au Christ, aucune institution de l’Eglise ne peut se soustraire à ce devoir suprême : annoncer le Christ à tous les peuples ».

« La mission, ajoute l’archevêque, renouvelle l’Eglise, renforce la foi et l’identité chrétienne, donne un nouvel enthousiasme et de nouvelles motivations. »

Pour encourager les travaux du congrès, Mgr Vegliò rappelle que Benoît XVI a invité, dans le contexte actuel des migrations et des mélanges de populations, « à la recherche patiente, rigoureuse et humble, de la lumière qui vient de la Vérité » (Africae Munus n°135).

Source : Zenit

« La nouvelle évangélisation a besoin de témoins crédibles »

Marie Lussignol dans la vidéo de la Frassateam intitulée 'J'ai relancé ma vie spirituelle'

La nouvelle évangélisation a besoin de « témoins crédibles » capables de transmettre leur foi, indique d’un communiqué du secrétariat du synode des évêques à propos du prochain synode sur « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne » qui aura lieu au Vatican en 2012, du 7 au 28 octobre.

Le secrétariat général du Synode des évêques a en effet tenu son conseil ordinaire les 22 et 23 novembre avec la participation de représentants des cinq continents. La prochaine réunion du conseil se tiendra les 16 et 17 février 2012, explique un communiqué publié le 1er décembre par la salle de presse du Saint-Siège.

La préparation du synode en est arrivé en effet à la synthèse des réactions reçues du mode entier au document de base : les « Lineamenta », dont le premier chapitre est « l’urgence d’une nouvelle évangélisation » Le document a été présenté au Vatican le 4 mars 2011. Il affirme notamment que la nouvelle évangélisation, c’est « une attitude, un style audacieux », pour manifester « la force transformatrice du message évangélique ».

Le conseil synodal a donc maintenant planché sur l’élaboration du plan du second document, l’ « Instrument de travail » de l’assemblée d’octobre prochain, l’Instrumentum laboris.

Les membres du conseil ont évoqué les défis du monde moderne – des mutations à l’agnosticisme en passant par la sécularisation – et ils ont évoqué des pistes de réponses : il faut certes des moyens et des langages nouveaux, mais surtout, des « témoins crédibles ».

C’est par ces témoins que la foi pourra être transmise aux nouvelles générations, notamment grâce au rôle irremplaçable de la « famille » et de « l’école » pour éduquer à la foi.

Le conseil synodal appelle aussi de ses vœux un « nouveau comportement missionnaire » pour rejoindre non seulement les baptisés qui ont abandonné la foi, mais aussi ceux qui se disent non-croyants, agnostiques ou disciples d’une autre religion.

Ce synode sera en outre l’occasion de célébrer des anniversaires significatifs : le 50e anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II par le bienheureux Jean XXIII (10 octobre 1962), le 20e anniversaire de la promulgation par le bienheureux Jean-Paul II du Catéchisme de l’Eglise catholique (11 octobre 2012).

Ce sera aussi le début de l’Année de la Foi que le pape Benoît XVI a promulguée par la publication de la Lettre apostolique sous forme de motu proprio « La Porte de la Foi » – « Porta fidei », le 17 octobre dernier. « Elle commencera le 11 octobre 2012, explique le pape, lors du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, et se terminera en la solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi de l’univers, le 24 novembre 2013 ».

Source : Zenit

Cantalamessa : « un grand acte de foi et d’espérance pour une nouvelle évangélisation »

« Allez dans le monde entier. La première vague d’évangélisation » : c’est le thème de la première prédication du Père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale pour l’Avent 2011, donnée vendredi dernier au Vatican, en présence de Benoît XVI. Cette année, les prédications ont pour thème l’évangélisation. Dans celle-ci, le Père Cantalamessa est revenu sur la question de la nouvelle évangélisation, en soulignant qu’elle demande « un grand acte de foi d’espérance ».  Texte intégral.

L’Avent 2011 à la Maison Pontificale
Première prédication

La première vague d’évangélisation

En réponse au Souverain pontife qui appelle à de nouveaux efforts d’évangélisation et en préparation du Synode des évêques de 2012 sur le sujet, je me propose de déterminer, dans ces médiations de l’Avent, quatre vagues de nouvelle évangélisation, soit quatre moments qui, dans l’histoire de l’Eglise, ont été marqués par une accélération ou une reprise de l’engagement missionnaire. Voici ces moments :
1. Les trois premiers siècles de l’expansion du christianisme, jusqu’à la veille de l’édit de Constantin où les personnages clefs sont d’abord les prophètes puis les évêques;
2. les VIe-IXe siècles où l’on assiste, grâce aux moines, à une nouvelle évangélisation de l’Europe après les invasions barbares;
3. le XVIe siècle avec la découverte et la conversion au christianisme des peuples du « nouveau monde », par les religieux;
4. l’époque actuelle qui voit l’Eglise engagée dans une nouvelle évangélisation de l’occident sécularisé, avec la participation déterminante des laïcs.

A chacune de ces époques, je tâcherai de mettre en évidence ce que nous pouvons apprendre pour l’Église d’aujourd’hui: quelles sont les erreurs à éviter et les exemples à imiter et quelle contribution spécifique les moines, les religieux de vie apostolique et les laïcs peuvent apporter à cette évangélisation.

1. La diffusion du christianisme, aux trois premiers siècles
Commençons aujourd’hui par une réflexion sur l’évangélisation chrétienne aux trois premiers siècles. Il y a surtout une raison qui fait de cette période un modèle pour tous les temps. C’est l’époque où le christianisme se fraye un chemin en ne comptant exclusivement que sur ses propres forces. Aucun « bras séculier » n’est là pour le soutenir ; les conversions ne sont le résultat d’aucun avantage extérieur, matériel ou culturel; être chrétien n’est pas une habitude ou une mode, mais un choix à contre-courant, au péril même souvent de la vie. En un certain sens, cette situation est celle que les chrétiens connaissent aujourd’hui certaines régions du monde.
La foi chrétienne naît avec une ouverture universelle. Jésus avait dit à ses disciples d‘aller « dans le monde entier » (Mc 16, 15), de « faire des disciples dans toutes les nations » (Mt 28, 19), d’être ses témoins « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8), de « proclamer la conversion en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations » (Lc 24, 47).
L’application de ce principe d’universalité apparaît déjà dans la génération des apôtres, toutefois non sans difficultés ni déchirures. Le jour de la Pentecôte, la première barrière franchie est celle de la race (les trois mille convertis étaient de peuples différents, mais tous des prosélytes du judaïsme); dans la maison de Corneille et au Concile dit « de Jérusalem », surtout sous l’impulsion de Paul, c’est la barrière la plus tenace de toutes qui est franchie, la barrière religieuse qui divisait les juifs des païens. L’Evangile a désormais devant lui le monde entier, même si ce monde, selon la connaissance des hommes de l’époque, se limite au bassin méditerranéen et aux frontières de l’empire romain.
Suivre l’expansion concrète ou géographique du christianisme au cours des trois premiers siècles est plus complexe mais finalement moins nécessaire pour notre but. L’étude la plus complète, et toujours en vigueur, sur le sujet, est celle d’Adolph von Harnack, « Mission et expansion du Christianisme aux trois premiers siècles » .
Dans l’Eglise, l’activité missionnaire connaît une forte poussée sous l’empereur Commode (180-192) et puis dans la seconde moitié du IIIe siècle, c’est-à-dire à la veille de la grande persécution de Dioclétien (302). A part quelque persécution locale sporadique, ce fut une période où l’Eglise naissante, a pu se fortifier au plan interne et développer une activité missionnaire d’un genre nouveau.
Voyons en quoi consiste cette nouveauté. Au cours des deux premiers siècles, la propagation de la foi était confiée à l’initiative personnelle. Les prophètes itinérants, dont parle la Didaché, se déplaçaient d’un endroit à l’autre ; beaucoup de conversions étaient le résultat de contacts personnels, favorisés par l’exercice d’un même métier, par des voyages et des rapports commerciaux, par le service militaire ou d’autres circonstances de la vie. Origène nous offre une description émouvante du zèle de ces premiers missionnaires:
« Les chrétiens font tout leur possible pour répandre la foi dans le monde. Certains, à cette fin, se donnent formellement pour mission de vie, d’aller de ville en ville, mais aussi de bourg en bourg et de villa en villa pour gagner de nouveaux fidèles pour le Seigneur. Et l’on ne dira pas, je l’espère, que ceux-ci le font pour y gagner quelque chose, parce que souvent, ils refusent même d’accepter ce qui est nécessaire pour vivre » .

Maintenant, c’est-à-dire dans la seconde moitié du IIIe siècle, ces initiatives personnelles sont de plus en plus coordonnées et en partie remplacées par la communauté locale. L’évêque, ne serait-ce que par réaction face aux poussées destructrices de l’hérésie gnostique, arrive à prendre le dessus sur les maîtres, à jouer son rôle central dans la vie interne de la communauté, devenant aussi le moteur de son activité missionnaire. La communauté est désormais le sujet évangélisateur, au point qu’un expert comme Harnack, que l’on ne saurait soupçonner de sympathie pour l’institution, peut affirmer: « Nous devons tenir pour vrai que la seule existence et le travail constant de chaque communauté furent le facteur principal de la propagation du christianisme ».
Vers la fin du IIIe siècle, la foi chrétienne a pratiquement pénétré chaque couche de la société. Elle a désormais sa propre littérature en langue grecque et une autre, qui vient de commencer, en langue latine. Son organisation interne est solide. Elle commence à construire des édifices de plus en plus larges, signe que le nombre des croyants grandit. La grande persécution de Dioclétien, à part les nombreuses victimes, n’a fait que mettre en lumière la force désormais irrépressible de la foi chrétienne. Le dernier bras de fer entre l’empire et le christianisme en a donné la preuve.
Constantin ne fera, au fond, que prendre acte de ce nouveau rapport de force. Ce n’est pas lui qui imposera le christianisme au peuple, mais le peuple qui lui imposera le christianisme. Des affirmations comme celles de Dan Brown dans le roman : « Da Vinci code » et d’autres divulgateurs, selon lesquels Constantin, pour des raisons personnelles, aurait transformé, par un édit de tolérance et avec le concile de Nicée, une sombre secte religieuse judaïque en religion de l’empire, se fonde sur une totale ignorance de ce qui précéda de tels évènements.

2. Les raisons du succès
Une question qui a toujours passionné les historiens est celle des raisons du triomphe du christianisme. Un message né dans un coin obscur et méprisé de l’empire, au milieu de gens simples, sans culture et sans pouvoir, s’étend, en moins de trois siècles, au monde connu de l’époque, finissant par dominer la culture extrêmement raffinée des Grecs et la puissance impériale de Rome!
Parmi les différentes raisons de ce succès, certains insistent sur l’amour chrétien et l’exercice actif de la charité, jusqu’à faire de celui-ci « le plus puissant facteur, singulièrement pris, du succès de la foi chrétienne », au point d’induire, plus tard, l’empereur Julien l’Apostat à doter le paganisme des mêmes œuvres de charité pour s’opposer à un tel succès.
Harnack, pour sa part, donne une grande importance à ce qu’il appelle la nature « syncrétiste » de la foi chrétienne, c’est-à-dire à la capacité de concilier en soi des tendances opposées et les différentes valeurs présentes dans les religions et dans la culture de l’époque. Le christianisme se présente, en même temps, comme la religion de l’Esprit et de la puissance, c’est-à-dire accompagnée de signes surnaturels, de charismes et miracles, et comme la religion de la raison et du Logos intégral, « la vraie philosophie », aux dires du martyr St Justin. Les auteurs chrétiens sont « les rationalistes du surnaturel » , affirme Harnack en citant Paul et ses propos sur la foi décrite comme « l’adoration véritable » (Rm 12,1).
De cette façon, dans un équilibre parfait, le christianisme réunit en lui ce que le philosophe Nietzsche définit comme l’élément apollinien et l’élément dionysiaque de la religion grecque, le Logos et le Pneuma, l’ordre et l’enthousiasme, la mesure et l’excès. C’est ce que les Pères de l’Eglise entendaient, au moins en partie, avec le thème de la « sobre ivresse de l’Esprit ».
« Dès le début, écrit Harnack au terme de sa recherche monumentale, la religion chrétienne a révélé une universalité qui lui a permis d’assumer la vie tout entière, avec toutes ses fonctions, ses élévations et ses profondeurs, ses sentiments, ses pensées et ses actions. C’est cet esprit d’universalité qui a garanti sa victoire. C’est ce qui l’a conduite à professer que le Jésus qu’elle annonçait était le Logos divin … Une nouvelle lueur l’éclaire, et cette puissante attraction qui fait qu’elle est arrivée à absorber l’Hellénisme, à le subordonner à elle, se révèle presque comme une nécessité. Tout ce qui, d’une certaine façon, était encore capable de vie entra comme un élément dans sa construction… Comment une telle religion aurait-elle pu ne pas gagner ? »
L’impression que l’on a en lisant cette synthèse est que le succès du christianisme est dû à un ensemble de facteurs. Certains sont allés si loin dans la recherche des raisons d’un tel succès, qu’ils ont trouvé vingt causes en faveur de la foi et tout autant de causes allant en sa défaveur, comme si l’issue finale dépendait de la victoire des premières sur les secondes.
Je voudrais maintenant mettre en évidence la limite d’une telle approche historique, bien que celle-ci soit faite par des historiens croyants comme ceux que j’ai évoqués jusqu’à présent. Cette limite, due à la méthode historique même, est que l’on donne plus d’importance au sujet qu’à l’objet de la mission, aux évangélisateurs et aux conditions dans lesquelles celle-ci a lieu, plus qu’à son contenu.
La raison qui me pousse à le faire est que cette limite est aussi la limite et le danger que l’on retrouve dans beaucoup d’approches actuelles et médiatiques, quand on parle de nouvelle évangélisation. On oublie une chose très simple: que Jésus lui-même avait donné à l’avance une explication à la diffusion de son Evangile et c’est de là que l’on doit repartir à chaque fois que nous nous apprêtons à un nouvel effort missionnaire.
Réécoutons deux brèves paraboles évangéliques, celle du grain qui germe et qui grandit même la nuit et celle du grain de moutarde.
« Il disait: « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le fruit est prêt, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson » (Mc 4, 26-29).

Cette parabole, à elle seule, nous dit que la raison essentielle du succès de la mission chrétienne ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur, qu’elle n’est pas l’œuvre du semeur ni même du sol, mais du grain semé. Le grain ne peut se semer tout seul, mais c’est néanmoins automatiquement et de lui-même qu’il germe. Après avoir jeté le grain, le semeur peut bien aller se coucher, la vie du grain ne dépend plus de lui. Lorsque ce grain est « le grain tombé en terre et qui meurt », autrement dit Jésus Christ, rien ne saurait l’empêcher de « porter beaucoup de fruit ». On peut donner toutes les explications que l’on veut à ces fruits, celles-ci resteront toujours en surface, elles ne saisiront jamais l’essentiel.

L’apôtre Paul est celui qui, avec lucidité, a saisi la priorité de l’objet de l’annonce par rapport au sujet : « J’ai planté, Apollos a arrosé: mais c’est Dieu qui a donné la croissance ». Ces paroles semblent commenter la parabole de Jésus. Il ne s’agit pas de trois opérations ayant le même degré d’importance; l’apôtre ajoute en effet: « Donc celui qui plante ne compte pas, ni celui qui arrose; seul compte celui qui donne la croissance! » (1 Co 3, 6-7). La même distance qualitative entre le sujet et l’objet de l’annonce est présente dans une autre parole de l’Apôtre: « Mais ce trésor, nous, les Apôtres, nous le portons en nous comme dans des poteries sans valeur ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu » (2 Co 4,7). Tout cela se traduit dans ces exclamations programmatiques: « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais Jésus Christ notre Seigneur ! » ; ou encore : « Nous prêchons le Christ crucifié ».

Jésus a prononcé une seconde parabole fondée sur l’image du grain qui explique le succès de la mission chrétienne et dont on doit tenir compte aujourd’hui, devant cette tâche immense qui consiste à réévangéliser un monde sécularisé.

« Il disait : « A quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre » (Mc 4, 30-32).

L’enseignement que le Christ nous donne par cette parabole est que son Evangile, sa personne même, est tout ce qu’il y a de plus petit sur terre car il n’existe rien de plus petit et de plus faible qu’une vie qui finit par une mort sur la croix. Pourtant, cette petite « graine de moutarde » est destinée à devenir un arbre immense, si grand que ses branches ont la capacité d’accueillir tous les oiseaux qui viendront s’y réfugier. Cela signifie que toute la création, vraiment toute, ira s’y réfugier.

Quel contraste par rapport aux reconstructions historiques évoquées plus haut! Là, tout paraissait incertain, aléatoire, suspendu entre le succès et l’échec ; ici, tout est décidé et garanti depuis le début! Dans l’épisode de l’onction à Béthanie, Jésus conclut par ces mots: « Amen, je vous le dis : partout où cette Bonne Nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire » (Mt 26,13). La même conscience tranquille qu’un jour son message aurait été diffusé « dans le monde entier ». Et ne s’agit, certes pas, d’une prophétie « post eventum », car à ce moment-là tout laissait présager le contraire.

En cela aussi, c’est Paul qui, entre tous, a le mieux saisi « le mystère caché ». Il y a un fait qui me frappe toujours : l’Apôtre a prêché à l’Aréopage d’Athènes et il a essuyé un refus du message, de façon polie, avec la promesse de l’écouter à une autre occasion. A Corinthe, où il s’est rendu aussitôt après, il a écrit sa Lettre aux Romains, y affirmant avoir reçu la tâche d’amener « toutes les nations à l’obéissance de la foi » (Rm 1, 5-6). L’insuccès n’a pas le moins du monde égratigné sa confiance dans le message : « Je n’ai pas honte, s’écrie-t-il, de l’Évangile, car il est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui est devenu croyant, d’abord le Juif, et aussi le païen” (Rm 1, 16).

« Chaque arbre, dit Jésus, se reconnaît à son fruit » (Lc 6, 44). Cela vaut pour chaque arbre, à l’exception de l’arbre sorti de lui, le christianisme (et en effet, il parle ici des hommes); il est le seul arbre qui ne se reconnaît pas à ses fruits, mais à sa racine. Dans le christianisme, la plénitude n’est pas à la fin, comme dans la dialectique hégélienne du devenir (« le vrai c’est le tout » ), mais elle est au début; aucun fruit, voire même les plus grands saints, n’ajoute quelque chose à la perfection du modèle. Dans ce sens, celui qui a affirmé que « le christianisme n’est pas perfectible » a raison.

3. Semer et …aller dormir

Ce que les historiens des origines chrétiennes ne retiennent pas, ou qu’ils jugent peu important, est cette incontrôlable certitude que les chrétiens de jadis, du moins les meilleurs d’entre eux, avaient de la bonté et de la victoire finale de leur cause. « Vous pouvez nous tuer, mais nous nuire, jamais », avait dit le martyr St Justin au juge romain qui le condamnait à mort. A la fin, c’est cette tranquille certitude qui leur a garanti la victoire, qui a convaincu les autorités politiques de l’inutilité de leurs efforts pour supprimer la foi chrétienne.

C’est ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui: réveiller chez les chrétiens, au moins chez ceux qui entendent se consacrer à cette nouvelle œuvre d’évangélisation, la certitude intime de la vérité de ce qu’ils annoncent. « L’Eglise, a dit un jour Paul VI, a besoin de retrouver le souci, le goût et la certitude de sa vérité » . Nous devons être les premiers à croire en ce que nous annonçons ; mais y croire vraiment. Nous devons pouvoir dire avec Paul: « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous, les Apôtres, animés de cette même foi, nous croyons, nous aussi, et c’est pourquoi nous parlons » (2 Co 4, 13).

La tâche concrète que les deux paraboles de Jésus nous confie c’est de semer. Semer à pleines mains, « à temps ou à contretemps » (2 Tm 4,2). Le semeur de la parabole qui sort semer ne se préoccupe pas qu’une part de la semence finisse sur la route et une autre part dans les ronces, et dire que ce semeur, hors de parabole, c’est Jésus lui-même! Car, dans ce cas, on ne peut pas savoir à l’avance quel terrain se révélera être bon, ou bien dur comme de l’asphalte et étouffant comme un buisson. C’est ici qu’intervient la liberté humaine que l’homme ne peut prévoir et que Dieu ne veut pas violer. Que de fois ne découvre-t-on pas que, parmi les personnes qui ont écouté tel sermon ou lu tel livre, celle qui l’a vraiment pris au sérieux et en a eu sa vie changée, c’était celle à laquelle on s’attendait le moins, qui se trouvait là par hasard ou à contrecœur. Je pourrais moi-même raconter des dizaines de cas.

Donc semer, et ensuite … aller dormir! Autrement dit semer et ne pas rester là tout le temps à regarder, quand cela pousse, où cela pousse, de combien de centimètres cela pousse chaque jour. L’enracinement et la croissance ne sont pas notre affaire, mais l’affaire de Dieu et de celui qui écoute. Un grand humoriste anglais du XIXe siècle, Jerome Klapka Jerome, dit que le meilleur moyen de retarder l’ébullition de la cuisson dans une casserole est de rester au-dessus et d’attendre avec impatience.

Faire le contraire est une source inévitable d’inquiétude et d’impatience : ce sont des choses qui ne plaisent pas à Jésus et qu’il ne faisait jamais quand il était sur terre. Dans l’Evangile, il ne semble jamais être pressé. « Ne vous faites donc pas de souci pour demain, disait-il à ses disciples. Demain se souciera de lui-même : à chaque jour suffit sa peine » (Mt 6,34).

A ce propos, le poète croyant Charles Péguy met dans la bouche de Dieu des paroles sur lesquelles cela nous fait du bien à nous aussi de méditer:

« On me dit qu’il y a des hommes
Qui travaillent bien et qui dorment mal.
Qui ne dorment pas. Quel manque de confiance en moi !
C’est presque plus grave
Que s’ils ne travaillaient pas mais dormaient, car la paresse
N’est pas un plus grand péché que l’inquiétude …
Je ne parle pas, dit Dieu, de ces hommes
Qui ne travaillent pas et qui ne dorment pas.
Ceux-là sont des pécheurs, c’est entendu…
Je parle de ceux qui travaillent et qui ne dorment pas…
Je les plains. Je leur en veux. Un peu. Ils ne me font pas confiance …
Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.
Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit …
Celui qui ne dort pas est infidèle à l’Espérance … » .

Les réflexions faites dans cette méditation, nous encouragent, en conclusion, à mettre à la base de cet engagement pour une nouvelle évangélisation un grand acte de foi et d’espérance, à nous défaire de tout sens d’impuissance et de résignation. Nous avons devant nous, il est vrai, un monde enfermé dans son sécularisme, pris dans l’ivresse des succès de la technique et des possibilités qu’offre la science, réfractaire à l’annonce de l’Evangile. Mais, le monde qui se présentait aux premiers chrétiens – l’hellénisme avec son savoir et l’empire romain avec sa puissance – était-il par hasard moins réfractaire à l’évangile ?

S’il y a une chose que nous pouvons faire, après avoir « semé », c’est d’« arroser », par la prière, le grain jeté. Terminons donc sur cette prière que la liturgie nous fait réciter au cours de la Messe « pour l’évangélisation des peuples »:

Dieu, qui veux que tous les hommes soient sauvés
Et parviennent à la connaissance de la vérité;
Vois comme la moisson est grande et envoie des ouvriers,
Pour que l’Evangile soit annoncé à chaque créature
Et que ton peuple, rassemblé par la parole de vie
Et modelé par la force des sacrements,
Avance sur la voie du salut et de l’amour.
Par le Christ, Notre Seigneur. Amen.

Traduit en français par Zenit (Isabelle Cousturié)

 

Benoît XVI : « La nouvelle évangélisation est inséparable de la famille chrétienne »

Le pape a reçu jeudi matin l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille et son Président, le Cardinal Ennio Antonelli, qui viennent de travailler sur l’exhortation Familiaris consortio de Jean-Paul II. « Comme cela s’est déjà produit, a déclaré Benoît XVI, l’éclipse de Dieu, une idéologie contraire à la famille et la dégradation de la morale sexuelle semblent liées… Or la nouvelle évangélisation est inséparable de la famille chrétienne, voie de l’Eglise car elle est l’espace humain de la rencontre du Christ. Fondée sur le sacrement du mariage, émanation de l’Eglise, communauté sauvée et salvatrice, la famille est évangélisée et évangélisatrice. Comme l’Eglise, elle est appelée à diffuser et manifester au monde l’amour et la présence du Christ, qui se manifestent dans l’engagement des époux et dans la procréation responsable, l’éducation des enfants, les relations sociales et professionnelles, l’attention aux frères, la participation à la vie ecclésiale et civile ». La famille chrétienne doit refléter dans le monde la beauté du Christ et de la Trinité, qui se manifeste dans une vie d’amour, de communion et de service.
Puis Benoît XVI a évoqué la clôture à Ancône du récent Congrès eucharistique italien, où ecclésiastiques et laïcs ont montré que leurs mode de vie ont la même racine et une mission commune, celle « de témoigner et d’appliquer l’amour divin au service de la communauté et pour l’édification du peuple de Dieu. Ceci permet de dépasser une vision réductive de la famille qui ne la voudrait qu’une simple destinataire de l’action pastorale… La famille, qui est bien le lieu privilégié de l’éducation chrétienne, demeure pour cela la meilleure alliée du ministère sacerdotal ». Les époux chrétiens sont donc invités à « évangéliser par leur témoignage de vie et à travers la participation à des activités pastorales ».

Le Saint-Père a alors énuméré les terrains d’action privilégiés des familles et du clergé, l’éducation des jeunes à un amour de communion, la préparation au mariage et la formation des futurs époux, la participation aux associations caritatives et éducatives, la pastorale des familles pour la famille. Il a enfin évoqué la VII Rencontre mondiale des familles, qui se déroulera en juin prochain à Milan, et qui sera « pour nous tous une grande joie de rencontrer et de prier avec des familles du monde entier ».

Sources : Zenit et VIS

Famille et nouvelle évangélisation

Extrait d’un billet de Jean-Baptiste Maillard publié le 5 octobre dernier sur le blog du Jour du Seigneur, ayant pour thème la famille et la nouvelle évangélisation.

A Nazareth, en décembre 1994, pour la clôture de l’Année de la Famille, le cardinal Lopez Trujillo, le Président du Conseil pontifical pour la famille, prononçait une homélie en la basilique de l’Annonciation en soulignant le rôle missionnaire des familles chrétiennes. Citant la Lettre à Diognète (anonyme du IIe siècle), il rappelait : « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par leur origine, ni par leurs institutions (leur genre de vie n’a rien de singulier). Ils suivent les coutumes du pays où ils vivent dans leurs façons de s’habiller, dans leur alimentation et dans toutes les choses de la vie, mais en toute chose ils font preuve d’un style de vie qui, de l’aveu de tous, est admirable et étonnant. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils mettent en commun la table, mais pas le lit, vivent dans la chair, mais pas selon la chair » (1).

Le cardinal expliquait : « Ils savaient, ces chrétiens, que le dessein de Dieu est le chemin du bonheur et de la dignité. Aujourd’hui comme hier, la vérité de la famille s’appuie sur le témoignage des foyers chrétiens, qui se transforme en une annonce pénétrante et attirante dans un monde qui court le risque de ‘tenir la vérité captive », comme l’observe Saint Paul, dans une humanité enténébrée, désorientée et humiliée (…) L ‘annonce de l’évangile de la famille, bien qu’il s’agisse d’une institution naturelle, prend à travers le témoignage des premières familles chrétiennes toute la force d’une annonce originale, nouvelle et surprenante par sa densité, et représente comme un défi pour les peuples païens » (2).

Dans son exhortation sur la famille chrétienne, Familiaris consortio, le pape Jean-Paul II rappelait que les premiers instants du mariage sont eux-mêmes évangélisation. « Le moment fondamental de l’expression de la foi des époux en tant que tels et celui de la célébration du sacrement de mariage, qui, par sa nature profonde, est la proclamation, dans l’Eglise, de la Bonne Nouvelle sur l’amour conjugal : il est Parole de Dieu qui ‘révèle’ et ‘accomplit’ le projet plein de sagesse et d’amour que Dieu a sur les époux, introduits dans la participation mystérieuse et réelle à l’amour même de Dieu pour l’humanité. Si la célébration sacramentelle du mariage est en elle-même proclamation de la Parole de Dieu, tous ceux qui sont, à des titres divers, protagonistes et célébrants, doivent en faire une ‘profession de foi’, accomplie au sein de l’Eglise et avec l’Eglise, communauté de croyants. Cette profession de foi demande à être prolongée tout au long de la vie des époux et de la famille. » (3)

Ainsi les époux sont témoins de ce que le Seigneur réalise dans leur vie. Leur amour et la vie qu’ils accueillent à leur tour sont une proclamation de « l’Evangile de la vie », pour reprendre l’expression de Jean-Paul II, qui précise que le ‘premier ministère’ des époux se situe au sein même de leur foyer. Il s’agit ici de l’évangélisation de leurs enfants : « la mission éducative est comme un vrai ministère, grâce auquel l’Evangile est transmis et diffusé, à tel point que la vie familiale dans son ensemble devient chemin de foi, et initiation chrétienne, école de vie à la suite du Christ ». Et le Pape d’ajouter : « en vertu de ce ministère, les parents, à travers le témoignage de vie, sont les hérauts de l’Evangile auprès de leurs enfants ». Mais cette évangélisation va plus loin, puisque les époux sont invités aussi à transmettre « à leurs frères » le même amour du Christ, en devant ainsi une communauté « qui sauve ». Cette mission se fait donc « en temps que couple, mais aussi en temps que famille, de façon communautaire » (4).

Jésus disait : « C’est à l’amour que vous aurez les uns et les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » (5). Une famille qui s’aime rayonne, elle est témoin de l’amour de Dieu dans le monde qui l’entoure. Comme la vie en Eglise, elle est un chemin de sainteté, or « le plus grand missionnaire, c’est le saint », disait aussi Jean-Paul II (6).

Quel rapport avec la nouvelle évangélisation, me direz-vous ? Benoît XVI dit que « la nouvelle évangélisation est un premier engagement qui nous concerne tous » (7). Ce qu’a voulu Jean-Paul II en lançant cet appel à une nouvelle évangélisation « dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression » n’est donc pas le monopole d’une supposée mouvance de catholiques. C’est un appel pour tous les baptisés. Or aujourd’hui l’Evangile de la vie, à travers le mariage et la famille, demande une annonce nouvelle, renouvelée, dans sa force, dans ses moyens, dans ses langages. Le monde a besoin du témoignage de couples qui s’aiment et celui-ci doit se proposer à frais nouveaux. Une méthode particulière pour cette nouvelle évangélisation de la famille : les parcours de préparation au mariage, dans les paroisses, qui accueillent de nombreuses personnes n’ayant pas encore vécu l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Christ. Mais il y en a d’autres. Internet, avec les blogs, les discussions dans les forums et le contact de personne à personne via les réseaux sociaux, peut aussi participer à cette mission première de l’Eglise.

Notes

(1) Lettre à Diognète, V, 1-7

(2) Cardinal Alphonso Lopez Trujillo, Famille, vie et nouvelle évangélisation, éditions Tequi, octobre 2000.

(3) Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris Consortio, n°51

(4) Ibid, n°49

(5) Jean 13,25

(6) Jean-Paul II, Encyclique Redemptoris missio sur la mission du Christ rédempeur

(7) Benoît XVI, message pour la XXIVe Journée mondiale de la jeunesse, février 2009