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Benoît XVI au Portugal : un voyage sous le signe de l’évangélisation

Difficile de voir autre chose qu’une grande exhortation à l’évangélisation dans le voyage de Benoît XVI au Portugal.

Une fois encore, un voyage apostolique de Benoît XVI placé sous le signe de l’évangélisation, mission première de l’Eglise dixit Paul VI dans Evangelii nuntiandi. Du 11 au 14 mai, Benoît XVI a parlé de l’annonce du Christ dans pas moins de douze discours ou homélies. Il était lui-même à Fatima pèlerin de la foi. Retour en actes.

Acte I :  « Le Portugal a porté la foi catholique dans toutes les parties du monde »

A peine son avion avait-il décollé de l’aéroport Léonard de Vinci de Rome que le pape répondait en plein ciel à une première question du Père Lombardi sur le thème « comment évangéliser dans un contexte indifférent et hostile à l’Eglise ». Pour Benoît XVI, le Portugal a été « une grande force de la foi catholique » et ce pays « a porté cette foi dans toutes les parties du monde ». Il a englobé dans sa réponse l’actualité de la sécularisation, la dialectique entre sécularisme et foi comme une « chance » pour l’évangélisation. Il a aussi évoqué le « défi » qui se présente aux chrétiens pour que les deux se rencontrent afin que l’Europe retrouve sa véritable identité, ce dernier enjeu étant pour le pape une « nécessité humaine notre l’histoire » (lire notre billet)

Acte II.  « Renforcer la qualité du témoignage jusqu’à la sainteté »

Accueilli à l’aéroport de Lisbonne par le Président portugais et le Patriarche de Lisbonne, le pape a évoqué le rapport homme-Dieu comme dimension transcendante et verticale de l’espérance chrétienne dans la société, rappelant que les chrétiens doivent « renforcer la qualité du témoignage jusqu’à la sainteté, et trouver des sentiers de mission jusqu’à la radicalité du martyre » (lire notre billet). Il était donc là encore question de l’évangélisation.

Acte III : « De nouveau annoncer avec vigueur et joie la résurrection du Christ »

Dans l’homélie de la messe au Terrieiro do Paço, le pape se demande : « On a peut-être mis une confiance excessive dans les structures et dans les programmes ecclésiaux, dans la distribution des responsabilités et des fonctions ; mais qu’arrivera-t-il si le sel s’affadit ? » Sa réponse est claire et se trouve dans l’évangélisation : « Pour que cela n’arrive pas, il faut de nouveau annoncer avec vigueur et joie l’événement de la mort et de la résurrection du Christ, cœur du christianisme, fondement et soutien de notre foi, levier puissant de nos certitudes, vent impétueux qui balaie toute peur et toute indécision, tout doute et tout calcul humain. » (lire notre billet)

Acte IV : « Promouvoir la croissance de l’amour, de la justice et de la paix »

A l’occasion du 50e anniversaire du sanctuaire du Christ Roi de Almada, le pape a rappelé la vocation des baptisés : promouvoir la « croissance de l’amour, de la justice et de la paix » dans la société, autrement dit, évangéliser. Décrivant la statue monumentale du Christ Roi, le pape a déclaré que « l’image du Christ étend ses bras vers le Portugal tout entier, comme pour lui rappeler la Croix sur laquelle Jésus a obtenu la paix de l’univers et où il s’est manifesté Roi et Serviteur, parce qu’il est le vrai Sauveur de l’humanité ». Ou comment faire pour que les Portugais embrassent la foi catholique ? (lire notre billet)

Acte V : « L’annonce de la vérité est un service que l’Eglise offre à la société »

Le 12 mai à Lisbonne, lors de la rencontre avec les personnalités du monde de la culture, Benoît XVI s’est exprimé sur la « crise de la vérité » actuelle entre la tradition et le présent. Il a rappelé avec force que l’Eglise a une mission de vérité dans le monde, qu’il a jugée « impérative ». Il n’est pas difficile non plus de discerner qu’il s’agit encore ici d’annoncer le Christ comme étant la vérité. (lire notre billet)

Acte VI : « Combien est grande la nécessite d’un témoignage qui annonce la radicalité évangélique »

Arrivé à Fatima le même jour, Benoît XVI a prononcé un discours lors d’une rencontre pour les Vêpres avec les prêtres, religieux, diacres et séminaristes. Le pape a dit combien est grande la nécessité de leur témoignage, « annonce de la radicalité évangélique ». Il a rappelé que Saint Jean-Marie Vianney avait voulu être prêtre pour le salut des âmes. «Anticipez l’Eglise eschatologique ! » a aussi exhorté Benoît XVI. (lire notre billet)

Acte VII : « La première de toutes les priorités est de rendre Dieu présent dans ce monde »

Le même soir, lors de la récitation du chapelet avec les fidèles rassemblés sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima, dans la chapelle des apparitions,  Benoît XVI a rappelé que l’évangélisation était la première priorité des chrétiens : « De nos jours, où la foi dans de vastes régions du monde, risque de s’éteindre comme une flamme qui n’est plus alimentée, la première de toutes les priorités est celle de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. » Il aussi déclaré : « n’ayez pas peur de parler de Dieu et de manifester sans honte les signes de la foi en faisant resplendir aux yeux de vos contemporains la lumière du Christ. » (lire notre billet)

Acte VIII : « L’Eglise, instrument d’évangélisation »

Le lendemain matin, jeudi 13 mai, en la solennité de Notre Dame de Fatima, jour du dixième anniversaire de la béatification de Jacinta et Francisco et jour de l’Ascension, Benoît XVI a célébré une grand messe devant un demi-million de fidèles rassemblés sur l’esplanade du sanctuaire. Dans son homélie, il a rappelé que l’Eglise est un instrument d’évangélisation : « Je suis venu parce que vers ce lieu converge aujourd’hui l’Eglise pèlerine, voulue par son Fils comme instrument d’évangélisation et sacrement du salut. »  (lire notre billet)

Acte IX : « Offrir les moyens du salut à tous »

En fin d’après-midi, le pape a rencontré, en l’église de la Trinité de Fatima, les laïcs engagés dans la pastorale sociale. Dans son discours, le pape a invité les catholiques à construire « avec une dynamique nouvelle et de grande ampleur » la civilisation de l’amour, pour « offrir les moyens du salut à tous ». Pour Benoît XVI, « l’amour inconditionnel de Jésus doit se transformer en amour donné gratuitement et généreusement ». Il était donc question, une fois encore, de l’évangélisation. (lire notre billet)

Acte X : « Il faut d’authentiques témoins de Jésus »

En début de soirée, Benoît XVI a rencontré les évêques du Portugal. Il les a appelés à être « d’authentiques témoins de Jésus Christ, surtout dans ces milieux humains où le silence de la foi est plus vaste et plus profond». Il a également rappelé que les temps actuels exigent un nouveau dynamisme de l’évangélisation et en a détaillé les principes. Pour le pape, « la foi pourra très difficilement toucher les cœurs à travers de simples discours ou des rappels moraux et encore moins par des allusions générales aux valeurs chrétiennes ». (lire notre billet)

Acte XI : « Nous n’imposons rien, mais nous proposons toujours »

Après avoir quitté Fatima, le pape a gagné Porto, dernière étape de son voyage au Portugal, où il a célébré, vendredi 14 mai, une messe sur l’avenue des Alliés. Le pape a rappelé que la tentation est grande de se contenter ce que l’on a, parce que c’est la mort de la présence de l’Eglise en ce monde et que le peuple chrétien a reçu dès l’origine le mandat d’aller évangéliser ceux qui ne connaissent pas le Christ, sans L’imposer mais en Le proposant.  « Nous ne sommes pas dispensés d’aller à la rencontre des autres », a-t-il dit. (lire notre billet)

Acte XII : « Que l’Evangile soit témoigné avec passion par chaque disciple du Christ »

Au terme de son voyage, Benoît XVI s’est adressé dans un discours d’au revoir au Président de la République du Portugal, aux autorités et à ses frères et amis en les remerciant pour cette visite et en les invitant à poursuivre leur oeuvre d’évangélisation : « Je désire que ma visite soit source d’encouragement en faveur d’une nouvelle ardeur spirituelle et apostolique, a-t-il déclaré. Que l’Évangile soit accueilli dans son intégralité et témoigné avec passion par chaque disciple du Christ, afin qu’il devienne comme le levain d’un renouvellement authentique de la société entière ! » (lire notre billet)

Benoît XVI : « Que l’Evangile soit témoigné avec passion par chaque disciple du Christ ! »

Benoît XVI accueilli par des milliers de personnes à Porto, dernière étape de son voyage au Portugal, le vendredi 14 mai 2010

Au terme de son voyage au Portugal qui l’a conduit à Lisbonne, Fatima et Porto, Benoît XVI s’est adressé dans un discours d’au revoir au Président de la République du Portugal, aux autorités et à ses frères en les remerciant pour cette visite et en les invitant à poursuivre leur oeuvre d’évangélisation. « Je désire que ma visite soit source d’encouragement en faveur d’une nouvelle ardeur spirituelle et apostolique, a-t-il déclaré. Que l’Évangile soit accueilli dans son intégralité et témoigné avec passion par chaque disciple du Christ, afin qu’il devienne comme le levain d’un renouvellement authentique de la société entière ! »

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
Illustres Autorités,
Frères bien-aimés dans l’Épiscopat,
Chers amis,

Au terme de ma visite, il me revient à l’esprit l’intensité de ces nombreux instants vécus durant ce pèlerinage au Portugal. Je conserve dans mon cœur la cordialité de votre accueil chaleureux, la manière tellement enthousiaste et spontanée avec laquelle se sont créés des liens de communion avec les groupes que j’ai pu rencontrer, l’engagement qu’a représenté la préparation et la réalisation du programme pastoral.

En ce moment où nous prenons congé les uns des autres, j’exprime à tous ma sincère gratitude : à Monsieur le Président de la République, qui m’a honoré de sa présence depuis que je suis arrivé ici, à mes frères Évêques avec lesquels j’ai renouvelé la communion profonde au service du Règne du Christ, au Gouvernement et à toutes les autorités civiles et militaires qui se sont dépensées avec un dévouement visible tout au long de mon voyage. Je vous souhaite tout le bien possible ! Les moyens de communication sociale m’ont permis de m’adresser à de nombreuses personnes qui ne pouvaient pas me voir de près. Je leur exprime aussi ma profonde gratitude.

À tous les Portugais, catholiques ou non, aux hommes et aux femmes qui vivent dans ce pays, même s’ils n’y sont pas nés, j’adresse mon salut en ce moment où je vous quitte. Que ne cesse pas de croître entre vous la concorde qui est essentielle pour une solide cohésion. C’est la voie nécessaire pour affronter avec responsabilité commune les défis qui se présentent à vous. Puisse cette glorieuse Nation continuer à manifester sa grandeur d’âme, le sens profond de Dieu, l’ouverture solidaire guidée par les principes et les valeurs imprégnés de l’humanisme chrétien. À Fatima, j’ai prié pour le monde entier, demandant que l’avenir soit porteur d’une plus grande fraternité et solidarité, d’un plus grand respect réciproque, d’une familiarité et d’une confiance renouvelée en Dieu, notre Père qui est aux cieux.

Je me réjouis d’avoir été témoin de la foi et de la dévotion de la communauté ecclésiale portugaise. J’ai pu constater l’enthousiasme des enfants et des jeunes, l’adhésion fidèle des prêtres, des diacres et des religieux, le dévouement pastoral des Évêques, la volonté évidente de rechercher la vérité et la beauté dans le monde de la culture, la créativité des acteurs de la pastorale sociale, la vivacité de la foi des fidèles des diocèses que j’ai visités. Je désire que ma visite soit source d’encouragement en faveur d’une nouvelle ardeur spirituelle et apostolique. Que l’Évangile soit accueilli dans son intégralité et témoigné avec passion par chaque disciple du Christ, afin qu’il devienne comme le levain d’un renouvellement authentique de la société entière !

Que descende sur le Portugal, sur tous ses fils et sur toutes ses filles ma Bénédiction Apostolique, porteuse d’espérance, de paix et de courage, Bénédiction que je demande à Dieu par l’intercession de Notre-Dame de Fatima, à laquelle vous vous adressez avec tant de confiance et avec un amour inébranlable. Puissions-nous continuer à marcher dans l’Espérance ! Au revoir !

Benoît XVI : « Nous ne sommes pas dispensés pas d’aller à la rencontre des autres »

Benoît XVI au Portugal : un voyage qui fera date

Après avoir quitté Fatima, le pape a gagné Porto, dernière étape de son voyage au Portugal, où il a célébré, vendredi 14 mai, une messe sur l’avenue des Alliés. Une homélie sur la mission première de l’Eglise, l’évangélisation, à lire dans son intégralité. Le pape nous y rappelle que la tentation est grande de se contenter ce que l’on a, parce que c’est la mort de la présence de l’Eglise en ce monde, et que le peuple chrétien a reçu dès l’origine le mandat d’aller évangéliser ceux qui ne connaissent pas le Christ, sans L’imposer mais en Le proposant.

Texte intégral

Chers Frères et Sœurs,

« Il est écrit au livre des Psaumes : […] que sa charge passe à un autre. […] Il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection » (Ac 1, 20-22). C’est ce que dit Pierre, lisant et interprétant la parole de Dieu parmi ses frères, réunis au Cénacle après l’Ascension de Jésus au ciel. Matthias fut choisi, lui qui avait été témoin de la vie publique de Jésus et de sa victoire sur la mort, lui restant fidèle jusqu’au bout, malgré l’abandon de beaucoup. La « disproportion » entre les forces en présence qui aujourd’hui nous effraie, étonnait déjà il y a deux mille ans ceux qui voyaient et écoutaient le Christ. Il était seul, des berges du Lac de Galilée jusqu’aux places de Jérusalem, seul ou presque seul dans les moments décisifs : seul en union avec le Père, seul dans la force de l’Esprit. Pourtant, à la fin, du même amour qui a créé le monde, la nouveauté du Règne a poussé comme une petite graine qui germe de la terre, comme une étincelle de lumière qui jaillit dans les ténèbres, comme l’aube d’un jour sans crépuscule : c’est le Christ ressuscité. Et il est apparu à ses amis, en leur montrant la nécessité de la croix pour parvenir à la résurrection.

Ce jour-là Pierre cherchait un témoin de tout cela. Deux ayant été présentés, le Ciel a désigné « Matthias, qui fut associé aux onze Apôtres » (Ac 1, 26). Aujourd’hui nous célébrons sa glorieuse mémoire en cette « Cité invaincue », qui a revêtu des habits de fête pour accueillir le Successeur de Pierre. Je rends grâce à Dieu de m’avoir conduit parmi vous, pour vous rencontrer autour de l’autel. Je vous adresse un salut cordial à vous, frères et amis de la ville et du diocèse de Porto, à ceux qui sont venus de la Province ecclésiastique du nord du Portugal et aussi de la proche Espagne, et à tous les autres qui sont en communion physique ou spirituelle avec notre assemblée liturgique. Je salue l’Évêque de Porto, Monseigneur Manuel Clemente qui, avec une grande sollicitude, a souhaité ma visite, qui m’a accueilli avec grande affection et qui s’est fait l’interprète de vos sentiments au début de cette Eucharistie. Je salue ses prédécesseurs et les autres Frères dans l’Épiscopat, les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs, avec une pensée particulière pour tous ceux qui se sont impliqués pour donner son dynamisme à la Mission diocésaine et, plus concrètement, dans la préparation de ma visite. Je sais qu’elle a pu compter sur la collaboration effective du Maire de Porto et des autres Autorités publiques, dont beaucoup m’honorent de leur présence ; je profite de ce moment pour les saluer et leur souhaiter, à elles et à tous ceux qu’elles représentent et servent, les meilleurs succès pour le bien de tous.

« Il faut que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection », disait Pierre. Et son Successeur actuel répète à chacun de vous : Mes frères et sœurs, il faut que vous deveniez avec moi des témoins de la résurrection de Jésus. En effet, si vous, vous n’êtes pas ses témoins dans votre milieu de vie, qui le sera à votre place ? Le chrétien est, dans l’Église et avec l’Église, un missionnaire du Christ envoyé dans le monde. C’est là la mission qu’on ne peut différer de toute communauté ecclésiale : recevoir de Dieu le Père et offrir au monde le Christ ressuscité, afin que toute situation d’affaiblissement et de mort soit transformée, par l’Esprit Saint, en occasion de croissance et de vie. Dans ce but, dans toute célébration eucharistique, nous écouterons plus attentivement la Parole du Christ et nous goûterons assidument le Pain de sa présence. Cela fera de nous des témoins et, plus encore, des porteurs de Jésus ressuscité dans le monde, l’apportant aux divers secteurs de la société et à tous ceux qui y vivent et y travaillent, répandant cette « vie en abondance » (cf. Jn 10, 10), qu’il nous a gagnée par sa croix et sa résurrection et qui rassasie les aspirations les plus légitimes du cœur humain.

Nous n’imposons rien, mais nous proposons toujours, comme Pierre nous le recommande dans une de ses lettres : « Traitez toujours saintement dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15). Et en définitive, tous le demandent même ceux qui semblent ne pas le demander. Par expérience personnelle et communautaire, nous savons bien que c’est Jésus, celui que tous attendent. En effet, les attentes les plus profondes du monde et les grandes certitudes de l’Évangile se rencontrent dans la mission irrécusable qui nous revient puisque « sans Dieu l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est. Face aux énormes problèmes du développement des peuples qui nous pousseraient presque au découragement et au défaitisme, la parole du Seigneur Jésus Christ vient à notre aide en nous rendant conscients de ce fait que : ‘Sans moi, vous ne pouvez rien faire’ (Jn 15, 5) ; elle nous encourage : ‘Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde’ (Mt 28, 20) » (Benoît XVI, Enc. Caritas in veritate, n. 78).

Toutefois, si cette certitude nous console et nous tranquillise, elle ne nous dispense pas d’aller à la rencontre des autres. Nous devons vaincre la tentation de nous limiter à ce que nous avons encore, ou que nous estimons avoir, de nôtre et d’assuré : ce serait à terme une mort, quant à la présence de l’Église dans le monde, laquelle, d’ailleurs, ne peut seulement être que missionnaire dans le mouvement d’effusion de l’Esprit. Depuis ses origines, le peuple chrétien a perçu avec clarté l’importance de communiquer la Bonne Nouvelle de Jésus à tous ceux qui ne le connaissaient pas encore. Au cours de ces dernières années, le cadre anthropologique, culturel, social et religieux de l’humanité a changé : aujourd’hui l’Église est appelée à affronter de nouveaux défis et elle est disposée à dialoguer avec les diverses cultures et les religions, cherchant à construire avec toute personne de bonne volonté la cohabitation pacifique des peuples. Le champ de la mission ad gentes se présente aujourd’hui notablement élargi et il ne peut être défini seulement sur la base de considérations géographiques : en effet, nous sommes attendus non seulement par les peuples non chrétiens et les terres lointaines, mais aussi par les milieux socio-culturels et surtout par les cœurs qui sont les véritables destinataires de l’action missionnaire du peuple de Dieu.

Il s’agit d’un mandat dont l’accomplissement doit progresser «par la même route qu’a suivie le Christ, c’est-à-dire par la route de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation de soi jusqu’à la mort, dont il est sorti victorieux par sa résurrection » (Décret Ad gentes, n. 5). Oui ! Nous sommes appelés à servir l’humanité de notre temps, comptant uniquement sur Jésus, en nous laissant éclairer par sa Parole : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous partiez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn, 15, 16). Que de temps perdu, que de travail renvoyé à plus tard sur ce point par inadvertance ! Tout se définit à partir du Christ, quant à l’origine et à l’efficacité de la mission : la mission nous la recevons toujours du Christ, qui nous a fait connaître ce qu’il a entendu de son Père, et nous y sommes engagés par l’Esprit, dans l’Église. Comme l’Église elle-même, œuvre du Christ et de son Esprit, il s’agit de renouveler la face de la terre en partant de Dieu, toujours et seulement de Dieu !

Chers frères et amis de Porto, levez les yeux vers Celle que vous avez choisie comme patronne de la ville, l’Immaculée Conception. L’Ange de l’Annonciation a salué Marie comme « pleine de grâce », signifiant par cette expression que son cœur et sa vie étaient totalement ouverts à Dieu et donc complètement remplis de sa grâce. Qu’Elle vous aide à faire de vous-mêmes un « oui » libre et plein à la grâce de Dieu, afin que vous puissiez être renouvelés et renouveler l’humanité par la lumière et la joie de l’Esprit Saint.

Benoît XIV : « Offrir les moyens du salut à tous »

A Fatima, un demi-million de personnes sont venues écouter Benoît XVI

Suite du voyage de Benoît XVI au Portugal : jeudi 13 mai en fin d’après-midi, le pape a rencontré, en l’église de la Trinité de Fatima, les laïcs engagés dans la pastorale sociale. Dans son discours, le pape a invité les catholiques à construire « avec une dynamique nouvelle et de grande ampleur » la civilisation de l’amour, pour « offrir les moyens du salut à tous ». Pour Benoît XVI, « l’amour inconditionnel de Jésus doit se transformer en amour donné gratuitement et généreusement ». Il était donc question, une fois encore, de l’évangélisation.

Texte intégral

Chers Frères et amis,

Vous avez entendu Jésus dire : « Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10, 37). Il nous exhorte à faire nôtre l’attitude du bon samaritain, dont l’exemple vient d’être proclamé, face aux situations où l’aide fraternelle fait défaut. Et quelle est cette attitude ? « C’est ‘un cœur qui voit’. Ce cœur voit où l’amour est nécessaire et il agit en conséquence » (Benoît XVI, Enc. Deus caritas est, n. 31). C’est ce qu’a fait le bon samaritain. Jésus ne se limite pas à exhorter ; comme l’enseignent les Saints Pères de l’Eglise, le Bon Samaritain c’est Lui, qui se fait proche de tout homme, et « verse sur ses blessures l’huile de la consolation et le vin de l’espérance » (Préface commune VIII), qui le conduit à l’auberge, qui est l’Église, où il le fait soigner, le confiant à ses ministres et payant en personne, par avance, pour sa guérison. « Va, et toi aussi fais de même ». L’amour inconditionnel de Jésus qui nous a guéris devra maintenant se transformer en amour donné gratuitement et généreusement, à travers la justice et la charité, si nous voulons vivre avec un cœur de bon samaritain.

J’éprouve une grande joie à vous rencontrer en ce lieu béni que Dieu s’est choisi pour rappeler à l’humanité, par la Vierge, ses desseins d’amour miséricordieux. Je salue avec grande amitié toutes les personnes ici présentes ainsi que les institutions auxquelles elles appartiennent, dans la diversité des visages qui se trouvent unis dans la réflexion sur les questions sociales et surtout dans la pratique de la compassion envers les pauvres, les malades, les détenus, ceux qui vivent seuls et abandonnés, les personnes handicapées, les enfants et les personnes âgées, les migrants, les personnes sans emploi et toutes celles qui connaissent des besoins qui abiment leur dignité de personnes libres. Merci, Monseigneur Carlos Azevedo, pour l’hommage de communion et de fidélité à l’Église et au Pape que vous avez voulu m’offrir aussi bien de la part de cette assemblée de la charité que de la Commission épiscopale de Pastorale sociale que vous présidez et qui encourage sans cesse ces grandes semailles de bonnes œuvres à travers tout le Portugal. Conscients, en tant qu’Église, de ne pas être en mesure d’offrir des solutions pratiques à chaque problème concret, et dépourvus de tout type de pouvoir, déterminés à servir le bien commun, vous êtes prêts à aider et à offrir les moyens du salut à tous.

Chers frères et sœurs qui opérez dans le vaste monde de l’entraide, « le Christ nous révèle que ‘Dieu est amour’ (1 Jn 4, 8 ) et il nous enseigne en même temps que la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l’amour. A ceux qui croient à la divine charité, il apporte ainsi la certitude que la voie de l’amour est ouverte à tous les hommes » (Const. Gaudium et spes, n. 38). Le déroulement actuel de l’histoire est fait de crises socio-économiques, culturelles et spirituelles, et il met en évidence l’opportunité d’un discernement orienté par la proposition créative du message social de l’Église. L’étude de sa doctrine sociale qui prend la charité comme principe et force principale, permettra de tracer un processus de développement humain intégral qui implique les profondeurs du cœur et vise à une plus vaste humanisation de la société (cf. Benoît XVI, Enc. Caritas in veritate, n. 20). Il ne s’agit pas d’une simple connaissance d’ordre intellectuel, mais d’une sagesse qui donne saveur et relief, offre une créativité aux voies d’appréhension et d’action visant à affronter une crise aussi vaste et complexe. Puissent les institutions de l’Église, avec toutes les organisations non ecclésiales, perfectionner leurs capacités d’étude et leurs orientations en vue d’une dynamique nouvelle et de grande ampleur, qui conduise vers « cette civilisation de l’amour dont Dieu a semé le germe dans chaque peuple et chaque culture » (ibid. n. 33).

Dans sa dimension sociale et politique, cette diaconie de la charité est le propre des fidèles laïcs, appelés à promouvoir organiquement le bien commun, la justice et à configurer de manière droite la vie sociale (cf. Benoît XVI, Enc. Deus caritas est, n. 29). Une des conclusions pastorales, qui ressortent de vos récentes réflexions, est de former une nouvelle génération de leaders serviteurs. Attirer de nouveaux acteurs laïcs dans ce domaine pastoral méritera certainement une attention particulière de la part des pasteurs, attentifs à l’avenir. Celui qui apprend de Dieu Amour sera immanquablement une personne pour les autres. En effet, « l’amour de Dieu se révèle dans la responsabilité envers autrui » (Benoît XVI, Enc. Spe salvi, n. 28). Unis au Christ dans sa consécration au Père, nous sommes saisis par sa compassion pour les multitudes qui demandent justice et solidarité et, comme le bon samaritain de la parabole, nous nous engageons à offrir des réponses concrètes et généreuses.

Souvent, cependant, il n’est pas facile d’arriver à une harmonie satisfaisante entre la vie spirituelle et l’activité apostolique. La pression exercée par la culture dominante, qui présente avec insistance un style de vie fondé sur la loi du plus fort, sur le gain facile et alléchant, finit par influencer notre mode de penser, nos projets et les perspectives de notre service, avec le risque de les vider de cette motivation de foi et d’espérance chrétiennes qui les avait suscités. Les nombreuses et pressantes demandes d’aide et de soutien que nous adressent les pauvres et les marginaux de la société nous poussent à chercher des solutions qui répondent à la logique de l’efficacité, de la visibilité et de la publicité. Toutefois, la synthèse en question est absolument nécessaire, frères bien-aimés, pour pouvoir servir le Christ dans l’humanité qui vous attend. Dans ce monde divisé, s’impose à tous une profonde et authentique unité de cœur, d’esprit et d’action.

Parmi de nombreuses institutions sociales au service du bien commun, proche des populations nécessiteuses, on compte celles de l’Église catholique. Il faut que leur orientation soit claire, pour qu’elles adoptent une identité bien évidente : dans l’inspiration de leurs objectifs, dans le choix de leurs ressources humaines, dans leurs méthodes d’action, dans la qualité de leurs services, dans la gestion sérieuse et efficace de leurs moyens. La ferme identité des institutions est un réel service, d’un grand avantage pour ceux qui en bénéficient. Au-delà de l’identité tout en étant lié à elle, il est fondamental d’accorder à l’activité caritative chrétienne une autonomie et une indépendance à l’égard de la politique et des idéologies (cf. Benoît XVI, Enc. Deus caritas est, n. 31b), y compris dans la collaboration avec les organes de l’État pour atteindre des buts communs.

Que vos activités d’assistance, d’éducation ou de charité soient complétées par des projets de liberté qui promeuvent l’être humain, dans la recherche de la fraternité universelle. Se situe ici l’engagement urgent des chrétiens dans la défense des droits humains, attentifs à la totalité de la personne humaine dans ses diverses dimensions. J’exprime ma profonde appréciation pour toutes ces initiatives sociales et pastorales qui cherchent à lutter contre les mécanismes socio-économiques et culturels conduisant à l’avortement et qui tiennent clairement compte de la défense de la vie, de la réconciliation, et de la guérison des personnes blessées par le drame de l’avortement. Les initiatives qui ont pour but de sauvegarder les valeurs essentielles et premières de la vie, dès sa conception, et de la famille, fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme, aident à répondre à certains des défis les plus insidieux et les plus dangereux qui aujourd’hui se opposent au bien commun. Ces initiatives constituent, avec beaucoup d’autres formes d’engagement, des éléments essentiels pour la construction de la civilisation de l’amour.

Tout ceci s’intègre bien au message de la Vierge qui retentit en ce lieu : la pénitence, la prière, le pardon qui visent à la conversion des cœurs. C’est le chemin pour édifier la civilisation de l’amour, dont Dieu a jeté les semences dans le cœur de tout homme et que la foi dans le Christ Sauveur fait germer.

Benoît XVI : « La première de toutes les priorités est de rendre Dieu présent dans ce monde »

Benoît XVI à Fatima

Lors du deuxième jour de son voyage au Portugal, Benoît XVI a rappelé la première priorité des chrétiens, l’évangélisation : « De nos jours, où la foi dans de vastes régions du monde, risque de s’éteindre comme une flamme qui n’est plus alimentée, la première de toutes les priorités est celle de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. » Il aussi déclaré : « n’ayez pas peur de parler de Dieu et de manifester sans honte les signes de la foi en faisant resplendir aux yeux de vos contemporains la lumière du Christ. »

Hier soir, Benoît XVI a rejoint la chapelle des apparitions pour la récitation du chapelet avec les fidèles rassemblés sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima. Avant la prière mariale, il a béni les flambeaux et s’est adressé à l’assemblée : « Chers pèlerins, vous semblez un océan de lumière autour de cette simple chapelle, érigée avec empressement en l’honneur de la Mère de Dieu et notre mère, elle dont le chemin de retour de la terre au ciel était apparu aux jeunes bergers comme un faisceau de lumière. Cependant, comme Marie, nous ne jouissons pas d’une lumière propre. Nous recevons celle de Jésus, dont la présence en nous renouvelle le mystère et le rappel du buisson ardent qui, jadis sur le Sinaï, a attiré Moïse et ne cesse de fasciner tous ceux qui se rendent compte qu’une lumière spéciale brûle en nous sans jamais se consumer… Dieu avait ordonné à Moïse de se déchausser, car le lieu foulé est une terre sainte. C’est ce qu’il fit et ne remit ses sandales que pour aller libérer son peuple de l’esclavage de l’Egypte et le conduire vers la terre promise. Tout au long de l’histoire du peuple élu, la promesse de la terre assume toujours plus cette signification. La terre est donnée pour qu’il y ait un lieu de l’obéissance, afin qu’il y ait un espace ouvert à Dieu. De nos jours, où la foi dans de vastes régions du monde, risque de s’éteindre comme une flamme qui n’est plus alimentée, la première de toutes les priorités est celle de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Pas à un dieu quelconque, mais à ce dieu qui a parlé sur le Sinaï. C’est ce dieu que nous reconnaissons dans l’amour vécu jusqu’au bout en Jésus-Christ crucifié et ressuscité… N’ayez pas peur de parler de Dieu et de manifester sans honte les signes de la foi en faisant resplendir aux yeux de vos contemporains la lumière du Christ ».

En ce lieu, a poursuivi Benoît XVI, « il est étonnant d’observer que trois enfants ont cédé à la force intérieure qui les a envahis au moment des apparitions de l’Ange et de la Mère du Ciel. Ici, où l’on nous a demandé si souvent de réciter le Rosaire, laissons-nous attirer par les mystères du Christ, les mystères du chapelet de Marie… En méditant les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux, tandis que nous récitons les Ave Maria, nous contemplons le mystère de Jésus tout entier, de l’Incarnation jusqu’à la Croix et à la gloire de la Résurrection ; nous contemplons l’intime participation de Marie à ce mystère et notre vie en Christ aujourd’hui, qui apparaît tellement entremêlée de moments de joie et de souffrance, d’ombre et de lumière, d’anxiété et d’espérance. La grâce envahit notre cœur en suscitant le désir d’un changement de vie incisif et évangélique. »

Puis le pape s’est confié : « je sens que m’accompagnent la dévotion et l’affection des fidèles réunis ici ainsi que celles du monde entier. Je porte avec moi les préoccupations et les attentes de notre temps et les souffrances de l’humanité blessée, les problèmes du monde, et je viens les déposer aux pieds de la Vierge de Fátima : Vierge Mère de Dieu et notre Mère bien-aimée, intercède pour nous auprès de ton Fils afin que toutes les familles des peuples, celles qui se distinguent par le nom de chrétiennes, comme celles qui ignorent encore leur Sauveur, vivent dans la paix et la concorde jusqu’à se rassembler en un seul peuple de Dieu, à la gloire de la Sainte et indivisible Trinité ».

Source : d’après VIS

Benoît XVI : « L’Eglise, instrument d’évangélisation »

Benoît XVI à Fatima

En la solennité de Notre Dame de Fatima, jour du dixième anniversaire de la béatification de Jacinta et Francisco, Benoît XVI a célébré une grand messe devant un demi million de fidèles rassemblés sur l’esplanade du sanctuaire. A l’homélie, il a d’abord rappelé être « venu à Fatima pour jouir de la présence de Marie et de sa protection maternelle. Je suis venu parce que vers ce lieu converge aujourd’hui l’Eglise pèlerine, voulue par son Fils comme instrument d’évangélisation et sacrement du salut. Je suis venu pour prier, avec Marie et tant de pèlerins, pour notre humanité affligée par des détresses et des souffrances…et pour confier à sa protection maternelle les prêtres, les personnes consacrées, les missionnaires et tous ceux qui œuvrent pour rendre la Maison de Dieu accueillante et bienfaisante. »

Lire l’intégralité de l’homélie de Benoît XVI : sur le site de La Croix

(Avec VIS)

Benoît XVI : « Les baptisés doivent promouvoir la justice et la paix »

Benoît XVI à Lisbonne

Benoît XVI salur la foule, mardi 11 mai, à son arrivée pour la messe célébrée Terreiro do Paço, à Lisbonne

A l’occasion du 50e anniversaire du sanctuaire du Christ Roi de Almada, au Portugal, Benoît XVI a rappellé la vocation des baptisés :  promouvoir la « croissance de l’amour, de la justice et de la paix » dans la société, autrement dit, évangéliser. Décrivant la statue monumentale du Christ Roi (28 mètres de haut), le pape a déclaré que « l’image du Christ étend ses bras vers le Portugal tout entier, comme pour lui rappeler la Croix sur laquelle Jésus a obtenu la paix de l’univers et où il s’est manifesté Roi et Serviteur, parce qu’il est le vrai Sauveur de l’humanité ». Une question, toujours, d’évangélisation.

Au terme de la messe célébrée mardi soir à Lisbonne, au « Terreiro do Paço », le pape a lu un message pour le 50e anniversaire de la fondation du sanctuaire du Christ Roi de Almada, et il a offert au recteur une chasuble portant l’image du Cœur du Christ. Le pape n’a pu se rendre à ce sanctuaire, mais il a voulu marquer la clôture des célébrations.

Benoît XVI a souligné pour les « nouvelles générations » les exemples « d’espérance en Dieu et de loyauté au vœu prononcé », donnés par les évêques et par les fidèles chrétiens « en signe d’amour et de reconnaissance pour la préservation de la paix au Portugal ».

Le pape a fait observer que « l’image du Christ étend ses bras vers le Portugal tout entier, comme pour lui rappeler la Croix sur laquelle Jésus a obtenu la paix de l’univers et où il s’est manifesté Roi et Serviteur, parce qu’il est le vrai Sauveur de l’humanité ».

Le pape a souhaité que le sanctuaire soit de plus en plus un rappel de la vocation des baptisés à promouvoir la « croissance de l’amour, de la justice et de la paix par des interventions dans la société en faveur des pauvres et des opprimés, et pour centrer la spiritualité des communautés chrétiennes sur le Christ, Seigneur et Juge de l’histoire ».

Le pape a invoqué sur chacun les bénédictions de Dieu « créatrices d’espérance et de paix durables dans les cœurs, dans les familles et dans la société ».

Ce monument, qui se trouve sur le territoire du diocèse de Setubal, a été survolé par l’hélicoptère de Benoît XVI en partance pour Fatima. Il se trouve en effet sur la rive méridionale du Tage, à l’endroit appelé « Almada ».

Il s’agit d’une statue monumentale du Christ Roi les bras grand ouverts, de 28 mètres de haut, sur une base en ciment de 82 m, alors que la colline s’élève à 113 m. La statue du Christ est ainsi visible depuis tous les endroits de la capitale.

Elle a été inaugurée en 1959, après neuf ans de travaux. L’idée était venue à l’archevêque de Lisbonne, Mgr Manuel Gonçalves Cerejeira, qui, en 1934, à son retour du Brésil, s’est inspiré du Christ Rédempteur de Rio de Janeiro. Il a voulu ainsi remercier le Christ d’avoir préservé le Portugal de la seconde Guerre mondiale. Un ascenseur placé à l’intérieur de la structure permet de monter jusqu’au pied de la statue, pour admirer le panorama.

Source : Zenit

Benoît XVI : « Anticipez l’Église eschatologique ! »

Benoît XVI à son arrivée à la chapelle des apparitions, à Fatima, le 12 mai 2010

Suite du voyage de Benoît XVI Portugal. Le pape est arrivé à Fatima dans l’après-midi du mercredi 12 mai. Après une prière à la chapelle des apparitions, il a célébré les vêpres avec les prêtres, religieux, séminaristes et diacres présents. Dans l’homélie qu’il a prononcé, il a rappelé combien est grande la nécessité de leur témoignage. Il a rappelé que Saint Jean-Marie Vianney avait voulu être prêtre pour le salut des âmes, autrement dit, l’évangélisation. Extraits.

Cette vie de consécration particulière est née comme une mémoire évangélique pour le peuple de Dieu, mémoire qui manifeste, authentifie et annonce à l’Église entière la radicalité évangélique et la venue du Royaume. Eh bien, chers frères et sœurs consacrés, par votre engagement dans la prière, dans l’ascèse, dans le développement de la vie spirituelle, dans l’action apostolique et dans la mission, tendez vers la Jérusalem céleste, anticipez l’Église eschatologique, fermes dans la possession et la contemplation amoureuse du Dieu Amour ! Combien est grande aujourd’hui la nécessité de ce témoignage ! Beaucoup de nos frères vivent comme s’il n’y avait pas d’Au-delà, sans se préoccuper de leur salut éternel. Les hommes sont appelés à adhérer à la connaissance et à l’amour de Dieu, et l’Église a la mission de les aider dans cette vocation. Nous savons bien que Dieu est maître de ses dons ; et la conversion des hommes est une grâce. Mais nous sommes responsables de l’annonce de la foi, de la totalité de la foi et de ses exigences. Chers amis, imitons le Curé d’Ars qui priait ainsi le bon Dieu : « Concède-moi la conversion de ma paroisse, et j’accepte de souffrir tout ce que Tu veux pour le reste de ma vie ». Et il a tout fait pour arracher les personnes à leur tiédeur afin de les ramener à l’amour.

Il y a une solidarité profonde entre tous les membres du Corps du Christ : il n’est pas possible de l’aimer sans aimer ses frères. C’est pour leur salut que Jean-Marie Vianney a voulu être prêtre : « Gagner les âmes au bon Dieu » déclarait-il en annonçant sa vocation à l’âge de dix-huit ans, à l’image de Paul qui disait : « afin d’en gagner le plus grand nombre possible » (1 Co 9, 19). Le Vicaire général lui avait dit : « Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans la paroisse, vous en mettrez ». Dans son zèle sacerdotal, le saint curé était miséricordieux comme Jésus dans la rencontre avec chaque pécheur. Il préférait insister sur l’aspect fascinant de la vertu, sur la miséricorde de Dieu en présence de laquelle nos péchés sont des ‘grains de sable’. Il évoquait la tendresse offensée de Dieu. Il craignait que les prêtres deviennent « insensibles » et s’habituent à l’indifférence de leurs fidèles : « Malheur au pasteur – avertissait-il – qui demeure muet en voyant Dieu outragé et les âmes se perdre ».

Lire l’intégralité du discours de Benoît XVI : sur le site de La Croix

Benoît XVI : « L’annonce de la vérité est un service que l’Eglise offre à la société »

Benoît XVI au Portugal

Benoït XVI lors de la rencontre avec des personnalités du monde de la culture et représentants d'autres religions le 12 mai 2010 à Lisbonne

Au deuxième jour de son voyage au Portugal (du 11 au 14 mai), le pape a rencontré le monde de la culture au Centre Belém de Lisbonne et y a prononcé un discours dans lequel il a évoqué le ‘conflit’ présent dans la culture actuelle entre la tradition et le présent, qui s’exprime par une « crise de la vérité ». Il a rappelé avec force que l’Eglise a une mission de vérité dans le monde. Une mission qu’il a jugée « impérative ». Chercher la vérité « en dehors de Jésus Christ s’avère dramatique », a-t-il insisté. Pour le pape, annoncer la vérité n’est-ce pas ni plus, ni moins, l’évangélisation ?

Annoncer la vérité : un service offert à la société

Dans son allocution, le pape a invité à faire un « effort de compréhension » autour de « la forme dans laquelle l’Eglise se situe dans le monde, en aidant la société à comprendre que l’annonce de la vérité est un service qu’Elle offre à la société, ouvrant de nouveaux horizons d’avenir, de grandeur et de dignité ».

A ses yeux, la vérité est gage de liberté. « La fidélité à l’homme exige la fidélité à la vérité qui seule, est la garantie de la liberté (cf. Jn 8,32) et de la possibilité d’un développement humain intégral ». « C’est pour cela que l’Eglise la recherche, qu’elle l’annonce sans relâche et qu’elle la reconnaît partout où elle se manifeste. Cette mission de vérité est pour l’Eglise une mission impérative » (Caritas in veritate, n.9), a-t-il expliqué.

Evoquant enfin le Portugal comme une « société formée en majeure partie de catholiques et dont la culture a été profondément marquée par le christianisme », il a estimé que « la tentative de trouver la vérité en dehors de Jésus-Christ » s’avérait « dramatique ».

Confrontez-vous à la source de la beauté

S’adressant aux « artisans de la culture sous toutes ses formes, créateurs de pensée et d’opinion », le pape leur a rappelé combien leur « talent » leur donnait « la possibilité de parler au cœur de l’humanité, de toucher la sensibilité individuelle et collective, de susciter des rêves et des espérances, d’élargir les horizons de la connaissance et de l’engagement humain ».

« N’ayez pas peur de vous confronter avec la source première et ultime de la beauté, de dialoguer avec les croyants, avec ceux qui, comme vous, se sentent en pèlerinage dans le monde et dans l’histoire vers la Beauté infinie (Discours aux artistes, 21/XI/2009) », a-t-il lancé.

Pour Benoît XVI, l’Eglise a la « mission prioritaire, dans la culture actuelle, de tenir éveillée la recherche de la vérité et, en conséquence, de Dieu ; de porter les personnes à regarder au-delà des choses qui passent et à se mettre à la recherche des choses qui demeurent ».

« Faites des choses belles, mais par-dessus tout faites que vos vies deviennent des lieux de beauté », a-t-il conclu.

Lire l’intégralité de cet article : sur le site de Zenit

Benoît XVI : « Le Portugal a porté la foi catholique dans toutes les parties du monde »

Dans l’avion qui le conduisait lundi après-midi à Lisbonne, au Portugal, Benoît XVI a répondu une première question du Père Lombardi qui lui demandait comment annoncer la foi dans un contexte indifférent et hostile à l’Eglise. Pour le pape, le Portugal a été une grande force de la foi catholique, et ce pays a porté cette foi dans toutes les parties du monde. Une vision englobant la question de la sécularisation, de la dialectique entre sécularisme et foi comme une « chance » pour l’évangélisation, le « défi » qui se présente à nous pour que les deux se rencontrent afin que l’Europe retrouve sa véritable identité, une « nécessité humaine de notre histoire ». Extrait.

Père Lombardi : Quelles préoccupations et quels sentiments ressentez-vous à l’égard de la situation de l’Église au Portugal ? Que peut-on dire au Portugal, dans le passé profondément catholique et porteur de la foi dans le monde, mais aujourd’hui en voie de profonde sécularisation, aussi bien dans la vie quotidienne, qu’au niveau juridique et culturel ? Comment annoncer la foi dans un contexte indifférent et hostile à l’Église ?

Benoît XVI : D’abord bonne journée à vous tous et nous nous souhaitons un bon voyage, malgré le fameux nuage sous lequel nous sommes. En ce qui concerne le Portugal, j’éprouve surtout des sentiments de joie, de gratitude pour tout ce qu’a fait et fait ce pays dans le monde et dans l’histoire et pour la profonde humanité de ce peuple, que j’ai pu expérimenter lors d’une visite et auprès de beaucoup d’amis portugais. Je dirais que c’est vrai, très vrai, que le Portugal a été une grande force de la foi catholique, il a porté cette foi dans toutes les parties du monde ; une foi courageuse, intelligente et créative ; il a su créer une grande culture, nous le voyons au Brésil, au Portugal même, mais aussi la présence de l’esprit portugais en Afrique, en Asie. D’autre part, la présence du sécularisme n’est pas une chose totalement nouvelle. La dialectique entre sécularisme et foi au Portugal a une longue histoire. Déjà au dix-huitième siècle il y a une forte présence des Lumières, il suffit de penser au nom de Pombal. Ainsi nous voyons qu’en ces siècles le Portugal a toujours vécu dans cette dialectique, qui naturellement aujourd’hui s’est radicalisée et se manifeste avec tous les signes de l’esprit européen d’aujourd’hui. Et cela me semble un défi et aussi une grande possibilité. En ces siècles de dialectique entre l’esprit des Lumières, le sécularisme et la foi, il n’a jamais manqué de personnes qui voulaient construire des ponts et créer un dialogue, mais malheureusement la tendance dominante fut celle de l’opposition et de l’exclusion réciproque. Aujourd’hui nous voyons justement que cette dialectique est une chance, que nous devons trouver la synthèse et un dialogue précurseur et profond. Dans la situation multiculturelle dans laquelle nous sommes tous, on voit qu’une culture européenne qui serait seulement rationaliste n’aurait pas la dimension religieuse transcendante, elle ne serait pas en mesure d’entrer en dialogue avec les grandes cultures de l’humanité, qui ont toutes cette dimension transcendante, qui est une dimension de l’être humain. Et donc penser qu’il y aurait une raison pure, anhistorique, existant seulement en elle-même et que ce serait cela « la » raison, est une erreur ; nous découvrons toujours plus qu’elle touche seulement une partie de l’homme, qu’elle exprime une certaine situation historique, qu’elle n’est pas la raison comme telle. La raison comme telle est ouverte à la transcendance et c’est seulement dans la rencontre entre la réalité transcendante, la foi et la raison que l’homme se trouve lui-même. Je pense donc que justement la tâche et la mission de l’Europe en cette situation est de trouver le chemin de ce dialogue, d’intégrer la foi et la rationalité moderne dans une vision anthropologique unifiée, qui rend compte complètement de l’être humain et ainsi rend également les cultures humaines communicantes. Par conséquent, je dirais que la présence du sécularisme est une chose normale, mais la séparation, l’opposition entre le sécularisme et la culture de la foi est anormale et doit être dépassée. Le grand défi de ce moment est que les deux se rencontrent, et trouvent ainsi leur véritable identité. Cela, comme je l’ai dit, est une mission de l’Europe et une nécessité humaine pour notre histoire.

Lire l’intégralité des questions posées au pape : sur Zenit

Benoît XVI : « Il faut de nouveau annoncer avec vigueur et joie la résurrection »

Le 11 mai à Lisbonne, Benoît XVI a célébré une messe au Terrieiro do Paço. Dans son homélie, le pape se demande : « On a peut-être mis une confiance excessive dans les structures et dans les programmes ecclésiaux, dans la distribution des responsabilités et des fonctions ; mais qu’arrivera-t-il si le sel s’affadit ? » Sa réponse : « Pour que cela n’arrive pas, il faut de nouveau annoncer avec vigueur et joie l’événement de la mort et de la résurrection du Christ, cœur du christianisme, fondement et soutien de notre foi, levier puissant de nos certitudes, vent impétueux qui balaie toute peur et toute indécision, tout doute et tout calcul humain. »

Texte intégral

Chers Frères et Sœurs,
Chers jeunes amis!

« Allez donc ! de toutes les nations faites des disciples, […] apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20). Ces paroles du Christ ressuscité revêtent une signification particulière en cette ville de Lisbonne, d’où sont parties en grand nombre des générations et des générations de chrétiens – évêques, prêtres, personnes consacrées et laïcs, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes –, obéissant à l’appel du Seigneur et armés simplement de cette certitude qu’il leur a laissée : « Moi, je suis avec vous tous les jours ». La place que le Portugal s’est acquise parmi les nations pour le service offert à la diffusion de la foi est glorieuse : dans les cinq parties du monde, il y a des Églises locales qui ont tiré leur origine de l’action missionnaire portugaise.

Dans le passé, votre départ à la recherche des autres peuples n’a ni empêché ni détruit les liens avec ce que vous étiez et croyiez, au contraire, avec sagesse chrétienne, vous avez réussi à transplanter expériences et particularités, en vous ouvrant à la contribution des autres pour être vous-mêmes, dans une apparente faiblesse qui est une force. Aujourd’hui, en participant à l’édification de la Communauté européenne, vous apportez la contribution de votre identité culturelle et religieuse. En effet, de même que Jésus Christ s’est joint aux disciples sur la route d’Emmaüs, de même marche-t-il aussi avec nous selon sa promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Même si elle est différente de celle des Apôtres, nous avons nous aussi une expérience vraie et personnelle du Seigneur ressuscité. La distance des siècles est dépassée et le Ressuscité se présente vivant et agissant, par notre intermédiaire, dans l’aujourd’hui de l’Église et du monde. C’est cela notre grande joie. Dans le fleuve vivant de la Tradition ecclésiale, le Christ ne se trouve pas à deux mille ans de distance, mais il est réellement présent parmi nous et il nous offre la Vérité, il nous donne la lumière qui nous fait vivre et trouver le chemin vers l’avenir.

Présent dans sa Parole, dans l’assemblée du peuple de Dieu avec ses Pasteurs et, de façon éminente, dans le sacrement de son Corps et de son Sang, Jésus est ici avec nous. Je salue Monsieur le Cardinal Patriarche de Lisbonne, que je remercie pour les paroles affectueuses qu’il m’a adressées, au commencement de la célébration, au nom de sa communauté qui m’accueille et que je porte dans mon cœur avec ses presque deux millions de fils et de filles ; à vous tous ici présents – bien-aimés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chères personnes consacrées et laïcs engagés, chères familles et jeunes, baptisés et catéchumènes – j’adresse mon salut fraternel et amical, que j’étends à tous ceux qui se trouvent unis à nous par la radio et la télévision. Je remercie vivement Monsieur le Président de la République pour sa présence ainsi que les autres Autorités, en particulier Monsieur le Maire de Lisbonne, qui m’a courtoisement remis les clés de la ville.

Lisbonne mon amie, port et abri de tant d’espérances qui t’étaient confiées par celui qui partait et que désirait celui qui te rendait visite, j’aimerais aujourd’hui me servir de ces clés que tu m’a remises pour que tu puisses fonder tes espérances humaines sur l’Espérance divine. Dans la lecture qui vient d’être proclamée, tirée de la Première Lettre de saint Pierre, nous avons entendu : « Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui se confie en elle ne sera pas déçu ». Et l’Apôtre explique : Approchez-vous du Seigneur, il est « la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur » (1 P 2, 6.4.). Frères et sœurs, celui qui croit en Jésus ne sera pas déçu : il est la Parole de Dieu, qui ne se trompe pas et ne peut pas nous tromper. Parole confirmée par une « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues » contemplée par l’auteur de l’Apocalypse « en vêtements blancs, avec des palmes à la main » (Ap 7, 9). Dans cette foule immense il n’y a pas seulement les saints Verissimo, Maxima et Julia, martyrisés ici pendant la persécution de Dioclétien, ou saint Vincent, diacre et martyr, patron principal du Patriarcat ; saint Antoine et saint Jean de Brito qui sont partis d’ici pour semer le bon grain de Dieu auprès d’autres terres et d’autres peuples, ou saint Nuno de Santa María que, depuis un peu plus d’un an, j’ai inscrit au livre des Saints. Mais elle est formée des « serviteurs de notre Dieu » de tous les temps et de tous les lieux, sur le front desquels a été tracé le signe de la croix avec « le sceau du Dieu vivant » (Ap 7, 2) : l’Esprit Saint. Il s’agit du rite initial accompli sur chacun de nous dans le sacrement du Baptême, par lequel l’Église conduit les ‘saints’ à la lumière.

Nous savons que des enfants récalcitrants et même rebelles ne lui manquent pas, mais c’est dans les Saints que l’Église reconnaît ses propres traits caractéristiques et c’est vraiment en eux qu’elle savoure sa joie la plus profonde. Ce qui les unit tous, c’est la volonté d’incarner l’Évangile dans leur propre existence, mus par l’Esprit-Saint, âme éternelle du Peuple de Dieu. Fixant son regard sur ses saints, cette Église locale a justement conclu qu’aujourd’hui la priorité pastorale est de faire de chaque chrétien une présence rayonnante de la perspective évangélique au milieu du monde, dans la famille, dans la culture, dans l’économie, dans la politique. Souvent nous nous préoccupons fébrilement des conséquences sociales, culturelles et politiques de la foi, escomptant que cette foi existe, ce qui malheureusement s’avère de jour en jour moins réaliste. On a peut-être mis une confiance excessive dans les structures et dans les programmes ecclésiaux, dans la distribution des responsabilités et des fonctions ; mais qu’arrivera-t-il si le sel s’affadit ?

Pour que cela n’arrive pas, il faut de nouveau annoncer avec vigueur et joie l’événement de la mort et de la résurrection du Christ, cœur du christianisme, fondement et soutien de notre foi, levier puissant de nos certitudes, vent impétueux qui balaie toute peur et toute indécision, tout doute et tout calcul humain. La résurrection du Christ nous assure qu’aucune puissance adverse ne pourra jamais détruire l’Église. Par conséquent notre foi a un fondement, mais il faut que cette foi devienne vie en chacun de nous. Il y a donc un vaste effort capillaire à accomplir afin que tout chrétien se transforme en témoin capable de rendre compte à tous et toujours de l’espérance qui l’anime (cf. 1 P 3, 15) : seul le Christ peut satisfaire pleinement les profondes aspirations de tout cœur humain et répondre à ses interrogations les plus inquiètes sur la souffrance, l’injustice et le mal, sur la mort et sur la vie dans l’Au-delà.

Chers Frères et jeunes amis, le Christ est toujours avec nous et il marche toujours avec son Église, il l’accompagne et la garde, comme il nous l’a dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Ne doutez jamais de sa présence ! Cherchez toujours le Seigneur Jésus, grandissez dans l’amitié avec lui, recevez-le dans la communion. Apprenez à écouter sa parole et aussi à le reconnaître dans les pauvres. Vivez votre existence avec joie et enthousiasme, sûrs de sa présence et de son amitié gratuite, généreuse, fidèle jusqu’à la mort de la croix. Témoignez à tous la joie de sa présence forte et douce, en commençant par ceux qui ont votre âge. Dites-leur qu’il est beau d’être l’ami de Jésus et qu’il vaut la peine de le suivre. Par votre enthousiasme montrez que, parmi tant de modes de vie que le monde aujourd’hui semble nous offrir – tous apparemment du même niveau –, l’unique dans lequel se trouve le vrai sens de la vie et donc la joie véritable et durable est de suivre Jésus.

Cherchez chaque jour la protection de Marie, Mère du Seigneur et miroir de toute sainteté. Elle, la toute Sainte, vous aidera à être de fidèles disciples de son Fils Jésus Christ.