Qu’est-ce qu’être catholique ?

Crucifix

Il est parfois de bon ton de se dire catholique tout en ayant un esprit d’ouverture, voire critique et inséré dans notre société qui évolue. Tout passe sur ces mots, et la mode aidant, l’ouverture devient synonyme de relativisme, la critique de correction fraternelle ! Et pourtant. Peut-on encore aujourd’hui se targuer d’être catholique si l’enseignement de l’Eglise et la vie dans l’Eglise nous paraissent trop éloignés de nous ? Peut-on encore aujourd’hui se dire catholique sans pratiquer les sacrements, sans accepter les exigences de la Bonne Nouvelle ?

Etre catholique ne peut relever d’une simple étiquette. La foi ne peut être considérée comme une chose que l’on prendrait lorsqu’elle nous intéresse (mettons nos enfants dans une école catholique pour qu’ils reçoivent une bonne éducation) et que l’on jetterait lorsqu’elle nous dérangerait. Alors il faut peut-être nous demander aujoud’hui ce qui fait notre foi catholique. Notre baptême ? Notre culture ? Ou au contraire, la vie même dans l’Eglise ?

C’est ce qu’un évêque vient de rappeler à Patrick J. Kennedy, fils de Ted et député “catholique” Démocrate du Rhode Island. Connu pour son engagement pro avortement, le député soutient ces thèses contre l’Eglise catholique à laquelle il dit appartenir. L’occasion pour Mgr Thomas Tobin, ordinaire du diocèse de Providence (Rhode Island) de rappeler quelques fondamentaux (*) :

« Mais qu’est ce que vraiment veut dire être catholique ? Après tout, être catholique doit bien vouloir dire quelque chose : d’accord ? Et bien, en termes simples (…) être catholique veut dire que vous appartenez à une communauté de foi qui possède une doctrine et une autorité clairement définies, des obligations et des attentes. Cela veut dire que vous croyez et acceptez les enseignements de l’Église, notamment sur les questions fondamentales de foi et de mœurs, que vous appartenez à une communauté catholique locale, une paroisse, que vous assistez à la Messe le dimanche et que vous recevez régulièrement les sacrements, que vous soutenez l’Église, personnellement, publiquement, spirituellement et financièrement. »

L’évêque de Providence rappelle aussi qu’en rejetant l’enseignement de l’Eglise, « nous ne traitons pas seulement avec une humanité imparfaite, comme nous le faisons quand nous luttons contre les péchés (…) Nous luttons contre toutes ces choses et souvent nous succombons. » Il s’agit au contraire d’une « volonté délibérée, d’une décision consciente ».

Il est donc bien beau de se dire catholique. Mais il faut aussi comprendre qu’être catholique, c’est accepter d’être dérangé. Dérangé parce que l’Eglise nous conduit, parce que c’est le Christ qui devient premier dans notre vie, et que cette vie passe par celle de l’Eglise.

Bien sûr, tout ne peut être parfait. Chacun avance comme il le peut et nous sommes tous pêcheurs. Mais nous ne pouvons refuser l’Eglise et son enseignement. Certes, nous ne comprendrons jamais totalement le mystère infini de Dieu. Ni la grandeur de son Amour qui s’est donné pour nous, dans son Fils. Alors, il faut peut-être accepter de lâcher certaines choses, nos petites habitudes, nos facilités, nos idées reçues et bien ancrées dans la société. Il faut peut-être accepter de se lever le dimanche matin pour rejoindre notre communauté chrétienne et la faire vivre, avec ses richesses et ses faiblesses.

Alors, ayons le courage aujourd’hui d’évangéliser dans nos propres sentiers. Ouvrons la porte à nos frères pour leur dire que l’Eglise ne peut tergiverser avec ses exigences, et que là est notre foi. C’est peut-être là la première œuvre d’évangélisation que nous devons faire.

Parce qu’alors, nous trouverons la véritable vie et la transmettrons à nos frères. Et nous pourrons témoigner auprès d’eux que la vraie liberté est celle des enfants de Dieu.

Emmanuella Manzotti

(*) Lettre ouverte de Mgr Tobin datée du 12 novembre et publiée le 19/11 dans le Rhode Island Catholic. Source www.americatho.org.

Encore un mot...
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13 réflexions sur « Qu’est-ce qu’être catholique ? »

  1. Incarnare

    Emmanuella : merci pour cet article. Je ne peux m’empêcher de citer quelques extraits de l’Affrontement chrétien, d’E. Mounier (1943).

    « Un catholique français imaginait-il, dans les cent dernières années, que les prisons pussent être une place plus normale pour lui que la bienveillance rassurante des discours officiels. p24

    Se soucie t-on de former des hommes démonstratifs tout autant que d’entretenir les démonstrations traditionnelles en bon état de service ? Avons-nous gardé assez vif, dans notre Chrétienté d’occident, le sens prophétique de l’homme nouveau. Il est pourtant à chaque minute proposé à notre fiat comme il le fut au premier jour. p24

    Dans plusieurs pays d’Occident, on vient à se demander si le christianisme, qui y paraît encore puissant, y est autre chose à cette heure qu’une illusion massive. Sur la permanence des cérémonies et le flux somnolent des foules, on perçoit déjà, menus mais de plus en plus nombreux comme les premières gouttes d’un orage, les signes de la plus grande tempête peut-être qui doive submerger les édifices de la chrétienté. p26

    L’ouvrier moderne, pour entrer dans une sphère de vie chrétienne, n’est pas tant arrêté par le saut spirituel de l’incroyance à la foi, que par le dépaysement sociologique où l’appelle le style de vie moyen des chrétiens pieux. « Il leur semble que, pour aimer le Christ, il leur faudrait accepter comme une déchéance, comme un amoindrissement de leur personnalité de rude travailleur » et ils se refusent à ce qui leur apparaît comme une perte d’humanité. p28-29

    De père en fils, on voit se développer en milieu formellement chrétien un complexe d’infériorité collectif mal avoué. Sous une pratique extérieure encore solide, un cœur incertain accepte secrètement l’infériorisation publique de la vie chrétienne. Les uns sont encore convaincus de la vérité finale du christianisme, mais leur foi débile se faisant battre sur tous les terrains immédiats, ils lâchent partout du lest. D’autres, au contraire, restent attachés à un style de vie chrétien, à une certaine atmosphère morale, mais au fond d’eux-mêmes ils tiennent le reste pour mythologie. Ces duplicités gardées dans l’ombre contribuent beaucoup plus que les obstacles extérieurs à ce manque d’assurance et d’assiette qui dénonce si fréquemment aujourd’hui l’homme religieux. p29″

  2. Jean-Baptiste Maillard

    @Incarnare : vous citez : « Avons-nous gardé assez vif, dans notre Chrétienté d’occident » : ne croyez-vous pas, comme le disait Jean-Paul II, qu’on doit considérer comme dépassé l’état de société chrétienne ? quid de la sécularisation ?

  3. mathieu c

    a quel moment dieu intervient-il dans la vie du croyant ?
    Y a-t-il un modèle prédéfini de mode de vie chrétien ?
    Il y a une façon de vivre qui pourrait correspondre à tout le monde ?
    Les catholiques critiquent souvent (et à juste titre) la pensée unique, les stéréotypes, le moutonisme (néologisme personnel). Ils ne peuvent retomber dedans je crois.
    Et d’ailleurs, ce mode de vie catholique (s’il en est un) a-t-il déjà vécu dans nos sociétés ?

    lorsque les gens se sentent aliénés par certains points d’une doctrine est-ce blâmable de les voir la remettre en question ? N’est-ce pas le retour de bâton d’une Eglise qui fut « maladroite » bien souvent ?
    L’Eglise doit peut-être d’abord rassurer les gens sur son état d’esprit et de penser avant de les ré-évangéliser.
    Si les gens se sont un peu éloigner d’un certains catholicisme il faut se demander pourquoi et bien différencier les niveaux:

    combien de catho non croyants vivants dans la bonne tradition et combien de croyants hors de ça ?

    Et puis surtout, celui qui connaît dieu marche forcément sur le bon sentier, non ? C’est peut-être rapprocher les gens de dieu qu’il faudrait commencer par faire si on veut les « réchauffer », non ?

    Personnellement j’ai perdu dieu en voulant devenir catholique alors ce genre de sujets m’interpelle.
    je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi on me l’a volé alors que je l’aimais bien. M’enfin.

    En tout cas il ne faut pas rêver, pour convaincre les gens du bien fondé de vos valeurs il faudra d’abord les vivre vous-mêmes, accepter les autres (c’est à dire y trouver du bien qui vienne d’eux-même) et savoir communiquer sans passer pour un illuminé.

    Le meilleurs évangélisateur que j’ai connu est un gars qui m’a raconté son séjour à paray le monial. Il y a avit tellement de joie en lui lorsqu’il m’en parlait qu’il aurait fait croire au bonheur n’importe quel paumé.

  4. Batelier

    Ceux qui par la foi et le baptême appartiennent au Christ doivent confesser leur foi baptismale devant les hommes » catéchisme de l’église catholique » Aujourd’hui, combien de catholiques français peuvent revendiquer cette appartenance au Christ ? Je constate que nombre de médias catholiques (journaux- internet ..) sont incapables d’assumer cette mission d’évangélisation . Il est plus facile d’aller dans le sens du poil de la société, qu’à contre courant.

  5. Batelier

    à Jean -Baptiste Maillard « Aumônerie d’un Hôpital, pendant 4 ans, aumônerie d’un autre hôpital pendant 6 mois; Les deux fois, j’ai quitté, en raison d’un désaccord avec la façon dont les aumônières menaient leur » appel. » Une anecdote: un hôpital; un curé, une aumônière, un mourant. Ce mourant demande à se confesser avant de partir,L’aumônière ne juge pas utile cette confession et en parle au curé de la paroisse. Ce dernier suit l’avis de cette aumônière. La personne présente est allé chercher le prêtre d’une communauté religieuse pour pouvoir confesser ce pauvre homme qui désirait partir pardonné. J’anime un chapelet tous les Lundis avec de personnes âgées Vous proposez quoi ? Amicalement..

  6. Alain

    @mathieu c :

    Bonjour,

    je vais partager avec vous la réponse qui me fut faite par ma Mère, lorsque j'étais encore un enfant : Catholique veut dire UNIVERSEL(LE).

    1) Nous appartenons à une Église Universelle qui s’adresse à tout le monde, sans prosélytisme.
    2) j’aime dire : je suis Chrétien de l’Église de Rome, CATHOLIQUE quand j’accueille mon prochain sans aucune distinction, de race ; de tradition ; etc …
    3) Chaque chrétien qui veut suivre Jésus doit avoir une « attitude » Universelle, c’est même un devoir.
    4) DIEU qui est Fidèle à l’humanité (toute entière) intervient dans notre vie humaine en réponse à notre FIDÉLITÉ à sa Parole. (fides = Foi).
    5) il n’est pas nécessaire de se torturer les méninges pour devenir un Chrétien disciple de Jésus, nous sommes tous appelés à vivre la vie du Christ, il n’y a pas que Jésus qui a reçu l’onction sainte, à notre Baptême nous recevons l’onction qui fait de nous des Enfants de Dieu, certes par adoption mais il nous suffit d’accepter cette sainte adoption, ainsi nous deviendrons des Fils et des Filles de Dieu, tout comme Jésus le premier né d’entre nous, et Marie qui avant de devenir la mère de Jésus fut tout d’abord Fille de Dieu, et Épouse de Dieu.

    
    

    Voici quelques unes de mes réflexions qui, je l’espère trouveront un bon écho en votre esprit.

  7. Batelier

    Je complète les renseignements sur moi .J’ai 69 ans . La première année de ma retraite, j’ai désiré suivre des cours au grand séminaire , ceci afin de me former. puis sympathisant « OPUS DEI  » j’ai suivi une cession de formation de théologie.
    Voilà, je crois que j’ai répondu complétement à votre question « que fais-je pour aider à l’évangélisation ? » Mais je dois ajouter que les cours au grand séminaire ont été très décevant car le Marxisme, c’est pas mon truc.

  8. Batelier

    Je confirme et signe concernant les médias :. Zenit du 26/11/09. Je cite  » le monde des mass -média est conditionné par une certaine fascination du mal, par une règle cynique selon laquelle la mauvaise nouvelle est une bonne nouvelle » Il y a des exceptions qui confirment la règle. Soyons vigilants et luttons ensemble contre ces dérives

  9. Helvète

    Très bonne question: que doit-on faire pour se donner le nom de catholique ?

    Catholique ne se proclame pas, mais implique d’accepter un certains nombre de choses.

    Il faut au minimum 3 choses:

    – être baptisé
    – pouvoir réciter le Credo en adhérant à tous les points cités: ne pas accepter un seul point ou mettre en doute la véracité, c’est subir une excommunication, c.-à-d. une exclusion de la communauté catholique
    – accepter et mettre en pratique autant que possible (l’homme est faible) les 10 commandements et ceux de l’église au nombre de 5.

    Que dire des règles de morale et des dogmes ? Ces notions découlent soit du Credo soit des 10 commandements. Avoir un problème avec ces points, c’est remettre en cause ces 2 sources.

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