Aspects psychologiques et spirituels du couple

ROME, Jeudi 12 juillet 2007 (d’après ZENIT.org) – « L’amour est source d’éternité puisqu’il vient de Dieu. La relation et la spiritualité conjugale se fondent au nom de ce don de vie. C’est pourquoi les couples vont passer leur existence à apprendre à aimer. Amour et vérité forment un couple inséparable. C’est la vérité de l’amour qui rend libre. Il permet de traiter les crises de la vie à travers l’espérance de la « caritas » et de partager ainsi la vie divine qui est au cœur du sacrement de mariage », affirmait Mgr Anatrella en conclusion d’une conférence à l’université du Latran.

Mgr Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, consulteur des conseils pontificaux pour la Famille et pour la Pastorale des services de la Santé, a prononcé cette conférence en présence de Mgr Livio Melina, président de l’Institut Jean-Paul II, et de différentes personnalités de la curie romaine. Mgr Anatrella a également donné l’an dernier au même institut, qui dépend de l’université pontificale du Latran, un cours sur: « La psychologie de l’homosexualité ».

Mgr Anatrella citait un sondage indiquant qu’en France, 47% des personnes interrogées, soit près d’un Français sur deux, pensent que « vivre en couple aujourd’hui est difficile », et 44% « n’accordent plus le même sens à l’engagement » (cf. Magazine « Vivre plus » à l’occasion de la saint Valentin, février 2007.

Autrement dit, conclut Mgr Anatrella, « le couple serait devenu l’enfer » « dans les représentations sociales », alors qu’il demeure « une aspiration forte chez nos contemporains, surtout dans un monde marqué par la « déliaison » sociale ».

« L’augmentation constante du divorce pose divers problèmes psychologiques, sociaux, médicaux, économiques et religieux, continuait Mgr Anatrella. On peut donc se demander pourquoi on divorce de plus en plus ? N’est-ce pas révélateur de problèmes qui n’ont pas été traités dans le couple ? La loi civile qui libéralise le divorce ne favorise t-elle pas les ruptures ? Que devient une société lorsque les citoyens ne savent plus durer dans leurs engagements ? L’instabilité affective du couple ne rend-elle pas incertaine l’institution du mariage et de la famille ? L’instabilité n’est-elle pas une source d’insécurité pour les enfants et pour les adultes ? Cette insécurité ne va-t-elle pas produire des effets collatéraux sur le lien social ? Dans ce contexte, l’autre ne devient-il pas un objet d’inquiétude et de méfiance qui ne laisse guère de place à la confiance ? Nous avons le souci du développement durable en matière économique. Mais ce développement est négligé lorsqu’il s’agit de la vie conjugale et familiale. Pourquoi ne pas considérer qu’il s’agit d’un investissement humain pour l’avenir et les générations futures ? Ce sont autant de questions qui se posent face à la dislocation de la vie conjugale ».

« Une autre question apparaît et va retenir notre attention au cours de cette conférence. Ne peut-on pas chercher à comprendre les ruptures de la vie conjugale à partir des éléments qui ont participé à sa constitution ? Autrement dit, quels sont les aspects psychologiques et spirituels qui participent, dans le meilleur des cas, à la fondation du couple ? Il me paraît important d’élucider cette problématique car l’analyse de l’expérience de ces couples qui se défont révèle souvent la structure relationnelle à partir de laquelle ils se sont engagés et qui, sans évoluer de façon positive, aboutit à des crises et à des ruptures », faisait observer le psychanalyste.

Sans pouvoir reprendre ici les développements du conférencier, nous nous contenterons de quelques éléments et de la conclusion :

Mgr Anatrella a analysé successivement « Le couple et les jeunes générations », ou « Comment se présente l’image du couple dans la mentalité des jeunes générations », « Comment se constitue une relation fondée sur l’amour conjugal » (un exemple de fondation dans l’interdépendance, comment se constitue la relation conjugale – l’attachement, le couple sentimental, la séduction sexuelle, la relation amoureuse –) et « Comment tenir compte des divers facteurs d’évolution du couple » (la phase d’idéalisation, les ajustements, la naissance de l’enfant, les grands-parents, accomplissement spirituel).

Mgr Anatrella concluait sur la place de l’affectivité dans la relation de couple: « Les exigences affectives sont devenues une priorité dans la relation de couple formée par un homme et une femme. Nous pouvons nous réjouir de ce souci et de cette attention pour améliorer la qualité relationnelle, mais à elle seule l’affectivité, bien que nécessaire, est insuffisante pour être le seul déterminant qui participe à la fondation de la relation de couple ».

Le sentiment n’est pas synonyme d’amour

Il réfutait cette idée reçue : « Cette insuffisance se constate lorsque les partenaires rencontrent des difficultés pour inscrire leur relation dans la dimension de l’amour. Le sentiment n’est pas synonyme d’amour comme le croient à tort des jeunes couples. Sans autre référence qu’eux-mêmes, l’homme et la femme s’enferment dans un vis-à-vis sentimental qui peut aboutir à des impasses, comme il peut être un point de départ et accéder au sens de l’amour. Celui-ci est une des conditions objectives qui permet à un couple de s’engager, de durer et de traiter les différentes crises qui ne manqueront pas de se présenter dans leur histoire conjugale ».

S’impliquer dans un dialogue conjugal

« Les couples actuels ne savent pas toujours repérer les éléments fondateurs de leur relation. Le besoin de se ressentir constamment entretient une vision fusionnelle de leur union. Le besoin quasi égalitariste entre l’homme et la femme ne les aide pas toujours à se rejoindre dans leur symbolique respective et dans leur complémentarité. L’égalité se confond ici avec la similitude. Le besoin aussi d’être dans la transparence en se disant tout, en ligne directe, sans aucun objet médiateur, favorise la confusion des espaces personnels aussi bien psychologiques que spirituels. Autre chose est de s’impliquer dans un dialogue conjugal pour traiter les questions de la vie commune du couple. __ Le sens de l’altérité devient possible__

Des couples souhaiteraient davantage trouver une fondation plus solide à partir de leur vie affective qu’au nom d’un engagement voulu dans le mariage. Celui-ci représente une structure tierce à partir de laquelle le sens de l’altérité devient possible.

Le contexte actuel ne porte pas les personnes à socialiser leur vie affective et sexuelle. Elle est recluse dans un univers intimiste, individualiste et parfois imaginaire. Il n’est pas étonnant de voir se multiplier les problèmes sexuels dans l’expression du couple. L’expression sexuelle devient parfois insignifiante lorsqu’elle n’engage plus la relation conjugale dans le temps et après la mort à travers les enfants.

Nous pouvons élargir ce constat, faisait-il observer, en soulignant que la suprématie des sentiments fait que n’importe quelle situation affective pourrait être qualifiée de couple ou de famille avec ou sans enfants comme cela est revendiqué par des personnes homosexuelles. La confusion des sentiments est à son comble lorsqu’elle s’enracine dans la confusion de la différence sexuelle.

Le culte de l’intimité affective, une illusion

Le culte de l’intimité affective est une illusion quand il est entretenu au détriment des réalités de la vie. C’est pourquoi, il devient nécessaire d’être attentifs au type de relation dans lequel les partenaires sont impliqués, le projet dans lequel ils s’inscrivent, les références à partir desquelles ils entendent construire leur communauté de vie, la capacité à donner un sens à la mort qui incite, dans le meilleur des cas, à nouer des relations pour le présent et l’avenir, et à s’engager dans le renouvellement des générations, à la façon dont ils vivent la dimension spirituelle qui nous révèlent sens de l’amour qui vient de Dieu.

L’amour, source d’éternité puisqu’il vient de Dieu

L’amour est source d’éternité puisqu’il vient de Dieu. La relation et la spiritualité conjugale se fondent au nom de ce don de vie. C’est pourquoi les couples vont passer leur existence à apprendre à aimer. Amour et vérité forment un couple inséparable. C’est la vérité de l’amour qui rend libre. Il permet de traiter les crises de la vie à travers l’espérance de la ‘caritas’ et de partager ainsi la vie divine qui est au cœur du sacrement de mariage. Le Pape Jean-Paul II n’a eu de cesse de nous inviter ‘à apprendre à aimer l’amour humain’ ».

Apprendre à s’aimer comme couple, chemin merveilleux

Il citait en conclusion ces paroles de Benoît XVI, à l’occasion des JMJ 2007, le dimanche des Rameaux 1er avril : « Si vous êtes fiancés, Dieu a un projet d’amour sur votre avenir de couple et de famille, et il est donc essentiel que vous le découvriez avec l’aide de l’Eglise, libre du préjugé courant selon lequel le christianisme, avec ses commandements et ses interdits, met des obstacles à la joie de l’amour et empêche en particulier de goûter pleinement au bonheur que l’homme et la femme recherchent dans leur amour réciproque. L’amour de l’homme et de la femme est à l’origine de la famille humaine, et le couple que forment un homme et une femme a son fondement dans le dessein originel de Dieu (cf. Gn 2, 18-25). Apprendre à s’aimer comme couple est un chemin merveilleux, qui requiert toutefois un apprentissage exigeant. … Cela permet de mûrir dans l’amour, dans la prévenance et dans l’attention à l’autre. »

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1 réflexion sur « Aspects psychologiques et spirituels du couple »

  1. mathieu chasleries

    il est clair que ce n’est pas en augmentant le nombre de séparations amoureuses qu’on se rend plus heureux.

    Ceci étant dit, Monsieur Anatrella est peut-être un spécialiste du couple (ce qui m’étonnera toujours chez quelqu’un qui vit hors du couple, mais pourquoi pas) mais comment généraliser sur tout ?

    Et qu’entend-t-il par « le sentiment ne suffit pas » ?
    Déjà le sentiment amoureux ne peut être compris que par celui qui l’a connu. Peut-être ce monsieur l’a connu avec Dieu. Alors, dans ce cas, il peut comparé ce sentiment à la foi. Et quand on a ce sentiment d’Amour au fond de nous moi je dis qu’il suffit amplement parce qu’il s’auto-alimente !! l’Amour appelle l’Amour et il ne saurait se satisfaire de sur-place, de demi-bonheur, de joie éphémère. Alors je pense que celui qui connaît le vrai Amour, cela suffit à fonder le couple.
    Après faut-il savoir reconnaître ce sentiment.

    Mais quand deux personnes se sont trouvées, ce qu’on appelle efforts, concessions ou autres, cela n’apparaît que comme quelques broutilles face à tout ce qu’on gagne à être amoureux.

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