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En quoi la nouvelle évangélisation est-elle nouvelle par son ardeur ?

En créant cet automne le Conseil pontifical consacré à la nouvelle évangélisation et en annonçant la réunion d’un synode en 2012 sur ce thème, Benoît XVI place la nouvelle évangélisation à l’épicentre de la mission universelle de l’Eglise en ce début de 3ème millénaire. Voici la suite de notre série sur le thème « à quelle nouveauté la nouvelle évangélisation fait-elle référence ? ». Deuxième volet : en quoi est-elle nouvelle par son « ardeur » ?

Dans notre précédent article, nous avons détaillé les grandes lignes de la nouvelle évangélisation. Il nous semble important maintenant de préciser les trois « caractéristiques pratiques » proposées par Jean-Paul II : « une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage ». Elles sont de fait des interpellations personnelles qui peuvent nous aider à mieux discerner notre propre « maturité de la foi » et la « conversion radicale de notre état d’esprit » que le pape appelle de ses vœux. Nous abordons ici la première caractéristique.

Une évangélisation nouvelle par son ardeur

L’ardeur vient de « ardent », tel un feu : les disciples d’Emmaüs ont le cœur brûlant après leur rencontre du Christ, la Pentecôte et tant de passages des Actes nous illustrent le feu intérieur des disciples. Brûler d’ardeur et de zèle pour l’Evangile n’est pas le fruit d’une excitation humaine ou l’effet de drogues illicites (1), mais bien le signe que l’Esprit promis aux disciples par le Christ lui-même est bien présent et agissant avec puissance.

Un des plus grands évangélisateurs catholiques depuis cinquante ans fut le Père Emiliano Tardif : il affirmait que « brûler pour l’Evangile est un élément fondamental de l’Evangélisation », comme l’illustre la Parole de Dieu.

le zèle de ta maison me dévore dit le psalmiste (2)
– comme Pierre et Jean, nous ne pouvons taire tout ce que nous avons vu et entendu (3)
– comme Jérémie, nous avons un feu qui nous dévore les os (4) pour nous pousser à évangéliser

Le zèle, le feu, l’ardeur des missionnaires sont à la mesure du bouleversement réel qu’ont opéré dans notre vie la rencontre, la vie et l’amour du Christ : plus que des doctrines, le prédicateur doit avoir le feu d’amour de Jésus dans son cœur, et comme il ne peut garder pour lui cette expérience brûlante, il la partage avec flamme, vérité, authenticité.

Deux précisions au regard de très nombreuses expériences de par le monde :

– l’évangélisateur « nouveau » témoigne des merveilles de Dieu dans sa vie, et non ce qu’il a appris sur Dieu ; l’évangélisateur peut donc être un simple baptisé : ce n’est pas d’abord un pasteur, un professeur ou un docteur ; néanmoins, le concours de ces derniers reste indispensable pour former les missionnaires, s’assurer qu’ils confessent et attestent la vraie foi, et que leur vie se conforme peu à peu à la foi qu’ils proclament.

– l’ardeur du témoin n’est pas le fruit de caractères expansifs ou extravertis, mais avant tout le fruit de l’action de l’Esprit-Saint accueilli par ceux qui évangélisent ; c’est donc lui qui oint les missionnaires de force comme l’exprime Paul : « ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration d’Esprit et de puissance (5) ». Paul VI confirme toute cette action irremplaçable de l’Esprit-Saint aujourd’hui au service de la mission : « les meilleures techniques d’évangélisation ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit Saint ; sans Lui, la plus convaincante des dialectiques est impuissante sur l’esprit des hommes car c’est Lui qui, dans le tréfonds des consciences, fait accepter et comprendre la Parole du Salut » (6), tandis que Jean-Paul II insiste sur l’impératif de « raviver en nous l’élan des Origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte » (7).

Nous voilà de nouveau interpellés par le successeur de Pierre : sommes-nous prêts à laisser agir l’Esprit en nous pour annoncer la Bonne Nouvelle ? Sommes-nous conscients du trésor que nous portons ? Comment pouvons-nous nous taire alors que tant et tant souffrent de ne pas connaitre le Christ ? Sans doute, comme nous y invite Jean-Paul II, avons-nous besoin de retrouver en nous cette présence vivante du Christ pour la porter au monde en ajoutant à notre témoignage de vie, une parole explicite : c’est la première des charités comme le dit Benoit XVI, que de dire au nom de qui et pour qui nous vivons ainsi, que de proposer la foi à tous sans distinction

Références :

(1) Quoique cela puisse en donner quelque peu l’apparence : « ils sont plein de vin doux » dit-on des disciples à la Pentecôte
(2) Ps 69
(3) Ac 4, 20
(4) Jr 1, 13
(5) 1 Co 2, 4
(6) Paul VI « L’évangélisation dans le monde moderne » § 75
(7) Jean-Paul II « Au début du nouveau millénaire » § 47