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Merci Benoît XVI !


Il y a deux semaines, à Rome, quelqu’un te demandait si tu serais bien de la partie pour les JMJ de Rio, l’été prochain. Tu répondis : « ce sera moi, ou un autre ». Ton propre frère, Georg, était au courant de ton long discernement.

En 2009, tu avais donné un autre signe. Comme le rapporte Zenit hier, tu t’étais rendu à l’Aquila pour prier pour les victimes du séisme et tu t’étais rendu à la basilique, très endommagée, de Notre-Dame de Notre-Dame de Collemaggio. Les reliques de Saint Célestin (1209-1296) y avaient été retrouvées intactes, et tu avais déposé là le pallium que tu avais reçu sous les applaudissements, le jour de ton intronisation, le 24 avril 2005. Un geste important. Qui était donc Saint Célestin pour que tu lui confies ton pallium ? En l’an de grâce 1292, on était venu chercher cet ermite pour qu’il dirige la barque de l’Eglise, devenant Célestin V. Et puis, finalement, il avait démissionné deux ans plus tard, pour retourner à sa vie monastique…

Tu avais fait allusion à ce geste un an plus tard, le 4 juillet 2012, lorsque tu t’es à nouveau rendu dans la région, à Sulmona, pour le traditionnel « pardon » de Célestin V. Tu avais alors déclaré :

« Huit cents ans se sont écoulés depuis la naissance de saint Pierre Célestin V, mais il reste présent dans l’histoire en raison des célèbres événements de son époque et de son pontificat et, surtout, de sa sainteté. En effet, la sainteté ne perd jamais sa force d’attraction, elle ne tombe pas dans l’oubli, elle ne passe jamais de mode, au contraire, avec le passage du temps elle resplendit d’une luminosité toujours plus grande, exprimant la tension éternelle de l’homme vers Dieu ».

Et tu avais voulu tirer « plusieurs enseignements de la vie » du saint pape, également «  valables également à notre époque », comme si, vraiment, tu prenais déjà cela pour toi, en essayant de vivre toi-même ce que tu nous disais, ce qui te ressemble bien.

Tu voyais en Célestin un  « chercheur de Dieu, souhaitant trouver des réponses aux grandes interrogations de notre existence : qui suis-je, d’où est-ce que je viens, pourquoi est-ce que je vis, pour qui est-ce que je vis ? ». Pour y répondre, tu ressentais un appel au silence :

« Nous vivons dans une société où chaque espace, chaque moment semble devoir être ‘rempli’ par des initiatives, des activités, des sons; nous n’avons souvent même pas le temps d’écouter et de dialoguer. Chers frères et sœurs! N’ayons pas peur de faire le silence en nous et à l’extérieur de nous, si nous voulons être capables non seulement de percevoir la voix de Dieu, mais également la voix de ceux qui sont à nos côtés, la voix des autres ».

C’est ta vie bien (trop ?) remplie de pape qui t’a redonné envie de goûter au silence de Dieu. Quand tu es retourné voir les reliques de Célestin, tu as mis la puce à l’oreille de certains, à Rome !

Et voilà, hier, tu as démissionné. Cela reste un choc auquel peu de monde s’attendait : depuis 7 siècles (ce n’est pas rien) aucun autre pape n’avait osé. Car il faut oser une décision pareille ! Ton prédécesseur Jean-Paul II, qui n’avait pas peur, ne l’avait pas fait, peut-être pour une autre raison : abdiquer devant la maladie n’est pas la même chose que devant la vieillesse (de nombreuses personnes malades physiquement ou psychiquement sont sans doute encore reconnaissantes envers Karol Wojtyla d’avoir tenu jusqu’au bout).

A notre époque moderne, nulle autre trace de démission pontificale, si ce n’est, pendant la Seconde guerre mondiale, avec Pie XII, que tu as rendu Vénérable : averti que les nazis cherchaient à le faire enlever, il avait laissé une lettre de démission sur son bureau, pour qu’on puisse, si cela arrivait, élire immédiatement un autre pape…

En 2010, dans ton excellent livre-interview Lumière du monde : le pape, l’Eglise et les signes du temps, tu avais évoqué la possibilité pour le pape de démissionner : « oui, si un pape se rend compte clairement qu’il n’est plus capable physiquement, psychologiquement ou spirituellement d’accomplir les tâches de sa fonction, il a le droit et, selon certaines circonstances, l’obligation de démissionner ». Et tu avais rappelé, aussi, comment Jean-Paul II avait refusé ta démission d’évêque, à presque 75 ans : « vous n’avez aucun besoin d’écrire cette lettre, je veux vous avoir jusqu’à la fin ».

Sans être canonistes, nous savions donc que c’était possible. Ce qui nous rassure, te connaissant, c’est que tu as longtemps mûri cette décision. Ce n’est donc pas sur un coup de tête que tu as provoqué un nouveau conclave ! Ouf ! Cela nous montre aussi, si besoin était, ta grande liberté intérieure et ton entière confiance en Dieu.

Ton choix a très vite été salué par notre président, François Hollande, comme « éminemment respectable ». Merci pour ce coup de pub la veille du vote, en notre Assemblée nationale, d’un projet inhumain contre les enfants du pays : on va pouvoir surfer sur la vague, c’est bien mieux qu’une guerre au Mali !

Cela dit, quand même, tu nous laisses orphelins à la fois d’un pape et d’un père. Quelques larmes on déjà coulé. Mais c’est plutôt sympa de ta part de te retirer sur la pointe de pieds sans casser ta trombine : on trouvera bien le moyen de te dire un vrai au revoir, en chair et en os !

Je suppose que tu ne regrettes rien. Tu mérites bien ce départ tranquille pour te rapprocher plus encore du Seigneur, à qui tu as déjà consacré toute ta vie. J’espère que tu nous donneras quelques nouvelles dans quelques semaines, une lettre ou même un livre, « mémoires d’un pape » ? Ce serait riche d’enseignements.

C’est indéniable, tu as été un grand pape, avec une parole toute aussi puissante que profonde. Nous n’avons pas fini d’étudier tes discours, tes homélies comme tes publications. Merci.

Nous avons oublié les difficiles épisodes de ton pontificat, quand tu as dû faire le ‘sale boulot’. Hier midi, j’ai eu une petite pensée pour l’opération « Benoît j’ai confiance en toi » qu’on avait lancé avec Frigide Barjot, et les milliers de témoignages de soutien que nous avions pu te remettre en mains propres, à Rome. Merci pour cette aventure, défendre son pape contre les attaques sournoises et mensongères de certains médias aura été une vraie fierté et une joie, également. (Nous remettrons le couvert, si nécessaire, pour ton successeur, sois sans crainte !)

Tu as été un grand pape de l’évangélisation. Tu as développé sans cesse cette urgence, en particulier à travers la nouvelle évangélisation. Tu souhaitais que ton pontificat soit « un pèlerinage pour apporter Dieu au monde » (1), afin de « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu » (2). C’est ce que tu as fait, en paroles et en actes. On se souvient notamment de ton discours aux Bernardins, qui, en France, avait remué tout le gotha du monde de la culture, de la politique et des médias. Et de cette messe en plein air aux Invalides, dans laquelle tu avais exhorté les Français à renoncer au culte des idoles pour mieux rencontrer Dieu, c’était magnifique. Il n’est pas anodin, non plus, qu’après la création d’un ministère dédié à la nouvelle évangélisation en 2010, ton dernier synode ait eu lieu sur ce thème de l’évangélisation renouvelée. Il s’agissait, pour toi, de « promouvoir une évangélisation renouvelée dans les pays où la première annonce de la foi a déjà retenti et où sont présentes des Eglises d’antique fondation, mais qui vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte ‘d’éclipse du sens de Dieu’ » (3). Aux jeunes qui viendront à Rio, tu suggérais justement d’utiliser Internet pour cette évangélisation nouvelle !

Tu nous laisses en pleine année de la foi. Sans doute as-tu trouvé que d’autres témoins de cette foi vivante, ou d’autres réformateurs, étaient plus à même que toi de reprendre le flambeau : merci pour cette leçon d’humilité. D’autres que toi, à travers le monde, au niveau national comme au niveau le plus local, seraient bien inspirés de t’imiter, en donnant les clefs aux plus jeunes, pour que le changement survienne enfin dans nos sociétés en faveur du beau, du vrai, du bon, du bien.

Dans l’Eglise comme ailleurs, prédomine parfois un système de fonctionnaires castrateurs qui bride la marche des peuples vers le seul chemin, le Christ, qui est aussi la vérité et la vie (1 Jn 14,6). Nous, catholiques, avons tant besoin de missionnaires zélés à l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut ! Nous avons tant besoin de saints ! Merci de nous l’avoir confirmé. Tu as su aussi nous recadrer de temps en temps sur la source et le sommet de la vie chrétienne, l’eucharistie : merci encore.

Enfin, je pense à tous les saints que tu as canonisés pour faire aimer ce trésor de l’Eglise. D’ici l’élection de ton successeur, ils nous aideront, j’en suis sûr. Et puis, surtout, l’Esprit Saint est aux commandes ! Nous allons prier pour toi et le prochain pape, promis. Un autre avenir s’ouvre pour toi : puisses-tu te reposer, maintenant, tu l’as bien mérité !

Bon vent, bonne route, cher Benoît XVI !

Et du fond du cœur, merci, merci, merci.

 

(1) Benoît XVI, message aux participants au deuxième congrès mondial pour la Pastorale des pèlerinages et des sanctuaires, 27 septembre 2010.

(2)  Benoît XVI, discours prononcé lors de la bénédiction des flambeaux, sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima, au Portugal, le 12 mai 2010.

(3) Benoît XVI, première audience aux membres du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, 30 mai 2011.

Billet initialement publié sur le blog de Jean-Baptiste Maillard, Jésusprems.com.

Le pape encourage 8.000 catholiques engagés dans la nouvelle évangélisation (AFP)

CITE DU VATICAN (AFP) – Le pape Benoît XVI a encouragé samedi 8.000 catholiques engagés dans la nouvelle évangélisation réunis au Vatican à poursuivre l’élan missionnaire en le portant aussi dans les sociétés de tradition chrétienne devenues indifférentes, voire hostiles au christianisme.

Cette grande rencontre, organisée par Mgr Rino Fisichella, chef d’un nouveau dicastère créé à cet effet par Benoît XVI il y a un an, doit montrer la volonté du Vatican de relancer l’évangélisation dans ces pays, une priorité du pontificat de Benoît XVI. Il a convoqué un synode des évêques du monde entier à l’automne 2012 sur le même thème.

L’annonce de l’Evangile est vraiment arrivée jusqu’aux confins du monde, (…) et aussi au milieu de l’indifférence, de l’incompréhension et des persécutions, a-t-il affirmé, mais maintenant ce sont les pays d’ancienne tradition chrétienne qui semblent devenus indifférents, voire hostiles à la Parole de Dieu.

L’homme contemporain est souvent confus et ne parvient pas à trouver des réponses aux interrogations qui agitent son esprit quant au sens de sa vie (…). Il lui est proposé un bonheur éphémère, qui satisfait un moment mais laisse très vite de la tristesse et de l’insatisfaction, a dit le pape.

Des délégués de 30 conférences épiscopales d’Europe et des Amériques et tout ce que l’Eglise compte de nouveaux et anciens mouvements, novateurs ou traditionnels, se sont retrouvés dans la grande salle Paul VI pour un temps de réflexions et d’échanges.

Evangélisation de rue et à domicile, catéchèses pour jeunes et adultes, actions dans les médias et Internet, créations de petites cellules de prière et d’échange, tous les vecteurs sont explorés.

Après un spectacle du ténor Andrea Bocelli ou du groupe lyonnais Glorious de pop louange, quelques groupes devaient ensuite passer de la parole aux actes en animant sur des places et dans des églises romaines des temps de prière et de réflexion.

Signe de l’importance qu’il accorde à la nouvelle évangélisation, le pape devait retrouver les 8.000 participants dimanche matin lors d’une messe dans la basilique Saint-Pierre.

Benoît XVI souhaite une nouvelle évangélisation, à la fois dynamique et imaginative mais pas anarchique.

Les experts de l’Eglise constatent tous une rapide érosion de la culture religieuse, qui ne se transmet plus par les vecteurs traditionnels qu’étaient la famille, la paroisse ou l’école.

Pour la période du Carême 2012, une vaste initiative de nouvelle évangélisation est déjà prévue: la mission métropole dans douze grands diocèses d’Europe.

(©AFP / 15 octobre 2011 19h08)

 

Benoît XVI : « Etre évangélisateur n’est pas un privilège, mais un engagement »

Dimanche 16 octobre, au terme d’une longue journée ponctuée de témoignages, le pape a rencontré les nouveaux évangélisateurs qui participaient, salle Paul VI au Vatican, à la première rencontre organisée par le Conseil pontifical pour la Promotion de la nouvelle évangélisation sur le thème « Nouveaux évangélisateurs pour la nouvelle évangélisation – la Parole de Dieu croît et se répand ».

Dans un monde où le mal fait souvent plus de bruit que le bien, le pape Benoît XVI a salué l’action de ceux qui accueillent l’invitation du Christ à devenir ses disciples. « Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui parlent à Dieu, pour pouvoir parler de Dieu », a-t-il affirmé en rappelant qu’être évangélisateur « n’est pas un privilège mais un engagement qui vient de la foi ».

Dans son discours, le pape a aussi évoqué la condition de l’homme contemporain qui, « souvent confus », ne parvient pas « à trouver de réponse aux nombreuses interrogations qui agitent son esprit concernant le sens de la vie et les questions qui se trouvent au plus profond de son cœur ».

« L’homme ne peut éluder ces questions qui touchent la signification de soi et de la réalité, il ne peut vivre dans une seule dimension ! », a fait observer le pape avnt d’ajouter : « Au contraire, assez souvent, il s’éloigne de la recherche de l’essentiel dans la vie, alors qu’un bonheur éphémère lui est proposé, qui le contente pour un moment mais laisse bien vite tristesse et insatisfaction ».

Malgré tout, aujourd’hui encore, a affirmé le pape, et « comme aux débuts du christianisme », « la Parole de Dieu continue à croître et à se répandre ».

« Nous devons toujours croire dans l’humble puissance de la Parole de Dieu et laisser Dieu agir ! », a-t-il conseillé : « Dans le monde, même si le mal fait plus de bruit, il continue à y avoir de la bonne terre ».

« L’annonce de l’Evangile est vraiment arrivée jusqu’aux confins du monde, a constaté Benoît XVI, et, même au milieu de l’indifférence, de l’incompréhension et des persécutions, beaucoup continuent encore aujourd’hui, avec courage, à ouvrir leur cœur et leur esprit pour accueillir l’invitation du Christ à Le rencontrer et à devenir ses disciples ».

« Si tout cela, d’une part, apporte consolation et espérance, parce que cela montre le constant ferment missionnaire qui anime l’Eglise, cela doit, d’autre part, tous nous remplir d’un sens renouvelé des responsabilités envers la Parole de Dieu et la diffusion de l’Evangile », a demandé le pape.

Devant les milliers de personnes présentes salle Paul VI, Benoît XVI est revenu sur l’institution, il y a un an, du Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle évangélisation dans lequel il voit « un instrument précieux pour identifier les grandes questions débattues dans différents secteurs de la société et de la culture contemporaine », et « appelé à offrir une aide particulière à l’Eglise dans sa mission, surtout au sein de ces pays d’ancienne tradition chrétienne qui semblent devenus indifférents, voire hostiles à la Parole de Dieu ».

« Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui annoncent et témoignent que c’est le Christ qui nous enseigne l’art de vivre, le chemin du vrai bonheur, parce qu’Il est la route de la vie », a insisté Benoît XVI : « Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui parlent à Dieu, pour pouvoir parler de Dieu. Et nous devons aussi toujours rappeler que Jésus n’a pas sauvé le monde par de belles paroles ou des moyens tapageurs, mais par sa souffrance et par sa mort ».

« En vous voyant tous et en sachant le grand engagement que chacun pose au service de la mission, je suis convaincu que les nouveaux évangélisateurs se multiplieront toujours plus pour donner naissance à la vraie transformation dont le monde d’aujourd’hui a besoin », a-t-il ajouté.

Avant de conclure, le pape a rappelé qu’ « être des évangélisateurs n’est pas un privilège, mais un engagement qui vient de la foi » : « Je vous demande de vous laisser combler par la grâce de Dieu et de correspondre docilement à l’action de l’Esprit du Ressuscité. Soyez des signes d’espérance capables de regarder vers l’avenir avec la certitude qui vient du Seigneur Jésus, qui a vaincu la mort et nous a donné la vie éternelle ».

Source : d’après Zenit