Mgr Mauro Piacenza, Secrétaire de la Congrégation romaine pour le clergé, a publié une lettre, en date du 12 septembre, sur le ministère de la Parole et la nouvelle évangélisation. Il rappelle que « l’engagement pris lors de l’ordination sacerdotale » est « d’employer toute notre existence à annoncer Jésus Christ », et que « chaque prêtre » lui-même est appelé à devenir un « évangile vivant ». Ainsi, tout prêtre est appelé à la nouvelle évangélisation, entendue non pas comme une mouvance, mais comme une annonce du Christ de façon toujours nouvelle auprès de nos contemporains éloignés de Dieu.
« La nouvelle évangélisation convoque chacun à un engagement, toujours renouvelé, d’apostolat et d’annonce (…) : l’engagement pris lors de l’ordination sacerdotale est exactement celui d’« accomplir le ministère de la parole », c’est-à-dire d’employer toute notre existence à annoncer Jésus Christ, Verbe incarné, mort et Ressuscité, unique réponse authentique aux besoins du coeur humain ».
Mgr Piacenza y voit une « caractéristique propre et inaliénable du ministère presbytéral » et un « élément essentiel de ce munus docendi, reçu de l’Esprit dans le sacrement de l’Ordre ».
C’est pourquoi cette annonce doit s’accompagner de « l’engagement à approfondir constamment les Saintes Écritures, « Parole de Dieu (…) mise par écrit sous l’inspiration de l’Esprit Divin » (Dei Verbum 9) ; un approfondissement qui sera certainement exégétique et théologique, mais surtout spirituel ».
Il souligne que « la vraie connaissance des Écritures » – « celle du cœur » -, « naît de l’intimité quotidienne avec elles, de la Lectio divina, accomplie dans le lit de la grande Tradition des Pères, de la méditation profonde qui, graduellement mais efficacement, conforme l’âme à l’Evangile, en transformant chaque prêtre en un « évangile vivant ». »
Mgr Piacenza recommande aussi, avec la liturgie d’ordination, une prédication « sage », c’est-à-dire, explique-t-il, qui « tient compte avant tout des besoins réels de ceux à qui elle s’adresse, en n’imposant jamais des interprétations arbitraires et insuffisantes, mais en favorisant toujours l’unique chose vraiment nécessaire : la rencontre réelle avec Dieu des frères confiés à nos soins ».
D’après Zenit
Encore un mot...
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Jean-Baptiste : gardons toujours à l’esprit que, quand on parle de nouvelle évangélisation, on parle certes de moyens et canaux nouveaux…
Mais surtout on parle d’une « seconde évangélisation »… c’est à dire d’annoncer concrètement à chaque chrétien, notamment à ceux qui ne partagent de la foi que sa dimension culturelle et sociale, le coeur de l’Évangile. Bref, d’amener chacun à la Croix, où c’est le Christ lui-même qui évangélise.
A Paul
Non, la nouvelle évangélisation n’est pas surtout une évangélisation qui s’adresse particulièrement aux chrétiens, même si certains d’entre eux n’ont pas toujours fait une rencontre personnelle avec le Christ qui permette une expérience durable de relation intime avec Lui. Quand on parle de nouvelle évangélisation, on fait d’abord référence à l’appel de Jean-Paul II quand il demanda à se lancer dans une nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur (avec plus de foi), dans ses méthodes et dans son expression. (Cf le billet que j’ai écrit ici à ce sujet).
Benoît XVI, dans la droite ligne, ajoute que chaque catholique doit s’engager dans une nouvelle évangélisation de ses contemporains : « Le premier engagement qui nous concerne tous est celui d’une nouvelle évangélisation », a-t-il dans son message pour la 24e journée mondiale de la jeunesse… (lire ici). C’est finalement logique, puisque l’évangélisation est la mission première de l’Eglise !
L’évangélisation est toujours nouvelle, parce qu’elle demande en permanence de nous adapter aux différentes cultures, sans pourtant galvauder le message. Elle exige que nous renouvelions quotidiennement notre « oui » au Christ, que nous fassions nôtre le message de l’Evangile, que nous revêtions l’Homme Nouveau, en acceptant la Croix, oui, dont on ne peut faire l’économie. Et c’est perpétuellement nouveau, car le Saint Esprit nous éclaire !
Donc l’évangélisation nouvelle, ce n’est pas seulement une seconde évangélisation, destinée aux chrétiens. C’est d’abord annoncer le Christ, de façon toujours nouvelle, à ceux qui ne le connaissent pas, comme Il nous l’a demandé (cf finale de l’Evangile de Matthieu : « Allez par toutes les nations, faites des disciples, et baptisez les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit »…).
Pour aller plus loin je vous invite à lire mon livre Dieu est de retour – la nouvelle évangélisation de la France, publié cet été aux éditions de l’Oeuvre (cf http://www.dieuestderetour.com).
Jean-Baptiste : je ne dis pas le contraire.. mais que la « nouvelle évangélisation » ne consiste pas à aller en mission au bout du monde, mais à ré-évangéliser des hommes et une culture chrétienne qui ont perdu le sens de Dieu. Ce n’est pas simplement une évangélisation « high-tech ». ou « 2.0 ».
La nouvelle évangélisation c’est comme une nouvelle effusion de l’Esprit: une Pentecôte: il n’y en a pas qu’une, elle est la 1° ou la seconde ou la x°ième: car nul n’est trop près ni trop loin du Seigneur pour ne pas être destinataire d’une nouvelle évangélisation. Si on évangélise deux personnes dans une chambre d’hopital il peut y avoir la 1° et la x° évangélisation en même temps. En europe c’est souvent pas la 1° comme le remarque Paul. de plus l’évangélisation c’est comme la pacification, c’est faire tache d’huile, à partir d’un noyau de « vieux chrétiens » toujours en cure de « rajeunissement » avec l’Esprit-Saint et l’Eglise, et Marie.
A Esperandansles : tout à fait d’accord ! Sauf qu’en Europe, beaucoup de nos contemporains sont tellement éloignés de l’Eglise qu’on en revient de plus en plus à une première évangélisation, à une première annonce. (Benoît XVI nous invite d’ailleurs à pratiquer cette dernière).
A Paul :
Et pourquoi donc l’évangélisation nouvelle ne pourrait pas consister à aller au bout du monde, « Hic Sunt Leones » = ici sont les lions ? (c’est ce qui était marqué sur les cartes autrefois, quand on ne savait pas ce qu’il y avait, et qu’on envoyait des missionnaires évangéliser ces terres nouvelles…) La Terre entière a besoin de l’annonce de l’Evangile, de façon renouvelée. C’est cela la nouvelle évangélisation.
Paul, j’ai l’impression que vous pensez que pour nous, la nouvelle évangélisation consiste seulement à prendre de nouvelles méthodes – comme Internet. N’est-ce pas ? Or au contraire, je pense qu’on peut aussi évangéliser par le stop, en moto, en boîte de nuit, auprès des jeunes avec des festivals… lisez mon livre pour vous en convaincre.
Les hommes n’ont pas seulement besoin de retrouver ce que vous appelez le « sens de Dieu ». Sinon, nous serions juste dans une foi théorisée, une foi intellectuelle, voire même purement cartésienne (ce qui n’est plus la foi, mais la raison). Et l’Eglise serait alors qu’un grand club philanthropique ! Ce que les hommes ont le plus besoin, c’est avant tout de reconnaître Jésus comme leur sauveur, c’est-à-dire comme Celui qui leur apporte le salut, la vie éternelle, but ultime de nos vies. Ce dont ils ont besoin, c’est d’une rencontre avant la pratique et la découverte du sens de Dieu qui en découleront. Les chrétiens, s’ils sont de vrais chrétiens, ont conscience, savent, que Jésus peut leur apporter le salut. En cela, même s’ils doivent se convertir chaque jour, ils n’ont pas besoin de recevoir le kérygme (« Dieu a envoyé son fils unique, Jésus, pour nous racheter du mal »), qui est le contenu principal de l’évangélisation. En cela, donc, les chrétiens et ceux qui ont une culture chrétienne avancée ne sont pas la première cible de l’évangélisation. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Baptiste :
Parce que les lions sont ici à la maison. Je ne dis pas qu’il n’y a plus d’appel missionnaire dans d’autres lieux, mais que ce n’est pas la vocation de la majorité, qui a plutôt comme vocation d’évangéliser ici et maintenant.
Il ne s’agit pas uniquement, au niveau des personnes, de retrouver le « sens de Dieu », mais de vivre une rencontre avec le Christ, nous sommes d’accord. Mais nous sommes des êtres incarnés et inculturés : si notre culture récuse la possibilité même de l’incarnation et du salut, alors il est difficile pour les hommes qui vivent dedans de faire la rencontre du Christ.
Je crois que la nouvelle évangélisation passe, pour les chrétiens fréquentant déjà les églises, par une redécouverte du scandale de la croix et de la folie de l’incarnation : nous, chrétiens de l’intérieur (et notamment nous les mainstream pour reprendre l’expression de Koz), face à un monde qui récuse totalement ces réalités, nous avons fait comme si elles allaient de soi, comme si elles étaient tellement évidentes…
Timothy Radcliffe, dans son dernier livre, insiste sur le fait que nous devons retrouver le côté « dramatique » (au sens anglais et français) de la messe. Je ne crois pas qu’il parle simplement du côté dramatic de la liturgie, car il précise que dans l’eucharistie hebdomadaire se représente à chaque fois un drame cosmique.
Jean-Baptiste: j’ai oublié de réagit à ça :
J’avoue qu’il m’a traversé l’esprit que les fondateurs de Sacristains pourraient se croire seuls évangélisateurs valides.. j’ai vu tant de gens penser qu’ils étaient l’Eglise à eux-seuls ! Mais, à la réflexion c’est vous faire un bien mauvais procès, tant vous avez tous précisé que vous n’étiez qu’un bout de l’Eglise universelle.