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Quand la presse profane sape le travail d’évangélisation

La Conférence des évêques de France a réagi, le 18 juillet par la voix de son porte-parole Mgr Bernard Podvin, à la publication d’un article publié le 16 juillet dernier par le quotidien Libération. « Consternant ! », titre Mgr Podvin en évoquant cette série d’articles dont le premier est intitulé « Tous en cène », et qui a provoqué des réactions « légitimement consternées ». Des réactions qui proviennent aussi « de personnes qui ne sont pas de foi chrétienne, ce qui est hautement significatif », affirme Mgr Podvin. « Quel courage immense de compter sur notre légendaire ‘bonhomie pardonnante’ pour rédiger, à l’encontre du cœur de notre foi, des lignes inqualifiables », ajoute-t-il. « La liberté d’expression s’honore quand elle respecte ceux qu’elle offense ».

De son côté, le blog Poil au nez a publié une ‘Lettre ouverte aux candidats de 2012 sous forme de droit de réponse à Libération’ (lire ici). Il est expliqué dans celle-ci les grandes lignes de la sortie des deux journalistes, qui sont-ils, et la méthode employée. Suit une demande faite aux candidats des présidentielles 2012 : « quels engagements prenez-vous pour que la laïcité reste ouverte et positive, défendant la liberté de chacun, plutôt qu’elle devienne un carcan à la solde de l’idéologie ultra-libérale, d’un athéisme extrémiste ou d’un passéisme aux relents cathophobes ? Que nous proposez-vous pour nous libérer de cette corruption intellectuelle qui troque le bien pour le mal, la vérité pour le mensonge, l’humour pour la moquerie tout en collaborant à la diffusion de la haine entre nos concitoyens ? Que nous promettez-vous pour nous défendre de ce terrorisme croissant à l’égard des croyants ou de ceux qui pensent différemment ? Que nous proposez-vous pour une saine application du principe de laïcité, dans un esprit fraternel et constructif, au service du bien commun ? ».

Aucun témoignage de vie ne pourra être donné sans un climat de respect réciproque. Aucune évangélisation (sans prosélytisme aucun), autrement dit aucune proposition de rencontre avec Dieu ne pourra être faite – ou très difficilement – si la presse profane sape la réputation des croyants et à travers eux la parole de l’Eglise, qui fait autorité sur de nombreux sujets de société, là où justement nos contemporains nous attendent.

Cultiver la joie

En évangélisation, il est un témoignage qui marque plus que les autres, c’est celui de la joie. Dans un monde où tant de gens sont tristes – à commencer par les plus jeunes – être joyeux, sans être neuneu, détonne tellement que l’on ne peut s’empêcher de creuser pour savoir « d’où ça vient ». Remettons à l’honneur le témoignage direct, de personne à personne – 70% des conversions d’après des spécialistes – pour lequel il est essentiel de rayonner de joie. Et si nous en manquons, c’est une bonne occasion de nous demander pourquoi !

Pier-Giorgio Frassati. Ce n’est évidemment pas un hasard si l’un des plus grands papes de l’histoire nous a donné comme guide l’un des bienheureux les plus attachants qui soient. Il est un bon exemple pour notre temps, où, sans vouloir jouer les vieilles râleuses, « les jeunes » sont quand-même dans l’ensemble assez tristes. D’autres générations sont mortes en masse de lèpre ou à la guerre, aujourd’hui, c’est le suicide, et les nuits de beuveries sur les routes, ce qui s’en rapproche. Désespoir, tristesse, manque de joie, marquent de leur fer rouge de jeunes âmes, qui devraient au contraire rayonner de soleil et d’appétit de vivre. Quelle peut être la cause d’un tel état de fait ? Les difficultés ? Mais Pier-Giorgio lui même vivait dans des situations que beaucoup auraient jugées désespérées, entre des parents qui se déchiraient et qui n’étaient pas loin de le considérer comme un idiot, et un pays qui se vautrait dans le fascisme et les trahisons. Il en aura porté, des combats, des souffrances, et des humiliations, et si tel ou tel cliché très rare laisse entrevoir un peu dans le feu de ses yeux l’intensité des souffrances intérieures qui le torturaient parfois, il passe avant tout pour être rayonnant de joie. Il savait transformer en joie ses croix. Non pas de lui-même, de sa propre substance, mais dans la foi. Il portait toutes ses croix à la suite de Jésus, dans une foi absolue et confiante, se nourrissant jour après jour, fidèlement, quotidiennement, bêtement diraient certains, de Jésus dans l’Hostie, d’une prière jamais vraiment rompue, d’une grande intimité avec Notre-Dame. Appuyé sur la foi catholique, faible en lui-même, petit, humain, comme vous et moi, il a puisé en Christ, son Seigneur et notre Seigneur, la force de recevoir épreuves et consolations avec un même cœur. Et de mettre sa foi en actes.

On retrouve en Pier-Giorgio quelque chose de saint François – dans sa simplicité, dans son rapport aux autres, dans son goût de la création. Dans la façon aussi d’être dur avec soi mais de tout pardonner aux autres. Un peu du regard de Jésus – qui serait bien placé pour condamner, le seul à pouvoir donner des leçons, et que l’on voit au contraire doux, humble, obéissant.

La vraie joie est dans l’obéissance à la volonté du Père. La vraie joie est de vivre dans l’instant présent. La vraie joie est dans le « fiat » sans cesse renouvelé, l’acceptation pleine et sans retenue de la volonté de Dieu pour moi. La vraie joie est dans ces vertus qui ne seront jamais à la mode, qui semblent aller contre l’épanouissement de soi, la liberté et la virilité, mais que pourtant les plus grands saints ont décidé de vivre, et qui font la différence : fidélité au magistère, humilité, confiance, obéissance. S’y ajoutent louange, fréquentation des sacrements, de la Parole. Et, cerise sur le gâteau, ou couronne sur la tête, la charité active.

La vraie joie, c’est de faire son ménage avec application, pour offrir à mon visiteur une pièce propre. La vraie joie, c’est de remplir avec précision ma feuille d’impôts, de payer mes employés à l’heure, d’obéir avec le sourire quand mon évêque me demande des choses qui me déplaisent ou vont contre mes rêves et mes aspirations. La vraie joie, c’est de prendre un quart d’heure pour montrer au stagiaire comment marche la photocopieuse, quand mon « rang » et mon « grade » devraient me faire mépriser ce genre d’occupation. La vraie joie, c’est de tenir les portes, de vider les poubelles, de sourire à la standardiste, d’écouter les flots de paroles d’un enfant de six ans, de ramasser les chaussettes sales, de nettoyer le lavabo, ou de curer les chiottes. La joie n’est pas dans les discours ou les scènes de quinze mètres par dix. Enfin, elle l’est aussi, mais si on écrit les discours ou imagine les scènes de quinze par dix avec la même humilité que si l’on se cantonnait à vider les poubelles ou balayer le pavé. La vraie joie, c’est de considérer comme supérieur à moi, comme un prince, celui, ou celle, qui vide les poubelles et balaye le pavé. Et comme on demandait à Pier-Giorgio, fils du Sénateur et Directeur de la Stampa, pourquoi il voyageait en troisième, il répondait, et c’était véritablement sincère : « parce qu’il n’existe pas de quatrième ».

Vous savez, il y a une image qui revient parfois, celle de l’humilité de l’eau : « Seigneur, rends-moi humble et disponible comme l’eau ». Disponible, on voit, l’eau rafraîchit qui la boit, et au bord des fontaines, elle se donne, elle coule, que l’on soit là ou pas pour y puiser : ainsi devons-nous être, ainsi de notre joie. Mais humble, comment l’eau est-elle humble ? C’est une simple histoire de gravité : elle descend, elle descend toujours, elle atteint quoi qu’il lui arrive le point bas. L’eau, quelle que soit la configuration du lieu, prend toujours la dernière place, elle se glisse toujours au plus bas. Ainsi doit être notre humilité : simple, avec gravité.

La vraie joie n’est pas le fruit de la louange, comme je l’ai longtemps cru ; elle y conduit. On ne fait pas pousser les salades en tirant sur les feuilles, on ne fait pas du champagne en secouant du vin, on ne rend pas témoignage à la Joie en accrochant sur ses dents de devant un sourire de vert luisant. La Joie naît de la fidélité. La Joie naît de l’obéissance. La Joie naît de l’humilité. Et si Dieu me veut cruche oubliée sur une étagère, je serai une belle cruche, et j’entretiendrai bien mon étagère. Au jour qu’Il décidera, Il me prendra, me posera sur une table, me remplira de fleurs, un bouquet de lumières, mille sourires, et plus que mille martyres, c’est ma fidélité qui portera son fruit, même si les fleurs me cachent, descendent jusqu’à terre, et que je n’entends pas s’exclamer « quelle belle cruche » ! Et ça Lui ressemble assez de mettre des fleurs dans une cruche. Le vase s’est cassé, il avait mieux à faire, que d’attendre sur une étagère ; il avait un projet génial et un plan différent ! Il était incompris, il fallait qu’il respire, qu’il soit lui, qu’il leur montre. Il a malheureusement fini à la poubelle. Mais s’il se convertit, qui sait ! Peut-être sera-t-il remblai sur la route, ou peut-être un enfant peindra-t-il des soleils sur ses éclats.

«  Car le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle. » (Ro 14, 17-19).

Que le Dieu de Jésus nous donne à tous la paix, qu’Il entretienne en nous des sentiments d’humilité, de pauvreté, et de simplicité, qu’Il déploie en nos âmes des trésors de bonté, qu’Il mette en nous sa Joie, celle qui passe les morts et les souffrances, et qui naît à la Croix, qui est comme un reflet, sur nos visages, de sa Gloire et de sa Beauté. Amen.

Florent Masson

Un site à visiter au sujet de Pier Gorgio Frassati : la Compagnie des Types Louches

Guérir les cœurs brisés

Il peut s’appeler Saïd, François ou bien Kevin. Il a seize ans. Et il vit un enfer. Pour tous ses camarades, il le sait, s’ils savaient qui il est, il serait rejeté, maltraité, humilié. Il vit dans la tristesse, en permanence. Aucune joie ne l’atteint. Car il y a, entre le monde et lui, un secret redoutable qui filtre toute sa joie, qui gomme tout son plaisir ; c’est un autre, lui semble-t-il, qui vit sa vie à sa place. Lui est là, hors d’atteinte, dans une citadelle de peur et de silence.

Il ne peut jamais se détendre, jamais se relâcher, il craint la faute, le geste, le regard, qui pourraient le trahir. Il est sur le qui-vive, en permanence. Et il vit un enfer quand, entre camarades, ils raillent ceux qui sont comme lui. La peur génère la haine. On en rajoute. Il est bien le premier à se moquer « d’eux ». Surtout, ne rien montrer.

Le sport est un enfer, les douches aussi. Il en vient à craquer nerveusement. Plus il avance en âge, plus il est traversé de soubresauts, de crises ; ce corps qui ne demande qu’à s’épanouir, il lui semble devoir le brider, le punir, de ne pas lui obéir, d’aller vers ces tendances qu’il ne peut maîtriser. Et pourtant, il est « ça », il est « comme ça ». Il voudrait demander pardon à ces filles avec qui il est sorti, qui n’ont pas compris sa distance, qui ont pris sa mélancolie pour un beau romantisme, qui ont aimé ses goûts, et son humour. C’est tellement facile d’être drôle, quand on pense à se pendre. L’enfer pousse à grandir, la survie en terrain ennemi pousse à l’intelligence, celle des gens, celle des situations.

Le plus dur, c’est encore l’aumônerie, la messe, sa relation à Dieu. Il croit, pourtant, il croit, de toute son âme, à l’âge ou beaucoup d’autres ricanent de toutes ces choses, lui il croit en un Dieu unique, aimant, et bon. Oui, bon, même s’il ne comprend pas pourquoi Il l’a créé comme ça, pour lui dire, en substance : meurs à ce que tu es.

Il a vu dans un catéchisme, chez l’aumônier, tout ce que la foi catholique lui propose de vivre : porter sa croix. Maîtriser ses instincts. Porter sa croix. Rester célibataire. Porter sa croix. Ne jamais faire l’amour. Porter sa croix. Ne vivre aucune tendresse. Porter sa croix. Attendre que son corps soit vieux, qu’il ne puisse plus rien faire, pour être libéré des désirs qui le crucifient. Porter sa croix, en silence, affronter les questions muettes, affronter les marieuses familiales, repousser tous les partis, ne rien dire, ne jamais rien trahir.

Parfois, quand il se sait tout seul à la maison, il se place devant sa glace, il touche son épaule avec le dos de sa main, et il marche les deux pieds sur une ligne, en imitant les « folles ». Et puis il s’injurie : « Pédale ! fiotte ! tarlouze ! » Et puis, il fond en larmes. Et il pleure des torrents de larmes. Et il a même une fois emprunté ces mots à Jésus-Christ : mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Je demande pardon pour toutes les fois où je t’ai fait souffrir, mon ami, pardon pour n’avoir pas su voir tes peurs ; pardon pour, au lycée, m’être moqué des « tantes » ou des « pédés ». Pardon pour nous, les catholiques, qui, si tu es des nôtres, te poussons soit au silence total, soit à quitter nos rangs, et à te marginaliser, à t’éloigner de Dieu, parce que t’avons fait croire que nous sommes meilleurs que toi, qu’il n’y a pas de place pour toi dans le Royaume de Dieu. Pardon pour tous ces pères qui se croient infaillibles, qui ont poussé leur fils vers la sortie, pour n’avoir pas su dire « je t’aime » quand il a surmonté des montagnes de peur et de douleur pour tout leur avouer. Car lequel de nos actes, dans notre vie, est moitié aussi courageux que ceux de ces enfants qui affrontent le regard de leurs parents ? Et quelle douleur peut naître dans le cœur d’un ado de se sentir coupable de ce qu’il n’a pas voulu, et qui comprend bien qu’il déçoit, « trahit », que ses parents vont passer le reste de leur temps à se demander « ce qu’ils ont raté », ou pire, « ce qu’ils ont fait pour mériter » un fils, une fille comme ça ?

Il y a chez les protestants de « God TV » une émission appelée « Coming out » où des hommes et des femmes témoignent à visage découvert comment Jésus les a libérés de l’homosexualité. J’admire leur courage, je pleure notre lâcheté. A force de ne plus annoncer Jésus ressuscité et maître de résurrection, nous en venons à ne pas laisser s’exprimer la puissance du Saint-Esprit. Ces chemins de libération que, par nous, Jésus donne pour les hommes, nous les voilons. Car il est plus facile de condamner les dérives de ce temps, que de vider ses tripes sur la table, oser se coltiner à la misère humaine, et croire, contre toute espérance, que Jésus est la Voie pour chacun. Voie de Vie, Voie de Joie, Voie de Guérison. Cela ne peut se vivre dans des groupes frileux, chez des tièdes, qui ne croient plus en rien, surtout la compassion. Ceux qui se disent en boucle qu’il faut d’abord appeler les psys, les toubibs, et les éléments naturels, comme paravent ou explication à tous les phénomènes bizarres, mer qui s’ouvre ou garçon qui guérit.

Il n’y a jamais de miracle sans folie de croire. Il n’y a pas de miracle intellectuellement acceptable. Il n’y a que la folie de croire qui répond à la folie d’aimer de Dieu. Il y a des enfants qui crèvent, des jeunes qui s’ouvrent les veines, et qui, plus que tous autres, attendent un espérance. Au nom de Jésus-Christ, lève-toi, et marche. Tu es beau, plus beau que le plus beau des enfants des hommes. Et ton Père te chérit. Il enverra ses anges, et tes pieds ne seront pas écorchés. Ton bien-aimé arrive, il court sur les collines, il te dit à quel point Il t’aime.

Qui n’a jamais suivi le cercueil d’un ami, reçu des confidences, ou essuyé des larmes, a peut-être du mal à comprendre tout ça. Mais le Maître Lui-même le dit : Il n’est pas venu condamner, mais guérir. Il s’en va vers le Père, pour nous donner l’Esprit, et nous rendre capables de saisir sa Vie, pour la donner à d’autres, et faire même de plus grandes œuvres que Lui. Laissons les journalistes gloser sur la capote. Dire que le pape est vieux. Reparler des croisades. Par contre, ne restons plus en-dehors des combats pour l’Homme. Toute souffrance est nôtre, et Christ l’a portée. A travers des adolescents, des adultes, Il dit : j’ai soif.

C’est aussi cela, l’évangélisation : il nous faut inventer des chemins de courage, de tendresse et de guérison. Des chemins d’amitié sincère, qui osent la prière, et qui ouvrent à la résurrection. Des chemins qui essuient les larmes, qui versent sur les plaies le vin de vérité, l’huile de compassion. Dire le mal, dire le bien, et surtout, se faire le prochain. Ne jamais rien trahir de la foi catholique romaine, garder en ligne de mire la Parole et les Sacrements. Et se faire pauvre avec les pauvres, se sentir solidaire de qui pleure et espère. Redonner de la joie à ceux que même leur maman ne connaît pas, que seul Dieu voit et aime comme ils sont à la vérité. Avoir pour eux comme le regard de Dieu. Celui qui aime de manière inconditionnelle, qui appelle à la Vie, et qui est éternel.

Ca commence aujourd’hui, autour de toi. Ca commence par ton frère ou ton meilleur ami. Ou par ton fils peut-être.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. » Lc 4, 18-19.

Que l’Esprit du Seigneur soit sur toi et sur moi. Amen.

Florent Masson

Evangéliser par SMS ?

Moi, personnellement, cela ne me gêne pas que les gens écrivent comme ils veulent sur leur téléphone portable. Et tous les moyens (honnêtes) sont bons pour faire connaître le Christ. Mais je ne suis pas sûre qu’on fera passer habituellement la Bonne Nouvelle, en écrivant à ses copains : Gzu é 1mec simpa. En tout cas, cela demandera quelques explications.

Je ne suis pas en train de pendre le ton des vieux bonzes qui nous bassinent avec la fin de la culture, les dangers d’Internet et tout cela. Les chrétiens ont réussi à vivre et à transmettre leur foi au moment du naufrage de la culture antique, et ils en ont suscité une nouvelle. Pourquoi pas nous ? Mais pour cela, il faudra deux choses : que nous soyons suffisamment accrochés à notre amour de Jésus pour le mettre au premier plan et d’autre part que nous capables d’exprimer, avec les moyens du bord, notre foi dans des termes qui ne la réduisent pas à un slogan ou à une idéologie, mais qui en fassent au contraire ressortir la richesse et la beauté.

Le danger de nos moyens de communication rapides, c’est qu’ils sont faits pour réduire au minimum la forme au profit du message, lui-même ramené souvent à une information brute : telle heure, tel lieu, tel numéro de téléphone, etc… Notre message à nous, il n’est évidemment pas de ce type : faut entrer dans une certaine familiarité avec la manière de faire de Dieu, il s’agit de se laisser renouveler par lui. C’est pourquoi le langage ne peut être instrumentalisé jusqu’au bout, il doit devenir l’occasion pour la Parole de se dire, à travers des mots qui sont les miens, mais qui deviennent porteurs de plus.

Il y a des gens pour prétendre que la parole ne sert à rien, que les gens n’écoutent pas. C’est totalement faux. Il y a des paroles qu’on n’écoute pas, parce que c’est une manière de se raconter ou de se justifier, il y a en a d’autres qu’on écouterait jusque tard dans la nuit. Quand un cœur est possédé par Jésus, il y a quelque chose qui sort de lui, des phrases toutes simples qui traduisent une expérience et qui laissent transparaître la beauté d’un visage. J’ai connu un garçon qui avait eu pas mal de problèmes et qui avait été converti par un copain partageant la même galère que lui, or celui-ci lui avait appris à prier, en lui expliquant beaucoup de choses à propos du Seigneur Jésus, autour d’une image qu’ils avaient longuement regardés ensemble.

Pour que la parole, la mienne, la vôtre, ce soit cela, il faudra certes prier avant tout, mais il faudra aussi des mots, et un medium pour les porter. Alors bonne évangélisation !

Elisabeth PHILIBERT

Le dernier ferme l’église et meurt !

J’ai encore entendu des gens dire : « la nouvelle évangélisation ? mais qu’est-ce que c’est que ce truc, la mission c’est fini, notre rôle c’est d’être levain, cachés, enfouis ! »

Je ne sais pas d’où ça vient. Je ne sais pas comment on a pu imaginer l’Église autre que missionnaire. Je ne sais pas comment on a pu arriver à la conclusion bizarre que le service des pauvres, la charité, l’engagement social même, étaient incompatibles avec la mission. Ou comment l’un s’opposerait à l’autre, comment il faudrait faire un choix entre les deux !

Bien sûr, beaucoup identifient l’évangélisation à certaines communautés nouvelles, où l’on prie avec tout son corps (beurk), et où l’on chante en langues (horreur). Communautés à qui on a su reprocher de n’être que sensiblerie, affect, pathos et caetera, et qui, quand elles ont fait un effort formidable pour se structurer, se former, se formaliser, se verraient aujourd’hui reprocher d’être devenues trop classiques ! Mais alors, quand vont-elles vous plaire, mes frères ? Jamais ? Ah, oui, je m’en doutais !

La vérité, c’est que la mission est consubstantielle à l’Église, elle est sa raison d’être, et donc, celle de toutes nos communautés ! Inséparable de la liturgie et de la diaconie, c’est un des trois piliers de la vie d’Église ! Et elle n’est pas affaire de choix personnel, une préférence, ou une option. Et le déclin apparent de l’Église d’Occident n’est pas inéluctable, il n’est pas programmé, et il n’est pas obligatoire ! Le penser, c’est se placer dans une perspective seulement humaine : ça a plu, ça plait plus, le dernier ferme l’église et meurt !

Attendez, attendez ! Qu’est-ce que c’est l’Église ? Un formidable élan d’évangélisation né d’un groupe d’hommes quelconques et pour la plupart illettrés, dans un pays minuscule, occupé, enchâssé dans des civilisations colossales autrement plus puissantes que lui !

Et alors, aujourd’hui, ce serait pire ?

La mission ne se nourrit pas de circonstances, mais de charité, de foi et d’espérance !

Nouvelle évangélisation : Benoît XVI dans la continuité de Jean-Paul II

La création du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation bouscule les évidences et les préjugés. Nombreux sont ceux qui trouvaient la formule « nouvelle évangélisation » désuète, usée, passée de monde. D’autres même pensaient y voir une mouvance mélangeant communautés nouvelles et traditionalistes, ne concernant qu’une petite partie des catholiques. En fait, il n’en est rien.

Comme je l’ai démontré dans mon livre Dieu est de retour, tous les catholiques sont concernés : les prêtres, les évêques, les diacres, les séminaristes, les laïcs, les consacrés… La nouvelle évangélisation ne se résume ni à une méthode particulière, ni à une frange de l’Eglise. Ce pourquoi aussi elle a particulièrement besoin d’être encouragée !

On entend aussi que Benoît XVI aurait peu parlé de nouvelle évangélisation, en tout cas moins que Jean-Paul II. Là aussi, c’est faux. Depuis son élection sur le trône de Pierre jusqu’à l’annonce de la création de ce nouveau dicastère, Benoît XVI en a parlé au moins une vingtaine de fois, c’est-à-dire en moyenne une fois tous les trois mois ! (Lire ce billet).

De plus, Benoît XVI joue la continuité avec Jean-Paul II. L’évangélisation est sa priorité, comme il l’écrivait ans sa lettre aux évêques catholiques suite à l’affaire Williamson et à la crise qui a suivi : « Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. »

Pourquoi alors Benoît XVI ne prendrait pas à son compte l’invitation faite hier aux catholiques par Jean-Paul II d’aller « toujours et partout » vers une nouvelle évangélisation ? Au contraire, la création de ce dicastère démontre bien cette continuité.

Mieux, loin de se contenter de rappeler ce que disait son prédécesseur, Benoît XVI fait sienne, développe et prolonge cette question pour le XXIe siècle, comme la suite logique du concile Vatican II. Ses catéchèses, ses homélies, ses interventions en témoignent : la question de l’évangélisation y est très souvent présente.

Le pape sait que son prédécesseur écrivait dans sa lettre apostolique pour le 3e millénaire, en pensant à l’événement du concile et à tous les synodes qui suivent : « Le thème fondamental est celui de l’évangélisation, et même de la nouvelle évangélisation, dont les bases ont été posées par l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de Paul VI, publiée en 1975 après la troisième Assemblée générale du Synode des Évêques. »

De plus, pour Benoît XVI, nous sommes encore loin d’avoir fait fructifier, y compris pastoralement, toute la richesse de Vatican II. Ce pourquoi, encore cardinal, il se prononçait contre un Vatican III… Aujourd’hui, des théologiens comme le Père Mario Saint Pierre, spécialiste de cette question, avancent que la nouvelle évangélisation est la clef de compréhension du Concile. Si tel est bien le cas, en avons-nous tous pris conscience ?

Enfin, Benoît XVI n’est pas du tout étranger à cette question de la nouvelle évangélisation. Encore cardinal, le 10 décembre 2000, il fit une conférence remarquée sur ce thème pour le Jubilé des catéchistes. Dans celle-ci, le futur pape dépasse largement la question du catéchisme pour donner sa propre vision de ce que signifie la nouvelle évangélisation. Un texte à relire et méditer si l’on veut bien comprendre là où le pape veut nous conduire.

D’où vient la nouvelle évangélisation ?

Alors que Benoît XVI vient d’instituer le nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation par le motu proprio Ubicumque et semper (« partout et toujours »), il est bon de revenir aux sources de ce qu’est cette nouvelle évangélisation. Quelques explications extraites de mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France (Editions de l’Oeuvre, 2009).

Le Christ envoie ses apôtres à tous les peuples, selon la finale de l’Evangile de Mathieu : « Allez vers toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à observer tout ce que je vous ai prescrit ». Jésus promet ensuite aux disciples et à nous : « Et je serai avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19). Evangéliser, c’est répondre à cet appel du Christ à répandre l’amour de Dieu. Le message de l’Evangile doit donner au monde la révélation d’un chemin qui est aussi Vérité et Vie… Or le monde évolue. Pour répondre aux nouveaux défis qu’apporte cette modernité, l’annonce du message – et non pas le message lui-même ! – doit s’adapter.

Depuis Vatican II, cette prise de conscience est encouragée par le pape Paul VI à travers plusieurs textes conciliaires dont le décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise et le décret sur l’apostolat des laïcs en 1965. De ce dernier décret naîtra en 1967 le Conseil des Laïcs afin de promouvoir et coordonner leur apostolat. En 1974, le 4e Synode des évêques se réunit à Rome sur le thème de l’évangélisation dans le monde moderne. L’histoire raconte qu’au cours d’une des sessions finales, le Rapporteur général, un certain Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et consulteur au Conseil des Laïcs, demande la parole. Dans une intervention qui va s’avérer par la suite prophétique, le cardinal Wojtyla propose que les recommandations du Synode des évêques soient confiées au pape de sorte que Sa Sainteté puisse désormais les prendre à son compte. Le pape accepte. Ainsi est publiée l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi du pape Paul VI, texte de référence sur l’évangélisation dans le monde moderne, qui explique clairement et en pratique la façon dont nous devons annoncer le Christ.

Depuis Jean-Paul II…

Devenu pape, Jean-Paul II va naturellement donner son plein élan à cette prise de conscience de Vatican II. Il emploie le terme « nouvelle évangélisation » pour la première fois, le 9 juin 1979, en Pologne, devant les ouvriers de Nowa Huta, l’un des hauts lieux de résistance au communisme : « En ces temps nouveaux, en cette nouvelle condition de vie, l’Évangile est de nouveau annoncé. Une nouvelle évangélisation est commencée, comme s’il s’agissait d’une nouvelle annonce, bien qu’en réalité ce soit toujours la même. La croix se tient debout sur le monde qui change ».

Puis en 1983, à Haïti, il exhorte le peuple des croyants à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, nouvelle dans ses méthodes et dans son expression ».

Depuis lors, l’expression « nouvelle évangélisation » est entrée dans notre langage courant pour désigner ces nouvelles méthodes d’évangélisation. Mais poursuivons. L’apostolat des laïcs n’est pas étranger à cet appel de Jean-Paul II, bien au contraire. Il les appelle même à jouer un rôle central dans cette nouvelle évangélisation. En 1988, dans son exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde, il rappelle à plusieurs reprises « l’urgence » d’une nouvelle évangélisation menée par les laïcs :
« L’heure est venue d’entreprendre une nouvelle évangélisation, déclare-t-il ; le phénomène de la sécularisation frappe les peuples qui sont chrétiens de vieille date, et ce phénomène réclame, sans plus de retard, une nouvelle évangélisation » (1)
« L’Eglise, qui observe et vit l’urgence actuelle d’une nouvelle évangélisation, ne peut esquiver la mission permanente qui est celle de porter l’Evangile à tous ceux qui – et ils sont des millions et des millions d’hommes et de femmes – ne connaissent pas encore le Christ Rédempteur de l’homme. C’est là la tâche la plus spécifiquement missionnaire que Jésus a confiée et de nouveau confie chaque jour à Son Eglise. » (2)
« L’accord et la coopération avec le but apostolique de l’Eglise, qui est « l’évangélisation et la sanctification des hommes, et la formation chrétienne de leur conscience, afin qu’ils soient en mesure de pénétrer de l’esprit de l’Evangile les diverses communautés et les divers milieux ». Dans cette perspective, à toutes les formes d’association des fidèles laïcs et à chacune d’elles on demande qu’elles soient animées d’un élan missionnaire qui en fasse des instruments toujours plus actifs d’une nouvelle évangélisation. » (3)

Mais ce n’est pas terminé ! En 1990, pour le 25e anniversaire du décret de Vatican II sur l’activité missionnaire de l’Eglise, Jean-Paul II consacre l’encyclique Redemptoris Missio à « l’urgence de l’activité missionnaire ». Dans son introduction, Jean-Paul II écrit : « J’estime que le moment est venu d’engager toutes les forces ecclésiales dans la nouvelle évangélisation et dans la mission ad gentes (4). Aucun de ceux qui croient au Christ, aucune institution de l’Eglise ne peut se soustraire à ce devoir suprême : annoncer le Christ à tous les peuples ».

Cette nouvelle évangélisation n’est donc pas un feu de paille. En 1992, Jean-Paul II publie encore Dabo Vobis, une exhortation apostolique adressée à l’épiscopat, au clergé et aux fidèles sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles. « La tâche pastorale prioritaire de la nouvelle évangélisation, écrit-il, incombe à tout le peuple de Dieu et demande une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes, et un nouveau langage pour l’annonce et le témoignage évangéliques. Il exige que les prêtres soient radicalement et totalement plongés dans le mystère du Christ et soient capables de réaliser un nouveau style de vie pastorale ». On ne saurait être plus clair.

Pour le Jubilé de l’an 2000, Jean-Paul continuera d’exhorter les croyants à une nouvelle évangélisation, en s’adressant par exemple aux diacres dans un discours intitulé « Apôtres de la nouvelle évangélisation » : « Chers diacres, leur disait-il, soyez des apôtres actifs de la nouvelle évangélisation. Apportez à tous le Christ ! Grâce à votre engagement également, que son Royaume s’étende dans votre famille, dans votre milieu de travail, dans votre paroisse, dans votre diocèse, dans le monde entier ! » (5).

Pour en savoir plus : Dieu est de retour

(1) Jean-Paul II, Christifideles laici, § 4
(2) Ibid, § 35
(3) Ibid, § 30
(4) Ad gentes signifie vers le monde païen.
(5) Discours de Jean-Paul II lors d’une rencontre avec les diacres permanents pour le Jubilé des diacres, 19 février 2000

Copyrights © Dieu est de retour – Editions de L’Oeuvre 2009

Frères des autres

Comment ne pas évoquer en ces jours la sortie du film « Des Hommes et des dieux » évoquant le martyr des moines de Tibéhirine ? Il me semble que la figure étonnamment vivante de ces sept frères assassinés en 1996 surplombe et éclaire notre époque dans sa complexité et sa beauté.

Tibéhirine, c’est le choix de se faire « Frères des autres », frères de ceux que l’on veut simplement aimer, servir, dans des temps de violence où tout pousse à fuir. C’est le choix éclairé de la fraternité humaine, de la fidélité. Ce sont de grands moments de doute et de violence intérieure, des combats pour rester debout face à l’adversité, face à la peur, face au désir de fuir. C’est le don de sa vie, qui n’élude pas la passion et le « éloigne de moi cette coupe ». Parce que face à sa propre mort, aucun homme ne peut dire simplement  « même pas mal, même pas peur ». S’ils avaient été inconscients, téméraires, s’ils avaient simplement minimisé les risques, s’ils n’avaient jamais eu le ventre retourné de peur, leur exemple aurait déjà été sidérant. Que leurs écrits, et tous les témoignages, nous les montrent comme des hommes lentement broyés par la meule, lucides, porteurs de leurs propres limites et combats intérieurs, les rend encore plus admirables.

Pour un homme de bien, à la limite, on serait prêt à mourir, dit Saint Paul, mais pour un pécheur ? Pour paraphraser, je dirais, pour évangéliser, à la limite, on serait prêt à donner, mais juste pour aimer ?

Car ce que m’inspire l’histoire de Tibéhirine, c’est l’exemple d’un amour du prochain gratuit, désintéressé, qui va bien au-delà de ce dont nous serions capables a priori. Un amour qui respecte l’autre, et l’accueille comme un don. Puissions-nous, quand nous témoignons, quand nous sommes engagés dans des actions d’évangélisation, avoir au corps, au coeur, à l’âme, et en paroles, un petit peu de l’esprit des frères de Tibéhirine. Que chaque être humain rencontré puiss lire en nous quelque chose comme :

O mon frère, ou ma soeur, je vois en toi le plus beau des trésors. Je ne t’aime pas d’un amour mièvre, car je connais le prix de l’amour parfois : peurs, silences, pleurs, douleurs. Je t’aime en homme debout qui a peur de rester, mais qui reste quand-même. Je t’aime en homme doutant qui se reçoit chaque jour dans la prière. Je t’aime en homme tenté de ne jamais aimer, de tout garder pour lui, de juger et de condamner. Je t’aime pour ce que tu es. Je t’aimerai encore si tu ne m’écoutes pas, si tu ne me vois pas, si tu ne m’entends pas. Je t’aimerai si ce que je te dis te fait hurler de rire, t’ennuie ou te débecte. Je t’aimerai si tu reçois mon témoignage, et si tu ne le reçois pas. Je t’aimerai si tu décides d’ouvrir ton coeur à l’Evangile, et si tu ne le décides pas. Quoi que tu choisisses de faire, dans ta sainte liberté, je t’aimerai.

Puissions-nous toujours à l’exemple des frères de Tibéhirine, garder une attitude de solidarité humaine, d’amour gratuit de l’autre, qui n’attend rien en retour, qui reste aimant malgré les déconvenues, les rejets, la violence, puissions-nous nous faire frères des autres. Alors l’annonce explicite de Jésus sauveur ne sonnera pas comme un rabâchage niais, un prosélytisme agressif, une technique marketing, mais comme le trop-plein de notre amour.

Pour Thimotée

Thimotée, ce n’est pas son vrai nom, vous le comprendrez. Thimotée, c’était un jeune homme comme d’autres, vous savez. Un jeune homme d’aumônerie, un jeune homme musicien, un jeune homme avec des copains, des flirts, des doutes, mal à l’aise dans son corps, que j’avais rencontré, qui était devenu un ami. Je le voyais parfois, je lui parlais de l’amour de Dieu pour lui, je lui disais que la vie, ça valait vraiment le coup d’être vécu. Je lui parlais même de l’action de l’Esprit en lui, il avait vécu des trucs chouettes, il avait commencé à relever la tête. Il avait des doutes plein la tête, mais nos conversations, souvent, au téléphone, remettaient peu à peu les choses d’aplomb, ça prend du temps, d’apprendre à s’accepter, de découvrir la foi, de s’épanouir. Thimotée a changé de région, et il est tombé sous d’autres influences.

D’abord, la drogue, avec ces jeunes comme lui qui dealent pour se payer leur propre dose, et qui répandent ces conneries putrides comme quoi, ça fait pas mal, on arrête quand on veut, y’a pas d’accoutumance. Sauf que dans une tête d’ado, c’est un Iroshima parfois, « boum », toutes les pousses d’espérance, de joie, de foi, de volonté, rasées au ras du sol, et le « bof » qui s’installe et remplace la vraie vie. Et puis, des frères cathos très « dans le siècle », genre Dieu n’a que nos mains, comment veux-tu qu’Il puisse s’intéresser à toi, ah, ah, les charismatiques, la nouvelle évangélisation, et les groupes de prière, ah, ah, une quête identitaire pour jeunes tarés. Ah, ah, bravo les gars, super drôle, le coup du petit jeune qui perd la foi, qui abuse du chichon, et qui, à pas vingt ans, se jette d’un pont.

Ah, ah. Oui, vous avez bien fait de l’éloigner de Dieu, critiquer ces temps de louange où il reprenait vie. Ah, ah.

Sauf que c’est pas bien drôle de suivre un jeune cercueil, de chialer comme un môme, de se dire que cette vie-là aurait peut-être pu être sauvée. Je vous passe toutes les heures à se prendre la tête genre « mais qu’aurais-je pu donner de plus ? »

Certains semblent oublier qu’il n’y a pas sur Terre que des grands intellectuels, qui eux peuvent se permettre de gloser sur le niveau du symbolisme dans les sacrements, se moquer de la louange et conchier la mission de rue. Je ne sais pas quelle est leur nourriture, je ne sais même pas comment on peut durer en remettant tout en cause, tout le temps, et ce cynisme !

Je m’en fous de passer pour un taré, d’aimer Jésus, Marie, le pape et la nouvelle évangélisation. Car je sais que des Thimotée, il y en a plein. S’il t’arrive de te demander pourquoi tu serais appelé à témoigner, à répandre l’amour de la Bonne Nouvelle, et la Bonne Nouvelle de l’Amour, je t’en prie, pense à Thimotée. Il t’attend au coin d’une rue, dans un squat, sur la plage. Il a peut-être bonne allure, le rire clair et le look surfer. Mais peut-être, au-dedans de lui, tout ce qu’il est se meurt. Peut-être, la parole, le regard échangé, le sourire, le témoignage, vont aider à briser la gangue qui lui broie les entrailles, la nuit, quand il est seul. Peut-être, la louange, prier pour lui, discuter avec lui, ça va remettre en route son chemin de vie. Ca vaut dix-mille échecs, cent discours méprisants de grands penseurs, ça vaut même de se faire cataloguer comme des abrutis épris de fusionnel en quête identitaire, mais je t’en supplie, par pitié, par amour, et par charité, n’aie pas peur d’évangéliser !

Aimer et témoigner

Le dialogue, la mission… Rencontrer d’autres religions, témoigner de sa foi chrétienne… Très nombreux sont les catholiques qui hésitent fortement entre les deux, et qui les croient radicalement incompatibles. Or, la foi de l’Eglise est autre.

Pour l’Eglise, le dialogue et l’annonce sont liés. Car l’Eglise reconnaît que l’Esprit agit dans toutes les religions, et, au-delà, dans tout homme. Elle appelle donc les catholiques à reconnaître ce qui, dans les musulmans, les bouddhistes, les juifs, les protestants, est le fruit de l’action de Jésus-Christ. Oui, oui, de Jésus-Christ, le sauveur de tout Homme, dont l’action comme sauveur ne se limite pas seulement à ceux qui croient en Lui ! La première attitude juste, catholique, est donc celle de l’accueil, de l’amour, de l’admiration en quelque sorte. Donc, même si nous, nous avons en l’Eglise, corps du Christ, la plénitude de la révélation et des moyens du salut, nous devons reconnaître que dans toute religion, et dans tout Homme, il y a des fruits positifs de la présence du Dieu trinité, qui complètent et éclairent en quelque sorte ce que nous en vivons. Mais nous sommes dans le même mouvement appelés à témoigner de ce que Dieu veut réunir dans l’Eglise corps du Christ tous les Hommes de tous horizons !

Tout cela est admirablement exprimé dans la belle encyclique Redemptoris Missio du pape Jean-Paul II, que tout missionnaire ou acteur de la nouvelle évangélisation devrait lire tous les soirs, ou presque !

Cette attitude, faite à la fois d’amour et d’exigence, d’humilité et d’audace, nous libère de deux «tares» qui menacent tout catholique : le silence et l’orgueil.

Le silence, le relativisme, qui voudrait que, connaissant Christ, eh bien, tant mieux pour moi, et tant pis pour les autres, et puis, tout se vaudrait, donc, hein, motus. L’orgueil, qui voudrait lui bien au contraire que, puisque possédant la vérité, je suis bien supérieur aux autres et que je devrais donc leur asséner le dogme pour qu’ils s’y plient. Ces deux tendances, qui se succèdent comme un mouvement de balancier dans notre histoire, sont également fausses et contraires à ce que notre Eglise enseigne. Etonnant, non ?

La nouvelle évangélisation, une réponse majeure du pape aux crises qui ont secoué l’Eglise

A l’issue de six mois de crise avec les différentes « affaires » de pédophilie qui ont déstabilisé et éprouvé à juste titre les catholiques et la hiérarchie ecclésiale, il est très intéressant de relever le sens et l’importance des décisions que vient de prendre en cette fin juin Benoît XVI et qui concernent le gouvernement et l’orientation pastorale de l’Eglise universelle :

– la création du « Conseil Pontifical pour la nouvelle évangélisation » : dans cette institution bi-millénaire qu’est l’Eglise, il est fort rare que de nouveaux « ministères » soient créés au Vatican, et lorsque c’est le cas, il ne répond en cela à une aucune mode mais illustre combien le pape attache une importance centrale et durable à la mission apostolique universelle qui lui est assignée ;

– la nomination du cardinal Ouellet, archevêque de Québec, préfet de la Congrégation des Évêques : pour que ma mission de l’Eglise porte des fruits de conversion et de croissance de la foi dans le monde contemporain, il est apparu depuis longtemps comme un des cardinaux les plus convaincus au monde de toute l’importance et de l’urgence de la nouvelle évangélisation. Mgr Ouellet en a fait l’axe pastoral majeur de son diocèse pendant de nombreuses années. La charge qui lui est confiée désormais à Rome, à l’instant même où ce nouveau Conseil est créé ne semble en rien fortuite, car leur conjonction illustre un axe et une orientation majeure de Benoit XVI.

Désormais, les nominations à venir des évêques intégreront sans aucun doute la vision et la mise en oeuvre de la nouvelle évangélisation dans la conduite pastorale des diocèses et des Eglises locales. Les « candidats » aux charges apostoliques seront donc également discernés au regard de leurs expériences et de leur motivation en la matière; il sera donc très intéressant de suivre les nominations épiscopales dans les mois et les années à venir, particulièrement en France et en Europe qui sont prioritairement concernés par cette orientation missionnaire ; même si certaines nominations récentes ont marqué une évolution notable par rapport aux années 70-80, on risque de changer beaucoup plus franchement d’époque avec la nouvelle génération qui se prépare

A l’occasion des « affaires » qui ont marqué ces derniers mois la vie de l’Eglise, qui ont fait la « Une » des médias internationaux et terni son image dans le monde, Benoît XVI a insisté à plusieurs occasions depuis de début de l’année 2010 sur l’indispensable conversion de l’Eglise et de ses pasteurs, et sur le renouvellement désormais urgent d’un certain nombre de responsables pastoraux pour résoudre en profondeur la crise actuelle, mais également solder les précédentes : la mission apostolique de l’Eglise « paye » encore lourdement certaines « factures » liées à ces crises qui minent son autorité et son rayonnement ; Benoît XVI a été très clair à plusieurs reprises ces derniers mois en soulignant avec force combien l’Eglise ne redoute véritablement que les attaques et la déstabilisation de l’intérieur qui minent son unité, son témoignage et sa mission universelle. Benoît XVI reconnaît clairement les errances, voire les erreurs relevées dans le discernement de certains candidats au sacerdoce ou à l’épiscopat ces dernières décennies : ces erreurs selon lui trouvent leurs origines dans différentes dérives théologiques, ecclesiologiques et spirituelles qui ont alimenté à la fois nombre de dérives pastorales mais aussi le sécularisme galopant de nombre de baptisés ou d’institutions ecclésiales comme des universités, des mouvements caritatifs, certaines congrégations religieuses (le cardinal Joseph Ratzinger a longuement traité ces différentes thématiques dans différents ouvrages depuis les années 80). Il est donc temps pour Benoît XVI de procéder très concrètement à ce renouvellement, et le cardinal Ouellet à son nouveau poste va en devenir la pièce maîtresse et déterminante.

Il est nécessaire de bien prendre conscience que la création de ce Conseil et la nomination du nouveau préfet de la Congrégation pour les Evêques sont parmi les quelques décisions les plus importantes prises au Vatican depuis l’élection du cardinal Ratzinger au siège de Pierre voici cinq ans : c’est à St Paul-en-hors-es-Murs et en la fête des apôtres Pierre et Paul qu’ont été annoncées ces décisions, ce qui ne fait qu’en renforcer toute la symbolique catholique, missionnaire et ecclésiale.

Ainsi, à l’issue de ces six mois de crise qui ont secoué fortement l’Eglise, la mise en œuvre désormais officielle et institutionnelle de la nouvelle évangélisation n’est en rien un hasard mais apparaît au contraire comme une réponse majeure, toute en finesse et profondeur, que Benoît VI entend apporter à ces crises : s’attaquer aux vraies racines du mal, très souvent liées de manière directe ou indirecte à des interprétation farfelues ou idéologiques du Concile Vatican II chez certains pasteurs ou intellectuels (vaste sujet également cher au pape-théologien), et qui ont conduit notamment à un laxisme dans le discernement et la formation de certains candidats au sacerdoce , et leur suivi après leurs ordinations (1).

Il est bon que l’Esprit-Saint ait conduit à la tête de l’Eglise des pasteurs – Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI – qui soient réellement visionnaires et qui prennent des décisions à 100 lieues des annonces poudre-aux-yeux qu’attendent les médias, mais qui s’attaquent au contraire aux causes profondes des maux qui minent l’Eglise depuis tant d’années. Le zèle missionnaire et l’énergie évangélisatrice sont aux yeux de nos papes la fine mesure de l’orthodoxie et de la vitalité de la foi chez les baptisés, les pasteurs et chez toute communauté ecclésiale, comme l’illustre les paroles clairvoyantes et exigeantes de Jean-Paul II : « La mission est le signe le plus clair de la maturité de la foi car elle témoigne d’une conversion radicale de son état d’esprit (tant) au niveau des personnes que des communautés (…). C’est en devenant missionnaire que la communauté chrétienne pourra dépasser ses divisions et ses tensions internes et retrouver son unité et la vigueur de sa foi (…) C’est à la lumière de cet impératif missionnaire qu’on devra apprécier la valeur des organismes, des mouvements, des paroisses et des œuvres apostoliques de l’Eglise » (2). Telle est la grille de discernement pastoral et spirituel dont se dote l’Eglise en ce début du XXIe siècle, et c’est là une cure d’assainissement fort salutaire.

Pour ce faire, et avec la grâce de Dieu, il y a beaucoup de travail en perspective, beaucoup d’efforts sans doute à produire en terme de patience, de pédagogie et de créativité pour que la nouvelle évangélisation se mette en oeuvre progressivement et de manière de plus en plus généralisée dans les paroisses, les diocèses, les mouvements, etc. : s’il a fallu une génération pour inscrire cette dynamique missionnaire comme priorité ecclésiale, nous nous accordons avec d’autres qu’il faudra sans doute une ou deux générations supplémentaires pour que la nouvelle évangélisation se généralise dans les mentalités et les faits ! Mais, dores et déjà, à n’en point douter, les décisions de ce mois de juin 2010 sont source d’une grande action de grâce pour tous ceux qui ont tenté de répondre (dans le désert ou la critique bien souvent) à cet appel de Paul VI puis de Jean-Paul II depuis les années 80 ; elles sont surtout source d’une grande espérance afin que l’Évangile soit à l’avenir bien plus explicitement annoncé « à temps et contre-temps » à nos contemporains, sous des formes très diversifiées, adaptées et nouvelles.

Pour cette action de grâce et ces grands signes d’espérance, que Dieu en soit béni et remercié !

(1) Ceci est vrai dans différents courants ou familles : religieux et diocésains, traditionalistes, charismatiques ou progressistes
(2) Jean-Paul II, encyclique Redemptoris missio sur la mission du Christ rédempteur, §48

La sécularisation a-t-elle des aspects positifs ?

Benoît XVI a créé lundi 28 juin le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation avec l’objectif « de promouvoir une évangélisation renouvelée dans les pays où une première annonce de la foi est intervenue et où des Églises de fondation ancienne vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte d’“éclipse du sens de Dieu” ».

C’est une décision déjà présentée comme un acte majeur de son pontificat, qui s’inscrit dans la droite ligne de sa priorité numéro une, l’évangélisation : « Rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. » (1)

Cependant, cette volonté du pape de faire reculer la sécularisation, un processus qui tend à éloigner Dieu de la vie publique et sociale pour le cantonner à la sphère privée, n’est pas toujours bien comprise.

Lire la suite de notre tribune sur Génération Benoît XVI, via Liberté Politique : cliquez ici

(1) Lettre de Benoît XVI aux évêques catholiques, mars 2008

Kiss-in de Lyon : drôle d’évangélisation ! (suite et fin)

Une dernière réponse à ceux qui pensent que c’était bien… (Suite à mon billet d’hier, qui a suscité de nombreux commentaires).

Il semblerait, selon nos dernières informations, que les cathos se soient majoritairement bien comportés ce soir-là. Mais une petite partie d’entre eux, répondant à l’appel de partis d’extrême droite dont le FN, auraient eu une attitude très limite. Il suffit de regarder ces photos pour se faire soi-même une idée :

sporadiques saluts néonazis (bien regarder : c’est hélas du côté catholique…)

Demandons-nous honnêtement : à quoi bon crier des slogans peu charitables à l’encontre des personnes homosexuelles comme « nous sommes des enfants d’hétéros, 1re, 2e, 3e génération », « pas de défilé pour les enfilés » ou encore « Saint-Jean est à nous » ? En réalité, non, Saint Jean n’appartient pas aux cathos, mais à Dieu, et son Evangile est aussi pour les païens, n’en déplaise à ceux qui rejettent l’évangélisation sans distinction de race, de sexe ou de religion.

Comme on peut le voir sur cette vidéo, à quoi cela sert de brandir, en béret paramilitaire, un drapeau du Vatican ou une banderole revendicative « cathophobie ça suffit » qui fait le jeu des homosexuels ? A quoi bon hurler (vous avez dit chanter ?) des « Je vous salue Marie » à la gueule d’en face ? Est-il juste de brandir des crucifix avec un regard qui ne ressemble pas tellement à celui de l’amour ? (En l’occurrence, sur cette photo à la Une de Libé Lyon, il s’agirait d’un conseiller régional FN qui a brandit son crucifix d’un bout à l’autre de la contre-manifestation).

Plus grave, lever les poings et faire le salut nazi, parfois paume ouverte, comme on peut le voir sur ces photos, n’est-ce pas inadmissible, et d’autant plus lorsqu’on sait ce que cela veut dire pour les homosexuels ? Quel intérêt, à quelques encablures de l’affaire Williamson et des Infiltrés de Bordeaux, si ce n’est donner du crédit aux attaques amalgamées des médias ? Qu’en penserait Benoît XVI en voyant son drapeau à côté de tels accoutrements ?

En attendant, la contre-manifestation s’est soldée par deux interpellations côté catholique : un beau témoignage d’amour donné ? C’est une drôle d’évangélisation. Va-t-on au devant du martyre comme on va au combat, ou le reçoit-on dignement ?

Derrière cela, il y a l’idée pour certains catholiques qu’il faut faire une distinction entre ce qu’ils appellent les « homosexualistes excités » et les « homosexuels lambda ». Autrement dit, qu’on peut casser la gueule aux premiers et laisser les autres tranquilles ? C’est un peu l’idée que défend Thibaud sur son blog E-deo : « Je me souviens avoir entendu le Père Guy Gilbert (pas « tradi » pour deux sous) avouer qu’il lui était arriver de casser la gueule de jeunes durs. C’est sans doute difficile à comprendre mais je pense que la charité le commande parfois… » N’est-ce pas là une drôle d’interprétation de l’Evangile ?

Si Glorious affirme ce matin dans Lyon Capitale (lire ici) : « ils prêchent au nom de l’extrême droite », ce n’est pas un hasard : le MPF pouvant être relié à cette mouvance dite de la « droite nationale », un de leurs responsables s’est justement exprimé (voir ici) devant les caméras lors de la manifestation. N’est-ce pas une belle récupération de son parti, et un joli coup pour lui ?

Devait-on agir ? Pourquoi pas, mais quelle était la meilleure façon de le faire ? Prier en public, oui – il n’est pas ici question de sous-estimer la force de la prière – mais de quelle façon ? En étant violent par ailleurs ?

Notons aussi que si personne n’avait bougé, ce kiss-in provocateur aurait fait 2 lignes en 4ème page du Progrès. Au lieu de cela, ils ont fait la Une de tous les journaux de la région. On leur a offert une belle couverture médiatique et enfin de compte chacun s’est servi la soupe mutuellement. Les homosexuels sont heureux : on les a entendus dire aux journalistes qu’ils avaient convoqués : « les gentils, c’est nous, les méchants, c’est eux ! ».

Le cardinal Philippe Barbarin est déçu, nous rapporte Glorious, car ce non-événement « a attisé les haines dans les deux camps et a brisé l’élan du dialogue entrepris par l’archevêque avec les associations LGBT lyonnaises ». La « lettre ouverte à notre frère homosexuel » de Glorious au Progrès était donc bienvenue pour l’archevêque car elle a permis de montrer que tous les cathos ne sont pas assimilables à ces violences physiques et verbales.

Les jeunes cathos « gazés » par les CRS seront pourtant heureux de cette soirée qu’ils peuvent désormais commémorer autour d’une bonne bière dans un café de la même place où ils se sont « battus ». Ils pourront même raconter ce moment épique à leurs petits-enfants… L’échec sera seulement celui de l’annonce du Christ aux non-croyants homosexuels, par manque de cohérence avec l’Evangile. Comprenne qui pourra !

Jean-Baptiste Maillard

Qu’est-ce qu’être catholique ?

Crucifix

Il est parfois de bon ton de se dire catholique tout en ayant un esprit d’ouverture, voire critique et inséré dans notre société qui évolue. Tout passe sur ces mots, et la mode aidant, l’ouverture devient synonyme de relativisme, la critique de correction fraternelle ! Et pourtant. Peut-on encore aujourd’hui se targuer d’être catholique si l’enseignement de l’Eglise et la vie dans l’Eglise nous paraissent trop éloignés de nous ? Peut-on encore aujourd’hui se dire catholique sans pratiquer les sacrements, sans accepter les exigences de la Bonne Nouvelle ?

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Fier d’être catholique et heureux de l’être

La Croix

Dans une tribune à La-croix.com, je réponds à l’essayiste Matthieu Grimpret, qui avait publié une tribune « Honte d’être catholique », après la levée de l’excommunication des évêques intégristes, le 26 janvier dernier.

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Crise des années 70-90 : de la nécessité d’en tirer toutes les leçons !

L’Eglise en France à vécu une grave crise durant les années 70-90, sans en avoir vraiment analysé en profondeur les causes qui lui sont propres. Certains veulent pourtant déjà clore un débat qui s’ouvre à peine. Même si la question est sensible, il apparaît au contraire utile de tenter d’en tirer les leçons afin de ne pas réitérer les erreurs commises. Un travail collectif de relecture et de discernement ne peut donc que porter un fruit utile pour construire l’avenir.

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Aventure intérieure

Cela vous est-il déjà arrivé de pressentir que quelque chose va s’éclairer en vous, comme une sorte d’intuition dans l’intelligence qui vous ferait comprendre le monde et la vie tout entière, ou bien encore d’attendre un évènement décisif dans votre vie, sans savoir vraiment lequel ? Comme si nous étions au bord d’une révolution de tout notre être, dans la pensée et dans l’agir ?

Mais quel serait le temps et le lieu favorable pour cette révolution, arrivera-t-elle un jour ?

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Etre d’abord un bon chrétien ou évangéliser ?

« Etre d’abord un bon chrétien dans sa façon de vivre ou évangéliser ? ». C’est une question que de nombreux catholiques se posent à l’heure où il est de plus en en plus question de l’urgence de l’évangélisation.

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Catastrophe surnaturelle

Les occidentaux gaspillent : l’eau, la nourriture, l’électricité…Alors que la moitié de la planète manque d’eau, de pain et d’énergie. On entend ça partout et c’est un vrai drame. J’en vois un plus grave encore, qui est à la source de tous les autres gaspillages… Le gaspillage de la grâce !

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De la mission à la première annonce : sémantique de l’évangélisation

« La paroisse est-elle un lieu de nouvelle évangélisation ? ». La question peut paraître aujourd’hui d’autant plus banale qu’elle est posée par le premier quotidien catholique français, sous le titre d’un article publié à l’occasion du colloque intitulé « paroisse et nouvelle évangélisation », organisé à Rome en janvier dernier… Pourtant, que de chemin parcouru, dans le giron de l’évangélisation, si l’on se risque à mesurer la sémantique de la mission et son évolution, dans notre jargon de ces cinq dernières années, comme puissant révélateur d’une prise de conscience naissante…

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